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1. Le Béni du Ciel s’adressa alors au vénérable Ânanda et dit : « Viens, Ânanda, allons au bosquet de Sâla des Mallas, l’Upavattana de Kusinârâ, de l’autre côté de la rivière Hiranyavatî. »
« De même, Seigneur ! » dit le vénérable Ananda en signe d’assentiment au Béni du Ciel.
2. Et le Béni du Ciel se rendit avec une grande compagnie de frères au Bosquet de Sâla des Mallas, l’Upavattana de Kusinârâ, de l’autre côté de la rivière Hiranyavatî : et lorsqu’il y fut arrivé, il s’adressa au vénérable Ânanda et dit :
« Étends-moi, je t’en prie, Ânanda, le lit avec la tête au nord, entre les deux arbres Sâla[1]. Je suis fatigué, Ânanda, et je voudrais m’allonger. »
« De même, Seigneur ! » dit le vénérable Ânanda au Béni du Ciel en signe d’assentiment. Et il étendit une couverture sur le divan, la tête tournée vers le nord, entre les deux arbres Sâla. Et le Béni du Ciel s’allongea sur le côté droit, une jambe posée sur l’autre ; il était attentif et maître de lui-même.
4. Or, à cette époque, les arbres jumeaux Sâla ne formaient plus qu’une masse de fleurs hors saison[^2] ; et sur tout le corps du Tathâgata, celles-ci tombèrent, se répandirent et se dispersèrent, par révérence pour le successeur des anciens Bouddhas. Et des fleurs de Mandârava célestes, ainsi que de la poudre de santal céleste, tombèrent du ciel, et sur tout le corps du Tathâgata, elles descendirent, se répandirent et se dispersèrent, par révérence pour le successeur des anciens Bouddhas. Et une musique céleste résonna dans le ciel, par révérence pour le successeur des anciens Bouddhas. Et des chants célestes flottèrent des cieux, par révérence pour le successeur des anciens Bouddhas !
5. Alors le Béni du Ciel s’adressa au vénérable Ânanda et dit : « Les arbres jumeaux Sâla ne forment qu’une seule masse de fleurs hors saison ; sur tout le corps du Tathâgata, elles tombent, s’aspergent et se dispersent, par révérence pour le successeur des anciens Bouddhas. Et les fleurs célestes de Mandârava, ainsi que la poudre céleste de bois de santal, tombent du ciel, et sur tout le corps du Tathâgata, elles descendent, s’aspergent et se dispersent, par révérence [ p. 87 ] pour le successeur des anciens Bouddhas. Et une musique céleste résonne dans le ciel, par révérence pour le successeur des anciens Bouddhas. Et des chants célestes viennent des cieux, par révérence pour le successeur des anciens Bouddhas ! »
6. « Or, ce n’est pas ainsi, Ânanda, que le Tathâgata est à juste titre honoré, révéré, vénéré, tenu pour sacré ou révéré. Mais le frère ou la sœur, l’homme ou la femme pieux, qui accomplit continuellement tous les devoirs, grands et petits, qui mène une vie correcte, suivant les préceptes – c’est celui-là qui honore, révère, vénère, tient pour sacré et révère le Tathâgata avec le plus grand respect. C’est pourquoi, Ânanda, sois constant dans l’accomplissement des devoirs, grands et petits, et mène une vie correcte, suivant les préceptes ; et ainsi, Ânanda, il faut l’enseigner. »
7. Or, à ce moment-là, le vénérable Upâvana se tenait devant le Bienheureux et l’éventait. Mais le Bienheureux ne fut pas satisfait d’Upâvana et lui dit : « Écarte-toi, ô frère, ne te tiens pas devant moi ! »
8. Alors cette pensée surgit dans l’esprit du vénérable Ânanda : « Le vénérable Upâvana a longtemps été au service du Béni du Ciel. Et maintenant, au dernier moment, le Béni du Ciel n’est pas satisfait d’Upâvana et lui dit : « Écarte-toi, ô frère, ne te tiens pas devant moi ! » Quelle peut être la cause et la raison pour lesquelles le Béni du Ciel n’est pas satisfait d’Upâvana et lui parle ainsi ? »
9. Et le vénérable Ânanda dit au Béni du Ciel : « Le vénérable Upâvana a longtemps été en étroite relation avec le Béni du Ciel. Et maintenant, au dernier moment, le Béni du Ciel n’est pas satisfait d’Upâvana et lui a dit : « Écarte-toi, ô frère, ne te tiens pas devant moi ! » Quelle peut être la cause et la raison pour lesquelles le Béni du Ciel n’est pas satisfait d’Upâvana et lui parle ainsi ? »
10. « En grand nombre, Ânanda, les dieux des dix systèmes-mondes se sont rassemblés pour contempler le Tathâgata. Sur douze lieues, Ânanda, autour du Bosquet Sâla des Mallas, l’Upavattana de Kusinârâ, il n’est pas un endroit, aussi grand que la pointe d’un cheveu, qui ne soit imprégné de puissants esprits[2]. » Et les esprits, Ânanda, murmurent et disent : « De loin nous sommes venus contempler le Tathâgata. Rares sont les Tathâgatas, les Bouddhas Arahat qui apparaissent dans le monde : et maintenant, aujourd’hui, à la dernière veille de la nuit, la mort d’un Tathâgata aura lieu ; et ce frère éminent se tient devant le Tathâgata, le cachant, et dans sa dernière heure nous sommes empêchés de contempler le Tathâgata ; » ainsi, Ânanda, murmurent les esprits.
11. « Mais à quel genre d’esprits pense le Bienheureux ? »
12. « Il y a des esprits, Ananda, dans le ciel, mais d’esprit mondain, qui se décoiffent et pleurent, qui étendent les bras et pleurent, qui tombent prosternés sur le sol et se roulent d’angoisse à la pensée : « Trop tôt mourra le Bienheureux ! Trop tôt s’éteindra l’Heureux ! Bientôt la Lumière du monde s’évanouira[^4] ! »
13. « Il y a aussi des esprits, Ananda, sur la terre, et d’esprit mondain, qui s’arrachent les cheveux et pleurent, qui étendent les bras et pleurent, qui tombent prosternés sur le sol et se roulent d’angoisse à la pensée : « Trop tôt mourra le Bienheureux ! Trop tôt s’éteindra l’Heureux ! Bientôt l’Œil du monde disparaîtra ! »
14. « Mais les esprits libres de passions la supportent, calmes et maîtres d’eux-mêmes, conscients de ce dicton qui commence ainsi : « Éphémères sont tous les éléments. Comment est-il alors possible ? [alors que toute chose, une fois née, amenée à l’existence et organisée, contient en elle-même la nécessité inhérente de la dissolution ? Comment est-il alors possible qu’un tel être ne soit pas dissous ? Une telle condition ne peut exister ! » [3]
15. « Autrefois, Seigneur, les frères, lorsqu’ils passaient la saison des pluies dans différents districts, venaient voir le Tathâgata, et nous recevions ces très révérends frères en audience et nous rendions service au Béni du Ciel. Mais, Seigneur, après la fin du Béni du Ciel, nous ne pourrons plus recevoir ces très révérends frères en audience et nous rendre service au Béni du Ciel. »
16. « Il y a ces quatre lieux, Ananda, que le croyant devrait visiter avec des sentiments de révérence et de respect. Lesquels sont ces quatre ? »
17. « L’endroit, Ânanda, où le croyant peut dire : « Ici est né le Tathâgata ! » est un lieu à visiter avec des sentiments de révérence et de crainte respectueuse.
