[ p. 27 ]
106. Q. Quelle est la signification du mot Bouddha ?
A. L’éclairé, ou celui qui a la sagesse parfaite.
107. Q. Vous avez dit qu’il y avait d’autres Bouddhas : avant celui-ci.
R. Oui ; notre croyance est que, sous l’opération de la causalité éternelle, un Bouddha prend naissance à intervalles réguliers, lorsque l’humanité est plongée dans la misère par l’ignorance et a besoin de la sagesse qu’un Bouddha a pour fonction d’enseigner (Voir aussi Q. 11).
108. Q. Comment un Bouddha se développe-t-il ?
A. Une personne, entendant et voyant l’un des Bouddhas sur terre, est saisie de la détermination de vivre de telle sorte qu’à un moment futur, lorsqu’elle sera prête à cela, elle sera également un Bouddha pour guider l’humanité hors du cycle des renaissances.
[ p. 28 ]
109. Q. Comment procède-t-il ?
A. Tout au long de cette vie et de chacune des suivantes, il s’efforce de maîtriser ses passions, d’acquérir la sagesse par l’expérience et de développer ses facultés supérieures. Il grandit ainsi progressivement en sagesse, en noblesse de caractère et en vertu, jusqu’à ce qu’enfin, après d’innombrables renaissances, il atteigne l’état où il peut devenir Parfait, Éveillé, Omniscient, l’Instructeur idéal du genre humain.
110. Q. Pendant que ce développement graduel se poursuit à travers toutes ces naissances, par quel nom l’appelons-nous ?
A. Bodhisat, ou Bodhisattva. Ainsi le Prince Siddhârtha Gautama fut un Bodhisattva jusqu’au moment où, sous l’arbre béni de la Bodhi à Gaya, il devint Bouddha.
111. Q. Avons-nous un compte rendu de ses différentes renaissances en tant que Bodhisattva ?
A. Dans le Jâtakatthakathâ, un livre contenant des histoires sur les réincarnations du Bodhisattva, il y a plusieurs centaines de contes de ce genre.
113. Q. Quelle leçon ces histoires nous enseignent-elles ?
A. Qu’un homme peut poursuivre, à travers une longue série de réincarnations, un grand et bon objectif qui lui permet de vaincre ses mauvaises tendances et d’en développer de vertueuses.
113 Q. Pouvons-nous fixer le nombre de réincarnations par lesquelles un Bodhisattva doit passer avant de pouvoir devenir un Bouddha ?
A. Bien sûr que non : cela dépend de son caractère naturel, de l’état de développement auquel il est arrivé lorsqu’il prend la résolution de devenir un Bouddha, et d’autres choses.
114. Q. Avons-nous une méthode pour classer les Bodhisattvas ? Si oui, expliquez-la.
A. Les Bodhisattvas – les futurs Bouddhas – sont divisés en trois classes.
115. Q. Continuez. Comment appelle-t-on ces trois sortes de Bodhisats ?
A. Pannâdhika, ou Udghatitagnya – « celui qui atteint le moins vite » ; Saddhâdhika, ou Vipachitagnya – « celui qui atteint moins vite » ; et Vîriyâdhika, ou Gneyya – « celui qui atteint vite ». Les bodhisats Pannâdhika suivent la voie de l’Intelligence ; les Saddhâdhika suivent la voie de la Foi ; les Vîryâdhika suivent la voie de l’action énergique. Le premier est guidé par l’Intelligence et ne se hâte pas ; le second est plein de Foi et ne se soucie pas de suivre la direction [ p. 30 ] de la Sagesse ; et le troisième ne tarde jamais à faire le bien. Quelles que soient les conséquences pour lui-même, il le fait quand il voit que c’est le mieux.
116. Q. Quand notre Bodhisattva est devenu Bouddha, quelle était, selon lui, la cause de la misère humaine ? Dites-le-moi en un mot.
A. Ignorance (Avidyâ).
117. Q. Pouvez-vous me dire le remède ?
A Pour dissiper l’ignorance et devenir sage (Prajña).
