[ p. 167 ]
1. J’ai entendu dire que le Bienheureux voyageait un jour à travers le Kosala avec une grande troupe de frères, composée d’environ cinq cents frères. Il arriva au village brahmanique du Kosala, appelé Manasâkata. Là, à Manasâkata, le Bienheureux séjourna dans la manguierraie, au bord de la rivière Akiravatî, au sud de Manasâkata [1].
2. Or, à cette époque, de nombreux brahmanes très distingués et riches séjournaient à Manasâkata, à savoir : le brahmane Kankî, le brahmane Târukkha, le brahmane Pokkharasâti, le brahmane Gânussoni, le brahmane Todeyya, et d’autres brahmanes très distingués et riches[2].
[ p. 168 ]
3. Une conversation s’engagea alors entre Vâsettha et Bhâradvâga, alors qu’ils faisaient de l’exercice (après leur bain) et se promenaient de long en large d’un air pensif, pour savoir quel était le vrai chemin et lequel était le faux[^3].
4. Le jeune brahmane Vâsettha parla ainsi :
« C’est le chemin droit, c’est la voie directe qui conduit celui qui agit selon lui, à un état d’union avec Brahmâ[^4] — je veux dire ce qui a été annoncé par le Brâhman Pokkarasâti. »
5. Le jeune Brâhmane Bhâradvâga parla ainsi :
[ p. 169 ]
« C’est le chemin droit, c’est la voie directe qui conduit celui qui agit selon lui, à un état d’union avec Brahmâ — je veux dire ce qui a été annoncé par le Brâhman Târukkha. »
6. Mais ni le jeune Brâhman Vâsettha ne parvint à convaincre le jeune Brâhman Bhâradvâga, ni le jeune Brâhman Bhâradvâga ne parvint à convaincre le jeune Brâhman Vâsettha.
7. Alors le jeune brahmane Vâsettha dit au jeune brahmane Bhâradvâga :
« Ce Samana Gotama, Bhâradvâga, du clan Sakya, qui quitta la tribu Sakya pour adopter la vie religieuse, réside actuellement à Manasâkata, dans la manguier, sur la rive de la rivière Akiravatî, au sud de Manasâkata. Or, concernant ce vénérable Gotama, telle est la haute réputation qui s’est répandue à l’étranger, qu’on le dit « un être pleinement éveillé, béni et digne, abondant en sagesse et en bonté, heureux, doté de la connaissance du monde, inégalé comme guide pour les mortels errants, un enseignant des dieux et des hommes, un Bouddha béni[3]. » Viens donc, Bhâradvâga, allons à l’endroit où se trouve le Samana Gotama ; et quand nous serons arrivés là-bas, interrogeons le Samana Gotama à ce sujet. Ce que le Samana Gotama nous dira, gardons-le à l’esprit.
« Très bien, mon ami ! » dit le jeune brahmane Bhâradvâga en signe d’assentiment au jeune brahmane Vâsettha.
8. Alors le jeune Brâhmane Vâsettha et le jeune Brâhmane Bhâradvâga se rendirent à l’endroit où se trouvait le Béni du Ciel.
[ p. 170 ]
Et lorsqu’ils furent arrivés là, ils échangèrent avec le Bienheureux des salutations et des compliments d’amitié et de civilité, et s’assirent à côté de lui.
Et tandis qu’ils étaient ainsi assis, le jeune brahmane Vâsettha dit au Bienheureux :
« Alors que nous, Gotama, faisions de l’exercice et marchions de long en large, une conversation s’engagea entre nous sur le vrai chemin et le faux. Je dis :
« Ceci est le droit chemin, c’est la voie directe qui conduit celui qui agit selon lui, à un état d’union avec Brahmâ — je veux dire ce qui a été annoncé par le Brâhman Pokkarasâti. »
'Bhâradvâga dit ainsi :
« Ceci est le droit chemin, c’est la voie directe qui conduit celui qui agit selon lui, à un état d’union avec Brahmâ — je veux dire ce qui a été annoncé par le Brâhman Târukkha. »
« À ce sujet, Gotama, il y a un conflit, une dispute, une divergence d’opinion entre nous. »
9. 'Alors tu dis, Vâsettha, que tu as dit ainsi :
« Ceci est le droit chemin, c’est la voie directe qui conduit celui qui agit selon lui, à un état d’union avec Brahmâ — je veux dire ce qui a été annoncé par le Brâhman Pokkarasâti. »
« Tandis que Bhâradvâga disait ainsi :
« Ceci est le droit chemin, c’est la voie directe qui conduit celui qui agit selon lui, à un état d’union avec Brahmâ — je veux dire ce qui a été annoncé par le Brâhman Târukkha. »
[ p. 171 ]
« Où donc, ô Vâsettha, y a-t-il entre vous une querelle, une dispute, une divergence d’opinion[4] ? »
10. « Concernant la vraie voie et la fausse, Gotama. Divers brahmanes, Gotama, enseignent diverses voies : les brahmanes Addhariya, les brahmanes Tittiriya, les brahmanes Khandoka, les brahmanes Khandava, les brahmanes Brahmakariya[5]. Sont-ils tous des chemins salvateurs ? Sont-ils tous des chemins qui mènent celui qui agit selon eux à un état d’union avec Brahma ? »
« De même, Gotama, qu’à proximité d’un village ou d’une ville, il existe de nombreux et divers chemins[^8], et pourtant ils se rejoignent tous dans le village, de même sont enseignés par les différents brahmanes : les brahmanes Addhariya, les brahmanes Tittiriya, les brahmanes Khandoka, les brahmanes Khandava, les brahmanes Brahmakariya. Sont-ils tous des chemins salvateurs ? Sont-ils tous des chemins qui mènent celui qui les suit à l’union avec Brahmane ? »
11. « Dites-vous qu’ils mènent tous bien, Vâsettha
