[ p. 48 ]
Un roi en quête de royaume. — Hérode Ier, roi de Judée et de Galilée à la naissance de Jésus, a été qualifié de « grand » pour le distinguer des faibles souverains qui lui ont succédé. Il ne fut en aucun cas l’un des plus grands hommes de l’histoire. Il ne pouvait, par exemple, être classé au même rang que Napoléon le Grand, ni qu’Alexandre. Pourtant, sa carrière de monarque oriental fut remarquable à bien des égards. Josèphe donne une description saisissante de sa force physique :
Hérode avait un corps à la mesure de son âme et était toujours un excellent chasseur, où il remportait généralement de bons succès grâce à sa grande habileté à monter à cheval. En une seule journée, il captura quarante bêtes sauvages : ce pays élève aussi des ours et la majeure partie est peuplée de cerfs et d’ânes sauvages. C’était aussi un guerrier à qui rien ne pouvait résister ; nombreux sont ceux qui ont été stupéfaits par sa promptitude à l’exercice, le voyant lancer le javelot droit devant lui et décocher la flèche au but. Outre ces performances, qui dépendaient de sa force physique et mentale, la fortune lui était également très favorable ; car il échouait rarement dans ses guerres ; et lorsqu’il échouait, ce n’était pas lui-même qui en était la cause, mais soit il était trahi par quelqu’un, soit la témérité de ses propres soldats provoquait sa défaite. (Josèphe, Les Guerres des Juifs, I : 21 : 13)
Finalement, Hérode s’échappa de la forteresse de Massada où il s’était réfugié lors de l’invasion parthe, et se rendit aussitôt à Rome. Son plan était [ p. 49 ] d’obtenir l’aide romaine pour s’assurer la régence juive, avec Aristobule comme roi. Le voyage fut semé d’embûches et de dangers. Mais à son arrivée, Antoine reconnut les talents innés de l’homme. Antoine et Octave décidèrent qu’Hérode était particulièrement apte à préserver la paix et à maintenir l’autorité romaine en Palestine, et lui conférèrent donc le titre de « roi de Judée ».
Cet acte plaça Hérode dans la position aberrante de « roi », sans royaume. Ce n’est qu’en 37 av. J.-C. qu’il entra à Jérusalem. En 39 av. J.-C., il retourna en Palestine et commença à s’y établir. De Ptolémaïs, où il débarqua, il se dirigea d’abord vers Joppé et prit la ville. Il fit ensuite le tour de la forteresse de Massada pour la libérer, mais l’indifférence des forces romaines envoyées par Antoine pour le soutenir l’empêcha d’assiéger Jérusalem.
Alors que les généraux romains résistaient à l’attaque des Parthes au printemps 38 av. J.-C., Hérode maîtrisa les brigands qui avaient représenté un grand danger en Galilée. Il les fit sortir de leurs grottes rocheuses et protégea le pays de leurs déprédations. À l’été 38, après la défaite des Parthes, Hérode se présenta de nouveau à Antoine, venu à Samosate, et se plaignit auprès de lui du manque de soutien des forces romaines.
Antoine entendit sa plainte. Sossius reçut l’ordre d’apporter une aide concrète et active à Hérode. Plerod s’attela alors avec détermination à renverser les partisans d’Antigone. Joseph, le frère d’Hérode, avait déjà été vaincu et décapité. Hérode écrasa un détachement de l’armée d’Antigone en Samarie, et bientôt, seule Jérusalem resta pour résister.
Avec l’aide de Sossius et d’une importante armée romaine, Hérode était certain du succès de son attaque contre Jérusalem. Il était si confiant en attaquant la ville qu’il prit des vacances et se rendit à Samarie afin d’épouser Mariamrne, la princesse maccabéenne, un événement qu’il avait longtemps [ p. 50 ] repoussé jusqu’à son accession au trône. Il fallut quarante jours aux béliers pour démolir le premier mur d’enceinte de Jérusalem. Le second fut démoli quinze jours plus tard. Le temple fut pris après un nouveau siège. L’armée romaine d’invasion se livra alors à une orgie de meurtres et de pillages. Hérode ne parvint, grâce à de généreux présents, à mettre fin au pillage meurtrier de sa ville. Antigone fut envoyé captif chez Antoine et, plus tard, à la demande d’Hérode, mis à mort. En 37 av. J.-C., Hérode devint le véritable souverain de la Judée.
La période de conflit. — La période de 37 à 25 av. J.-C. fut une longue période de luttes. Durant ces années, Hérode combattait constamment des ennemis de toutes sortes.
Les pharisiens étaient naturellement opposés au règne d’un homme iduméen et allié de Rome. Mais la noblesse sadducéenne, qui avait soutenu Antigone, était aussi son ennemie. Quarante-cinq des plus éminents sadducéens furent exécutés sur ordre d’Hérode ; la confiscation de leurs biens alimenta son trésor. Mais l’ennemie la plus acharnée d’Hérode était sa propre belle-mère, Alexandra. Grâce à l’influence de sa fille, Mariamme, elle fit nommer grand prêtre son fils Aristobule, frère de Mariamme. Pour ce faire, elle fut contrainte de se débarrasser d’Hyrcan et d’Ananel. Hérode avait ramené de captivité le vieil Hyrcan. Ses oreilles avaient été coupées, l’empêchant ainsi de devenir grand prêtre. Hérode avait donc choisi un obscur Juif babylonien nommé Ananel comme grand prêtre pour assister Hyrcan. Il devait alors destituer Ananel, bien que la fonction de grand prêtre fût légalement à vie.
Le jeune Aristobule ne resta cependant pas longtemps en fonction. Il était trop populaire. Hérode craignait ce beau prince de la lignée asmonéenne. En 35 av. J.-C., une manifestation lors de la Fête des Tabernacles décida de la situation d’Hérode. Aristobule se noya alors qu’il se baignait avec ses camarades. Le peuple refusa de croire à un accident, malgré la tristesse publique d’Hérode.
Alexandra en appela aussitôt à Cléopâtre, qui demanda à Antoine de demander des comptes à Hérode. Hérode emporta des présents [ p. 51 ] et réussit à convaincre Antoine de le déclarer innocent. N’étant pas sûr de revenir vivant, il avait ordonné à son oncle Joseph de tuer Mariamme s’il ne revenait pas. Il ne supportait pas l’idée que quelqu’un d’autre la possède. Mais son ordre secret à Joseph fut révélé à Hérode, et cette expression d’amour se révéla une grande menace pour les relations familiales.
Cléopâtre était une autre ennemie avec laquelle Hérode dut compter durant les premières années de son règne. Elle demanda à Antoine les meilleurs quartiers de Palestine, dont les magnifiques environs de Jéricho. Antoine accéda à sa requête, et Hérode dut composer avec une situation difficile.
La guerre entre Antoine et Octave, qui éclata en 32 av. J.-C., plaça Plerod dans une situation délicate. Mais la fortune lui sourit à nouveau. À la demande de Cléopâtre, il fut envoyé par Antoine pour soumettre l’Arabie. Il ne participa donc pas activement au conflit. Sa campagne contre l’Arabie fut d’abord infructueuse. Après une série de défaites, il ne put mener que des attaques intermittentes. En 31 av. J.-C., la Palestine fut frappée par un tremblement de terre. Trente mille hommes auraient péri. Ses forces étant décimées, Hérode proposa la paix. Ses messagers, cependant, furent massacrés par les Arabes. Hérode rassembla alors toutes les troupes qu’il put trouver, ranima leur courage par son éloquence, et repartit vers l’Arabie. Cette fois, il réussit à vaincre l’armée arabe.
