[ p. 1 ]
1.[1] Ainsi ai-je entendu. Le Béni du Ciel habitait autrefois à Râgagaha, sur la colline appelée le Pic du Vautour. Or, à cette époque, Aggâtasattu, le fils de la reine consort d’origine Videha[^2], le roi de Magadha, désirait attaquer les Vaggiens ; et il se dit : « Je déracinerai ces Vaggiens, [ p. 2 ] puissants et puissants[^3] qu’ils soient, je détruirai ces Vaggiens, je les mènerai à une ruine totale ! »
2. Il parla donc au brahmane Vassakâra, premier ministre du Magadha, et dit :
« Viens maintenant, ô Brâhmane, va trouver le Bienheureux, prosterne-toi à ses pieds en mon nom, et demande-lui en mon nom s’il est exempt de maladie et de souffrance, s’il jouit d’une bonne santé, d’un bien-être et d’une santé vigoureuse. Dis-lui ensuite qu’Agâtasattu, fils du Vedehi, roi de Magadha, dans son empressement à attaquer les Vaggians, a décidé : « Je déracinerai ces Vaggians, aussi puissants et puissants soient-ils, je les détruirai, je les mènerai à la ruine ! » Et souviens-toi bien de ce que le Bienheureux peut prédire, et répète-le-moi. Car les Bouddhas ne disent rien de faux ! »
3. Alors le brahmane Vassakâra écouta les paroles du roi et dit : « Qu’il en soit ainsi. » Il ordonna qu’on prépare plusieurs magnifiques carrosses, monta sur l’un d’eux, quitta Râgagaha avec son cortège et se rendit au Pic du Vautour, chevauchant aussi loin que le terrain le permettait aux carrosses, [ p. 3 ], puis descendit et se dirigea à pied vers l’endroit où se trouvait le Bienheureux. Arrivé là, il échangea avec le Bienheureux des salutations et des compliments d’amitié et de civilité, s’assit respectueusement à ses côtés, puis lui transmit le message, comme le roi l’avait ordonné[2]].
4. Or, à ce moment-là, le vénérable Ananda se tenait derrière le Bienheureux et l’éventait. Et le Bienheureux lui dit : « As-tu entendu, Ananda, que les Vaggiens tiennent de fréquentes et complètes assemblées publiques ? »
« Seigneur, c’est ce que j’ai entendu », répondit-il.
« Tant que les Vaggiens tiendront ces assemblées publiques complètes et fréquentes, Ananda, on peut s’attendre à ce qu’ils ne déclinent pas, mais prospèrent. »
[Et de la même manière, interrogeant Ânanda, et recevant une réponse similaire, le Béni du Ciel déclara comme suit les autres conditions qui assureraient le bien-être de la confédération Vaggienne[3].]
« Tant que les Vaggiens se réuniront en concorde, s’élèveront en concorde et mèneront à bien leurs entreprises en concorde, tant qu’ils ne promulgueront rien qui ne soit déjà établi, n’abrogeront rien de ce qui a déjà été promulgué et agiront en accord avec les anciennes institutions des Vaggiens telles qu’elles ont été établies autrefois, tant qu’ils honoreront, estimeront, révéreront et soutiendront les anciens Vaggiens et se feront un devoir d’écouter leurs paroles, tant qu’aucune femme ni fille ne
span id=“p4”>[p. 4] appartenant à leurs clans sont détenus parmi eux par la force ou par enlèvement — tant qu’ils honorent, estiment, révèrent et soutiennent les sanctuaires Vaggiens[^6] en ville ou à la campagne, et ne permettent pas que les offrandes et les rites appropriés, tels qu’ils étaient autrefois donnés et accomplis, tombent en désuétude — tant que la protection, la défense et le soutien légitimes seront pleinement assurés aux Arahats parmi eux, de sorte que les Arahats de loin puissent entrer dans le royaume, et que les Arahats qui s’y trouvent puissent y vivre au cas où — tant que les Vaggiens pourront être attendus non pas pour décliner, mais pour prospérer.
5. Alors le Bienheureux s’adressa à Vassakâra le Brâhmane et dit :
« Lorsque j’étais autrefois, ô Brâhmane, à Vesâli, au temple de Sârandada[4], j’ai enseigné aux Vagg ces conditions de bien-être ; et tant que ces conditions continueront d’exister parmi les Vagg, tant que les Vagg seront bien instruits dans ces conditions, nous pouvons nous attendre à ce qu’ils ne déclinent pas, mais prospèrent. »
« Nous pouvons donc nous attendre, répondit le brahmane, au bien-être et non au déclin des Vaggiens lorsqu’ils réunissent l’une de ces conditions de bien-être, et à plus forte raison lorsqu’ils réunissent les sept. Ainsi, Gotama, les Vaggiens ne peuvent être vaincus par le roi de Magadha ; c’est-à-dire pas par la bataille, sans diplomatie ou en rompant leur alliance[^8]. Et maintenant, Gotama, nous devons partir ; nous sommes occupés et avons beaucoup à faire. »
[ p. 5 ]
« Ce que tu jugeras le plus approprié, ô Brâhmane », fut la réponse. Et le Brâhmane Vassakâra, ravi et satisfait des paroles du Bienheureux, se leva de son siège et s’en alla.