118. Q. Pourquoi l’ignorance cause-t-elle de la souffrance ?
A. Parce qu’elle nous fait apprécier ce qui ne mérite pas d’être apprécié, pleurer ce que nous ne devrions pas pleurer, considérer comme réel ce qui n’est pas réel mais seulement illusoire, et passer notre vie à la poursuite d’objets sans valeur, négligeant ce qui est en réalité le plus précieux.
119. Q. Et qu’est-ce qui a le plus de valeur ?
A. Connaître tout le secret de l’existence et de la destinée de l’homme, afin que nous puissions estimer à leur valeur réelle cette vie et ses relations, et afin que nous puissions vivre de manière à assurer le plus grand bonheur et le moins de souffrances à nos semblables et à nous-mêmes.
[ p. 31 ]
120. Q. Quelle est la lumière qui peut dissiper notre ignorance et supprimer tous les chagrins ?
A. La connaissance des « Quatre Nobles Vérités », comme les appelait Bouddha.
121. Q. Nommez ces quatre nobles vérités.
A. 1. Les misères de l’existence évolutive aboutissant à des naissances et des morts, vie après vie. 2. La cause productrice de misère, qui est le désir égoïste, toujours renouvelé, de se satisfaire soi-même, sans jamais pouvoir atteindre ce but. 3. La destruction de ce désir, ou l’éloignement de soi-même de lui. 4. Les moyens d’obtenir cette destruction du désir.
122. Q. Dites-moi quelques choses qui causent de la tristesse.
A. Naissance, décadence, maladie, mort, séparation d’avec les objets que nous aimons, association avec ceux qui nous répugnent, désir de ce qui ne peut être obtenu.
123. Q. Ces caractéristiques diffèrent-elles selon chaque individu ?
A. Oui, mais tous les hommes en souffrent à un degré ou à un autre.
124. Q. Comment pouvons-nous échapper aux souffrances qui résultent de désirs insatisfaits et de désirs ignorants ?
A. Par la conquête complète et la destruction de cette soif ardente de la vie et de ses plaisirs, qui cause la tristesse.
[ p. 32 ]
125. Q. Comment pouvons-nous obtenir une telle conquête ?
A. En suivant le Noble Chemin Octuple que Bouddha a découvert et indiqué.
126. Q. Qu’entendez-vous par ce mot : quel est ce Noble Octuple Sentier ? (Pour le nom Pâlî, voir Q. 78).
A. Les huit parties de ce chemin sont appelées aṅgas. Ce sont : 1. La croyance juste (relativement à la loi de causalité, ou Karma) ; 2. La pensée juste ; 3. La parole juste ; 4. L’action juste ; 5. Les moyens de subsistance justes ; 6. L’effort juste ; 7. Le souvenir juste et l’autodiscipline justes ; 8. La concentration juste de la pensée. L’homme qui garde ces alignements à l’esprit et les suit sera libéré de la tristesse et atteindra finalement le salut.
127. Q. Pouvez-vous donner un meilleur mot pour le salut ?
A. Oui, l’émancipation.
128. Q. L’émancipation, alors, de quoi ?
A. L’émancipation des misères de l’existence terrestre et des renaissances, toutes dues à l’ignorance et aux désirs et envies impurs.
129. Q. Et lorsque ce salut ou cette émancipation est atteint, qu’atteignons-nous ?
[ p. 33 ]
A. Nirvâṇa.
130. Q. Qu’est-ce que le Nirvâṇa ?
A. Un état de cessation totale des changements, de repos parfait ; d’absence de désir, d’illusion et de chagrin ; d’effacement total de tout ce qui constitue l’homme physique. Avant d’atteindre le Nirvâṇa, l’homme renaît constamment ; lorsqu’il atteint le Nirvâṇa, il ne renaît plus.
131. Q. Où peut-on trouver une discussion savante sur le mot Nirvâṇa, et une liste des autres noms par lesquels les anciens écrivains Pâlî ont tenté de le définir ?
A. Dans le célèbre Dictionnaire de la langue pâlî, par feu M. RC Childers, se trouve une liste complète. [1]
132. Q. Mais certains imaginent que le Nirvâṇa est une sorte de lieu céleste, un Paradis. Le bouddhisme enseigne-t-il cela ?
R. Non. Lorsque Kûtadanta demanda au Bouddha « Où est le Nirvâṇa », il répondit que c’était « Là où les préceptes sont obéis ».