Pendant ce temps, Antoine et Octave s’étaient affrontés. La grande bataille d’Actium eut lieu le 2 septembre 31 av. J.-C. Suite à cet incident, Hérode se vit contraint de solliciter les faveurs d’Octave. N’ayant pas participé activement au combat contre Octave et étant désormais en mesure d’apporter son aide aux troupes romaines en Syrie, il décida de se présenter auprès d’Octave et de lui demander la confirmation de son titre de roi de Judée.
Au printemps 30 av. J.-C., il trouva Octave, devenu Auguste César, sur l’île de Rhodes. Hérode raconta hardiment ses services [ p. 52 ] passés à Antoine, laissant entendre son utilité présente à Auguste. Auguste, à son tour, comprit l’intérêt de conserver cet homme, toujours fidèle à l’autorité romaine. Hérode atteignit donc l’objectif de sa visite, fut confirmé dans sa position de roi et retourna en Judée, tout joyeux.
Lorsqu’Auguste traversa la Palestine pour se rendre en Égypte, puis à son retour vers le nord, Hérode le traita avec faste et honneur. En retour, il reçut d’Auguste les magnifiques environs de Jéricho qu’Antoine avait donnés à Cléopâtre. Il reçut également d’autres forteresses importantes.
Hérode eut de nouveau des ennuis dans sa propre famille. À son départ pour Rhodes, il réitéra son ordre concernant Mariamme : elle serait tuée s’il ne revenait pas. Mariamme apprit de nouveau son ordre. À son retour, Salomé, sa sœur, persuada l’échanson royal de révéler à Hérode que Mariamme complotait pour l’empoisonner. Hérode enquêta immédiatement sur l’accusation et, lorsqu’il découvrit que son ordre secret avait de nouveau été révélé à Mariamme, les soupçons semblèrent fondés. Mariamme fut jugée, déclarée coupable d’un tel complot et exécutée en 29 av. J.-C.
Les remords d’Hérode pour la mort de son épouse bien-aimée le poussèrent à chercher un réconfort dans de longues et pénibles parties de chasse et dans des festivités excessives que même sa forte constitution ne pouvait supporter. Il tomba si malade qu’Alexandra le crut sur le point de mourir. Elle entama aussitôt une intrigue avec les commandants de la forteresse de Jérusalem, dans le but de s’introniser reine après sa mort. Mais Hérode découvrit ses manigances. En 28 av. J.-C., Alexandra fut également mise à mort.
Salomé, la sœur, se lassait de son mari, Costobar, un Iduméen d’une grande habileté, qu’Hérode avait nommé gouverneur d’Idumée. Costobar avait secrètement gardé en vie certains enfants, liés de loin à la famille asmonéenne. Ces « fils de Babos » étaient recherchés par Hérode depuis de nombreuses années. Salomé révéla alors le secret à Hérode et les enfants furent tués. Ainsi, en 25 av. J.-C., le dernier parent d’Hyrcan et le dernier rival potentiel au trône fut écarté.
[ p. 53 ]
Ainsi, moins d’un quart de siècle avant la naissance du Christ, la lignée des Maccabées, qui avait défendu si glorieusement la cause du peuple, avait pris fin. L’époque des Maccabées était révolue. Depuis la mort de Simon, les chefs juifs s’étaient de plus en plus éloignés de la sympathie du peuple, jusqu’à ce que leur seul chef soit un étranger dont la plus grande ambition était de maintenir ses liens étroits avec Rome et César. Le peuple n’avait personne vers qui se tourner pour être guidé. Quelques années plus tard, Jésus de Nazareth apparut avec l’annonce joyeuse d’un royaume à venir qui ne serait pas celui d’Hérode, mais celui de Dieu, un royaume non pas pour les chefs de Jérusalem, mais pour les « pauvres » de Galilée (Lc 6, 20. Voir p. 120).
La période de construction. — Les années 25 à 13 av. J.-C. furent les années prospères du règne d’Hérode. Il y eut moins d’exécutions, moins de batailles. Les entreprises économiques prospérèrent. Le royaume dont il était désormais le maître assuré gagna en puissance et en prestige.
Bien que « barbare », Hérode s’efforça d’imiter la culture grecque. Ses entreprises de construction furent particulièrement remarquables. À Jérusalem, il construisit un théâtre et un amphithéâtre. Plus tard, en 24 av. J.-C., il se fit construire un magnifique palais richement décoré, qu’il fortifia contre tout siège. Il rajeunit et réhabilita entièrement la ville de Samarie, la rebaptisant Sébaste. Sur la côte, il prit le site de la tour de Straton et y construisit une ville dotée d’un port splendide, la baptisant Césarée en l’honneur de César Auguste. Dans la plaine, il bâtit la ville d’Antipatris en l’honneur de son père Antipater. Phasaëlis, près du Jourdain, fut construite en l’honneur de son frère Phasaël. Agrippée fut baptisée du nom d’Agrippa. Il fit ériger pour lui-même deux citadelles appelées Hérodion, l’une à seize kilomètres au sud de Jérusalem, sur ce que l’on appelle aujourd’hui le Mont Franc. La vue depuis cette montagne, au sommet de laquelle subsistent les ruines du grand château d’Hérode, est glorieuse et impressionnante. Nulle part ailleurs le panorama sur la mer Morte et les [ p. 54 ] environs n’est aussi magnifique. [1] Il restaura et fortifia Alexandrie, l’Hyrcanie et les forteresses imprenables de Machaerus et de Massada.
Ses activités de construction ne se limitèrent pas à la Palestine. Sur l’île de Rhodes, il construisit le temple de Pythie. À Nicopolis, près d’Actium, il contribua à la construction de nombreux édifices publics. Antioche, Chios, Ascalon, Tyr, Sidon et même Athènes bénéficièrent de son enthousiasme pour la construction.
Mais son œuvre majeure fut la restauration du temple de Jérusalem. La magnificence de Jérusalem et de la cour d’Hérode avait dépassé le temple de Zorobabel. Hérode entreprit la reconstruction du temple entre 20 et 19 av. J.-C. Selon l’Évangile de Jean (2:20), les travaux durèrent quarante-six ans. L’achèvement du temple ne fut cependant pas prévu avant 62 apr. J.-C., quelques années avant sa destruction définitive. Un proverbe du temps du Christ disait : « Qui n’a pas vu l’édifice d’Hérode n’a jamais rien vu de beau. »
Hérode manifesta son enthousiasme pour la culture grecque non seulement par la construction d’entreprises, mais aussi par bien d’autres moyens. Des jeux grecs furent organisés à Jérusalem et à Césarée. Des colonies furent établies, notamment dans la région de « l’autre côté » de la mer de Galilée, où Jésus se rendait souvent. Il chassa les brigands et les démoniaques, transformant la région en une région civilisée et habitable, bien que rocailleuse. À Jérusalem, il fit aménager des parcs avec des promenades et des fontaines. Il installa des élevages de pigeons domestiques.
Hérode rassembla autour de lui un grand nombre de philosophes et d’érudits grecs pour le tenir informé de ce qui se faisait de mieux dans le monde grec. Toute sa cour était grecque plutôt qu’orientale, et pourtant, malgré tout, il demeura un barbare d’esprit. Ce n’était pas une vaine vantardise lorsqu’il prétendait être plus grec que juif, mais cette vantardise n’était vraie qu’en apparence et au sens politique du terme. Il fut un monarque violent et passionné jusqu’à la fin.