18. « Le lieu, Ânanda, où le croyant peut dire : « Ici le Tathâgata, a atteint la suprême et parfaite vision pénétrante ! » est un endroit à visiter avec des sentiments de révérence et de crainte respectueuse.
19. « Le lieu, Ânanda, où le croyant peut dire : « Ici fut établi le royaume de justice par le Tathâgata ! » est un endroit à visiter avec des sentiments de révérence et de crainte respectueuse.
20. « Le lieu, Ânanda, où le croyant peut dire : « Ici le Tathâgata est finalement décédé dans cette disparition totale qui ne laisse absolument rien derrière ! » est un endroit à visiter avec des sentiments de révérence et de crainte respectueuse.
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21. 'Et il viendra, Ânanda, à de tels endroits, des croyants, des frères et des sœurs de l’ordre. ou des hommes et des femmes pieux, et diront : « Ici est né le Tathâgata ! » ou : « Ici le Tathâgata a atteint la suprême et parfaite vision pénétrante ! » ou : « Ici le royaume de la droiture a été établi par le Tathâgata ! » ou : « Ici le Tathâgata est décédé dans cette disparition totale qui ne laisse rien derrière ! »
22. ‘Et ceux, Ananda, qui mourront alors qu’ils voyageront avec un cœur croyant dans un tel pèlerinage, renaîtront après la mort, lorsque le corps se dissoudra, dans les royaumes heureux du ciel.’
23. « Comment devons-nous nous conduire, Seigneur, à l’égard des femmes ? »
« Ne les vois pas, Ananda. »
« Mais si nous les voyons, que devons-nous faire ? »
« Abstiens-toi de parler, Ananda. »
« Mais s’ils nous parlent, Seigneur, que ferons-nous ? »
« Reste éveillé, Ananda. »
24. « Que devons-nous faire, Seigneur, des restes du Tathâgata ? »
« Ne vous gênez pas, Ânanda, en honorant les restes du Tathâgata. Soyez zélés, je vous en conjure, Ânanda, pour votre propre bien ! Consacrez-vous à votre propre bien ! Soyez sérieux, zélés, soyez attentifs à votre propre bien ! Il y a des sages, Ânanda, parmi les nobles, parmi les brahmanes, parmi les chefs de famille, qui sont de fervents croyants au Tathâgata ; et ils rendront l’honneur qui leur est dû aux restes du Tathâgata. » [ p. 92 ] 5.[4] « Que faut-il faire, Seigneur, des restes du Tathâgata ? »
« Comme les hommes traitent les restes d’un roi des rois, ainsi, Ânanda, devraient-ils traiter les restes d’un Tathâgata. »
« Et comment, Seigneur, traitent-ils les restes d’un roi des rois[^7] ? »
26. « Ils enveloppent le corps d’un roi des rois, Ânanda, dans un nouveau tissu. Ensuite, ils l’enveloppent de coton cardé[5]. Ensuite, ils l’enveloppent dans un nouveau tissu, et ainsi de suite jusqu’à ce qu’ils aient enveloppé le corps de cinq cents couches successives des deux sortes. Ensuite, ils placent le corps dans un vase à huile en fer[^9], et recouvrent entièrement ce vase d’un autre vase à huile en fer[6]. Ils construisent ensuite un bûcher funéraire avec toutes sortes de parfums et brûlent le corps du roi des rois. Puis, aux quatre carrefours, ils érigent un dâgaba[^11] en l’honneur du roi des rois. Telle est, Ânanda, la manière dont ils traitent la dépouille d’un roi des rois. »
« Et comme ils traitent les restes d’un roi des rois, ainsi, Ânanda, ils doivent traiter les restes du Tathâgata. Aux quatre carrefours, un dâgāba doit être érigé en l’honneur du Tathâgata. Et quiconque y dépose des guirlandes, des parfums ou de la peinture, y fait des salutations ou apaise son cœur en sa présence, cela lui procurera un profit et une joie durables. »
27. « Ces hommes, Ânanda, dignes d’un dâgaba[^11], sont au nombre de quatre. Lesquels sont ces quatre ?
« Un Tathâgata, ou Arahat-Bouddha, est digne d’un dâgaba. Un Pakkeka-Bouddha est digne d’un dâgaba[7].
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Un véritable auditeur du Tathâgata est digne d’un dâgaba. Un roi des rois est digne d’un dâgaba.
28. « Et en raison de quelle circonstance, Ânanda, un Tathâgata, un Arahat-Bouddha, est-il digne d’un dâgaba ?
À la pensée, Ananda : « Ceci est le dâgaba de ce Béni du Ciel, de cet Arahat-Bouddha », le cœur de beaucoup sera apaisé et heureux ; et, ayant ainsi apaisé et satisfait leur cœur, ils renaîtront après la mort, lorsque le corps se sera dissous, dans les royaumes bienheureux du ciel. C’est pour cette raison, Ananda, qu’un Tathâgata, un Arahat-Bouddha, est digne d’un dâgaba.
29. « Et en raison de quelle circonstance, Ananda, un Pakkeka-Bouddha est-il digne d’un dâgaba ?
À la pensée, Ânanda : « Ceci est le dâgaba de ce Bienheureux, de ce Pakkeka-Bouddha », le cœur de beaucoup sera apaisé et heureux ; et, ayant apaisé et satisfait leur cœur, ils renaîtront après la mort, lorsque le corps se sera dissous, dans les royaumes heureux du ciel. C’est pour cette raison, Ânanda, qu’un Pakkeka-Bouddha est digne d’un dâgaba.
30. « Et en raison de quelle circonstance, Ananda, un véritable auditeur du Béni du Ciel, l’Arahat-Bouddha, est-il digne d’un dâgaba ?