133. Q. Qu’est-ce qui nous fait renaître ?
[ p. 34 ]
A. Le désir égoïste inassouvi (sans., trishna ; en palî, tanha) pour les choses qui relèvent de l’existence personnelle dans le monde matériel. Cette soif inassouvie d’existence physique (bhâva) est une force, dotée d’un pouvoir créateur si puissant qu’elle ramène l’être à la vie mondaine.
134. Q. Nos renaissances sont-elles affectées d’une manière ou d’une autre par la nature de nos désirs insatisfaits ?
A. Oui, et par nos mérites ou nos démérites individuels.
135. Q. Notre mérite ou notre démérite contrôle-t-il l’état, la condition ou la forme dans laquelle nous renaîtrons ?
R. Oui. La règle générale est que si nous avons un excès de mérite, nous renaîtrons heureux et en bonne santé la prochaine fois ; si nous avons un excès de démérite, notre prochaine naissance sera misérable et pleine de souffrances.
136. Q. L’un des principaux piliers de la doctrine bouddhiste est donc l’idée que tout effet est le résultat d’une cause réelle, n’est-ce pas ?
A. Il s’agit d’une cause immédiate ou lointaine.
137. Q. Comment appelons-nous cette causalité ?
A. Appliqué aux individus, il s’agit du karma, c’est-à-dire de l’action. Cela signifie que nos propres actions nous apportent joie ou malheur.
[ p. 35 ]
138. Q. Un homme mauvais peut-il échapper aux conséquences de son karma ?
A. Le Dhammapada dit : « Il n’existe aucun endroit sur la terre, ni dans le ciel, ni dans la mer, ni même dans les crevasses des montagnes, où une (mauvaise) action n’apporte de problèmes (à celui qui l’accomplit). »
139. Q. Un homme bon peut-il s’échapper ?
A. Grâce à des actes de mérite particulier, un homme peut obtenir certains avantages de lieu, de corps, d’environnement et d’enseignement dans sa prochaine étape de progrès, qui éloignent les effets du mauvais karma et aident son évolution supérieure.
140. Comment les appelle-t-on ?
A. Gati Sampatti, Upâdhi Sampatti, Kâla Sampatti et Payoga Sampatti.
141. Q. Est-ce cohérent ou incompatible avec le bon sens et les enseignements de la science moderne ?
A. Parfaitement cohérent : il n’y a aucun doute là-dessus.
142. Q. Tous les hommes peuvent-ils devenir des Bouddhas ?
A. Il n’est pas dans la nature de chaque homme de devenir un Bouddha ; car un Bouddha ne se développe qu’à de longs intervalles de temps, et apparemment, lorsque l’état de l’humanité exige absolument un tel maître pour lui montrer le Chemin oublié vers le Nirvâṇa. Mais chaque être peut également atteindre le Nirvâṇa, en conquérant l’Ignorance et en acquérant la Sagesse.
143. Q. Le bouddhisme enseigne-t-il que l’homme renaît uniquement sur notre terre ?
A. En règle générale, ce serait le cas jusqu’à ce qu’il ait évolué au-delà de son niveau ; mais les mondes habités sont innombrables. Le monde dans lequel une personne doit naître, ainsi que la nature de cette renaissance elle-même, sont déterminés par la prépondérance du mérite ou du démérite de l’individu. Autrement dit, ce monde sera contrôlé par ses attirances, comme le dirait la science ; ou par son karma, comme le dirions nous, bouddhistes.
144. Q. Existe-t-il des mondes plus parfaits et plus développés, et d’autres moins que notre Terre ?
A. Le bouddhisme enseigne qu’il existe des Sakwalas ou systèmes de mondes entiers, de différentes sortes, supérieurs et inférieurs, et aussi que les habitants de chaque monde correspondent en développement à lui-même.
145. Q. Le Bouddha n’a-t-il pas résumé toute sa doctrine en un seul gâthâ, ou verset ?
[ p. 37 ]
146. A. Oui.
146. Q. Répétez-le.
UN.
Sabba pâpassa akaranam
Kusalassa upasampadâ
Sachita pariyo dapanam—
Etam Buddhânusâsanam:
« Cesser toute mauvaise action,
Pour générer tout ce qui est bon,
Pour purifier son esprit :
C’est le conseil constant des Bouddhas.