[ p. 55 ]
Ses relations avec les pharisiens et les nationalistes patriotes sont intéressantes. Il céda sans cesse aux scrupules juifs, puis, comme par dérision, s’opposa directement à leurs coutumes les plus précieuses. Par exemple, il ordonna que les travaux du temple soient confiés à des prêtres, et à eux seuls. Lui-même ne pénétra pas dans le temple intérieur. Mais une fois la construction centrale achevée, il plaça une aigle romaine au-dessus de la porte, comme pour insulter tous ceux qui y entraient pour y prier. Ses conseillers et fonctionnaires grecs à la cour, ses entreprises de construction artistique et son soutien effectif au culte hellénistique en Judée constituèrent les principaux éléments grecs et étrangers de son règne.
Le tribut exigé par Hérode était un lourd fardeau pour ses sujets. Toute la gloire de son règne devait être portée par le peuple juif. Il l’endura, faute d’alternative. Les pharisiens se révoltèrent au plus profond d’eux-mêmes contre cette oppression et tous ses attributs païens. Mais Hérode maintint une mainmise sur le gouvernement. Il disposait d’importantes troupes européennes rémunérées pour exécuter ses ordres et préserver la paix. Les forteresses qu’il construisit avec l’argent juif lui servirent à se protéger de son propre peuple. Vers la fin de son règne, toutes les réunions privées et publiques furent interdites.
D’un point de vue extérieur, cependant, son règne fut utile et prospère. Le port qu’il fit construire à Césarée servit pendant des siècles de principal port de commerce et de transport pour les Palestiniens. La facilité des voyages à l’époque du Nouveau Testament était due en grande partie aux exploits d’Hérode.
Hérode se montra parfois très bon envers son peuple. Un jour, il réduisit les impôts d’un tiers, puis d’un quart. De nouveau, lors d’une famine, il prit même son argenterie et la vendit pour acheter du pain pour la population.
La position d’un roi dépendant dans l’Empire romain n’était pas anodine. Son titre devait être approuvé par l’empereur romain. Son successeur, lui aussi, ne pouvait être nommé qu’avec l’approbation romaine. La fonction n’était pas héréditaire, mais une fois [ p. 56 ] établi, un tel potentat possédait toute l’autorité d’un roi sur son propre peuple : il pouvait exercer le droit de vie et de mort, lever des impôts et organiser des armées. Hérode avait également hérité de son père le droit de cité romaine. Comme l’apôtre Paul, il était né romain (cf. Actes 22:28).
Hérode ne manquait aucune occasion de s’attirer les faveurs d’Auguste et d’affirmer sa loyauté. Il lui rendit visite au moins sept fois durant son règne, probablement plus souvent. Hérode noua également des relations amicales avec Agrippa. Agrippa (63-12 av. J.-C.), général et homme d’État romain, était un conseiller de confiance d’Auguste. En 16 av. J.-C., Agrippa rendit visite à Hérode et fut accueilli avec enthousiasme par les Juifs. Hérode lui rendit visite, emmenant avec lui une flotte pour aider Agrippa dans une expédition en Crimée. Le lieu de rencontre était l’ancienne colonie grecque de Sinope, sur la mer Noire. [2]
L’intimité d’Hérode avec Rome lui valut naturellement de nombreux dons territoriaux. En 23 av. J.-C., alors qu’Alexandre et Aristobule, ses fils, étudiaient à Rome, l’empereur offrit à Hérode les territoires situés entre la mer de Galilée et Damas, à savoir la Trachonitide, la Batanée et l’Auranite (Lc 3,1). D’autres districts lui furent attribués ponctuellement. À une certaine époque de son règne, les procurateurs de Syrie reçurent l’ordre de consulter Hérode pour toutes leurs décisions provinciales les plus importantes.
Cette période du règne d’Hérode est également importante en raison des grands avantages dont bénéficièrent les Juifs de la Dispersion. Hérode se saisit de chaque cas d’injustice ou de discrimination. Leur cause fut défendue d’une manière qui contribua grandement au succès initial et à l’expansion rapide de l’Évangile chrétien dans les synagogues de la Dispersion.
La période des troubles domestiques. — Les troubles domestiques d’Hérode s’aggravèrent à mesure que la fin de son règne approchait. [ p. 57 ] Les deux fils de Mariamme, de la lignée asmonéenne, étaient les principaux objets de ses soupçons. Ces deux fils, Alexandre et Aristobule, comprirent que leur sang royal leur conférait un droit au pouvoir plus grand que leur père iduméen. Après 17 av. J.-C., à leur retour de Rome, où ils avaient été envoyés pour leur éducation, ils furent perpétuellement calomniés par Salomé. Pour faire face à cette situation, Hérode rappela son fils aîné, Antipater, qu’il avait exilé, espérant que le fait qu’Antipater soit l’aîné de ses fils contrebalancerait les ambitions inspirées par le sang royal des fils de Mariamme, et que, ainsi équilibrée, une félicité domestique serait établie.
Mais Antipater se révéla plutôt être l’instigateur d’une aggravation des conflits familiaux. Il incita Phéroras et Salomé, frère et sœur d’Hérode, à réitérer leurs accusations selon lesquelles Alexandre et Aristobule complotaient pour assassiner leur père. Un Grec nommé Euryclès ajouta de l’huile sur le feu des dissensions familiales en encourageant habilement l’antagonisme entre père et fils.
Finalement, les soupçons d’Hérode envers Alexandre et Aristobule devinrent presque une manie. Il les accusa formellement de complot devant l’empereur et obtint finalement la permission de les traiter comme il l’entendait. En 7 av. J.-C., à Sébaste, sur le lieu de son mariage avec Mariamme, ses fils furent exécutés.
Les résultats de son intrigue satisfaisaient grandement Antipater. Pour le moment, il bénéficiait de la confiance absolue de son père. Peu après, cependant, avec son oncle Phéroras, il commença à comploter la mort du vieux roi. Salomé rapporta l’affaire à Hérode. Antipater partit précipitamment pour Rome. Mais à la mort de Phéroras, le complot devint si évident pour Hérode qu’il fit rappeler Antipater chez lui. Ignorant l’étendue des découvertes de son père, Antipater retourna à Jérusalem et fut immédiatement arrêté. Cinq jours avant sa mort, Hérode reçut le consentement de Rome et Antipater fut exécuté.
La dernière maladie d’Hérode, une longue et douloureuse maladie, [ p. 58 ] le gagnait rapidement. Il avait soixante-dix ans. Il réprimait encore avec véhémence et cruauté toute révolte suscitée par les rumeurs de sa mort. Mais même les thermes de Callirhoé, au-delà du Jourdain, ne purent soulager ses souffrances. Voyant sa fin proche, il fit emprisonner un grand nombre d’hommes distingués, ordonnant qu’ils soient mis à mort dès sa mort, afin que sa mort ne soit pas sans susciter la tristesse générale. Cet ordre cruel ne fut heureusement pas exécuté, mais il offre un parallèle frappant avec la déclaration de l’Évangile de Matthieu (2:16) selon laquelle il ordonna l’exécution de tous les enfants d’une certaine région, de peur que l’un d’eux ne devienne roi des Juifs.
La mort d’Hérode en 4 av. J.-C. fut saluée comme une bénédiction par tout le peuple, même par sa propre famille. Il fut enterré avec faste. Il avait été un étrange et terrible mélange de despote oriental et de citoyen romain. Conformément à ses dernières volontés, Archélaüs, fils de Malthace, devint roi de Judée, Antipas, son fils cadet, tétrarque de Galilée et de Pérée, et Philippe, fils de Cléopâtre de Jérusalem, tétrarque de Trachonitide et des régions voisines.