6. Peu de temps après son départ, le Béni du Ciel s’adressa au vénérable Ânanda et dit : « Va maintenant, Ânanda, et rassemble dans la Salle de Service ceux des Frères[5] qui vivent dans le voisinage de Râgagaha. »
[ p. 6 ]
Et il fit ainsi ; puis il retourna vers le Béni, et l’informa, en disant :
« La compagnie des frères, Seigneur, est assemblée, que le Bienheureux fasse ce qui lui semble bon. »
Et le Bienheureux se leva et se rendit à la salle de service ; et lorsqu’il fut assis, il s’adressa aux frères et dit :
« Je vais vous enseigner, ô mendiants, sept conditions du bien-être d’une communauté. Écoutez attentivement et soyez attentifs, et je parlerai. »
« De même, Seigneur », dirent les frères en signe d’assentiment au Bienheureux ; et il parla ainsi :
« Aussi longtemps, ô mendiants, que les frères se réuniront en assemblées complètes et fréquentes, aussi longtemps qu’ils se réuniront en concorde, et s’élèveront en concorde, et accompliront en concorde les devoirs de l’ordre, aussi longtemps que les frères n’établiront rien qui n’ait déjà été prescrit, et n’abrogeront rien de ce qui a déjà été établi, et agiront en accord avec les règles de l’ordre telles qu’elles sont maintenant établies, aussi longtemps que les frères honoreront, estimeront, révéreront et soutiendront les anciens expérimentés et de longue date, les pères et les dirigeants de l’ordre, et se feront un devoir d’écouter leurs paroles, aussi longtemps que les frères ne tomberont pas sous l’influence de ce désir qui, naissant en eux, donnerait naissance à une existence renouvelée[^10], aussi longtemps que les frères se délecteront d’une vie de solitude, aussi longtemps que les frères entraîneront leur esprit[6] de telle sorte que des hommes bons et saints viendront à eux, et que ceux qui sont venus demeureront au cas [ p. 7 ] — aussi longtemps que les frères peuvent être attendus, non pas qu’ils déclinent, mais qu’ils prospèrent. Tant que ces sept conditions continueront d’exister parmi les frères, tant qu’ils seront bien instruits de ces conditions, aussi longtemps que les frères peuvent être attendus, non pas qu’ils déclinent, mais qu’ils prospèrent.
7. « Je vous enseignerai encore sept autres conditions de bien-être, ô frères. Écoutez attentivement, soyez attentifs, et je parlerai. »
Et lorsqu’ils eurent exprimé leur assentiment, il parla ainsi :
« Tant que les frères ne s’engageront pas dans, n’aimeront pas, ou ne seront pas liés aux affaires, tant que les frères n’auront pas l’habitude, n’aimeront pas, ou ne participeront pas aux bavardages, tant que les frères ne seront pas adonnés, n’aimeront pas, ou ne se livreront pas à la paresse, tant que les frères ne fréquenteront pas, n’aimeront pas, ou ne se livreront pas à la société, tant que les frères n’auront pas, ni ne tomberont sous l’influence de désirs pécheurs, tant que les frères ne deviendront pas les amis, les compagnons, ou les intimes des pécheurs, tant que les frères ne s’arrêteront pas sur leur chemin [vers Nirvâna[^12]] parce qu’ils [ p. 8 ] ont atteint une chose moindre, aussi longtemps les frères peuvent-ils s’attendre à ne pas décliner, mais à prospérer.
« Tant que ces conditions continueront d’exister parmi les frères, tant qu’ils seront instruits dans ces conditions, on pourra s’attendre à ce que les frères ne déclinent pas, mais prospèrent. »
8. « Je vous enseignerai encore sept autres conditions de bien-être, ô frères. Écoutez attentivement, soyez attentifs, et je parlerai. »
Et lorsqu’ils eurent exprimé leur assentiment, il parla ainsi :
« Tant que les frères seront pleins de foi, modestes de cœur, craintifs du péché[7], pleins d’érudition, forts d’énergie, actifs d’esprit et pleins de sagesse, on peut s’attendre à ce que les frères ne déclinent pas, mais prospèrent.
« Tant que ces conditions continueront d’exister parmi les frères, tant qu’ils seront instruits dans ces conditions, on pourra s’attendre à ce que les frères ne déclinent pas, mais prospèrent. »
9. « Je vous enseignerai encore sept autres conditions de bien-être, ô frères. Écoutez attentivement, soyez attentifs, et je parlerai. »
Et lorsqu’ils eurent exprimé leur assentiment, il parla ainsi :
[ p. 9 ]
« Tant que les frères s’exerceront à la sagesse septuple supérieure, c’est-à-dire à l’activité mentale, à la recherche de la vérité, à l’énergie, à la joie, à la paix, à la contemplation sincère et à l’équanimité d’esprit, on peut s’attendre à ce que les frères ne déclinent pas, mais prospèrent.
« Tant que ces conditions continueront d’exister parmi les frères, tant qu’ils seront instruits dans ces conditions, on pourra s’attendre à ce que les frères ne déclinent pas, mais prospèrent. »
Et lorsqu’ils eurent exprimé leur assentiment, il parla ainsi :
« Tant que les frères s’exerceront à la septuple perception due à la pensée sérieuse, c’est-à-dire la perception de l’impermanence, de la non-individualité[8], de la corruption, du danger du péché, de la sanctification, de la pureté du cœur, du Nirvânâ, on peut s’attendre à ce que les frères ne déclinent pas, mais prospèrent.