147. Q. Les trois premières de ces lignes ont-elles des caractéristiques très frappantes ?
R. Oui : la première ligne incarne tout l’esprit du Vinâya Pitaka, la deuxième celui du Sutta, la troisième celui de l’Abhidhamma. Elles ne comprennent que huit mots pâlî, et pourtant, comme la goutte de rosée reflète les étoiles, elles scintillent de l’esprit de tout le Dharma du Bouddha.
14S. Q. Ces préceptes montrent-ils que le bouddhisme est une religion active ou passive ?
A. « Cesser de pécher » peut être qualifié de passif, mais « acquérir la vertu » et « purifier son cœur ou son esprit » sont des qualités tout à fait actives. Bouddha a enseigné [ p. 38 ] que nous ne devons pas simplement ne pas être mauvais, mais que nous devons être positivement bons.
149. Q. Qui ou que sont les « Trois Guides » [^9] qu’un bouddhiste est censé suivre ?
A. Ils sont révélés dans la formule appelée le Tisaraṇa : « Je suis le Bouddha comme mon Guide ; je suis la Loi comme mon Guide ; je suis l’ordre comme mon Guide. » Ces trois éléments constituent, en fait, le Dharma du Bouddha.
150. Q. Que veut-il dire en répétant cette formule ?
[ p. 39 ]
A. Il veut dire qu’il considère le Bouddha comme son Maître, son Ami et son Exemple infiniment sage ; la Loi, ou Doctrine, comme contenant les principes essentiels et immuables de Justice et de Vérité et le chemin qui mène à la réalisation de la paix parfaite de l’esprit sur terre ; et l’Ordre comme les enseignants et les exemples de cette excellente Loi enseignée par Bouddha.
151. Q. Mais certains membres de cet « Ordre » ne sont-ils pas des hommes intellectuellement et moralement inférieurs ?
R. Oui ; mais le Bouddha nous enseigne que seuls ceux qui observent assidûment les Préceptes, disciplinent leur esprit et s’efforcent d’atteindre ou ont atteint l’un des huit stades de sainteté et de perfection constituent son « Ordre ». Il est expressément indiqué que l’Ordre mentionné dans le « Tisaraṇa » désigne les « Attha Ariya Puggala » – les Nobles Êtres qui ont atteint l’un des huit stades de perfection. Le simple port de la robe jaune, ni même l’ordination, ne suffit pas à rendre un homme pur, sage ou digne de vénération.
152. Q. Ce ne sont donc pas des bhikkhus aussi indignes qu’eux que le vrai bouddhiste prendrait comme guides ?
A. Certainement pas.
153. Q. Quelles sont les cinq observances, ou universelles
[ p. 40 ]
des préceptes, appelés Pancha Sila, qui sont imposés aux laïcs en général ?
A. Ils sont inclus dans la formule suivante, que les bouddhistes répètent publiquement dans les vihâras (temples) :
1 J’observe le précepte de m’abstenir de détruire la vie des êtres.
J’observe le précepte de m’abstenir de voler.
J’observe le précepte de m’abstenir de rapports sexuels illicites. [2]
J’observe le précepte de m’abstenir de tout mensonge.
J’observe le précepte de m’abstenir de consommer des substances intoxicantes.
154. Q. Qu’est-ce qui frappe l’homme intelligent en lisant ces Silas ?
A. Que celui qui les observe strictement doit échapper à toute cause productrice de misère humaine. [ p. 41 ] Si nous étudions l’histoire, nous découvrirons qu’elle est entièrement issue de l’une ou l’autre de ces causes.
155. Q. Dans quel Silas la sagesse clairvoyante du Bouddha est-elle le plus clairement démontrée ?
A. Dans le premier, le troisième et le cinquième cas : car l’homicide, la sensualité et l’usage de substances intoxicantes sont à l’origine d’au moins 95 pour cent des souffrances humaines.