Le règne d’Hérode est particulièrement important pour l’étude du christianisme primitif, car il mêle des éléments juifs et hellénistiques. Plus que tout autre, c’est sous son règne que les voyages des Juifs ont été sécurisés. La construction du port de Césarée a ouvert la Palestine au monde et le monde à la Palestine. Telle fut sa contribution hellénistique. Avant lui, l’hellénisme s’était établi en Palestine, mais Hérode a permis au judaïsme de s’installer dans l’Empire romain.
Le règne d’Hérode intensifia le désir du peuple juif d’avoir un chef et un défenseur. Les champions maccabéens avaient pris fait et cause pour le peuple. Si Jésus de Nazareth avait vécu à l’époque des Maccabées, on l’aurait vu fréquenter leurs fidèles. Mais la lignée maccabéenne avait disparu. Même Alexandre et Aristobule, qui avaient du sang juif, avaient été exécutés en 7 av. J.-C., probablement l’année [ p. 59 ] même de la naissance de Jésus. Vers qui le peuple devait-il se tourner ? « Le cœur de Jésus fut touché à leur vue, car ils étaient comme des brebis sans berger » (Mc 6, 34 ; Mt 9, 36).
Archélaüs. 4 av. J.-C. à 6 apr. J.-C. Judée. — Après la mort d’Hérode, Archélaüs fut publiquement reconnu roi de Judée. Bien qu’il ne fût officiellement roi qu’après la reconnaissance de son titre par Auguste, il fut aussitôt assailli de pétitions et de demandes de réformes gouvernementales. Il accéda à ces demandes dans la mesure où cela lui semblait possible. Il libéra de nombreux prisonniers d’Hérode. Il modifia le système fiscal. Mais les pharisiens n’étaient pas satisfaits. Ils pensaient que l’occasion était venue de se venger de tous les torts subis sous Hérode. Lors de la fête de Pâques, Archélaüs craignit une grave révolte et « préserva la paix » en ordonnant à ses troupes d’attaquer le tumulte des Juifs. Trois mille d’entre eux furent tués.
Archélaüs dut effectuer son pèlerinage à Rome pour confirmer son titre (cf. Lc 19, 12). Pendant son absence, la situation s’emballa en Palestine. La révolte s’intensifia et les patriotes s’enhardirent jusqu’à ce qu’à la Pentecôte, les Juifs prennent possession du temple et se barricadent. Ils combattirent depuis les toits des dépendances du temple jusqu’à ce que les soldats romains, désespérés, mettent le feu aux magnifiques poutres de cèdre. Les patriotes égarés périrent dans les flammes ou furent abattus par les soldats. Le trésor du temple, d’une valeur de quatre cents talents (400 000 dollars), fut saisi par les Romains. Plus tard, deux mille Juifs furent crucifiés publiquement par Varus, le général romain.
À Rome, une délégation de cinquante Juifs de Palestine, soutenue par les huit mille Juifs de Rome, s’efforçait d’empêcher la nomination d’Archélaüs comme roi de Judée. Mais Auguste décida de placer Archélaüs sur la Judée, la Samarie et l’Idumée. Il devait ensuite recevoir le titre de roi [ p. 60 ] s’il se montrait capable de gérer la situation. Au début, il portait le titre d’ethnarque.
Comme son père, Archélaüs était un bâtisseur passionné. Il reconstruisit un palais à Jéricho et embellit les palmeraies qui entouraient la ville. Près de Phasaëlis, il bâtit une ville qui porte son nom, Archélaïs. Mais tous les défauts de son père s’accentuèrent. Il manipula le grand-prêtre, destituant un grand-prêtre et en nommant un autre à sa guise. Il épousa la veuve d’Alexandre, son demi-frère, en dépit de toute la loi juive et de l’opposition à un tel mariage. Son règne fut barbare et despotique. Il prit fin lorsque les chefs des Juifs présentèrent une requête à Auguste, accusant Archélaüs d’incapacité et de cruauté. Archélaüs fut convoqué à Rome. En 6 apr. J.-C., il fut condamné, ses biens confisqués et exilé en Gaule. Rome commença aussitôt à organiser la Judée en province romaine. Quirinius procéda au recensement de la population (cf. Luc 2:2). Peu après, la Judée, la Samarie et l’Idumée furent incorporées comme province romaine. Coponius en fut le premier procurateur.
Les premiers procurateurs de Judée n’étaient pas importants et les documents concernant leur personnalité et leur action sont rares. Ponce Pilate régna de 26 à 36 apr. J.-C. Même de lui, nous possédons très peu d’informations précises et fiables. Les descriptions de son caractère, dur, cruel et téméraire, sont en grande partie dues à son approbation de la crucifixion de Jésus le Galiléen. Il ne serait pas resté gouverneur dix ans sous l’habile empereur Tibère s’il n’avait pas fait preuve de grandes aptitudes à gouverner. Il approuva la crucifixion de Jésus, craignant que le Galiléen ne soit lui aussi aspirant à devenir roi des Juifs et qu’il ne soit donc à la tête d’une nouvelle révolte contre l’autorité romaine.
Hérode Antipas. 4 av. J.-C. à 39 apr. J.-C. Galilée et Pérée .—Hérode Antipas reçut le titre romain de tétrarque et, conformément à la volonté d’Hérode, gouverna la Galilée et la Pérée.
La Galilée avait la particularité d’être composée [ p. 61 ] à la fois de Juifs et de Gentils. À l’époque d’Hérode le Grand, une vague de colonisation juive avait déferlé sur la région sans chasser les Gentils, présents depuis des siècles. À l’époque du Christ, la Galilée était bien peuplée. On y comptait trois villes fortifiées et plus de deux cents villages. La mer de Galilée était un centre de vie animée. La dévotion de la population juive aux Écritures et à la Loi était fervente et forte. La vie morale y était plus saine qu’ailleurs. Une grande partie de la population était composée de pêcheurs et de « cultivateurs ». C’était un peuple simple, loyal et robuste, espérant contre tout espoir le Royaume messianique, scrupuleux dans l’observance du sabbat et des fêtes. En revanche, ils étaient en contact permanent avec la civilisation hellénistique et avaient une vision large de la vie et du monde. Les routes commerciales entre l’Égypte et les pays du nord traversaient leur territoire. Du haut de la colline près de Nazareth, leurs yeux pouvaient admirer les neiges de l’Hermon et les files de chameaux serpentant le long des routes caravanières entre Damas et l’Égypte, mais ils se reposaient aussi, avec un certain réconfort, devant deux aperçus différents de la Méditerranée bleue à l’ouest, évoquant les terres d’au-delà de la mer, Rome même et les confins du monde (voir p. 109).
L’autre moitié du domaine d’Hérode Antipas était le district à l’est du Jourdain, connu sous le nom de Pérée. Le mot « Pérée » signifie le pays « au-delà ». Il comprenait la région entre les fleuves Yarmouk et Arnon. Il était plus juif que le domaine de Philippe, au nord. Antipas n’osait pas apposer d’image sur les pièces qu’il frappait. Pourtant, entre les districts de Pérée se trouvait la « région de la Décapole » (Mt 4, 25 ; Mc 5, 20 ; 7, 31). La Décapole n’était pas vraiment une région, mais une confédération lâche de « dix cités grecques » qui s’étaient unies pour se protéger mutuellement. Les ruines de ces cités telles qu’elles existent aujourd’hui témoignent de l’architecture, des théâtres, de l’art et de la vie grecs. Ces cités constituaient un phénomène particulier au milieu de tout le judaïsme qui les entourait. Elles [ p. 62 ] étaient un autre indice de l’entrelacement des éléments juifs et grecs qui allait se produire lors de l’expansion du christianisme.