« Tant que ces conditions continueront d’exister parmi les frères, tant qu’ils seront instruits dans ces conditions, on pourra s’attendre à ce que les frères ne déclinent pas, mais prospèrent. »
Et lorsqu’ils eurent exprimé leur assentiment, il parla ainsi :
[ p. 10 ]
« Tant que les frères persévéreront dans la bonté d’action, de parole et de pensée parmi les saints, tant en public qu’en privé, tant qu’ils partageront sans partialité et en commun avec les justes et les saints tout ce qu’ils reçoivent conformément aux justes dispositions de l’ordre, jusqu’au simple contenu d’un bol de mendiant, tant que les frères vivront parmi les saints dans la pratique, tant en public qu’en privé, de ces vertus qui (intactes, intactes, sans tache, sans défaut) sont productrices de liberté[9] et louées par les sages, qui ne sont pas ternies par le désir de la vie future, ou par la croyance en l’efficacité des actes extérieurs[10] ; et qui sont propices à des pensées hautes et saintes — aussi longtemps que les frères vivront parmi les saints, chérissant, en public et en privé, cette foi noble et salvatrice qui conduit à la destruction complète de la douleur de celui qui agit selon elle — aussi longtemps les frères pourront être attendus à ne pas décliner, mais à prospérer.
« Tant que ces six conditions continueront d’exister parmi les frères, tant qu’ils seront instruits dans ces six conditions, on pourra s’attendre à ce que les frères ne déclinent pas, mais prospèrent. »
12. Et tandis que le Bienheureux séjournait à Râgagaha, sur le Pic du Vautour, il tint avec les frères un entretien religieux approfondi sur la nature de la conduite droite, de la contemplation sincère et de l’intelligence. « Grand est le fruit, grand est l’avantage de la contemplation sincère lorsqu’elle est accompagnée d’une conduite droite. Grand est le fruit, grand est l’avantage de l’intellect lorsqu’il est accompagné d’une contemplation sincère. L’esprit accompagné d’intelligence est libéré des grands maux, c’est-à-dire de la sensualité, de l’individualité, de l’illusion et de l’ignorance[11]. » [12]
[ p. 12 ]
13. Or, lorsque le Béni du Ciel eut séjourné à Râgagaha aussi longtemps qu’il le désirait, il s’adressa au vénérable Ananda et dit : « Viens, Ananda, allons à Ambalatthikâ. »
« Qu’il en soit ainsi, Seigneur ! » dit Ananda en signe d’assentiment, et le Béni du Ciel, accompagné d’un grand nombre de frères, se rendit à Ambalatthikâ.
14. Là, le Bienheureux séjourna dans la maison du roi et tint avec les frères un entretien religieux approfondi sur la nature d’une conduite droite, d’une contemplation sincère et de l’intelligence. « Grand est le fruit, grand est le bénéfice d’une contemplation sincère lorsqu’elle est accompagnée d’une conduite droite. Grand est le fruit, grand est le bénéfice de l’intellect lorsqu’il est accompagné d’une contemplation sincère. L’esprit accompagné d’intelligence est libéré des grands maux, c’est-à-dire de la sensualité, de l’individualité, de l’illusion et de l’ignorance. »
15. Lorsque le Béni du Ciel fut resté aussi longtemps que possible à Ambalatthikâ, il s’adressa au vénérable Ânanda et dit : « Viens, Ânanda, allons à Nâlandâ. »
« Qu’il en soit ainsi, Seigneur ! » dit Ananda en signe d’assentiment au Béni du Ciel.
Alors le Bienheureux se rendit, avec une grande compagnie de frères, à Nâlandâ ; et là, à Nâlandâ, le Bienheureux séjourna dans le bosquet de manguiers de Pâvârika.
16. [13]Alors le vénérable Sâriputta arriva à l’endroit où se trouvait le Béni du Ciel, et après l’avoir salué, s’assit respectueusement à ses côtés et dit : « Seigneur ! J’ai une telle foi dans le Béni du Ciel qu’il me semble qu’il n’y a jamais eu, ni n’y aura, ni n’y a maintenant personne d’autre, que ce soit Samana ou Brâhman, qui soit plus grand et plus sage que le Béni du Ciel, c’est-à-dire en ce qui concerne la sagesse supérieure. »
« Grandes et audacieuses sont les paroles de ta bouche, Sâriputta : en vérité, tu as éclaté en un chant d’extase ! Bien sûr, tu as alors connu tous les Bienheureux qui, dans les longs âges du passé, ont été des Bouddhas Arahat, comprenant leur esprit avec le tien, et conscients de ce qu’était leur conduite, quelle était leur doctrine, quelle était leur sagesse, quel était leur mode de vie et quel salut ils ont atteint ? »
« Non, Seigneur ! »
« Bien sûr, tu as alors perçu tous les Bienheureux qui, dans les longs âges du futur, seront des Bouddhas Arahat comprenant [de la même manière leur esprit entier avec le tien] ? »
Non, Seigneur !
Mais au moins alors, ô Sâriputta, tu me connais comme le Bouddha Arahat maintenant vivant, et tu as pénétré mon esprit [de la manière que j’ai mentionnée] !