« À la pensée, Ânanda, « Ceci est le dâgaba de ce véritable auditeur du Bienheureux Arahat-Bouddha », le cœur de beaucoup sera apaisé et heureux ; et, ayant apaisé et satisfait leur cœur, ils renaîtront après la mort, lorsque le corps se sera dissous, dans les royaumes heureux du ciel. C’est en raison de cette circonstance, Ânanda, qu’un véritable auditeur du Bienheureux, l’Arahat-Bouddha, est digne d’un dâgaba. »
31. « Et en raison de quelle circonstance, Ananda, un roi des rois est-il digne d’un dâgaba ?
À la pensée, Ânanda, « Ceci est le dâgaba de ce roi juste qui a régné avec justice », le cœur de beaucoup sera apaisé et heureux ; et, ayant ainsi apaisé et satisfait leur cœur, ils renaîtront après la mort, une fois le corps dissous, dans les royaumes heureux du ciel. C’est pour cette raison, Ânanda, qu’un roi des rois est digne d’un dâgaba.
« Ces quatre-là, Ânanda, sont les personnes dignes d’un dâgaba. »
32. « Le vénérable Ânanda entra alors dans le Vihâra et s’appuya contre le linteau de la porte[^13], pleurant à cette pensée : « Hélas ! Je ne suis encore qu’un apprenti, quelqu’un qui n’a pas encore atteint sa propre perfection[8]. Et le Maître est sur le point de me quitter, lui qui est si bon ! »
33. Alors le Béni appela les frères et dit : « Où donc, frères, est Ananda ? »
Le vénérable Ânanda, Seigneur, est entré dans le [ p. 96 ] Vihâra, et se tient appuyé contre le linteau de la porte, pleurant à cette pensée : « Hélas ! Je ne suis encore qu’un apprenti, quelqu’un qui n’a pas encore atteint sa propre perfection. Et le Maître est sur le point de m’abandonner, lui qui est si bon ! »
34. Et le Béni du Ciel appela un certain frère et dit : « Va maintenant, frère, et appelle Ananda en mon nom, et dis : « Frère Ananda, le Maître t’appelle. »
« C’est ainsi, Seigneur ! » dit ce frère en signe d’assentiment au Bienheureux. Et il monta à l’endroit où se trouvait le Bienheureux ; et, arrivé là, il dit au vénérable Ânanda : « Frère Ânanda, le Maître t’appelle. »
« Très bien, frère », dit le vénérable Ananda en signe d’assentiment à ce frère. Il monta à l’endroit où se trouvait le Bienheureux. Arrivé là, il s’inclina devant lui et s’assit respectueusement à l’écart.
35. Alors le Béni du Ciel dit au vénérable Ânanda, assis à ses côtés : « Assez, Ânanda ! Ne te laisse pas troubler ; ne pleure pas ! Ne t’ai-je pas déjà dit, en d’autres occasions, qu’il est dans la nature même de toutes les choses qui nous sont les plus proches et les plus chères que nous devions nous en séparer, les quitter, nous en détacher ? Comment, alors, Ânanda, cela est-il possible – alors que tout ce qui est né, amené à l’existence et organisé contient en lui-même la nécessité inhérente de la dissolution – comment, alors, est-il possible qu’un tel être ne soit pas dissous ? Une telle condition ne peut exister ! Depuis longtemps, Ânanda, tu es très proche de moi par des actes d’amour, bienveillant et bon, qui ne varient jamais et qui sont au-delà de toute mesure. Depuis longtemps, Ânanda, tu es très proche de moi par des paroles d’amour, bienveillantes et bonnes, immuables et incommensurables. Depuis longtemps, Ânanda, tu es très proche de moi par des pensées d’amour, bienveillantes et bonnes, immuables[^15] et incommensurables. Tu as bien fait, Ânanda ! Sois sérieux dans tes efforts, et toi aussi tu seras bientôt libéré des grands maux : la sensualité, l’individualité, l’illusion et l’ignorance[^16] !
36.[9] Alors le Béni du Ciel s’adressa aux frères et dit : « Quiconque, frères, a été Arahat-Bouddhas au cours des longs âges du passé, il y eut des serviteurs tout aussi dévoués à ces Béni du Ciel qu’Ananda l’a été pour moi. Et quiconque, frères, sera Arahat-Bouddhas dans les longs âges du futur, il y aura des serviteurs tout aussi dévoués à ces Béni du Ciel qu’Ananda l’a été pour moi. »
37. « C’est un homme sage, frères, c’est Ananda.
[ p. 98 ]
Il sait quand c’est le bon moment pour lui de venir rendre visite au Tathâgata, et quand c’est le bon moment pour les frères et sœurs de l’ordre, pour les hommes et les femmes pieux, pour un roi, ou pour les ministres d’un roi, pour d’autres enseignants ou leurs disciples, de venir rendre visite au Tathâgata.
38. « Frères, il y a ces quatre qualités merveilleuses et admirables en Ananda. Lesquelles sont-elles ? »
« Si, frères, un certain nombre de frères de l’ordre viennent rendre visite à Ananda, ils sont remplis de joie en le voyant ; et si Ananda leur prêche alors la vérité, ils sont remplis de joie au discours ; tandis que la compagnie des frères est mal à l’aise, frères, quand Ananda se tait.
« Si, frères, un certain nombre de sœurs de l’ordre, ou d’hommes pieux, ou de femmes pieuses, viennent rendre visite à Ananda, ils sont remplis de joie en le voyant ; et si Ananda leur prêche alors la vérité, ils sont remplis de joie au discours ; tandis que la compagnie des sœurs est mal à l’aise, frères, quand Ananda se tait.
39. « Frères, il y a quatre qualités merveilleuses et admirables chez un roi des rois. Quelles sont ces quatre qualités ?
« Si, frères, un certain nombre de nobles, ou de Brâhmanes, ou de chefs de maisons, ou de Samanas viennent rendre visite à un roi des rois, ils sont remplis de joie en le voyant ; et si le roi des rois parle alors, ils sont remplis de joie de ce qui est dit ; tandis qu’ils sont mal à l’aise, frères, lorsque le roi des rois se tait.
40. « De même, frères, sont les quatre qualités merveilleuses et merveilleuses d’Ananda.
« Si, frères, un certain nombre de frères de l’ordre, ou des sœurs de l’ordre, ou des hommes pieux, ou des femmes pieuses, viennent rendre visite à Ananda, ils sont remplis de joie en le voyant ; et si Ananda leur prêche alors la vérité, ils sont remplis de joie au discours ; tandis que la compagnie des frères est mal à l’aise, frères, quand Ananda se tait.