« Je le dis, Gotama. »
« Tu dis vraiment qu’ils mènent tous bien, Vâsettha ? »
« C’est ce que je dis, Gotama. »
[ p. 172 ]
12. « Mais alors, Vâsetth, y a-t-il un seul des Brahmanes versés dans les Trois Védas qui ait jamais vu Brahmâ face à face ? »
« Non, en effet, Gotama ! »
« Mais y a-t-il donc, Vâsetth, un seul des maîtres des Brahmanes versé dans les Trois Védas qui ait vu Brahmâ face à face ? »
« Non, en effet, Gotama ! »
« Mais y a-t-il donc, Vâsettha, un seul des élèves des maîtres des Brahmanes versés dans les Trois Védas qui ait vu Brahmâ face à face ? »
« Non, en effet, Gotama ! »
« Mais y a-t-il donc, Vâsetth, un seul des Brahmanes jusqu’à la septième génération qui ait vu Brahmâ face à face ? »
« Non, en effet, Gotama ! »
13. « Eh bien, Vâsettha, ces anciens Rishis des Brahmanes versés dans les Trois Védas, les auteurs des versets, les prononçeurs des versets, dont l’ancienne forme des mots ainsi chantés, prononcés ou composés, les Brahmanes d’aujourd’hui les chantent à nouveau ou les répètent ; entonnant ou récitant exactement comme cela a été entonné ou récité — à savoir, Atthaka, Vâmaka, Vâmadeva, Vessâmitta, Yamataggi, Angirasa, Bhâradvâga, Vâsettha, Kassapa et Bhagu[6] — ont-ils même parlé ainsi, en disant : « Nous le savons, nous l’avons vu, où est Brahmâ, d’où est Brahmâ, où est Brahmâ ? »
« Pas du tout, Gotama ! »
14. « Alors tu dis, Vâsettha [qu’aucun des Brahmanes, ni de leurs maîtres, ni de leurs élèves, même jusqu’à la septième génération, n’a jamais vu Brahmâ face à face. Et que même les Rishis d’autrefois, les auteurs et les prononciateurs des vers, de l’ancienne forme de mots que les Brahmanes d’aujourd’hui entonnent et récitent avec tant de soin, précisément tels qu’ils ont été transmis, eux-mêmes ne prétendaient pas savoir ou avoir vu où, d’où ou où se trouve Brahmâ][7]. C’est pourquoi les Brahmanes versés dans les Trois Védas ont dit en vérité : « Ce que nous ne savons pas, ce que nous n’avons pas vu, vers un état d’union avec cela, nous pouvons montrer la voie, et pouvons dire : « Ceci est le droit chemin, ceci est la voie directe qui conduit celui qui agit selon lui, à un état d’union avec Brahmâ ! »
« Qu’en penses-tu, Vâsettha ? Cela étant, ne s’ensuit-il pas que les propos des brahmanes, bien que versés dans les Trois Védas, sont des propos insensés ? »
« En vérité, Gotama, cela étant, il s’ensuit que les discours des Brahmanes versés dans les Trois Védas sont des discours insensés ! »
15. « En vérité, Vâsetth, que les Brahmanes versés dans les Trois Védas soient capables de montrer la voie vers un état d’union avec ce qu’ils ne connaissent pas et n’ont pas vu, un tel état de choses n’existe pas !
« Exactement, Vâsettha, comme lorsqu’une file d’aveugles s’accrochent les uns aux autres[^11], ni le premier [ p. 174 ] ne peut voir, ni celui du milieu, ni le dernier ne peut voir ; de même, il me semble, Vâsettha, que le discours des brahmanes versés dans les Trois Védas n’est qu’un discours aveugle : le premier ne voit pas, celui du milieu ne voit pas, et le dernier ne peut voir. Le discours de ces brahmanes versés dans les Trois Védas s’avère alors ridicule, de simples mots, une chose vaine et creuse ! »
16. « Et maintenant, qu’en penses-tu, Vâsettha ? Les brahmanes versés dans les Trois Védas – comme le reste du peuple – peuvent-ils voir le soleil et la lune tandis qu’ils les prient, les louent et les adorent, se tournant, les mains jointes, vers l’endroit d’où ils se lèvent et où ils se couchent ? »
« Certainement, Gotama, ils [peuvent][8]. »
17. « Et maintenant, qu’en penses-tu, Vâsettha ? Les brahmanes versés dans les Trois Védas, qui peuvent très bien – comme le commun des mortels – voir le soleil et la lune tandis qu’ils les prient, les louent et les adorent, se retournant, les mains jointes, vers l’endroit d’où ils se lèvent et où ils se couchent, sont-ils ces brahmanes versés dans les Trois Védas capables d’indiquer le chemin vers l’union avec le soleil ou la lune, en disant : « Voici le droit chemin, la voie directe qui conduit celui qui agit selon lui à l’union avec le soleil ou la lune ? »
« Certainement pas, Gotama ! »
18. « Ainsi, vous dites, Vâsettha, que les Brahmanes [ne sont pas capables d’indiquer la voie de l’union avec ce [ p. 175 ] qu’ils ont vu], et vous dites en outre que [ni aucun d’entre eux, ni de leurs élèves, ni de leurs prédécesseurs même jusqu’à la septième génération n’a jamais vu Brahmâ]. Et vous dites en outre que même les Rishis d’autrefois, [dont ils ont les paroles en si profond respect, n’ont pas prétendu savoir, ou avoir vu où, ou d’où, ou où est Brahmâ. Pourtant, ces brahmanes versés dans les Trois Védas disent, en vérité, qu’ils peuvent indiquer la voie de l’union avec ce qu’ils ne connaissent ni n’ont vu !][9] Or, qu’en penses-tu, Vâsettha ? Ne s’ensuit-il pas que, dans ces conditions, les propos des brahmanes, bien que versés dans les Trois Védas, sont des propos insensés ?