« Même pas cela, Seigneur ! »
« Tu vois donc, Sâriputta, que tu ignores le cœur des Bouddhas Arahat du passé et du futur. Pourquoi donc tes paroles sont-elles si grandioses et audacieuses ? Pourquoi exploses-tu en un tel chant d’extase ? »
17. « Ô Seigneur ! Je ne connais pas le cœur des Bouddhas Arahat qui ont été, qui viendront et qui sont maintenant. Je ne connais que la lignée [ p. 14 ] de la foi. Il en va de même, Seigneur, d’un roi qui possède une ville frontière, solide par ses fondations, ses remparts et ses toranas, et qui n’a qu’une seule porte ; et le roi pourrait y avoir un gardien, intelligent, expert et sage, pour arrêter tous les étrangers et n’admettre que les amis. Et lui, en parcourant les abords de la ville, pourrait ne pas observer tous les joints et les fissures des remparts de cette ville au point de savoir par où même un chat pourrait sortir. C’est possible. Pourtant, tous les êtres vivants de plus grande taille qui entreraient ou sortiraient de la ville devraient le faire par cette porte. C’est ainsi seulement, Seigneur, que je connais la lignée de la foi. » Je sais que les Bouddhas Arahat du passé, rejetant toute luxure, toute rancune, toute paresse, tout orgueil et tout doute ; connaissant tous les défauts mentaux qui affaiblissent les hommes ; entraînant leur esprit aux quatre sortes d’activités mentales ; s’exerçant pleinement à la sagesse supérieure septuple, ont reçu la pleine réalisation de l’Éveil. Et je sais que les Bouddhas Arahat des temps à venir feront de même. Et je sais que le Bienheureux, le Bouddha Arahat d’aujourd’hui, l’a fait maintenant[14].
18. Là, dans la manguier de Pavârika, le Bienheureux tint ce discours religieux complet [ p. 15 ] avec les frères sur la nature de la conduite droite, de la contemplation sincère et de l’intelligence. « Grand est le fruit, grand est l’avantage de la contemplation sincère lorsqu’elle est accompagnée d’une conduite droite. Grand est le fruit, grand est l’avantage de l’intellect lorsqu’il est accompagné d’une contemplation sincère. L’esprit accompagné d’intelligence est libéré des grands maux, c’est-à-dire de la sensualité, de l’individualité, de l’illusion et de l’ignorance. »
19. Lorsque le Béni du Ciel fut resté aussi longtemps qu’il le convenait à Nâlandâ, il s’adressa au vénérable Ânanda et dit : « Viens, Ânanda, allons à Pâtaligâma. »
« Qu’il en soit ainsi, Seigneur ! » dit Ananda en signe d’assentiment au Béni du Ciel.
Alors le Béni se rendit, avec une grande compagnie de frères, à Pâtaligâma.
20. [15] Les disciples de Pâtaligâma apprirent son arrivée et se rendirent à l’endroit où il se trouvait, s’assirent respectueusement à ses côtés et l’invitèrent à la maison de repos de leur village. Le Béni du Ciel signifia, par le silence, son consentement.
21. Alors les disciples de Pâtaligâma, voyant qu’il avait accepté l’invitation, se levèrent et se rendirent à la maison de repos, s’inclinant devant le Bienheureux et le gardant à leur droite en passant devant lui[16]. Arrivés là, ils aménagèrent la maison de repos [ p. 16 ] à tous égards[^23], y installèrent des sièges, préparèrent une cruche à eau et préparèrent une lampe à huile. Puis ils retournèrent auprès du Bienheureux et, s’inclinant, se tinrent à ses côtés et dirent : « Tout est prêt, Seigneur ! Il est temps pour toi de faire ce que tu juges le plus approprié. »
22. Le Bienheureux revêtit sa robe, prit son bol et d’autres objets, se rendit avec les frères à la maison de repos, se lava les pieds, entra dans la salle et s’assit contre le pilier central, le visage tourné vers l’est. Les frères, après s’être lavé les pieds, entrèrent dans la salle et prirent place autour du Bienheureux, contre le mur occidental, face à la foule. Les disciples de Pâtaligâma, après s’être lavé les pieds, entrèrent dans la salle et prirent place en face du Bienheureux, contre le mur oriental, face à l’ouest.
23. [17] Alors le Béni du Ciel s’adressa aux disciples de Pâtaligâma et dit : « La perte du malfaiteur par son manque de droiture est quintuple, ô chefs de famille. Premièrement, le malfaiteur, dépourvu de droiture, tombe dans une grande pauvreté par paresse ; deuxièmement, sa mauvaise réputation est dénoncée ; troisièmement, quelle que soit la société dans laquelle il entre – qu’il s’agisse de brahmanes, de nobles, de chefs de famille ou de Samannas – [ p. 17 ], il y entre timidement et confus ; quatrièmement, il est plein d’anxiété lorsqu’il meurt ; et enfin, à la dissolution du corps, après la mort, il renaît dans un état malheureux de souffrance ou de malheur[18]. Voilà, ô chefs de famille, la perte quintuple du malfaiteur !
24. « Ô chefs de famille, le bienfaiteur tire un quintuple profit de sa pratique de la droiture. Premièrement, le bienfaiteur, fort de sa droiture, acquiert une grande richesse par son travail ; deuxièmement, de bonnes nouvelles se répandent à son sujet ; troisièmement, quelle que soit la société dans laquelle il entre – nobles, brahmanes, chefs de famille ou membres de l’ordre – il y entre confiant et maître de lui ; quatrièmement, il meurt sans anxiété ; et enfin, à la dissolution du corps, après la mort, il renaît dans un état de bonheur céleste. Tel est, ô chefs de famille, le quintuple profit du bienfaiteur. »
25. Lorsque le Bienheureux eut ainsi enseigné les disciples, les eut excités, réveillés et réjouis, jusque tard dans la nuit par des discours religieux, il les congédia en disant : « La nuit est avancée, ô chefs de famille. Il est temps pour vous de faire ce que vous jugez le plus approprié. » « De même, Seigneur ! » répondirent les disciples de Pâtaligâma. Ils se levèrent de leurs sièges, s’inclinèrent devant le Bienheureux et le tinrent à leur droite en passant devant lui, puis partirent.