« Voici, frères, les quatre qualités merveilleuses et merveilleuses qui sont en Ananda. »
41. Lorsqu’il eut ainsi parlé[10], le vénérable Ânanda dit au Béni du Ciel :
« Que le Bienheureux ne meure pas dans cette petite ville de torchis, dans cette ville au milieu de la jungle, dans cette commune annexe[^19]. Car, Seigneur, il existe d’autres grandes cités, telles que Kampâ, Râgagaha, Sâvatthi, Sâketa, Kosambi et Bénarès. Que le Bienheureux meure dans l’une d’elles. Là se trouvent de nombreux nobles fortunés, des brahmanes et des chefs de famille, croyants au Tathâgata, qui rendront l’honneur qui leur est dû à la dépouille du Tathâgata[11]. »
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42. « Ne dis pas cela, Ânanda ! Ne dis pas cela, Ânanda, que ce n’est qu’une petite ville de torchis, une ville au milieu de la jungle, une bourgade annexe. Il y a bien longtemps, Ânanda, vivait un roi nommé Mahâ-Sudassana, un roi des rois, un homme juste qui régnait avec justice, Seigneur des quatre coins de la terre, conquérant, protecteur de son peuple, possesseur des sept trésors royaux. Cette Kusinârâ, Ânanda, était la cité royale du roi Mahâ-Sudassana, sous le nom de Kusâvatî, et elle mesurait douze lieues de long à l’est et à l’ouest, et sept lieues de large au nord et au sud. »
43. 'Cette cité royale Kusâvatî, Ânanda, était puissante, prospère, peuplée, bondée d’hommes et pourvue de toutes sortes de nourriture[12]. De même, Ânanda, que la cité royale des dieux, Âlakamandâ de son nom, est puissante, prospère et peuplée, bondée de dieux et pourvue de toutes sortes de nourriture, de même, Ânanda, la cité royale Kusâvatî était puissante et prospère, peuplée, bondée d’hommes et pourvue de toutes sortes de nourriture.
44. « De jour comme de nuit, Ânanda, la cité royale de Kusâvatî résonnait des dix cris ; c’est-à-dire le bruit des éléphants, le bruit des chevaux et le bruit des chars ; les sons du [ p. 101 ] rhum, du tambourin et du luth ; le son des chants, les sons des cymbales et du gong ; et enfin, le cri : « Mangez, buvez et réjouissez-vous[13] ! »
45. « Va maintenant, Ânanda, et entre à Kusinârâ, et informe les Mallas de Kusinârâ, en disant : « Ce jour-là, ô Vâsetthas, à la dernière veille de la nuit, aura lieu la disparition définitive du Tathâgata. Sois favorable à cet égard, ô Vâsetthas, sois favorable. Ne te donne plus l’occasion de te reprocher à l’avenir, en disant : « C’est dans notre propre village qu’a eu lieu la mort de notre Tathâgata, et nous n’avons pas saisi l’occasion de lui rendre visite à ses dernières heures. » »
« De même, Seigneur », dit le vénérable Ananda en signe d’assentiment au Béni du Ciel ; et il se revêtit d’une robe, et prenant son bol[^23], entra dans Kusinârâ, accompagné d’un autre membre de l’ordre.
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46. Or, à cette époque, les Mallas de Kusinârâ étaient réunis dans la salle du conseil pour une affaire publique[^24].
Le vénérable Ânanda se rendit à la salle du conseil des Mallas de Kusinârâ. Arrivé sur place, il les informa en disant : « Aujourd’hui, ô Vâsetthas, à la dernière veille de la nuit, aura lieu la disparition définitive du Tathâgata. Sois favorable à cet égard, ô Vâsetthas, sois favorable. Ne vous donnez plus aucune raison de vous reprocher à l’avenir, en disant : « C’est dans notre propre village qu’a eu lieu la mort de notre Tathâgata, et nous n’avons pas saisi l’occasion de lui rendre visite à ses dernières heures. » »
47. Lorsqu’ils entendirent ces paroles du vénérable Ananda, les Mallas, leurs jeunes hommes, leurs jeunes filles et leurs épouses, furent attristés, tristes et profondément affligés. Certains d’entre eux pleurèrent, ébouriffèrent leurs cheveux, étendirent les bras et pleurèrent, tombèrent prosternés au sol et se roulèrent d’angoisse à cette pensée : « Trop tôt mourra le Bienheureux ! Trop tôt s’éteindra le Bienheureux ! Bientôt la Lumière du monde s’éteindra ! »
48. Alors les Mallas, avec leurs jeunes hommes et leurs jeunes filles et leurs épouses, étant attristés, tristes et affligés dans leur cœur, se rendirent au Bosquet Sâla des Mallas, à l’Upavattana, et à l’endroit où se trouvait le vénérable Ânanda.
49. Alors le vénérable Ânanda pensa : « Si je permets aux Mallas de Kusinârâ, un par un, de rendre hommage au Bienheureux, tous les Mallas de Kusinârâ ne lui auront pas été présentés avant que cette nuit ne s’éclaircisse et ne s’ouvre à l’aube. Permettez-moi maintenant de faire en sorte que les Mallas de Kusinârâ se tiennent par groupes, chaque famille dans un groupe, et de les présenter ainsi au Bienheureux en disant : « Seigneur ! Un Malla de tel nom, avec ses enfants, ses épouses, sa suite et ses amis, s’incline humblement aux pieds du Bienheureux. »
50. Et le vénérable Ânanda fit se tenir les Mallas de Kusinârâ en groupes, chaque famille en groupe, et les présenta ainsi au Béni du Ciel, et dit : « Seigneur ! un Malla de tel ou tel nom, avec ses enfants, ses épouses, sa suite et ses amis, s’incline humblement aux pieds du Béni du Ciel. »
51. Et de cette manière, le vénérable Ânanda présenta tous les Mallas de Kusinârâ au Béni du Ciel à la première veille de la nuit.
52. Or, à cette époque, un mendiant nommé Subhadda, qui n’était pas croyant, résidait à Kusinârâ. Le mendiant Subhadda apprit la nouvelle : « Aujourd’hui même, dit-on, à la troisième veille de la nuit, aura lieu la disparition définitive du Samana Gotama. »
53. Alors le mendiant Subhadda pensa : « J’ai entendu cela de mes compagnons mendiants, âgés et avancés en âge, maîtres et disciples, lorsqu’ils disaient : « Parfois, et très rarement, les Tathâgatas, les Bouddhas Arahat, apparaissent dans le monde. » Pourtant, ce jour-là, à la dernière veille de la nuit, la disparition définitive du Samana Gotama aura lieu. Un certain sentiment d’incertitude a alors surgi dans mon esprit ; et j’ai cette foi dans le Samana Gotama, qu’il est, me semble-t-il, capable de présenter la vérité de manière à me débarrasser de ce sentiment d’incertitude. »
54. Alors le mendiant Subhadda se rendit au Bosquet Sâla des Mallas, à l’Upavattana de Kusinârâ, à l’endroit où se trouvait le vénérable Ânanda.