Hérode Antipas régna de 4 av. J.-C. à 39 apr. J.-C., couvrant toute la jeunesse et le ministère de Jésus. Il ressemblait davantage à son père que ses frères. Il aimait bâtir et reconstruire. Il reconstruisit la ville de Sepphoris, un centre important de Galilée. Joseph, ou peut-être Jésus lui-même, travailla peut-être à cette reconstruction. Son œuvre s’étendit également au-delà de la Palestine, jusqu’aux îles de Cos et de Délos. Le plus important pour notre étude est sa reconstruction du village au bord de la mer de Galilée, qu’il baptisa Tibériade, du nom de l’empereur Tibère qui régnait à cette époque. Luc fait référence à l’empereur (Lc 3,1). L’Évangile de Jean mentionne la ville (6,23). La ville devint si importante que tout le lac de Galilée fut appelé « la mer de Tibériade » (Jean 6,1 ; 21,1). La ville comprenait un palais royal aux ornements précieux, un stade grec et une maison de prière juive. C’est aujourd’hui la seule ville subsistant sur le lac. Ses murs sont encore presque intacts. Ses imposantes fortifications s’étendent encore jusqu’à l’eau. Ses rues étaient ornées de colonnades. Antipas en fit sa capitale.
Comme son père, Hérode Antipas était un despote rusé et rusé. Il est appelé « roi » par l’Évangile de Marc, bien que Luc prenne soin d’utiliser son titre approprié de « tétrarque » (Lc 3, x vs. Mc 6, 22). Jésus passa la majeure partie de sa vie sous ce souverain. Il lui arrivait de visiter le domaine de Philippe ou de monter à Jérusalem. Jésus décrit parfaitement Antipas : c’était un « renard » (Lc 13, 32). Il accompagna un jour le général romain Vitellius pour traiter avec le roi de Parthie. Après la rencontre avec le roi et la signature du traité, Hérode dépêcha un messager rapide à l’empereur et fut ainsi le premier à annoncer la bonne nouvelle. Cela lui valut ses faveurs. Mais cette ruse de renard lui causa plus tard des ennuis.
Dans ses relations avec les Juifs, Hérode manifesta également ce caractère de renard. Il contrebalançait ses sympathies hellénistiques et romaines par des actes de piété juive. Il se faisait [ p. 63 ] un devoir d’assister aux fêtes de Jérusalem. Ainsi, Jésus le rencontra face à face lors d’une Pâque (Lc 23, 4-12). Hérode reconnut en Jésus le chef d’un peuple sans berger, et Jésus reconnut en lui l’ennemi despotique et égoïste de l’Évangile de fraternité, de service et de sollicitude pastorale.
Tout comme son père, Antipas connut de graves problèmes conjugaux. Il tomba amoureux d’Hérodiade, la femme de son frère Philippe, lors d’un voyage à Rome. [3] Ils se marièrent plus tard. C’est cette relation que Jean-Baptiste condamna si sévèrement. Hérodiade ne cessa de faire exécuter Jean (Mc 6, 14-29). La première femme d’Hérode, fille du roi d’Arabie, retourna chez son père. Ce dernier lança une expédition contre Hérode. Vitellius, qui n’attendait que l’occasion de se venger du tour qu’Hérode lui avait joué dans l’affaire des Parthes, trahit Hérode de telle manière qu’il fut vaincu et que le roi d’Arabie se retira avant qu’Hérode ne puisse rassembler ses forces.
Hérodiade était très ambitieuse pour son mari et l’encouragea à finalement demander le titre de roi à l’empereur Caligula. Agrippa saisit l’occasion pour l’accuser devant l’empereur de préparer une révolte. Caligula refusa même un procès et exila Hérode et sa femme en 39 apr. J.-C. en Gaule, où son frère Archélaüs s’était rendu plus de trente ans auparavant.
Philippe. 4 av. J.-C. à 34 apr. J.-C. Trachonitide. — Selon le testament d’Hérode, Philippe hérita du territoire compris entre le Yarmouk et Damas. On l’appelait souvent Trachonitide, du nom d’un de ses districts (cf. Lc 3,1).
Des trois frères qui héritèrent du domaine d’Hérode, Philippe était le plus hellénistique. Il n’était pas aussi agressif que son père. Il ne quittait pas son territoire, se contentant de bien gouverner. Il consultait quelques amis compétents et passait son temps à parcourir son domaine pour rendre la justice. Il construisit la ville de Césarée à l’une des sources [ p. 64 ] du Jourdain et en fit un lieu de refuge. Elle fut appelée Césarée de Philippe, ou Césarée de Philippe (Mc 8, 27). Il était tout naturel que Jésus s’y réfugie en temps de persécution, lorsqu’il désirait se reposer et réfléchir à son avenir. La tendance hellénistique de Philippe est également attestée par ses pièces de monnaie, qui portent son effigie. Cette pratique est presque sans équivalent chez les Juifs, qui nourrissaient une aversion profonde pour les images, même sur les pièces de monnaie. Après un règne long, paisible et bénéfique, Philippe mourut en 34 après J.-C. Son district fut d’abord annexé à la Syrie puis, trois ans plus tard (37 après J.-C.), présenté à Hérode Agrippa Ier.
Hérode Agrippa Ier (37 à 44 apr. J.-C.) — Le grand dirigeant suivant de la politique juive est celui qui réunit à nouveau ces différents districts sous un même chef. En apparence, le royaume d’Hérode le Grand était rétabli. Agrippa Ier était fils d’Aristobule, et donc petit-fils d’Hérode le Grand et de la princesse maccabéenne Mariamme. Il portait le nom d’Agrippa, homme d’État romain, ami d’Hérode le Grand. Il vécut à Rome jusqu’à l’âge de quarante ans. Ayant épuisé toute sa fortune, il ne trouva plus grâce à la cour et fut contraint de quitter la cité impériale.
À son arrivée en Palestine, son désespoir et sa misère furent encore plus grands. Finalement, sa femme fit appel à sa sœur Hérodiade, épouse d’Antipas, et obtint pour Agrippa une place auprès d’Antipas à Tibériade. Mais Agrippa se querella bientôt avec son oncle Antipas et redevint un vagabond. À Damas, surpris en train de recevoir des pots-de-vin, il fut contraint de quitter la ville. Il réussit à emprunter de l’argent et repartit pour Rome.
À Rome, grâce au reste de son emprunt, il gagna l’amitié de Caïus, qui devint plus tard l’empereur Caligula. Il fut cependant arrêté, accusé d’avoir émis le souhait que l’empereur régnant Tibère meure afin que Caïus puisse lui succéder. Il resta en prison jusqu’à la mort de Tibère. Naturellement, dès la mort de Tibère et l’accession de Caïus (37-41 apr. J.-C.), ce dernier [ p. 65 ] libéra Agrippa et le récompensa. Agrippa fut nommé roi de Trachonitide en 37 apr. J.-C. et, lors du bannissement d’Antipas en 39 apr. J.-C., il reçut les districts de Galilée et de Pérée.
Agrippa était naturellement enclin à favoriser son peuple, les Juifs. Il leur rendit de nombreux et précieux services. Lorsque l’empereur Caligula ordonna l’érection de sa statue dans le temple de Jérusalem (Mc 13, 14), Agrippa évita la révolte et le carnage en incitant personnellement Caligula à modifier l’ordre établi.
Comme Hérode le Grand, Agrippa sut gagner la faveur des empereurs successifs. Lorsque Claude devint empereur en 41 apr. J.-C., il lui conféra divers districts de Palestine, dont la Judée, jusqu’à ce que son royaume atteigne une étendue comparable à celle d’Hérode le Grand. Il reçut également le droit de nommer le grand prêtre de Jérusalem.