Et le Béni du Ciel, peu de temps après que les disciples de Pâtaligâma furent partis de là, entra dans sa chambre privée.
26. À cette époque, Sunîdha et Vassakâra, les principaux ministres du Magadha, construisaient une forteresse à Pâtaligâma pour repousser les Vaggiens, et des milliers de fées hantaient les terrains de cette région. Or, partout où un terrain est ainsi occupé par de puissantes fées, elles incitent les rois et les ministres les plus puissants à y construire des demeures, et les fées de puissance moyenne ou inférieure incitent de la même manière les rois et les ministres de puissance moyenne ou inférieure.
27. Et le Béni du Ciel, avec sa vision immense et claire, surpassant celle des hommes ordinaires, vit des milliers de ces fées hanter Pâtaligâma. Et il se leva très tôt le matin et dit à Ânanda : « Qui est donc, Ânanda, celui qui construit une forteresse à Pâtaligâma ?
« Sunîdha et Vassakâra, Seigneur, les principaux ministres du Magadha, construisent là une forteresse pour retenir les Vaggiens. »
28. Ils agissent, Ânanda, comme s’ils avaient consulté les Tâvatimsa, les anges. [Et lui racontant ce qu’il avait vu et l’influence qu’exerçaient de telles fées, il ajouta] : « Et parmi les lieux de résidence célèbres et les repaires d’hommes affairés, celle-ci deviendra la principale, la ville de Pâtali-putta, un centre d’échange de toutes sortes de marchandises. Mais trois dangers pèseront sur Pâtali-putta : celui du feu, celui de l’eau et celui de la dissension[19]. »
[ p. 19 ]
« Que le vénérable Gotama nous fasse l’honneur de prendre son repas, en compagnie des frères, chez nous aujourd’hui. » Et le Bienheureux signifia, par le silence, son consentement.
[ p. 20 ]
« L’heure du repas est arrivée, ô Gotama, et tout est prêt. »
Le Bienheureux revêtit sa robe de bonne heure, prit son bol et se rendit avec les frères à la demeure de Sunîdha et de Vassakâra, où il s’assit sur le siège préparé pour lui. De leurs propres mains, ils déposèrent le riz sucré et les gâteaux devant les frères, le Bouddha à leur tête, et les servirent jusqu’à ce qu’ils soient rassasiés. Lorsque le Bienheureux eut fini son repas, les ministres apportèrent un siège bas et s’assirent respectueusement à ses côtés.
31. Et lorsqu’ils furent ainsi assis, le Bienheureux rendit grâces dans ces versets :
« Partout où l’homme prudent établira sa demeure
Qu’il y soutienne des hommes bons, droits et maîtres d’eux-mêmes.
Qu’il fasse des dons à toutes les divinités qui s’y trouvent.
Vénérés, ils le vénéreront ; honorés, ils l’honoreront à nouveau ;
Sont gracieuses envers lui comme une mère envers son propre fils unique.
Et l’homme qui a la grâce des dieux, il contemple la bonne fortune[^27].
[ p. 21 ] 2. Et après avoir remercié les ministres dans ces versets, il se leva de son siège et partit de là. Et ils le suivirent dans son cheminement, disant : « La porte par laquelle sort aujourd’hui Gotama sera appelée la porte de Gotama, et le bac par lequel il traverse le fleuve sera appelé le bac de Gotama. » Et la porte par laquelle il sortit fut appelée la porte de Gotama.
33. Mais le Bienheureux continua son chemin vers le fleuve. Or, à ce moment-là, le Gange était plein à craquer[^28] ; et, voulant traverser vers l’autre rive, certains cherchèrent des barques, d’autres des radeaux de bois, tandis que d’autres encore fabriquèrent des radeaux de vannerie[^29]. Alors, le Bienheureux, aussi instantanément qu’un homme fort étendrait son bras, ou le retirerait après l’avoir tendu, disparut de ce côté du fleuve et se tint sur l’autre rive avec les frères.
34. Et le Béni vit les gens qui cherchaient des bateaux et des radeaux, et tandis qu’il les regardait, il entonna à ce moment-là ce chant :
« Ceux qui traversent l’océan sont tristes
Créer un chemin solide à travers les piscines—
[ p. 22 ]
Pendant que le monde vaniteux attache ses radeaux de paniers-
Ceux-là sont les sages, ceux-là sont vraiment sauvés[20]!’
Fin de la première partie pour la récitation.
[^2] : Agâtasattu Vedehiputto. Le premier mot n’est pas un nom personnel, mais une épithète officielle : « celui contre qui aucun ennemi (digne ou égal) ne s’est élevé » ; le second nous donne le nom de famille ou le nom tribal (et non personnel) de sa mère. Les personnes de distinction sont rarement mentionnées par leur nom dans les livres bouddhistes indiens, une règle s’appliquant plus particulièrement aux rois, mais s’étendant assez fréquemment aux particuliers. Ainsi, Upatissa, le disciple sérieux et réfléchi que le Bouddha lui-même a déclaré être « le second fondateur du royaume de la droiture », est appelé soit Dhamma-senâpati, soit Sâriputta ; ces épithètes ont une origine correspondante à celles du texte. Par les Gains, Agâtasattu est appelé Kûnika ou Konika, ce qui n’est probablement pas le nom qui lui a été donné lors du repas de riz (la cérémonie correspondant au baptême des enfants), mais un surnom acquis plus tard dans la vie.