55. Et lorsqu’il fut arrivé là, il dit au vénérable Ânanda : « Ainsi ai-je entendu de mes compagnons mendiants, âgés et avancés en âge, maîtres et disciples, dire : « Parfois, et très rarement, les Tathâgatas, les Bouddhas Arahat, apparaissent dans le monde. » Pourtant, ce jour-là, à la dernière veille de la nuit, la disparition définitive du Samana Gotama aura lieu. Un certain sentiment d’incertitude a maintenant surgi dans mon esprit ; et j’ai cette foi dans le Samana Gotama, qu’il est, me semble-t-il, capable de présenter la vérité de telle sorte que je puisse me débarrasser de ce sentiment d’incertitude. Oh, si seulement moi, Ânanda, j’étais autorisé à voir le Samana Gotama ! »
56. Et après avoir ainsi parlé, le vénérable Ânanda dit au mendiant Subhadda : « Assez ! ami Subhadda. Ne trouble pas le Tathâgata. Le Béni du Ciel est las. »
57. Et de nouveau le mendiant Subhadda [a fait la même demande dans les mêmes termes, et a reçu la même réponse]; et la troisième fois le mendiant Subhadda [a fait la même demande dans les mêmes termes, et a reçu la même réponse]
[ p. 105 ]
58. Le Béni du Ciel surprit la conversation du vénérable Ânanda avec le mendiant Subhadda. Il appela le vénérable Ânanda et dit : « C’est assez, Ânanda ! N’empêche pas Subhadda d’entrer. Subhadda, Ânanda, peut être autorisé à voir le Tathâgata. Quoi que Subhadda me demande, il le fera par désir de savoir, et non pour m’importuner. Et quoi que je dise en réponse à ses questions, il le comprendra rapidement. »
59. Alors le vénérable Ananda dit à Subhadda, le mendiant : « Entre, ami Subhadda, car le Béni du Ciel te le permet. »
60. Alors Subhadda, le mendiant, entra à l’endroit où se trouvait le Bienheureux et le salua courtoisement. Après avoir échangé avec lui des compliments d’estime et de civilité, il prit place à l’écart. Et lorsqu’il fut ainsi assis, Subhadda, le mendiant, dit au Bienheureux : « Les brahmanes, par leur sainteté de vie[^25], Gotama, qui [ p. 106 ] sont des chefs de groupes de disciples et d’étudiants, des enseignants d’étudiants, bien connus, renommés, fondateurs d’écoles de doctrine, estimés comme des hommes de bien par la multitude — à savoir, Pûrana Kassapa, Makkhali de l’enclos à bétail, Agita du vêtement de cheveux, Kakkâyana de l’arbre Pakudha, Sañgaya le fils de l’esclave Belatthi, et Nigantha du clan Nâtha — ont-ils tous, selon leur propre affirmation, parfaitement compris les choses ? ou ne l’ont-ils pas fait ? ou y en a-t-il parmi eux qui ont compris, et d’autres qui ne l’ont pas fait[14] ?
61. « Assez, Subhadda ! Laissons cette question en suspens : s’ils ont, selon leurs propres dires, parfaitement compris les choses, ou non, ou si certains d’entre eux ont compris et d’autres non ! La vérité, Ananda, je vais t’enseigner. Écoute bien cela, prête l’oreille attentivement, et je parlerai. »
« De même, Seigneur ! » dit le mendiant Subhadda, en signe d’assentiment, au Béni du Ciel.
62. Et le Béni du Ciel dit : « Dans quelque doctrine ou discipline que ce soit, Subhadda, on ne trouve pas le noble sentier octuple, et on n’y trouve pas non plus d’homme de vraie sainteté du premier, du deuxième, du troisième ou du quatrième degré[^27].
[ p. 107 ]
Et dans toute doctrine et discipline, Subhadda, se trouve le noble sentier octuple, et se trouve l’homme de vraie sainteté, du premier, du deuxième, du troisième et du quatrième degré. Or, dans cette doctrine et discipline, Subhadda, se trouve le noble sentier octuple, et en lui seul, Subhadda, se trouve l’homme de vraie sainteté. Les systèmes des autres enseignants sont vides, vides de vrais saints. Et dans celui-ci, Subhadda, puissent les frères vivre la vie juste, afin que le monde ne soit pas privé d’Arahats[15].
[ p. 108 ]
« Mais j’avais vingt-neuf ans quand j’ai renoncé
Le monde, Subhadda, recherche le bien.
Pendant cinquante ans et un an de plus, Subhadda,
Depuis que je suis sorti, je suis un pèlerin
À travers les vastes domaines de la vertu et de la vérité,
Et en dehors de cela, aucun véritable « saint » ne peut être[16] !
Oui, ni du premier, ni du deuxième, ni du troisième, ni du quatrième degré. Les systèmes des autres enseignants sont vides, vides de vrais saints. Mais en celui-ci, Subhadda, puissent les frères vivre une vie parfaite, afin que le monde ne soit pas privé de ceux qui ont atteint le fruit le plus élevé.
63. Après avoir ainsi parlé, Subhadda, le mendiant, dit au Béni du Ciel : « Très excellentes, Seigneur, sont les paroles de ta bouche, très excellentes ! Tout comme un homme redresse ce qui est renversé, révèle ce qui est caché, indique le droit chemin à celui qui s’est égaré, ou apporte une lampe dans l’obscurité, afin que ceux qui ont des yeux puissent voir les formes extérieures ; de même, Seigneur, la vérité m’a été révélée, sous de nombreuses formes, par le Béni du Ciel. Et moi, moi aussi, Seigneur, je me réfugie auprès du Béni du Ciel, auprès de la vérité et de l’ordre. Puisse le Béni du Ciel m’accepter comme disciple, comme un vrai croyant, dès aujourd’hui, aussi longtemps que durera ma vie ! »
[ p. 109 ]
64. « Quiconque, Subhadda, a été auparavant adepte d’une autre doctrine et désire ensuite être admis au grade supérieur ou inférieur de cette doctrine et discipline, reste en probation pendant quatre mois ; à l’issue de ces quatre mois, les frères, exaltés en esprit, l’admettent au grade inférieur ou supérieur de l’ordre. Néanmoins, dans ce cas, je reconnais la différence entre les personnes. »
65. « Si, Seigneur, quiconque a été auparavant adepte d’une autre doctrine et désire ensuite être reçu au grade supérieur ou inférieur dans cette doctrine et discipline, — si, dans ce cas, une telle personne reste en probation pendant l’espace de quatre mois ; et qu’à la fin des quatre mois, les frères, exaltés en esprit, le reçoivent au grade inférieur ou supérieur de l’ordre — alors moi aussi, je resterai en probation pendant l’espace de quatre mois ; et à la fin des quatre mois, que les frères, exaltés en esprit, me reçoivent au grade inférieur ou supérieur de l’ordre ! »
66. Mais le Béni du Ciel appela le vénérable Ananda et dit : « En effet, Ananda, reçois Subhadda dans l’ordre ! »
« De même, Seigneur ! » dit le vénérable Ananda en signe d’assentiment au Béni du Ciel.