« En vérité, Gotama, cela étant, il s’ensuit que les discours des Brahmanes versés dans les Trois Védas sont des discours insensés ! »
19. « Très bien, Vâsettha. En vérité, Vâsettha, que des brahmanes versés dans les Trois Védas soient capables de montrer la voie vers un état d’union avec ce qu’ils ne connaissent ni n’ont vu, un tel état de choses n’existe pas.
« C’est juste, Vâsetth, comme si un homme disait : « Comme j’aspire, comme j’aime la plus belle femme de ce pays ! »
« Et les gens devraient lui demander : « Eh bien ! bon ami ! cette très belle femme du pays que tu aimes et désires tant, sais-tu si cette belle femme est une noble dame ou une femme brahmane, ou de la classe commerçante, ou une Sûdra ? »
« Mais lorsqu’on le lui demande, il doit répondre « Non ».
« Et quand les gens lui demandent : « Eh bien ! bon [ p. 176 ] ami ! cette plus belle femme de tout le pays, que tu aimes tant et que tu désires tant, sais-tu quel est le nom de cette plus belle femme, ou quel est son nom de famille, si elle est grande ou petite, brune ou de teint moyen, noire ou blonde, ou dans quel village ou ville ou cité elle habite ? »
« Mais lorsqu’on le lui demande, il doit répondre « Non ».
« Et alors les gens lui diront : « Ainsi donc, bon ami, celui que tu ne connais ni n’as vu, qui aimes-tu et désires-tu ? »
« Et puis, lorsqu’on lui demande cela, il doit répondre « Oui ». »
« Et maintenant, qu’en penses-tu, Vâsettha ? Ne serait-il pas alors absurde de dire les paroles de cet homme ? »
« En vérité, Gotama, il s’avérerait, dans ces conditions, que les propos de cet homme étaient des propos insensés ! »
20. « Et de même, Vâsettha, bien que tu dises que les Brahmanes [ne sont pas capables d’indiquer le chemin de l’union avec ce qu’ils ont vu], et que tu dises en outre que [ni aucun d’entre eux, ni de leurs élèves, ni de leurs prédécesseurs, même jusqu’à la septième génération, n’a jamais vu Brahmâ]. Et tu dis en outre que même les Rishis d’autrefois, [dont ils ont un si profond respect pour les paroles, ne prétendaient pas savoir, ni avoir vu où, ni d’où, ni où est Brahmâ. Pourtant, ces Brahmanes versés dans les Trois Védas disent, en vérité, qu’ils peuvent indiquer le chemin de l’union avec ce qu’ils ne connaissent ni n’ont vu !] Maintenant, qu’en penses-tu, Vâsettha ? Ne s’ensuit-il pas que, dans ces conditions, les propos des Brahmanes, bien que versés dans les Trois Védas, sont des propos insensés ?
« En vérité, Gotama, cela étant, il s’ensuit que [ p. 177 ] les discours des Brahmanes versés dans les Trois Védas sont des discours insensés ! »
« Très bien, Vâsettha. En vérité, Vâsettha, que des brahmanes versés dans les Trois Védas puissent montrer la voie vers un état d’union avec ce qu’ils ne connaissent ni n’ont vu – un tel état de choses n’existe pas. »
21. « C’est comme si un homme construisait un escalier au croisement de quatre routes pour monter à une maison. On lui dirait : « Eh bien, cher ami, cette maison pour laquelle tu construis cet escalier, sais-tu si elle est à l’est, au sud, à l’ouest ou au nord ? Si elle est haute, basse ou de taille moyenne ? »
« Et lorsqu’on le lui demande, il doit répondre « Non ». »
Et les gens devraient lui dire : « Mais alors, bon ami, tu construis un escalier pour monter à quelque chose – en le prenant pour un manoir – que, pendant tout ce temps, tu ne connais pas et n’as pas vu ! »
« Et lorsqu’on le lui demande, il doit répondre « oui ». »
« Et maintenant, qu’en penses-tu, Vâsettha ? Ne serait-il pas alors absurde de dire les paroles de cet homme ? »
« En vérité, Gotama, il s’avérerait, dans ces conditions, que les propos de cet homme étaient des propos insensés ! »
22. « Et de même, Vâsettha, bien que vous disiez que les Brahmanes [ne sont pas capables d’indiquer le chemin de l’union avec ce qu’ils ont vu], et que vous disiez en outre que [ni aucun d’entre eux, ni de leurs élèves, ni de leurs prédécesseurs même jusqu’à la septième génération n’a jamais vu Brahmâ]. Et vous dites en outre que même les Rishis d’autrefois, [dont ils ont un si profond respect pour les paroles, n’ont pas prétendu savoir, ou avoir vu où, d’où, ou où est Brahmâ. » Pourtant, ces brahmanes versés dans les Trois Védas disent, en vérité, qu’ils peuvent indiquer la voie de l’union avec ce qu’ils ne connaissent ni n’ont vu ! Qu’en penses-tu, Vâsettha ? Ne s’ensuit-il pas que, dans ces conditions, les propos des brahmanes versés dans les Trois Védas sont des propos insensés ?