[^3] : Evammahiddhike evammahânubhâve. L’iddhi mentionné ici n’a rien de surnaturel. Le commentateur dit simplement : « Etena tesan samagga-bhâvan kathesi » : il réfère ainsi le premier adjectif au pouvoir d’union, comme le second au pouvoir issu de la pratique des tactiques militaires (hatthisippâdîhi). Ces épithètes sont, en effet, le plus souvent appliquées aux pouvoirs surnaturels des Devatâs, des Nâgas et autres êtres féeriques ; mais elles sont aussi utilisées, parfois au sens simple de ce passage, et parfois dans l’autre sens, pour les Bouddhas et autres Arahats. Voir MPS 12, 43 ; M. Sud. S. 49-53 ; Gât. I, 34, 35, 39, 41.
[^6] : Ketiyâni, que Sum. Vil. explique comme Yakkha-ketiyâni.
[^8] : « Surmonter » signifie littéralement « fait » (akaraniyâ), mais le mot a évidemment un sens similaire à celui que « fait » a parfois {note de bas de page p. 5} en anglais familier. La Somme. Vil. (fol. tî) dit akaraniyâ, akatabbâ agahetabbâ : yadidan, nipâta-mattan : yuddhassâti, karanatthe sâmi-vakanan, abhimukhena yuddhena gahetun na sakkâ ti attho. Upalâpanâ, que je n’ai rencontré qu’ici, doit signifier « fumisterie, cajolerie, diplomatie » ; voir l’emploi du verbe upa-lâpeti, chez Mahâ Vagga V, 2, 21 ; Gât. II, 266, 267 ; Pât. dans le 70e Pâk. Sum. Vil. l’explique, assez longuement, comme une alliance, par des dons, avec une intention hostile, ce qui revient à peu près au même. La racine, je crois, est lî.
[^10] : ‘Ponobhavikâ’ punabbhava-dâyikâ. (SV fol. tû.)
[^12] : ‘Oramattakenâ’ ti avaramattakena appamattakena. ‘Antarâ’ ti arahattam appatvâ ‘va etth’ antare. ‘Vosânan’ ti … osakkanam idam vuttam hoti. Yâva sîla-pârisuddhi-mattena vâ vipassanâ-mattena vâ sotâpanna-bhâva-mattena vâ sakadâgami-bhâva-mattena vâ anâgâmi-bhâva-mattena vâ ‘vosânam’ na ‘âpaggissanti’ nâma ‘vuddhi yeva bhikkhûnam pâtikamkhâ no parihâni.’ SV(fol. tri). Ceci est une analogie intéressante avec Philippiens iii. 13 : « Je ne pense pas avoir saisi ; mais je fais une chose : oubliant ce qui est derrière et me portant vers ce qui est devant, je cours vers le but », etc. Voir aussi ci-dessous, chap. V, § 68.
[^23] : En référence à la note d’Oldenberg chez Mahâ Vagga, p. 384, on peut mentionner que Buddhaghosa dit ici, ‘sabba-santharin’ ti yathâ sabbam santhatatam yeva. (SV fol. te.)
[^27] : Ce passage donne beaucoup de difficultés à Buddhaghosa, car il semble inculquer des offrandes aux dieux, ce qui est contraire non seulement à la lettre et à l’esprit du bouddhisme, mais aussi à la pratique des bouddhistes. Il explique les dons aux divinités en disant qu’il s’agit de dons de mérite seulement (patti) - le donateur donne les quatre choses nécessaires aux bhikkhus, puis exprime le souhait que les devatâs partagent son puñña. Je suis enclin à penser, sur l’autorité du Deva-dhamma Gâtaka (n° 9 dans ‘Histoires de naissance bouddhistes’), que par les divinités on entend ici les hommes bons et droits, maîtres de soi, mentionnés dans la clause précédente. Les versets étaient peut-être à l’origine non bouddhiques.
[^28] : Samatittikâ kâkapeyyâ. Voir la note sur Tevigga Sutta I, 19, traduite ci-dessous, où la même expression apparaît.
[^29] : Ulumpan ti pâram gamanatthâya âniyo kottetvâ katam ; kullan ti valli-âdîhi bandhitvâ katabbam, dit Buddhaghosa. L’orthographe ulumpam correspondrait mieux à la forme sanskrite udupa, et a été choisie par Childers dans son dictionnaire, et par Oldenberg dans sa translittération de ce passage (Mahâ Vagga VI, 28 : 11, 12).