Le judaïsme connut un renouveau durant les brèves années de 41 à 44 apr. J.-C. Agrippa observa les préceptes des pharisiens. Il résida à Jérusalem, s’acquitta de ses obligations au Temple, fit preuve de prudence et de considération dans la nomination d’un grand prêtre et, de manière générale, respecta le sentiment juif. Il frappa des pièces de monnaie juives dépourvues de toute image. Son zèle pour le judaïsme se manifeste par l’arrestation de Jacques et de Pierre et par la mise à mort de Jacques, comme le relate Actes 12:2.
Comme son grand-père, il aimait les coutumes et les institutions grecques, le théâtre et l’amphithéâtre, les bains publics et les rues à colonnades. Lors d’une des célébrations des jeux grecs à Césarée en l’an 44 apr. J.-C., il avait prononcé un discours, et le peuple, sous les applaudissements, avait crié : « Voix d’un dieu ! » lorsqu’il fut frappé d’une attaque soudaine d’une maladie inconnue et mourut peu après (Actes 12:19-23).
L’empereur Claude décida que le fils d’Agrippa était trop jeune pour succéder à son père, car Agrippa II n’avait que dix-sept ans. L’État de Judée fut placé sous la tutelle d’un procurateur romain. En 50 apr. J.-C., Claude confia au jeune Agrippa la surveillance générale du temple et le droit de nommer le grand prêtre. Une année plus tard (53 apr. J.-C.), Agrippa reçut [ p. 66 ] la tétrarchie de Philippe et, plus tard encore, d’autres districts autour de la mer de Galilée.
En 58 apr. J.-C., Agrippa rendait sa visite officielle au procurateur Festus, fraîchement arrivé à Césarée, lorsque ce gouverneur lui demanda conseil au sujet de Paul. Ce fut l’occasion pour Paul de présenter sa défense devant Agrippa : « Je m’estime heureux, roi Agrippa… car tu es versé dans toutes les coutumes et toutes les questions qui se posent parmi les Juifs… Agrippa dit à Paul : « Par quelques paroles persuasives, tu voudrais me faire devenir chrétien. » (Actes 26:2, 3, 28).
Agrippa perdit progressivement toute sympathie envers les Juifs et se retira dans ses districts du nord, où il régna jusqu’en 100 après J.-C., de longues années après que l’État juif eut été anéanti par Rome.
Mécontentement croissant sous les gouverneurs romains. — Ce n’est pas un hasard si la chute finale de Jérusalem coïncide avec la période d’expansion la plus rapide de l’évangélisation chrétienne. Jérusalem aurait longtemps été considérée comme la tête de l’Église chrétienne sans l’anéantissement de l’État juif. Après la disparition de Jérusalem, des Gentils convertis prirent le christianisme en main et le libérèrent rapidement de nombre de ses caractéristiques nationales. Les chrétiens peuvent considérer la terrible fin de la Judée comme un événement providentiel. Mais pour les Juifs, elle marqua l’extinction du dernier espoir d’indépendance nationale. Pendant des siècles, le peuple élu de Dieu avait espéré et lutté pour le pouvoir politique. Après la destruction de leur temple, les Juifs ne se consacrèrent plus à la guerre et aux effusions de sang, mais à l’étude de leur Loi sacrée.
Après la mort d’Agrippa Ier en 44 apr. J.-C., le caractère des procurateurs de Judée se dégrada rapidement. Le judaïsme devint de plus en plus agité, jusqu’à ce que la situation en arrive à un point où presque quiconque se prétendait Messie pouvait immédiatement compter sur des disciples. Les Juifs étaient prêts à accepter tout chef qui promettait un espoir de soulagement, même temporaire. Un certain Theudas [ p. 67 ] promit de faire traverser le Jourdain à ses disciples sur la terre ferme et réussit à rassembler une troupe d’environ 400 hommes autour de lui. Sa popularité grandit si soudainement que Fadus, le procurateur (44-46 apr. J.-C.), attaqua les zélotes avec ses soldats. Il s’empara de Theudas et le tua, « et tous ceux qui lui obéissaient furent dispersés et réduits à néant » (Actes 5:36 ; Josèphe, Antiquités, XX, 5:1).
Le livre des Actes semble suivre Josèphe dans le récit de cette révolte de Theudas ; en effet, dans le paragraphe suivant, Josèphe relate la révolte de Judas de Galilée, qui, selon lui, aurait eu lieu à l’époque de l’enrôlement sous Quirinius (6-7 apr. J.-C.). Le récit des Actes, tout en suivant l’ordre des noms chez Josèphe, a ainsi inversé l’ordre chronologique de ces noms.
Le procurateur suivant, Alexandre (46-48 apr. J.-C.), fut également contraint de gérer une révolte similaire et crucifia les deux fils de Judas de Galilée, initiateur de la révolution sous Quirinius. Cumanus (48-52 apr. J.-C.) jugea également nécessaire de perpétrer un massacre de Juifs lors d’une émeute pascale. Sous Cumanus, la situation s’aggrava rapidement, jusqu’à son bannissement sous l’influence d’Agrippa II. Félix lui succéda, de 52 à 58 apr. J.-C. (Actes 23:24 à 25:14).
Au cours des dernières années de l’État juif, la fin devint de plus en plus apparente. Des hommes de toutes sortes surgirent, faisant des promesses extravagantes concernant les prodiges qu’ils accompliraient grâce à leur mission et à leur caractère divins. Félix jugea nécessaire de prendre des mesures rigoureuses envers ces « messies ». Celui que les hommes n’oublièrent pas de sitôt devint connu sous le nom d’« Égyptien ». Alors que Paul était à Jérusalem au milieu de la foule, on lui demanda : « N’es-tu donc pas l’Égyptien qui, il y a quelques jours, a suscité la sédition et emmené au désert les quatre mille hommes des Assassins ? » (Actes 21:38).
Nous avons sans doute ici l’explication du terme « brigands » ou « bandits » dont Josèphe parle tant. Il s’agissait manifestement des chefs de bandes plus ou moins nombreuses de Juifs [ p. 68 ] patriotes cherchant à se libérer de la mainmise des Romains et de l’esprit hellénistique envahissant. Un chef, Éléazar, résista et évita la capture pendant vingt ans. En vain Félix crucifia-t-il ou envoya-t-il à Rome ceux qu’il put saisir ? Ces bandes de patriotes égarés sillonnèrent le pays, fomentant la rébellion.
Un fait particulièrement redoutable était la présence de bandes d’hommes désespérés, armés de poignards. On les appelait « Sicaires », les hommes aux poignards. À un moment donné, ils assassinèrent le grand prêtre et semèrent la terreur dans le pays. Félix était trop nerveux pour gérer la situation ; tantôt trop négligent, tantôt trop cruel. C’est une bande de ces Sicaires qui faillit tuer l’apôtre Paul, qui ne fut sauvé que par l’intervention rapide du fils de sa sœur (Actes 23:12-16).
L’empereur Néron demanda finalement la démission de Félix. C’est un compliment creux et peut-être ironique que Tertulle lui adressa : « Voyant que par toi nous jouissons d’une grande paix et que par ta providence les maux de cette nation sont corrigés, nous l’acceptons de toutes les manières et en tous lieux, excellent Félix, avec une entière reconnaissance. » (Actes 24 : 2b, 3).