« En vérité, Gotama, cela étant, il s’ensuit que les discours des Brahmanes versés dans les Trois Védas sont des discours insensés ! »
23. « Très bien, Vâsettha. En vérité, Vâsettha, que les brahmanes versés dans les Trois Védas soient capables de montrer la voie vers un état d’union avec ce qu’ils ne connaissent ni n’ont vu – un tel état de choses n’existe pas. »
24. « Vâsettha, si cette rivière Akiravatî était pleine d’eau jusqu’au bord et débordait[^14]. Et qu’un homme ayant des affaires de l’autre côté [ p. 179 ], se dirigeant vers l’autre rive, vienne et veuille traverser. Et lui, se tenant sur cette rive, invoquerait l’autre rive et dirait : « Viens ici, ô autre rive ! Passe de ce côté ! »
[ p. 180 ]
« Et maintenant, qu’en penses-tu, Vâseta ? L’autre rive de l’Akiiravatî, à cause des invocations, des prières, des espoirs et des louanges de cet homme, passerait-elle de ce côté ? »
« Certainement pas, Gotama ! »
25. « De la même manière, Vâsettha, les Brahmanes versés dans les Trois Védas — omettant la pratique des qualités qui font réellement d’un homme un Brahmane, et adoptant la pratique de celles qui font réellement des hommes des non-Brâhmanes — disent ainsi : « Indra nous invoquons, Soma nous invoquons, Varuna nous invoquons, Îsâna nous invoquons, Pagâpati nous invoquons, Brahma nous invoquons, Mahiddhi nous invoquons, Yama nous invoquons[^15] ! » En vérité, Vâsettha, que ces Brahmanes versés dans les Trois Védas, mais omettant la pratique de ces qualités qui font réellement d’un homme un Brahmane, et adoptant la pratique de ces qualités qui font réellement des hommes des non-Brahmanes, qu’en raison de leurs invocations, de leurs prières, de leurs espoirs et de leurs louanges, ils s’unissent à Brahmane après la mort et lorsque le corps est dissous, en vérité, un tel état de choses n’existe pas !
26. « C’est comme si cette rivière Akiravatî était pleine à craquer. Un homme ayant des affaires sur l’autre rive, se dirigeant vers l’autre rive, viendrait et voudrait traverser. Lui, sur cette rive, serait étroitement lié, les bras derrière le dos, par une solide chaîne. Or, qu’en penses-tu, Vâsettha ? Cet homme serait-il capable de passer de cette rive de la rivière Akiravatî à l’autre rive ? »
« Certainement pas, Gotama ! »
27. « De la même manière, Vâsettha, il y a cinq choses qui conduisent à la luxure, qui sont appelées dans la Discipline du Noble une « chaîne » et un « lien ». »
« Quels sont les cinq ? »
Formes perceptibles à l’œil ; formes désirables, agréables, plaisantes, attirantes, qui s’accompagnent de désir et provoquent le plaisir. Sons de même nature perceptibles à l’oreille. Odeurs de même nature perceptibles au nez. Goûts de même nature perceptibles à la langue. Substances de même nature perceptibles au corps par le toucher. Ces cinq choses prédisposant à la passion sont appelées dans la Discipline du Noble une « chaîne » et un « lien ». Et ces cinq choses prédisposant à la luxure, Vâsettha, les Brahmanes versés dans les Trois Védas s’y accrochent ; ils en sont infatués, coupables, n’en voient pas le danger, ignorent combien elles sont peu fiables, et donc s’en réjouissent.
28. ‘Et en vérité, Vâsetth, que les Brahmanes versés dans les Trois Védas, mais omettant la pratique de ces qualités qui font réellement d’un homme un Brahmane, et adoptant la pratique de ces qualités qui font réellement des hommes des non-Brâhmanes — s’accrochant à ces cinq choses prédisposant à la passion, infatués par elles, coupables d’elles, ne voyant pas leur danger, ne connaissant pas leur manque de fiabilité, et en jouissant ainsi — que ces Brahmanes devraient après la mort, lors de la dissolution du corps, s’unir à Brahmâ — une telle condition de choses n’existe pas.’
[ p. 182 ]
29. « Vâsettha, si cette rivière Akiravatl était pleine d’eau jusqu’au bord et débordait, et qu’un homme ayant des affaires sur l’autre rive, se dirigeant vers l’autre rive, remontait et voulait traverser, et s’il se couvrait jusqu’à la tête, se couchait sur cette rive pour dormir. »
« Et maintenant, qu’en penses-tu, Vâsettha ? Cet homme serait-il capable de traverser la rivière Akiravatl de cette rive à l’autre ? »
« Certainement pas, Gotama ! »
30. 'Et de la même manière, Vâsettha, il y a ces cinq obstacles, dans la Discipline du Noble, qui sont appelés « voiles[10] », et sont appelés « obstacles[^17] », et sont appelés « enchevêtrements[11] ».