Les sections 1 à 10, incluses, reviennent dans le Vaggi Vagga du Sutta Nipâta dans l’Anguttara Nikâya ; et il existe une version curieusement incorrecte du § 3 dans le Fa Kheu Pi Hu, traduit du chinois par M. Beal, sous le titre « Le Dhammapada du Canon bouddhiste », pp. 165, 166. ↩︎
§ 2 répété. ↩︎
Dans le texte, il y a une question, une réponse et une réplique avec chaque clause. ↩︎
Le commentateur ajoute qu’il s’agissait d’un vihâra érigé sur le site d’un ancien temple du Yakkha Sârandada. ↩︎
Le mot traduit par « frères » est dans le bhikkhû original, un mot très difficile à rendre adéquatement par un mot qui ne connoterait pas, pour les chrétiens et en Europe, quelque chose de différent de l’idée bouddhiste. Un bhikkhu, littéralement « mendiant », était un disciple qui avait rejoint l’ordre de Gotama ; mais le mot fait référence à leur renoncement aux choses du monde, plutôt qu’à la mendicité qui en résultait ; et ils ne mendiaient pas vraiment au sens moderne du terme. Hardy a « prêtres » ; Français J’ai utilisé ailleurs (moines’ et parfois ‘mendiants’ et ‘membres de l’ordre’. Ce dernier est, je pense, la meilleure traduction ; mais il est trop long pour une répétition constante, comme dans ce passage, et trop complexe pour être une très bonne version de bhikkhu. Les membres de l’ordre n’étaient pas des prêtres, car ils n’avaient aucun pouvoir sacerdotal. Ils n’étaient pas des moines, car ils ne prenaient aucun vœu d’obéissance, et pouvaient quitter l’ordre (et le faisaient constamment et le font encore) quand ils le voulaient. Ils n’étaient pas des mendiants, car ils n’avaient aucune des qualités mentales et morales associées à ce mot. ‘Frères’ évoque beaucoup la position dans laquelle ils se trouvaient les uns par rapport aux autres ; mais j’aimerais qu’il y ait un meilleur mot à utiliser pour traduire bhikkhu. ↩︎
« Pakkattam yeva satim upatthâpessantî » ti attano abbhantare satim upatthâpessanti. (SV fol. tû.) ↩︎
La distinction exacte entre hiri et ottappa est ici expliquée par Buddhaghosa comme suit :
‘Hirimanâ’ ti pâpa-gigukkhana-lakkhanâya hiriyâ yuttakittâ. ‘Ottâpî’ ti pâpato, bhaya-lakkhanena ottappena samannâgatâ : c’est-à-dire le dégoût du péché par opposition à la peur du péché. Mais il s’agit plutôt d’une glose que d’une définition exacte et exclusive. Ahirikâ est l’impudence, l’anotappam l’audace. Dans Gât. I, 207, nous trouvons hiri décrit comme subjectif, et ottappa comme objectif, la modestie du cœur par opposition à la décence dans le comportement extérieur. ↩︎
Pour une explication plus détaillée de la signification d’anattam, voir le deuxième discours de Gotama dans le Mahâ Vagga I, 6 : 38-47. Buddhaghosa ne fait ici aucun commentaire particulier sur l’une ou l’autre des sept perceptions. ↩︎
Buddhaghosa prend cela dans un sens spirituel, ‘tâni pan’ etâni (sîlâni) tanhâ-dâsavyato moketvâ bhugissa-bhâva-karanato bhugissâni’ : c’est-à-dire, ‘Ces vertus sont bhugissâni parce qu’elles amènent quelqu’un à l’état d’homme libre en le délivrant de l’esclavage du désir.’ ↩︎
'Tanhâ-ditthîhi aparâmatthattâ, idam nâma tvam âpannapubbo ti kenaki paramatthum asakkuneyyattâ ka, ‘aparâmatthâni’ (SV fol. 116), c’est-à-dire, ‘Ces vertus sont appelées aparâmatthâni’ parce qu’elles ne sont pas ternies par le désir ou l’illusion, et parce que personne ne peut dire de celui qui les pratique : « tu as déjà été coupable de tel ou tel péché. » Le désir est ici l’espoir d’une vie future au ciel, et l’illusion la croyance en son efficacité des rites et des cérémonies (les deux nissayas) qui sont condamnés comme des incitations indignes à la vertu. ↩︎
Ce paragraphe est évoqué comme s’il s’agissait d’un résumé bien connu, et il est constamment répété ci-dessous. Le mot que j’ai traduit par « contemplation sérieuse » est samâdhi, qui occupe dans les Pâli Pitakas à peu près la même position que la foi dans le Nouveau Testament ; et cette section montre que l’importance relative de samâdhi, paññâ et sîla a joué un rôle dans le bouddhisme primitif, tout comme la distinction entre foi, raison et œuvres l’a joué plus tard dans la théologie occidentale. Il serait difficile de trouver un passage dans lequel la vision bouddhique de la relation entre ces idées contradictoires soit énoncée avec plus de beauté de pensée, ou une forme aussi concise. ↩︎
L’expression « mettre autour de » est en pâli paribhâvita, que le Dr Morris considère comme étymologiquement exactement parallèle à notre expression « perfectionné par », au motif que facio est une causalité du représentant latin de la racine sanskrite bhû. Dans le Ketokhila Sutta du Magghima Nikâya, les œufs sont dits paribhâvitâni par une poule qui couve. Buddhaghosa dit simplement sîla-paribhâvito ti âdesu yamhi sîle thatvâ magga-samâdhim nibbattenti so tena sîlena paribhâvito. « On dit que le samâdhi appartenant au (Noble Octuple) Sentier est paribhâvito par cette vertu dans laquelle ils (c’est-à-dire les convertis) sont constants pendant qu’ils pratiquent le samâdhi. » ↩︎
Cette conversation est donnée en détail dans le Sampasâdaniya Sutta du Dîgha Nikâya, ainsi que dans le Satipatthâna Vagga du Samyutta Nikâya. J’ai condensé de simples répétitions aux endroits marqués d’un [ ] où les clauses précédentes sont, dans le texte, reprises intégralement. ↩︎