Les derniers gouverneurs de Judée. — Après le règne de Félix, ce fut le gouvernement de Festus (58 à 62 apr. J.-C.). Festus se trouva confronté au même problème que Félix. Il aurait peut-être amélioré la situation si sa mort n’était pas survenue si malencontreusement. Josèphe rapporte que Festus dut également s’occuper des Sicaires : « Et alors, les Sicaires devinrent nombreux… ils se mêlaient à la multitude lors des fêtes, lorsque le peuple montait en foule de tous côtés à la ville pour adorer Dieu, et tuaient facilement ceux qu’ils avaient envie de tuer. Ils attaquaient aussi fréquemment les villages appartenant à leurs ennemis avec leurs armes, les pillaient et y mettaient le feu. Festus envoya donc des forces, cavaliers et fantassins, pour fondre sur ceux qui avaient été séduits par un certain imposteur qui leur avait promis la délivrance et la libération des misères qu’ils subissaient, [ p. 69 ] s’ils le suivaient jusqu’au désert » (Josèphe, Antiquités, XX, 8 : 10).
Après la mort de Festus, la Judée resta sans gouverneur pendant quelques mois. Avant l’arrivée d’Albinus (62-64 apr. J.-C.), le pays sombra dans une grande confusion. Le grand prêtre, Ananus, prit sur lui de gérer la situation, une tâche qui dépassait largement ses pouvoirs. Il arrêta tous ceux considérés comme des fanatiques religieux, rassembla le Sanhédrin et obtint des condamnations à mort par lapidation. Le peuple, épris de paix, s’en indigna vivement et demanda officiellement au roi Agrippa de mettre fin à ces pratiques. Le roi Agrippa II, à qui avait été confiée l’autorité sur le grand-prêtre, déposa Ananus.
Parmi ceux qu’Ananus avait arrêtés et condamnés se trouvait Jacques, le frère de Jésus. « Il assembla le Sanhédrin des juges et fit comparaître devant eux le frère de Jésus, appelé Christ, dont le nom était Jacques, ainsi que quelques autres. Et après les avoir accusés comme transgresseurs de la loi, il les livra pour être lapidés » (Josèphe, Antiquités, XX, 9:1). C’est le seul passage où Josèphe mentionne Jésus. Un autre passage, parfois cité, est considéré par la plupart des érudits comme non authentique.
La destitution d’Ananus de la haute prêtrise ne fit qu’empirer les choses. Les Sicaires s’enhardirent sans cesse. Ils prirent l’habitude d’enlever leurs victimes, puis de les échanger contre leurs propres prisonniers. La haute prêtrise devint un enjeu pour lequel des candidats rivaux se disputaient. Albinus n’arrangea rien. Il réalisa bientôt son incapacité à résoudre le problème. Voyant son rappel imminent, il accepta des pots-de-vin et vendit la liberté aux prisonniers à tout va. [4]
En l’an 64, le temple fut achevé. À l’époque de Jésus, sa construction avait duré quarante-six ans (Jean 2:20). Durant toute la longue période allant de 20 av. J.-C. à 64 apr. J.-C., une importante force d’ouvriers s’était employée aux différentes [ p. 70 ] constructions du grand temple. « Or », dit Josèphe, « plus de dix-huit mille ouvriers furent soudainement mis au chômage et se trouvèrent dans le besoin » (Antiquités, XX, 9:7). Ce chômage, bien sûr, aggrava considérablement le trouble général. Afin d’améliorer la situation, Agrippa autorisa l’utilisation du trésor du temple lui-même pour embaucher des ouvriers afin de paver de vastes portions de la ville en pierres blanches.
La fin approchait rapidement. Un autre procurateur romain fut envoyé en Judée. Son bilan est sombre. Florus (64-66 apr. J.-C.) était si peu sensible aux traditions juives et si peu sensible à tout intérêt autre que ses propres intérêts égoïstes, qu’il ne tarda pas à déclencher une rébellion ouverte. Il est probable qu’il fomenta lui-même des troubles pour dissimuler ses méfaits. Cependant, la situation fut en réalité créée, non pas tant par l’égoïsme des fonctionnaires romains, mais par l’attitude générale des Juifs qui pensaient que la conspiration, la bataille et le sang versé étaient des instruments pour instaurer un nouveau royaume où Dieu régnerait en maître ! Jésus avait clairement prévu ces temps. « Tous ceux qui prennent l’épée périront par l’épée » (Matthieu 26:52). « Depuis les jours de Jean-Baptiste jusqu’à présent, le royaume des cieux est forcé, et les violents s’en emparent » (Matthieu 11:12). « Il ne restera pas ici pierre sur pierre qui ne soit renversée » (Matthieu 24:2). « Détruisez ce temple, et en trois jours je le relèverai » (Jean 2:19).
Le soulèvement juif. — La cause immédiate de la fin était triviale, presque insignifiante. Son importance résidait uniquement dans le fait que la cristallisation, une fois amorcée, se déroulait rapidement et complètement. Un conflit mineur éclata à Césarée au sujet de certains droits de construction aux abords de la synagogue. Josèphe dit avec justesse : « L’occasion de cette guerre était sans commune mesure avec les graves calamités qu’elle nous a infligées » (Guerres II, 14 : 4). Le conflit se transforma bientôt en une guerre raciale entre Hellénistes et Juifs. Les Hellénistes se moquèrent des scrupules et des cérémonies juives. Les Juifs firent appel à Florus. Florus répondit en se rendant à Jérusalem et en s’emparant d’une bonne [ p. 71 ] partie du trésor du temple, permettant à ses troupes de piller et de tuer presque sans retenue.
Agrippa II intervint et tenta de faire la paix en persuadant les Juifs de déposer une plainte en bonne et due forme auprès de l’empereur. Mais l’émotion était devenue excessive. La conspiration et les effusions de sang s’étendirent rapidement. Le succès des Sicaires dans la prise de Massada, forteresse rocheuse imprenable, et celui d’autres bandes dans la partie basse ou orientale de Jérusalem et dans le quartier du Temple ajoutèrent considérablement à la fureur de l’émeute. L’aristocratie de Jérusalem fut parquée dans la ville haute. Les classes populaires sentirent que l’heure de la vengeance était venue. Leurs griefs, nourris depuis si longtemps, les submergèrent. Le magnifique palais d’Agrippa et celui du grand prêtre furent incendiés. Les dépôts publics destinés à la conservation des actes et des obligations furent détruits dans l’espoir d’un retour à l’ancienne Année du Jubilé, au cours de laquelle toutes les obligations légales seraient annulées.
Manahem, fils de Judas le Galiléen (Actes 5:37, voir p. 67), rassembla autour de lui un groupe d’hommes vigoureux de Galilée, distribua des armes à son peuple et monta à Jérusalem en tant que messie. Les Zélotes, peu enclins à un tel roi, finirent par submerger ses partisans, s’emparèrent de lui et le tuèrent.
Les prêtres de Jérusalem omettèrent le sacrifice habituel pour l’empereur. Ce fut un acte de révolte ouverte. Si l’on avait douté de la nature du soulèvement, il fut dissipé lorsque la garnison romaine de Jérusalem, après sa reddition, fut massacrée. Toute la Syrie fut soulevée et plongée dans la confusion. Dans la plupart des villes grecques, les Juifs pillèrent les maisons des Hellénistes ou furent eux-mêmes massacrés. Cestius Gallus, légat de Syrie, s’efforça résolument de rétablir la paix grâce à ses troupes romaines. Il y réussit d’abord, mais il fut bientôt pris dans les défilés étroits près de Bethhoron. Son armée fut détruite et il s’enfuit à Antioche avec seulement quelques partisans. Les Juifs confisquèrent les armes romaines et autres fournitures de guerre, ce qui suscita beaucoup de joie et d’encouragement.