« Lesquels sont les cinq ? »
« L’entrave du désir lubrique,
L’obstacle de la malice,
L’obstacle de la paresse et de l’oisiveté,
L’obstacle de l’orgueil et de l’autosatisfaction,
L’obstacle du doute.
Ce sont les cinq obstacles, Vâsettha, qui, dans la Discipline du Noble, sont appelés voiles, et sont appelés obstacles, et sont appelés enchevêtrements.
31. « Or, avec ces cinq obstacles, Vâsetth, les Brahmanes versés dans les Trois Védas sont voilés, entravés, obstrués et empêtrés.
32. ‘Et en vérité, Vâsettha, que des Brahmanes versés [ p. 183 ] dans les Trois Védas, mais omettant la pratique de ces qualités qui font réellement d’un homme un Brahmane, et adoptant la pratique de ces qualités qui font réellement des hommes des non-Brâhmanes — voilés, gênés, obstrués et empêtrés par ces Cinq Empêchements — que ces Brahmanes puissent après la mort, lors de la dissolution du corps, s’unir à Brahmâ — une telle condition de choses n’existe pas.’
33. « Qu’en penses-tu, Vâsettha, et qu’as-tu entendu des brahmanes âgés et avancés en âge, tandis que les élèves et les maîtres discutent ? Brahmâ possède-t-il des épouses et des richesses, ou non[^20] ? »
« Il ne l’est pas, Gotama. »
« Son esprit est-il rempli de colère ou exempt de colère ? »
« Libéré de la colère, Gotama. »
« Son esprit est-il plein de malice ou exempt de malice ? »[^21]
« Libre de toute malveillance, Gotama. »
« Son esprit est-il dépravé ou pur ? »
« C’est pur, Gotama. »
« A-t-il de la maîtrise de soi, ou non[12] ? »
« Il l’a fait, Gotama. »
34. « Maintenant, que penses-tu, Vâsettha, les Brahmanes sont-ils versés dans les Védas en matière de possession d’épouses et de richesses, ou ne le sont-ils pas ? »
« Ils le sont, Gotama. »
« Ont-ils de la colère dans leur cœur, ou n’en ont-ils pas ? »
« Ils l’ont fait, Gotama. »
« Est-ce qu’ils ont de la malice ou non ? »
« C’est vrai, Gotama. »
« Ont-ils le cœur pur ou non ? »
« Ils ne le sont pas, Gotama. »
« Ont-ils de la maîtrise d’eux-mêmes ou non ? »
« Ils ne l’ont pas fait, Gotama. »
35. « Alors tu dis, Vâsettha, que les Brahmanes possèdent épouses et biens, et que Brahmâ n’en possède pas. Peut-il donc y avoir accord et ressemblance entre les Brahmanes, qui possèdent épouses et biens, et Brahmâ, qui ne possède rien de tout cela ? »
« Certainement pas, Gotama ! »
36. « Très bien, Vâsettha. Mais, en vérité, que ces brahmanes versés dans les Védas, qui vivent mariés et riches, puissent, après la mort, lorsque le corps est dissous, s’unir à Brahmâ, qui n’a rien de tout cela – un tel état de choses n’existe pas. »
37. « Tu dis aussi, Vâsettha, que les Brahmanes portent en eux colère et malice, qu’ils sont pécheurs et incontrôlables, tandis que Brahmâ est exempt de colère et de malice, sans péché et maître de lui-même. Peut-il donc y avoir concorde et ressemblance entre les Brahmanes et Brahmâ ? »
« Certainement pas, Gotama ! »
38. « Très bien, Vâsettha. Que ces brahmanes versés dans les Védas et pourtant porteurs de colère et de malice dans leur cœur, pécheurs et incontrôlés, [ p. 185 ] puissent, après la mort, lorsque le corps est dissous, s’unir à Brahmâ, qui est libre de colère et de malice, sans péché et maître de soi — un tel état de choses n’existe pas. »
39. « Ainsi donc, Vâsetth, les Brahmanes, bien que versés dans les Trois Védas, tandis qu’ils sont assis (en confiance), s’enfoncent (dans la boue)[^23] ; et s’enfonçant ainsi, ils n’arrivent qu’au désespoir, pensant en même temps qu’ils traversent vers une terre plus heureuse.
« C’est pourquoi la triple sagesse des Brahmanes, sages dans leurs Trois Védas, est appelée un désert sans eau, leur triple sagesse est appelée une jungle sans chemin, leur triple sagesse est appelée destruction ! »
40. Après avoir ainsi parlé, le jeune brahmane Vâsettha dit au Béni du Ciel :
« On m’a dit, Gotama, que le Samana Gotama connaît le chemin vers l’état d’union avec Brahmâ.