Le troisième élément de la comparaison est la complétude de la connaissance. Sâriputta reconnaît avoir eu tort de conclure hâtivement que son propre seigneur et maître était le plus sage de tous les maîtres des différents systèmes religieux qu’il connaissait. Jusqu’ici, après le contre-interrogatoire du Bouddha, il admet que sa connaissance est insuffisante. Mais il maintient qu’il sait ce qui est, pour lui, après tout, l’essentiel, à savoir que tous les Bouddhas ont dû passer par le processus ici décrit comme menant à la bouddhéité. Le Pâli de « la pleine réalisation de l’Éveil » est anuttaram sammâsambodhim, que l’on pourrait traduire par « Bouddhéité suprême ». ↩︎
De cette phrase jusqu’à la fin des versets du chap. II, § 3, c’est, à quelques variations près, mot pour mot le même que Mahâ Vagga VI, 28, 1, à VI, 29, 2. ↩︎
Il aurait été très impoli de le quitter autrement. Ainsi, en Europe, une coutume similaire est encore plus répandue : les personnes quittant la présence royale sont censées sortir à reculons. ↩︎
Les phrases suivantes contiennent un résumé de ce qui n’était que la droiture élémentaire, l’Âdi-brahma-kariyam, tout à fait distinct du Magga-brahma-kariyam, le système développé dans le Noble Octuple Sentier, et dont la gloire ne saurait être comparée un seul instant. On aura vu plus haut, § 11, que ce dernier, pour être parfait, doit être exempt de l’attrait de l’espoir du ciel ou de la crainte de l’enfer. ↩︎
Quatre de ces états sont mentionnés : apâya, duggati, vinipâto et nirayo, qui sont tous des états temporaires. Les trois premiers semblent être synonymes. Le dernier est l’une des quatre divisions dans lesquelles le premier est habituellement divisé, et est souvent traduit par « enfer » ; mais n’étant pas un état éternel, et ne dépendant ni ne résultant d’aucun jugement, il ne peut être ainsi rendu avec précision. ↩︎
Ce paragraphe est important pour le bouddhiste orthodoxe car il prouve le pouvoir de prophétie du Bouddha et l’autorité des écritures bouddhiques. Pour ceux qui concluent qu’un tel passage doit avoir été écrit après l’événement prophétisé, il constitue une preuve précieuse de l’âge du Mahâ Vagga et du Mahâparinibbâna Sutta ; preuve, cependant, qui ne peut pas encore être appliquée dans toute son étendue, car l’époque à laquelle Pâtali-gâma était devenue la grande et importante cité de Pâtali-putta n’est pas encore connue avec suffisamment de certitude. La tradition birmane tardive sur ce point, donnée dans la Légende du Bouddha birman de Bigandet, vol. ii, p. 183, peut difficilement être fiable, bien qu’elle repose sans doute sur des documents plus anciens et soit également mentionnée par Hiouen Thsang.
La curieuse croyance populaire selon laquelle des fées bonnes et mauvaises hantaient les maisons a donné naissance à une science charlatane, apparentée à l’astrologie, appelée vatthu-viggâ, que Buddhaghosa explique ici en détail et qui est fréquemment condamnée ailleurs dans les Pâli Pitakas. Voir, par exemple, le § 1 du Mahâ-sîlam, traduit ci-dessous dans le Tevigga Sutta. Cette croyance est tournée en ridicule dans la légende édifiante, n° 40, de mes « Histoires de naissance bouddhistes », pp. 326-334. ↩︎
C’est-à-dire ceux qui traversent « l’océan de la tristesse » du tanhâ, ou désir ardent ; évitant, au moyen de la « digue » ou chaussée du Noble Sentier, les « étangs » ou bas-fonds de la luxure, de l’ignorance et de l’illusion (comp. Dhp. v. 91), tandis que le monde vain cherche le salut dans les rites, les cérémonies et les dieux, — « ceux-là sont les sages, ceux-là sont vraiment les sauvés ! »
Il est difficile de comprendre comment la métrique des versets du texte a pu tomber dans la confusion actuelle. On pourrait s’attendre à…
Vous visagga pallalâni taranti annavam saram
Kullam salut gano bandhati tinnâ medhâvino ganâ.
Qu’une glose puisse s’immiscer dans le texte, même en vers, ressort clairement de l’exemple incontestable de Gâtaka II, 3-5 ; et les mots setum katvâna auraient constitué une glose tout à fait naturelle si le passage avait été tel que décrit ci-dessus. En supposant alors qu’un copiste ou un récitant ait trouvé les mots ye visagga pallalâni setum katvâna taranti annavam saram, il aurait pu corriger, comme il le pensait, l’ordre des mots afin d’éviter toute possibilité que ces mots soient interprétés comme signifiant que le setu, la chaussée solide, a été construit sur l’annavam saram, l’immense profondeur, ce qui serait manifestement absurde. Buddhaghosa a trouvé setum katvâna dans le texte, mais il est impossible de dire dans quel ordre il a trouvé les mots. Le manuscrit de Turnour du Sumangala Vilâsinî comporte pabandhati, mais une copie de Ceylan du Samanta Pâsâdikâ confirme la lecture birmane bandhati à Mahâ Vagga VI, 28, 13. Il est à peine nécessaire de préciser que la traduction suit le texte imprimé. Nous savons trop peu de choses sur l’histoire des Pâli Suttas pour pouvoir faire plus que noter brièvement de telles curiosités.
En disparaissant d’un lieu, comp. ci-dessous, III, 22. ↩︎