156. Q. Quels avantages un homme retire-t-il de l’observance de ces préceptes ?
A. On dit qu’il acquiert plus ou moins de mérite selon la manière, le temps et le nombre de préceptes observés. Autrement dit, s’il observe un seul précepte, en violant les quatre autres, il acquiert le mérite de l’observance de ce seul précepte ; et plus il observe ce précepte longtemps, plus grand sera son mérite. Celui qui observe tous les préceptes sans enfreindre les règles s’assurera une existence plus élevée et plus heureuse par la suite.
157. Q. Quelles sont les autres observances qu’il est considéré comme méritoire pour les laïcs en tant que tels de s’engager volontairement à observer ?
A. L’Atthanga Silo, ou le précepte octuple, qui comprend les cinq préceptes énumérés ci-dessus (en omettant [ p. 42 ] le mot « illégal » dans le troisième), avec trois autres ; à savoir :
J’observe le précepte de m’abstenir de manger à une heure indue.
J’observe le précepte de m’abstenir de danse, de chant, de musique et de spectacles inconvenants, ainsi que de l’utilisation de guirlandes, de parfums, de cosmétiques, d’onguents et d’ornements.
J’observe le précepte de m’abstenir d’utiliser des lits hauts et larges.
Les sièges et les canapés mentionnés ici sont ceux utilisés par les mondains pour le plaisir et la jouissance des sens. Le célibataire devrait les éviter.
158. Q. Comment un bouddhiste décrirait-il un mérite banal ?
A. Il n’y a pas de grand mérite dans un acte purement extérieur ; tout dépend du motif intérieur qui provoque l’acte.
159. Q. Donnez un exemple.
A. Un homme riche peut dépenser des centaines de milliers de roupies pour construire des dâgobas ou des vihâras, ériger des statues de Bouddha, participer à des festivals et des processions, nourrir les prêtres, faire l’aumône aux pauvres, planter des arbres, creuser des citernes ou construire des auberges au bord de la route pour les voyageurs, et pourtant avoir relativement peu de mérite si cela est fait pour se faire valoir, pour se faire louer, ou pour tout autre motif égoïste. Mais celui qui accomplit la moindre de ces choses avec un motif bienveillant, comme par amour pour ses semblables, acquiert un grand mérite. Une bonne action accomplie avec un mauvais motif profite aux autres, mais pas à celui qui l’accomplit. Celui qui approuve une bonne action accomplie par un autre en partage le mérite, si sa sympathie est réelle et non feinte. La même règle s’applique aux mauvaises actions.
160. Q. Mais laquelle est considérée comme la plus grande de toutes les actions méritoires ?
A. Le Dhammapada déclare que le mérite de diffuser le Dharma, la Loi de la Droiture, est plus grand que celui de toute autre bonne œuvre.
161. Q. Quels livres contiennent toute la sagesse la plus excellente des enseignements du Bouddha ?
A. Les trois recueils de livres appelés Tripitakas ou « Trois paniers ».
162. Q. Quels sont les noms des trois Pitakas, ou groupes de livres ?
[ p. 44 ]
A. Le Vinâya Pitaka, le Sutta Pitaka et l’Abhidhamma Pitaka.
163. Q. Que contiennent-ils respectivement ?
A. Le premier contient tout ce qui concerne la moralité et les règles de discipline pour le gouvernement du Sangha, ou Ordre ; le deuxième contient des discours instructifs sur l’éthique applicable à tous ; le troisième explique les enseignements psychologiques du Bouddha, y compris les vingt-quatre lois transcendantales expliquant le fonctionnement de la Nature.
164. Q. Les bouddhistes croient-ils que ces livres sont inspirés ou révélés par un Être divin ?
A. Non ; mais ils les révèrent comme contenant toutes les parties de cette Loi la plus Excellente, par la connaissance de laquelle l’homme peut briser les entraves du Samsâra.
165. Q. Dans tout le texte des trois Pitakas, combien de mots y a-t-il ?
A. Le Dr Rhys-Davids les estime à 1 752 800.
166. Q. Quand les Pitakas ont-ils été mis par écrit pour la première fois ?
A. En 88–76 av. J.-C., sous le roi cinghalais Wattagamini ; ou 330 ans après le Parinirvâṇa du Bouddha.
[ p. 45 ]
167. Q. Avons-nous des raisons de croire que tous les discours du Bouddha nous sont connus ?
R. Probablement pas, et il serait étrange qu’ils le soient. Au cours de ses quarante-cinq années de vie publique, il a dû prononcer des centaines de discours. Parmi ceux-ci, en temps de guerre et de persécution, beaucoup ont dû être perdus, dispersés dans des pays lointains et mutilés. L’histoire raconte que les ennemis du Dharma du Bouddha ont brûlé des piles de nos livres aussi hautes qu’un cocotier.