41. « Que penses-tu, Vâsettha ? Manasâkata n’est-il pas proche de cet endroit, pas éloigné de cet endroit ? »
« Exactement, Gotama. Manasâkata est proche, pas loin d’ici. »
42. « Et maintenant, qu’en penses-tu, Vâseta ? Supposons qu’un homme soit né à Manasâkata, et que les gens l’interrogent, lui qui n’avait jamais quitté Manasâkata jusqu’alors, qui était le chemin vers Manasâkata. Cet homme, né et élevé à Manasâkata, serait-il en proie à un doute ou à une difficulté ? »
« Certainement pas, Gotama ! Et pourquoi ? Si cet homme était né et avait grandi à Manasâkata, toutes les routes qui y mènent lui seraient parfaitement familières. »
43. « Cet homme, Vâsettha, né et élevé à Manasâkata, pourrait, si on lui demandait le chemin de Manasâkata, tomber dans le doute et la difficulté, mais pour le Tathâgata, lorsqu’on l’interroge sur le chemin qui mène au monde de Brahmâ, il ne peut y avoir ni doute ni difficulté. Car Brahmâ, je le connais, Vâsettha, et le monde de Brahmâ, et le chemin qui y mène. Oui, je le connais comme quelqu’un qui est entré dans le monde de Brahma et qui y est né ! »
44. Après avoir ainsi parlé, Vâsettha, le jeune brahmane, dit au Béni du Ciel :
« On m’a dit, Gotama, que le Samana Gotama connaît le chemin vers l’union avec Brahmâ. C’est bien ! Que le vénérable Gotama veuille nous montrer le chemin vers l’union avec Brahma, que le vénérable Gotama sauve la race des Brahmanes ! »
45. « Écoute donc, Vâsettha, et prête l’oreille attentivement, et je parlerai ! »
« Qu’il en soit ainsi, Seigneur ! » dit le jeune brahmane Vâsettha en signe d’assentiment au Bienheureux.
46. Alors le Béni prit la parole et dit :
Sache, Vâsettha, que[13] (de temps à autre) un [ p. 187 ] Tathâgata naît dans le monde, un Être pleinement Éveillé, béni et digne, abondant en sagesse et en bonté, heureux, possédant la connaissance du monde, inégalé comme guide pour les mortels errants, un enseignant des dieux et des hommes, un Bouddha Béni[14]. Lui-même, comprend parfaitement et voit, pour ainsi dire, face à face cet univers — le monde d’en bas avec tous ses esprits, et les mondes d’en haut, de Mara et de Brahma — et toutes les créatures, Samanas et Brâhmanes, dieux et hommes, et il fait alors connaître sa connaissance aux autres. Il proclame la vérité dans sa lettre et dans son esprit, belle dans son origine, belle dans son progrès, belle dans sa consommation : il fait connaître la vie supérieure, dans toute sa pureté et dans toute sa perfection.
47. « Un chef de famille (gahapati), ou l’un de ses enfants, ou un homme de naissance inférieure, quelle que soit sa classe sociale, écoute cette vérité[15]. En entendant la vérité, il a foi en le Tathâgata, et lorsqu’il a acquis cette foi, il considère ainsi :
« La vie domestique est pleine d’obstacles, un chemin souillé par les passions : libre comme l’air est la vie de celui qui a renoncé à toutes les choses du monde. Combien il est difficile à l’homme qui demeure chez lui de vivre la vie supérieure dans toute sa plénitude, dans toute sa pureté, dans toute sa radieuse perfection ! Que je me coupe donc les cheveux et la barbe, que je me revête de [ p. 188 ] robes aux couleurs variées, et que je quitte la vie domestique pour l’état de sans-abri ! »
48. « Alors, peu de temps après, abandonnant sa part de richesse, qu’elle soit grande ou petite ; abandonnant son cercle de parents, qu’ils soient nombreux ou peu nombreux, il coupe ses cheveux et sa barbe, il se revêt de robes orange et il quitte la vie de famille pour l’état de sans-abri.
49. « Lorsqu’il est ainsi devenu un reclus, il passe une vie maîtrisée selon les règles du Pâtimokkha ; la droiture est son plaisir, et il voit le danger dans la moindre de ces choses qu’il devrait éviter ; il adopte et s’entraîne dans les préceptes ; il s’entoure de sainteté en paroles et en actes ; il soutient sa vie par des moyens tout à fait purs ; bonne est sa conduite, il garde la porte de ses sens ; attentif et maître de lui, il est tout à fait heureux[16] ! »
Il y a quelques différences dans les manuscrits quant à l’orthographe de ces noms : T. se lit Kankî ; PT et D. Pokkharasâti (sanskrit Paushkarasâdi) ; P. Gânuyoni, T. Gânusoni, D. Gânusoni ; P. Toreyya et Burnouf Nodeyya (ce qui n’est peut-être qu’une erreur de lecture). Gânusoni a été converti par le Bhaya-bherava Sutta, et je pense qu’il est très probable que les autres noms soient également ceux de convertis ultérieurs.
Buddhaghosa ajoute que parce que Manasâkata était un endroit agréable, les brahmanes y avaient construit des huttes sur la rive de la rivière et les avaient clôturées, et avaient l’habitude d’y aller et d’y séjourner de temps en temps pour répéter leurs mantras.
[^3] : Ganghâvihâram anukankamantânam anuvikarantânam. Sur le premier mot, voir Gâtaka II, 2 7 2 (et comp. I 1, 2 40). Kankamati signifie marcher de long en large en pensant. J’ai ajouté « après leur bain » d’après Buddhaghosa, qui dit que cela doit être compris comme ayant eu lieu lorsque, après avoir appris par cœur et répété toute la journée, ils descendaient le soir au bord de la rivière pour se baigner, puis marchaient de long en large sur le sable.