67. Et Subhadda, le mendiant, dit au vénérable Ânanda : « Grand est votre gain, ami Ânanda, grande est votre bonne fortune, ami Ânanda, que vous ayez tous été aspergés de l’aspersion du discipulat dans cette fraternité par les mains du Maître lui-même ! »
68. Ainsi, Subhadda, le mendiant, fut reçu [ p. 110 ] au grade supérieur de l’ordre sous le Béni du Ciel ; et immédiatement après son ordination, le vénérable Subhadda resta seul et à l’écart, sérieux, zélé et résolu. Et il atteignit bientôt ce but suprême de la vie supérieure[^30] pour laquelle les hommes quittent tout, tout gain et tout confort domestique pour devenir des vagabonds sans abri ; oui, ce but suprême, il l’a, par lui-même, et alors qu’il était encore dans ce monde visible, atteint, et continue de le réaliser, et de le voir face à face ! Et il prit conscience que la naissance était terminée, que la vie supérieure était accomplie, que tout ce qui devait être fait était accompli, et qu’après cette vie présente, il n’y aurait plus d’au-delà !
69. Ainsi le vénérable Subbadda devint encore un autre parmi les Arahats ; et il fut le dernier disciple que le Béni du Ciel lui-même convertit[17].
Fin de la partie Hiraññavatiya, étant la cinquième partie pour la récitation.
[^2] : Sabbaphâliphullâ ti sabbe samantato puppitâ mûlato patthâya yâva aggâ ekakkhannâ ahesum. (SV thlu.) Comparez ekaphâliphullam vanam à Gâtaka I, 52.
[^4] : Kakkumloke antaradhâyissati, sur lequel il n’y a aucun commentaire. Il s’agit littéralement de « l’Œil dans le monde disparaîtra », où Œil est bien sûr utilisé au sens figuré de ce à l’aide duquel les vérités spirituelles peuvent être perçues, correspondant exactement à l’usage similaire en Europe du mot Lumière. Le Maître est souvent appelé Kakkhumâ, « Celui qui a l’Œil », « Celui qui a l’Œil spirituel » (voir, par exemple, les derniers versets de ce Sutta), et ici, par une figure de style audacieuse, il est appelé l’Œil lui-même, qui était sur le point de disparaître du monde, le moyen de vision spirituelle qui n’était plus accessible à l’usage commun de tous les hommes. Mais ce n’est là, on le remarquera, que la complainte des insensés et des ignorants.
[^7] : Roi des rois est une traduction inadéquate de Kakkavatti Râgâ. Il s’agit d’un roi dont aucun autre roi ne peut contester le pouvoir, qui est le suzerain reconnu en Inde. Cette idée n’a guère pu exister avant que Kandragupta, le premier Kakravarti, n’accède au pouvoir. Ce passage est donc un guide pour déterminer la date à laquelle le Mahâ-parinibbâna Sutta a pris sa forme actuelle.
[^9] : Ayasâya tela-doniyâ, là où l’on s’attendrait à âyasâya, mais mon manuscrit du Dîgha Nikâya confirme deux fois ici, et deux fois encore plus bas, § VI, 33, 35, la lecture donnée par Childers. Buddhaghosa dit : Âyasan ti suvannam, suvannamhi idha âyasan ti adhippeto, mais là encore nous devrions nous attendre à trouver la deuxième fois ayo ou ayasam. Le sens du mot n’est pas non plus très clair {note de bas de page p. 93}. Il était sans doute utilisé à l’origine pour le bronze, et seulement plus tard pour le fer également, et enfin exclusivement pour le fer. Comme kamsa est déjà un mot courant pour le bronze dans les tout premiers textes bouddhistes Pâli, je pense que âyasa ou ayasa doit ici signifier « de fer ». Lorsque Buddhaghosa dit qu’il s’agit ici d’un nom pour l’or, nous ne pouvons que conclure que le fer était devenu, à son époque, un métal qu’il pouvait raisonnablement considérer comme trop vil pour l’usage proposé.
[^11] : Un tertre ou tumulus solide, au milieu duquel les ossements et les cendres doivent être déposés. Le dôme de Saint-Paul, vu depuis les quais de la Tamise, donne une très bonne idée de l’un des dâgabas bouddhiques ultérieurs. Le mot pâli ici et ci-dessous est Thûpa.
[^13] : Kapisîsam. Buddhaghosa dit : Kapisîsakan ti dvâra-bâha-kotiyam thitam aggala-rukkham, « un morceau de bois fixé comme un verrou au sommet des montants de la porte ». Les lexicographes sanskrits donnent kapi-sîrsha dans le sens de « couronnement d’un mur ». Comparer avec Pâtimokkha, Pâkittiya, n° 19.
L’expression selon laquelle Ânanda serait entré dans le Vihâra à la fin d’une conversation présentée comme ayant eu lieu dans le bosquet de Sâla semble indiquer que cet épisode se situait à l’origine dans un autre contexte. Buddhaghosa tente d’expliquer cette contradiction en affirmant que Vihâra signifie ici Mandala.
[^15] : Advayena, que Buddhaghosa explique comme n’étant pas ce genre d’amour qui est tantôt une chose, tantôt une autre, ou qui varie selon la présence ou l’absence de l’objet aimé. Lorsque le Bouddha est appelé advayavâdin dans l’Amara Kosha I, 1, 1, 9, cela doit signifier de la même manière : « Celui dont l’enseignement ne varie pas. »
[^16] : Littéralement, tu deviendras un Anâsava, c’est-à-dire quelqu’un qui est libéré des quatre Âsavas, tous expliqués ci-dessus au § I, 12, d’où j’ai repris les détails suggérés à un bouddhiste par le mot utilisé. L’état d’esprit auquel un Anâsava est parvenu est exactement le même, bien que considéré d’un point de vue différent, que l’état d’esprit exprimé par le mot plus connu Nirvânâ.
[^19] : Kudda-nagarake ti patirûpake sambâdhe khuddakanagare : Uggangala-nagarake ti visama-nagarake. (SV fol. thau.) Kudda, si cette explication est correcte, semble n’être qu’une forme ancienne et inhabituelle de kshudra, et la correction birmane en khudda n’est pas nécessaire : mais j’ose penser qu’il est plus probable qu’il s’agisse de = kudya, et qu’il désigne un mur construit en boue et en bâtons, ou ce qu’on appelle en Inde, en torchis et enduit. Lorsque Buddhaghosa explique uggangala comme « sans loi », il exprime son point de vue selon lequel une ville dans la jungle est susceptible d’être un lieu païen.