168. Q. Les bouddhistes considèrent-ils le Bouddha comme quelqu’un qui, par sa propre vertu, peut nous sauver des conséquences de nos péchés individuels ?
A. Pas du tout. L’homme doit s’émanciper. Tant qu’il n’y parviendra pas, il continuera à renaître, victime de l’ignorance, esclave de passions inassouvies.
169. Q. Qu’était donc le Bouddha pour nous et pour tous les autres êtres ?
A. Un Conseiller omniscient et infiniment sage ; celui qui a découvert le chemin sûr et l’a indiqué ; celui qui a révélé la cause et le seul remède à la souffrance humaine. En nous indiquant le chemin, en nous montrant comment échapper aux dangers, il est devenu notre Guide. Il est pour nous comme celui qui conduit un aveugle sur un pont étroit au-dessus d’un ruisseau rapide et profond, lui sauvant ainsi la vie.
170. Q. Si nous devions essayer de représenter l’esprit entier de la doctrine du Bouddha par un seul mot, lequel devrions-nous choisir ?
A. Justice.
171. Q. Pourquoi ?
A. Parce qu’il enseigne que chaque homme reçoit, sous l’effet du KARMA infaillible, exactement la récompense ou la punition qu’il a méritée, ni plus ni moins. Aucune bonne ou mauvaise action, aussi insignifiante et aussi secrète soit-elle, n’échappe à la balance équilibrée du Karma.
172. Q. Qu’est-ce que le karma ? [3]
A. Une causalité agissant sur les plans moral, physique et autres. Les bouddhistes affirment qu’il n’y a pas de miracle dans les affaires humaines : ce qu’un homme sème doit et récoltera.
[ p. 47 ]
173. Q. Quels autres bons mots ont été utilisés pour exprimer l’essence du bouddhisme ?
A. Culture de soi et amour universel.
174. Q. Quelle doctrine ennoblit le bouddhisme et lui donne sa place exaltée parmi les religions du monde ?
A. Celle de Mitta ou Maitreya – la bonté compatissante. L’importance de cette doctrine est d’ailleurs soulignée par le nom de « Maitri » (le Compatissant) attribué au Bouddha à venir.
175. Q. Tous ces points de doctrine que vous avez expliqués ont-ils été médités par le Bouddha près de l’arbre Bo ?
R. Oui, ces choses et bien d’autres encore peuvent être lues dans les Écritures bouddhistes. L’ensemble du système bouddhique lui est venu à l’esprit pendant le Grand Siècle des Lumières.
176. Q. Combien de temps le Bouddha est-il resté près de l’arbre Bo ?
A. Quarante-neuf jours.
177. Q. Comment appelle-t-on le premier discours prêché par le Bouddha, celui qu’il adressa à ses cinq anciens compagnons ?
[ p. 48 ]
A. Le Dhammacakka-ppavattana sutta, — le Sûtra de la définition de la règle de la doctrine. [4]
178. Q. Quels sujets ont-ils traités dans ce discours ?
A. Les « Quatre Nobles Vérités » et le « Noble Octuple Sentier ». Il condamnait l’extrême mortification physique des ascètes, d’une part, et la jouissance des plaisirs sensuels, d’autre part ; il désignait et recommandait le Noble Octuple Sentier comme la Voie du Milieu.
179. Q. Le Bouddha pratiquait-il le culte des idoles ?
R. Il ne l’a pas fait ; il s’y est opposé. Le culte des dieux, des démons, des arbres, etc., a été condamné par le Bouddha. Le culte extérieur est une entrave qu’il faut briser pour progresser.
160. Q. Mais les bouddhistes ne font-ils pas de révérence
[ p. 49 ]
devant la statue du Bouddha, ses reliques et les monuments qui les abritent ?