[^4] : Brahma-sahavyatâya. La première partie du mot composé est masculine (voir ci-dessous, § 12), mais les bouddhistes incluaient probablement sous ce nom, lorsqu’il était mis dans la bouche des brahmanes, tout ce que les brahmanes incluaient à la fois sous Brahmâ et Brâhman. L’archange ou dieu bouddhiste Brahmâ est différent des deux, faisant partie d’un système de pensée entièrement différent.
[^8] : Maggâni, qui est remarquable comme un curieux changement de genre.
[^11] : Andhavenî paramparam samsattâ. Le manuscrit Phayre a remplacé venî par pavenî, selon la coutume constante des manuscrits birmans pour améliorer les expressions inhabituelles ou difficiles. Buddhaghosa explique andhaveni par andhapaveni, et raconte l’histoire d’un méchant être qui, rencontrant un groupe d’aveugles, leur parla d’un certain village où l’on pouvait trouver de la bonne nourriture en abondance. Lorsqu’ils le supplièrent de les y conduire, il prit l’argent, força un aveugle à saisir son bâton, le suivant celui-là, et ainsi de suite, puis les conduisit jusqu’à un désert. Là, il les abandonna, et ils tous — toujours {footnote [ p. 174 ]} se tenant l’un l’autre, et cherchant en vain et avec larmes à la fois leur guide et le chemin, ils arrivèrent à une fin misérable !
[^14] : Samatittikâ kâkapeyyâ, expression courante utilisée pour désigner une rivière en période de crue. Buddhaghosa dit : Samatittikâ ti samaharitâ (sic ? samâharitâ) : kâkapeyyâ ti yatthakatthaki tîre thitena kâkena sakkâ pâtun ti kâkapeyyâ, ce qui ne me semble pas résoudre la question de l’origine et de l’histoire de ces termes difficiles. En ce qui concerne la forme correcte de samatittikâ, il convient de noter que l’orthographe bouddhiste du nord est samatîrthakâ (Sukhavatîvyûha, éd. Max Müller dans JRAS de 1880, p. 182), et que Childers et Oldenberg ont tous deux lu samatitthikâ dans les manuscrits birmans. Français de Mahâparinibbâna Sutta I, 33 = Mahâ Vagga VI, 28. Or, la différence entre tt et tth (### et ###) dans les lettres birmanes est si minime que les copistes écrivent souvent l’un à la place de l’autre ; et même dans les bons manuscrits où les deux ne sont pas confondus, il est parfois difficile de dire lequel est réellement visé. Lorsqu’on parle de rivières, la mention de titthas semble si appropriée {note de bas de page p. 179} qu’un copiste, et surtout un copiste birman, lirait naturellement une combinaison douteuse comme tth ; de sorte que même si tous les manuscrits birmans orthographient ce mot avec tth (ce qui n’est en aucun cas certain), il ne faut pas accorder beaucoup de confiance à ce fait. D’un autre côté, la distinction en cinghalais entre tt et tth est très marquée (### et ###) et les manuscrits cinghalais lisent tous tt. Je pense donc que Childers a eu raison d’adopter finalement samatittikâ comme forme pâli correcte. Français Parmi les nombreux mots dans lesquels le sanskrit bouddhique possède une forme différant de la forme pâli correspondante d’une manière qui défie les règles philologiques, Childers pensait (voir Dict. p. xi, où la liste des mots pourrait être considérablement allongée) que le sanskrit dérivait toujours du pâli, et que les auteurs sanskrits avaient simplement commis une erreur. J’ose, avec beaucoup de méfiance, en douter. Il semble plus probable que, au moins dans de nombreux cas, le pâli et le sanskrit dérivaient tous deux d’une forme prâkrite antérieure, et qu’en interprétant différemment un mot difficile, les auteurs sanskrits et pâlis ont tous deux commis des erreurs. C’est peut-être le cas ici ; et il est presque certain que le mot original n’avait rien à voir avec tîrtha. La facilité avec laquelle cette idée a pu être adoptée est démontrée par le fait que Childers, lors de la première édition des manuscrits (dans le JRAS de 1874), alors qu’il ne disposait que de manuscrits cinghalais. Français puis avant lui, a modifié leur lecture en samatitthikâ, et a mis cette forme dans son Dictionnaire ; bien qu’il ait ensuite (dans l’édition séparée), et après avoir noté cette lecture dans le manuscrit Phayre, choisi l’autre. Mais que signifie, après tout, « avoir des tîrthas ou des lieux de débarquement égaux ou de niveau », lorsqu’il est question d’une rivière ? Comp. Samatittikam bhuñgâmi (Mil. 213, 214) ; Sabbato tittam pokkharanim (Gât. I, 339, texte tittham) ; et Samatittiko telapatto (ibid. 393, texte ºiyo, mais voir p. 400).La racine est peut-être TRIP.
Selon Buddhaghosa, Kâkapeyya signifierait « buvable par les corbeaux ». Les corbeaux ne boivent pas en vol ; et ils pouvaient boire debout soit lorsqu’une rivière débordait et formait des hauts-fonds sur les terres adjacentes, soit lorsqu’en saison chaude elle formait des bas-fonds dans son propre lit. « Buvable par les corbeaux » pourrait donc tout aussi bien signifier « peu profond » que « débordant ». Ce mot avait-il à l’origine un rapport avec kâka ?
[^15] : Les manuscrits cinghalais omettent Mahiddhi et Yama, mais répètent le verbe « nous invoquons » trois fois après Brahmâ. Il est possible que le copiste birman les ait insérés par erreur pour supprimer l’étrangeté de cette répétition. Le commentaire est muet.