[ p. 72 ]
La révolte était devenue si grave que les Juifs oublièrent un temps leurs propres conflits civils. Le Sanhédrin entreprit d’organiser les partisans fanatiques de tel ou tel messie en une force politique capable de résister à l’inévitable approche de la puissance militaire romaine. Josèphe, le grand historien à qui nous devons l’essentiel de notre connaissance de cette période, fut chargé d’organiser la Galilée, qui allait certainement subir le premier coup de l’attaque romaine. Le récit de ses manœuvres habiles et habiles est véritablement romantique. Il échappa à de nombreux dangers et intrigues et vécut assez longtemps pour transmettre aux générations futures ses vingt livres d’Antiquités juives, le récit de sa propre vie et les six livres décrivant les dernières années des « guerres juives ». Lorsqu’il fut capturé par Vespasien, il prophétisa avec tant de vivacité la victoire des armes romaines et les honneurs que Vespasien lui-même recevrait, qu’il fut bien traité par ce général romain et futur empereur.
Vespasien soumit facilement la Galilée durant l’été 67. L’été suivant, il s’empressait de soumettre la Judée lorsqu’il apprit la mort de Néron. Il suspendit aussitôt ses opérations, offrant aux Juifs l’occasion de raviver leurs conflits civils. La soumission de la Galilée amena les classes populaires à perdre confiance dans l’organisation instaurée par les classes supérieures et le Sanhédrin.
Destruction de Jérusalem. — À Jérusalem, les Zélotes étaient menés par Éléazar. Après la chute de Gischala en Galilée, Jean de Gischala s’enfuit à Jérusalem, ajoutant ainsi un second groupe de Zélotes. Les classes supérieures furent organisées par Ananus. Les factions adverses, oubliant le danger imminent de Rome, s’engagèrent dans une guerre civile meurtrière. Les Zélotes furent bientôt contraints de se réfugier dans le quartier du Temple. Seul le caractère sacré du Temple les sauva de l’extermination. Entre-temps, sous Jean, désespérés, ils conspirèrent avec un groupe d’Iduméens et réussirent à les faire entrer dans la ville. Les Iduméens commencèrent à assassiner et à piller sans retenue. Ils tuèrent Ananus et d’autres chefs. Une fois rassasiés, ils se retirèrent et Jean de Gischala occupa la ville.
[ p. 73 ]
Un Juif nommé Simon ben-Giora commença à piller et à envahir le pays à l’est du Jourdain et au sud de Jérusalem. Après s’être rendu maître d’Hébron, le parti antizélote de Jérusalem l’invita à lui venir en aide. La situation de Jérusalem devint pitoyable. Trois factions s’opposaient visiblement : les Zélotes sous la direction de Jean de Gischala, les Zélotes mécontents sous la direction d’Éléazar, et le parti modéré désormais soutenu par Simon ben-Giora et sa bande de sauvages. Il ne fallait pas oublier le peuple misérable de la ville. Parmi eux, des centaines de personnes avaient accepté comme chef celui qui avait pressenti ces événements et avait dit : « Que ceux qui sont en Judée fuient vers les montagnes » (Mc 13, 14). Ils avaient quitté Jérusalem car ils croyaient que le véritable royaume n’était pas un royaume de guerre et de conflits, mais de paix et d’entraide.
Jean de Gischala tenait le quartier du Temple ; Éléazar était enfermé dans le Temple intérieur ; Simon tenait la ville haute. Le massacre civil se poursuivit tout au long de l’année 69 et jusqu’en 70. À la Pâque de l’an 70, alors que le général romain Titus venait de camper devant la ville, Jean de Gischala réussit à assassiner Éléazar. Les factions comprirent alors enfin le danger extérieur. Jean de Gischala et Simon, face à la mort et à la destruction, coopérèrent dans l’opposition à Rome.
Titus trouva le siège de Jérusalem difficile. Trois côtés de la ville étaient protégés par des pentes abruptes. Seul le côté nord permettait d’approcher des remparts. Même là, le nombre de remparts et de forteresses rendait la ville pratiquement imprenable. La destruction impitoyable des vivres, causée par les conflits civils, fut en grande partie responsable de la prise finale. De la Pâque, au printemps, jusqu’à l’automne, les légions romaines combattirent sans relâche. Les pèlerins de la Pâque, privés de nourriture, furent expulsés de la ville, avant d’être capturés et, dans de nombreux cas, crucifiés par les forces romaines. Le siège dura cinq mois. Le premier mur, ou mur extérieur, construit à la hâte, fut pris en quelques jours. En juillet, quatre mois après l’arrivée de l’armée romaine, Antonia fut prise, [ p. 74 ] ne laissant qu’un seul mur entre les Romains et les cours du temple. Josèphe décrit de manière vivante les terribles souffrances, la famine, la guerre civile et les morts non enterrés.
Le 17 juillet de l’an 70, les sacrifices au temple cessèrent, faute d’animaux à offrir et de prêtres pour les effectuer. Le culte au temple, dont la continuité remontait à un passé lointain, fut enfin interrompu. Il ne reprit jamais. La fin de la vie nationale juive était arrivée. Ni « sur cette montagne ni à Jérusalem » le culte au temple n’eut lieu. Quelques jours plus tard, les Romains abattirent le mur du temple. Un soldat romain mit sauvagement le feu aux bâtiments du temple. Les habitants furent immédiatement capturés et exécutés.
Il ne restait plus qu’une partie de la ville. Simon et Jean s’étaient retirés dans la ville haute. En septembre, celle-ci fut également prise. Ceux des habitants qui ne furent pas tués sur place furent vendus comme esclaves ou emmenés à Rome pour les spectacles de gladiateurs. Jean de Gischala fut condamné à perpétuité ; Simon marcha sur Rome dans le cortège triomphal, puis fut tué. Le site de Jérusalem fut entièrement dévasté. Seule la colline subsistait. Il y aurait toujours des habitants sur les hauteurs spacieuses, mais Jérusalem avait disparu.
Ô Jérusalem ! Jérusalem ! Tuant les prophètes et lapidant ceux qui lui sont envoyés, combien de fois ai-je voulu rassembler tes enfants comme une poule rassemble ses poussins sous ses ailes ! Ta maison te sera laissée déserte (Matthieu 23:37, 38 ; Luc 13:34, 35). Si tu connaissais les choses qui appartiennent à la paix ! Mais elles sont cachées à tes yeux. Car des jours viendront où tes ennemis t’entoureront de retranchements, t’encercleront et te serreront de toutes parts ; ils te jetteront à terre, toi et tes enfants au milieu de toi, et ils ne laisseront pas en toi pierre sur pierre (Luc 19:42-44).
Fairweather, Contexte des Évangiles , pp. 181-215.
Foakes Jackson et Lake, Les débuts du christianisme , pp. 1-34. [ p. 75 ]
Fowler, L’histoire et la littérature du Nouveau Testament , pp. 13-49.
Kent, Géographie et histoire bibliques, pp. 232-246.
Mathews, Histoire de l’époque du Nouveau Testament, pp. 108-156, 206-224.
Schürer, Le peuple juif au temps de Jésus , Div. I, Vol. I, pp. 416-467 ; Vol. II, pp. 1-43 ; 150-191 ; 207-256.
Comparez la vue depuis Nebi Samwil ou Emmaüs telle que décrite par van Dyke, Out of Doors in the Holy Land, p. 71.[ ↩︎
Ancient Sinope , par David M. Robinson, p. 256, « L’accueil chaleureux d’Hérode par Marcus Agrippa et le départ des deux hommes en 16 av. J.-C. pour une expédition vers le Bosphore simmérien. » Également dans American Journal of Philology , yol. xxvii, no. 2.] ↩︎
Voir Foakes-Jackson, Beginnings of Christianity , vol. i, p. 16. ↩︎
Comparez la déclaration sur Félix dans Actes 24: 26. ↩︎