A. Oui, mais pas avec le sentiment de l’idolâtre.
181. Q. Quelle est la différence ?
A. Notre frère païen ne prend pas seulement ses images comme des représentations visibles de son Dieu ou de ses dieux invisibles, mais l’idolâtre raffiné, en l’adorant, considère que l’idole contient dans sa substance une partie de la divinité omniprésente.
182. Q. Que pense le bouddhiste ?
A. Les bouddhistes vénèrent la statue du Bouddha et les autres objets que vous avez mentionnés, uniquement comme des souvenirs de l’homme le plus grand, le plus sage, le plus bienveillant et le plus compatissant de cette période du monde (Kalpa). Toutes les races et tous les peuples préservent, chérissent et valorisent les reliques et les souvenirs d’hommes et de femmes qui ont été considérés comme importants. Le Bouddha, à nos yeux, semble être plus vénéré et aimé que quiconque, par tout être humain qui connaît la souffrance.
183. Q. Le Bouddha lui-même nous a-t-il donné quelque chose de précis sur ce sujet ?
A. Certainement. Dans le Mahâ Pari-Nirvâṇa Sutta [ p. 50 ], il dit que l’émancipation ne peut être atteinte qu’en menant la vie sainte, selon le Noble Octuple Sentier, et non par un culte extérieur (âmisa pûja), ni par l’adoration de soi-même, ou d’un autre, ou d’une image quelconque.
184. Q. Quelle était l’estimation du Bouddha du cérémonialisme ?
A. Dès le début, il a condamné l’observance de cérémonies et d’autres pratiques extérieures, qui ne font qu’accroître notre aveuglement spirituel et notre attachement à de simples formes sans vie.
185. Q. Qu’en est-il des controverses ?
A. Dans de nombreux discours, il a dénoncé cette habitude comme étant des plus pernicieuses. Il a prescrit des pénitences aux bhikkhus qui perdent leur temps et affaiblissent leurs intuitions supérieures en se querellant sur des théories et des subtilités métaphysiques.
186. Q. Les charmes, les incantations, l’observance des heures de chance et la danse du diable font-ils partie du bouddhisme ?
A. Ils sont absolument contraires à ses principes fondamentaux. Ce sont les vestiges du fétichisme, du panthéisme et d’autres religions étrangères. Dans le Brâhmajâta Sutta, le Bouddha a [5]
187. Q. Quels contrastes frappants y a-t-il entre le bouddhisme et ce que l’on peut proprement appeler des « religions » ?
A. Entre autres, ceux-ci : Il enseigne la bonté suprême sans un Dieu créateur ; une continuité de vie sans adhérer à la doctrine superstitieuse et égoïste d’une âme-substance éternelle et métaphysique qui sort du corps ; un bonheur sans un ciel objectif ; une méthode de salut sans un Sauveur substitutif ; la rédemption par soi-même en tant que Rédempteur, et sans rites, prières, pénitences, prêtres ou saints intercesseurs ; et un summun bonum, c’est-à-dire le Nirvâṇa, atteignable dans cette vie et dans ce monde en menant une vie pure et désintéressée de sagesse et de compassion envers tous les êtres.
188. Q. Spécifiez les deux principales divisions de la « méditation », c’est-à-dire du processus par lequel on éteint la passion et atteint la connaissance.
[ p. 52 ]
A. Samatha et Vidarsama : (1) l’atténuation de la passion en menant une vie sainte et en faisant un effort continu pour maîtriser les sens ; (2) l’atteinte de la sagesse supranormale par la réflexion : chacun d’eux embrasse vingt aspects, mais je n’ai pas besoin de les spécifier ici.
189. Q. Quels sont les quatre chemins ou étapes d’avancement que l’on peut atteindre ?
A. (1) Sottâpatti, le commencement ou l’entrée dans lequel suit la perception claire des « Quatre Nobles Vérités » ; (2) Sakardâgâmi — le chemin de celui qui a tellement subjugué la luxure, la haine et l’illusion qu’il n’a besoin de retourner qu’une seule fois dans ce monde ; (3) Anâgami — le chemin de ceux qui ont tellement conquis le soi qu’ils n’ont pas besoin de retourner dans ce monde ; (4) Arhat — le chemin du saint et digne Arhat, qui est non seulement libre de la nécessité de la réincarnation, mais s’est rendu capable de jouir d’une sagesse parfaite, d’une pitié sans bornes pour les ignorants et les souffrants, et d’un amour sans mesure pour tous les êtres.