[^17] : Nîvaraṇā.
[^20] : Sapariggaho vâ Brahmâ apariggaho vâ ti. Buddhaghosa dit à propos de la réponse de Vâseta : « Kâmakkhandassa abhâvato itthiparigaheno apariggaho », limitant ainsi la « possession » aux femmes, en faisant particulièrement référence au premier « obstacle » ; mais le mot dans le texte, bien qu’il fasse sans doute allusion à la possession des femmes en particulier, en inclut davantage. Comparer, sur l’idée générale du passage, l’expression anglaise « no encumbrances ».
[^21] : Asankilittha-kitto. C’est-à-dire, dit Buddhaghosa, « libre de la paresse mentale et de l’oisiveté, de l’autosatisfaction et de l’orgueil ».
[^23] : Âsîditva samsîdanti. Je ne doute pas que le commentateur ait raison dans son explication de ces expressions figurées. Confiants dans leur connaissance des Védas et dans leur pratique des cérémonies védiques, ils négligent les choses supérieures ; et ainsi, sombrant dans le péché et la superstition, « ils n’arrivent qu’au désespoir, pensant en même temps qu’ils traversent vers une terre plus heureuse ».
Burnouf, dans une longue note à ‘Lotus’, etc., p. 491, a déjà tenté de montrer que la rivière Akiravatî est la même que la Rapti moderne, qu’il supposait être une corruption de la dernière partie du nom plus long. Hiouen Thsang mentionne une rivière A-chi-lo-fa-ti, qui est sans doute la même. C’est évidemment la rivière sur laquelle se trouvait la ville de Sâvatthi, et près de laquelle se trouvait le monastère de Getavana (voir ‘Récits de naissance bouddhistes’, p. 331) ; et il doit donc, conformément à la conjecture de Burnouf, être la Rapti, qui est le sanskrit Irâvati. Le manuscrit birman de Phayre a presque toujours Akîravatî. ↩︎
Buddhaghosa dit que
Kankî vivait à Opasâda,
Târukkha vivait à Ikkhagala, {note de bas de page p. 167}
Pokkharasâdi (sic MS.) vivait à Ukkatth,
Gânussoni vivait à Sâvatthi, et
Todeyya vivait à Tudigâma. ↩︎
Voir ci-dessous, § 46. ↩︎
Ceci est soit légèrement sarcastique – comme pour dire « c’est six contre un, et une demi-douzaine contre l’autre » – soit destiné à amener Vâsettha à confesser encore plus directement le fait que les différents théologiens avaient des opinions contradictoires. ↩︎
P. ici Atthariyâ, mais en dessous Addhariyâ (Sans. Adhvaryu) ; D. Tititiriyâ, T. Tattiriyâ, P. apparemment Titthiriyâ (Sans. Taittirîya) ; D. Khandâva, TP omis (? Sans. Khandasa) ; les trois MSS. Khandoka (Sans. Khandoga) ; p. Bavhadigâ ici et ci-dessous Kavhadigâ pour Brahmakariyâ (? Sans. Brahmakârî). Voir « Lotus », p. 493. ↩︎
Voir Mahâ Vagga VI, 35, 2. ↩︎
Dans le texte, les §§ 12, 13 sont répétés mot pour mot. ↩︎
Les mots de la question sont répétés dans le texte de cette réponse et des suivantes. Il faut se rappeler, pour ces sections, que le soleil et la lune étaient des dieux tout autant que Brahmâ. ↩︎
Le texte reprend longuement les mots des §§ 12, 13, 14. ↩︎
Âvaranâ. ↩︎
Les trois MSS. onahâ. SV lit onaddham dans le texte et l’explique par onahâ. ↩︎
Vasavattî vi avasavattî va. Buddhaghosa dit, pour expliquer la réponse : « Par l’absence de doute, il a son esprit sous contrôle » (vase vatteti). ↩︎
De là jusqu’à la fin de la p. 200 se trouve un mot de répétition pour {note de bas de page p. 187} mot du Sâmañña Phala Sutta, pp. 133 et suivantes ; y compris les passages parallèles à ceux du Subha Sutta, p. 157, et du Brahma-gâla Sutta, pp. 5-16. ↩︎
Voir ci-dessus, § 7. ↩︎
Le fait est que l’acceptation de cette « Doctrine et Discipline » est ouverte à tous, non pas bien sûr que les Brahmanes ne l’acceptent jamais. ↩︎
L’argumentation est reprise après les Trois Sîlas, ou Descriptions de Conduite — un texte, sans doute plus ancien que les Suttas dans lesquels il apparaît, énonçant les caractéristiques morales distinctives d’un membre de l’Ordre.
Le premier Sîla est une extension des Dix Préceptes (« Bouddhisme », [ p. 160 ]), mais omet le cinquième, qui interdit l’usage de boissons enivrantes. Le deuxième Sîla est une extension du premier, puis des quatre derniers, et enfin du quatrième précepte. Le troisième Sîla est dirigé contre les augures, les divinations, les prophéties, l’astrologie, le charlatanisme, le ritualisme et le culte des dieux (y compris Brahmâ).
Ces Trois Sîlas ont peut-être été insérés dans le Sutta comme une sorte de contrepoids aux Trois Védas. Notre Sutta se lit mieux sans eux ; mais ils sont intéressants en eux-mêmes, et le troisième est particulièrement précieux comme témoignage de coutumes et de croyances anciennes. ↩︎