[^23] : Nivâsetvâ patta-kîvaram âdâya atta-dutiyo. Buddhaghosa n’a, bien entendu, aucun commentaire sur cette phrase souvent répétée. On ne peut pas vouloir dire qu’il n’a revêtu que ses sous-vêtements et qu’il a emporté sa robe de dessus avec lui ; car alors ses épaules auraient été nues ; et il est tout à fait contraire aux règles d’entrer dans un village sans avoir soigneusement revêtu toutes les robes (Pâtimokkha, Sekhiya 1-3). Je ne comprends même pas comment Ânanda, en respectant les règles de la confrérie (voir Pâtimokkha, Nisaggiya 21-29), a pu avoir une robe de rechange avec lui à ce moment-là. Et patta-kîvaram peut difficilement signifier simplement « robe-bol », en référence à la longueur de tissu de coton dans laquelle le bol était porté sur l’épaule (« Récits de naissance bouddhistes », p. 71). « Avec ses deux sous-vêtements, il entra à Kusinârâ dûment vêtu de bol et de robe » est peut-être un français impossible, mais cela rend probablement correctement l’idée {note de bas de page p. 102} impliquée, même si bien sûr l’un (au moins) des sous-vêtements avait été mis bien avant. Voir p. 122. Un Thera ne se promène jamais seul en public ; il est toujours accompagné d’un Sâmanera.
[^24] : Ke nakid eva karnîyena. Le professeur Pischel, dans son édition de l’Assalâyana Sutta ([ p. 1 ]), imprime cette expression kenaki devakaranîyena, et la traduit ([ p. 28 ]) par « à des fins religieuses ». Il me semble qu’il a été induit en erreur par le commentaire, qui présuppose en réalité la division plus correcte adoptée par Childers.
[^25] : Samana-brâhmanâ, composé qui pourrait signifier Samanas et Brahmanes comme il a été habituellement rendu, mais je ne pense pas que ce soit nécessairement le cas. Aucun de ceux spécifiés ici n’était Brahmane de caste, comme il ressort du Sumangala Vilâsinî sur le Sâmañña Phala Sutta, p. 114. Comparez l’utilisation de Kshatriya-brâhmano, « un prêtre soldat », un Kshatriya qui offrait un sacrifice ; et de Brâhmano, absolument, comme épithète d’un Arahat. Dans l’emploi du mot samana, il me semble y avoir une confusion irrémédiable, un mélange complet des significations des deux racines sram et sam (qui, en pâli, deviendraient toutes deux sam). Ce mot évoque à la fois l’ascétisme et la paix intérieure, et pourrait être mieux traduit par « dévot », si ce n’était l’infériorité intellectuelle qu’il implique dans notre langue. Un brahmane samana devrait donc désigner un homme de n’importe quelle caste, qui, par sa sainteté de vie, par son renoncement au monde et par sa réputation de penseur religieux, avait acquis la position d’un quasi-brâhmane, et {note de bas de page p. 106} était considéré par le peuple de la même manière qu’il admirait un brahmane de caste. Voir aussi mes « Histoires de naissance bouddhistes », vol. ip 260 ; et aussi les remarques de M. Beal dans l’Indian Antiquary de mai 1880 ; et la note du professeur Max Müller sur Dhammapada, verset 265.
[^27] : Ceci se réfère aux quatre divisions du Noble Octuple Sentier. Voir ci-dessus, chap. II, § 8, où leurs caractères sont décrits. Le mot {footnote [ p. 107 ]} traduit par « homme de vraie sainteté » ou « vrai saint » se trouve dans le texte Samano, à ce sujet, voir la note de la page 105. Je ne sais pas comment traduire ce mot ici de manière adéquate.
[^30] : C’est-à-dire Nirvânâ. Comparez Mangala Sutta V, 11, et le Dhammapada, versets 180, 354, et ci-dessus Chap. I, § 7.
Selon le commentateur, « la tradition dit qu’il y avait une rangée d’arbres Sâla à la tête (sîsa) de ce lit (mañka), et une autre à son pied, un jeune arbre Sâla étant près de sa tête, et un autre près de son pied. Les arbres Sâla jumeaux étaient ainsi appelés parce que les deux arbres étaient également développés en ce qui concerne les racines, les troncs, les branches et les feuilles. Il y avait un lit là dans le parc pour l’usage spécial du râga (élu périodiquement) des Mallas, et c’est ce lit que le Béni du Ciel demanda à Ânanda de préparer. » Il n’y a pas d’autre explication du terme uttara-sîsakam, qui pourrait avoir été le nom d’une dalle de bois ou de pierre réservée lors de grandes occasions à l’usage des dirigeants de la république voisine, mais disponible à d’autres moments pour les passants. ↩︎
Buddhaghosa explique que même vingt à soixante anges ou dieux (devatâyo) pouvaient se tenir âragga-koti-nittûdana- (MS. nittaddana-) matte pi, « sur une pointe piquée par la pointe extrême d’une vrille », sans se gêner les uns les autres (aññam aññam avyâbâdhenti). Il est très curieux de trouver cette analogie exacte avec la discussion notoire sur le nombre d’anges pouvant se tenir sur la pointe d’une aiguille dans un commentaire écrit précisément à cette période de l’histoire bouddhiste qui correspond au Moyen Âge de la chrétienté. Le passage du texte n’implique ni ne suggère réellement une telle doctrine, bien que l’épisode dans son ensemble soit si absurde que l’auteur du texte n’aurait pas hésité à le dire, si une telle idée avait été la croyance commune des premiers bouddhistes. Il convient de comparer à ces sections les sections similaires du chapitre VI, dont celles-ci ne sont peut-être qu’un écho.
Il n’y a aucun commentaire sur nittûdana, mais il ne fait aucun doute que la lecture conjecturale de Childers est correcte. ↩︎
Les mots entre parenthèses ont été insérés à partir du par. III, 63 ci-dessus. Voir par. VI, 39 ci-dessous. ↩︎
Cette conversation se produit également ci-dessous (VI, 33), et la tradition plus ancienne ne la rapportait probablement qu’à ce propos. ↩︎
'Vihatena kappâsenâ ti suphotitena kappâsenâ: Kâsika-vattham hi sukhumattâ telam na ganhati, tasmâ vihatena kappâsenâ ti âha. ‘Comme le tissu de Bénarès, en raison de sa finesse de texture, n’absorbe pas l’huile, il dit donc : « avec du coton vihata », c’est-à-dire avec du coton bien forcé.’ Que photita soit ici le participe du verbe causal, et non du verbe simple, découle nécessairement de son utilisation comme explication de vihata, « déchiré en morceaux ». L’usage technique du mot, appliqué au coton, n’a été trouvé que dans ce passage. Il signifie généralement « déchiré par le chagrin ». ↩︎
Buddhaghosa n’a pas de note sur patikuggetvâ; mais d’après son utilisation dans Gâtaka I, 50, 29: 69, 23, il doit, je pense, avoir ce sens. Je ne suis pas certain de la racine à laquelle il doit être rattaché. Je dois mentionner que pakkhipati ne me semble jamais signifier en pâli, « lancer dans, jeter en avant », mais toujours « placer (lentement et prudemment) dans ». ↩︎
Un Pakkeka-Bouddha, qui a atteint la vision suprême et parfaite ; mais qui meurt sans proclamer la vérité au monde. ↩︎
Ânanda était entré dans le Noble Sentier, mais n’en avait pas encore atteint le terme. Il n’avait pas atteint le Nirvân. ↩︎
Ce qui suit est répété dans le Satipatthâna Vagga du Samyutta Nikâya ; mais en ce qui concerne Sâriputta (Upatissa) et Moggallâna, et en lisant sâvaka-yugam pour upâtthâko. ↩︎
De là jusqu’à la fin de la section 44 se trouve également, presque mot pour mot, le début du Mahâ-Sudassana Sutta, traduit ci-dessous ; comparer aussi Mahâ-Sudassana Gâtaka, n° 95. ↩︎
En référence à la note de Childers dans son Dictionnaire sur mahâsâlâ, avec laquelle tout le monde doit être entièrement d’accord, l’explication du mot par Buddhaghosa {note de bas de page p. 100} sera intéressante comme preuve (si une preuve est nécessaire) que les érudits de Ceylan ne sont pas toujours dignes de confiance. Il dit : Khattiya-mahâsâlâ ti khattiya-mahâsârâ sârapattâ mahâ-khattiyâ. Eso nayo sabbattha. ↩︎
Les trois premiers de ces adjectifs sont appliqués dans Gâtaka I, 29 (v. 212) à la religion des Bouddhas ; et je pense que la bonne lecture doit être phîtam, conformément aux corrections de deux manuscrits, comme l’a noté M. Fausböll, et non pîtam comme il a préféré le lire. L’ensemble des épithètes est souvent utilisé pour les villes. ↩︎
Cette énumération se retrouve également dans Gâtaka, p. 3, mais la conque y est ajoutée – à tort, car cela porte le nombre de cris à onze. Le Mahâ-Sudassana Sutta utilise dans le passage correspondant, comme le manuscrit birman noté ici par Childers, le mot conque au lieu de cymbale. Mon manuscrit dit ici cymbale. ↩︎
Buddhaghosa a une note exégétique sur abbhaññamsu, mais passe sous silence ces six célèbres Maîtres. Le peu que l’on sait d’eux jusqu’à présent sera abordé ailleurs. ↩︎
Les Arahats sont ceux qui ont atteint le Nirvânâ, le « but suprême », le « fruit le plus élevé » du Noble Sentier Octuple. Vivre « la Vie Juste » (sammâ) c’est vivre dans le Noble Sentier, dont chacune des huit divisions doit être sammâ, ronde, juste et parfaite, normale et complète. Vivre juste (sammâ) c’est donc avoir : 1. Des vues justes, exemptes de superstition. 2. Des objectifs justes, élevés et dignes de l’homme intelligent et sérieux. 3. Une parole juste, bienveillante, ouverte, véridique. 4. Une conduite juste, dans tous les domaines de la vie. 5. Des moyens de subsistance justes, ne causant ni préjudice ni danger à aucun être vivant. 6. Une persévérance juste, dans les sept autres domaines. 7. Une pleine conscience juste, l’esprit vigilant et actif. 8. Une contemplation juste, une pensée sincère sur les profonds mystères de la vie. Dans chacun d’eux, le mot juste est sammâ, et le paragraphe entier étant sur le Noble Chemin, l’allusion est certainement à cette doctrine centrale du Dhamma bouddhiste.
Buddhaghosa dit que ce bhikkhu sammâ viharati, qui, étant lui-même entré dans la Noble Voie, y conduit son frère, est, sans aucun doute, du bon bouddhisme. Mais il s’agit d’une application pratique du texte, d’une exégèse théologique, et non d’une explication philologique. Malgré cela, il semble accorder trop d’importance au terme « démuni » et pas assez à celui d’« Arahats ».
Dans les derniers mots de la prose, nous semblons avoir une réminiscence de ce qui était autrefois des vers, qui auraient pu être…
Suññâ pavâdâ samanehi aññe; {note de bas de page p. 108}
Ime ka sammâ vihareyyu bhikkhû,
Asuñño loko 'rahatehi assa. ↩︎
J’ai suivi, bien qu’avec quelques doutes, la ponctuation de Childers. Buddhaghosa réfère padesa-vattî à samano ; et ito, non pas à padesa, mais à magga, sous-entendu ; et il est fort possible que ce soit l’explication correcte. Sur samâdhikâni, voir le commentaire dans Gâtaka II, 383. ↩︎
Buddhaghosa dit que les cinq derniers mots du texte (les douze derniers mots dans ma traduction) ont été ajoutés par les Theras qui tenaient le Conseil. Sur l’ordination de Subhadda, il a la note intéressante suivante : « Le Thero, c’est-à-dire Ânanda, dit-on, le prit à part, lui versa de l’eau sur la tête avec un récipient, lui fit répéter la formule de méditation sur l’impermanence du corps (Taka-pañkaka-kammatthanam ; voir mes « Histoires de naissance bouddhistes », p. 161), lui rasa les cheveux et la barbe, le revêtit de la robe jaune, lui fit répéter les « Trois Refuges » et le ramena auprès du Béni du Ciel. » Le Bienheureux lui-même l’admit alors au rang supérieur de la confrérie et lui indiqua un sujet de méditation (kammatthanam ; voir « Récits de naissance bouddhistes », p. 147). Il accepta cela et, se promenant de long en large dans un coin tranquille du bosquet, il y réfléchit et médita jusqu’à ce que, surmontant l’Esprit Malin, il acquière l’état d’Arahant, et avec lui la connaissance discriminante de toutes les Écritures (Patisambhidâ). Puis, revenant, il vint s’asseoir auprès du Bienheureux.
D’après cela, aucune cérémonie d’ordination (Sangha-kammam), telle que prévue dans le Vinaya, n’a eu lieu ; et il est par ailleurs probable qu’aucune cérémonie de ce type n’était habituelle aux premiers jours du bouddhisme. ↩︎