190. Q. Le bouddhisme populaire ne contient-il que ce qui est vrai et conforme à la science ?
A. Comme toute autre religion ayant existé pendant des siècles, elle contient certainement aujourd’hui du mensonge mêlé de vérité ; on y trouve toujours de l’or mêlé à des scories. L’imagination poétique, le zèle ou la superstition persistante des fidèles bouddhistes ont, à diverses époques et dans divers pays, amené les nobles principes des doctrines morales du Bouddha à être plus ou moins associés à ce qui pouvait être éliminé à leur avantage.
191. Q. Lorsque de telles perversions sont découvertes, quel devrait être le désir ardent des trois bouddhistes ?
A. Le véritable bouddhiste devrait être toujours prêt et désireux de voir le faux éliminé du vrai, et d’apporter son aide, s’il le peut. Trois grands conciles de la Sangha ont été tenus dans le but exprès de purifier le corpus des Enseignements de toute interpolation corrompue.
192. Q. Quand ?
A. Le premier, à la grotte de Sattapanni, juste après la mort du Bouddha ; le deuxième à Valukarama, à Vaisali ; le troisième à Asokarama Vihâra, à Pataliputra, 235 ans après la mort du Bouddha.
193. Q. Dans quel discours le Bouddha lui-même nous avertit-il de nous attendre à cette perversion de la vraie Doctrine ?
A. Dans le Sanyutta Nikâya.
194. Q. Y a-t-il des dogmes dans le bouddhisme que nous sommes tenus d’accepter par la foi ?
A. Non : il nous est vivement recommandé de n’accepter [ p. 54 ] rien par la foi, que ce soit écrit dans des livres, transmis par nos ancêtres ou enseigné par les sages.
195. Q. A-t-il lui-même réellement enseigné cette noble règle ?
A. Oui. Le Bouddha a dit que nous ne devons pas croire à une chose dite simplement parce qu’elle est dite ; ni aux traditions parce qu’elles ont été transmises depuis l’antiquité ; ni aux rumeurs, en tant que telles ; ni aux écrits de sages, simplement parce que des sages les ont écrits ; ni aux fantaisies que nous pouvons soupçonner d’avoir été inspirées en nous par un deva (c’est-à-dire par une inspiration spirituelle présumée) ; ni aux déductions tirées de quelque supposition fortuite que nous aurions pu faire ; ni à cause de ce qui semble être une nécessité analogique ; ni sur la seule autorité de nos propres enseignants ou maîtres.
196. Q. Quand devons-nous donc croire ?
A. Nous devons croire lorsque l’écrit, la doctrine ou la parole est corroboré par notre raison et notre conscience. « C’est pourquoi », conclut-il, « je vous ai enseigné à ne pas croire simplement parce que vous avez entendu, mais lorsque vous avez cru en votre propre conscience, à agir en conséquence et abondamment. » (Voir le Kâlâma Sutta de l’Anguttara Nikâya et le Mahâ Pari Nirvâṇa Sutta.) [ p. 55 ] 197. Q. Comment le Bouddha se nomme-t-il ?
A. Il dit que lui et les autres Bouddhas ne sont que des « prêcheurs » de vérité qui indiquent la voie : nous devons nous-mêmes faire l’effort.
198. Q. Où est-ce dit ?
A. Dans le chapitre xx. du Dhammapada.
199. Q. Le bouddhisme tolère-t-il l’hypocrisie ?
A. Le Dhammapada dit : « Comme une belle fleur pleine de couleurs et sans parfum, les belles paroles de celui qui n’agit pas en conséquence sont vaines. »
200. Q. Le bouddhisme nous enseigne-t-il à rendre le mal pour le mal ?
A. Dans le Dhammapada, le Bouddha dit : « Si un homme me fait du mal par folie, je lui rendrai la protection de mon amour sans rancune ; plus il fera de mal, plus je ferai de bien. » C’est la voie suivie par l’Arhat. [^14] Rendre le mal pour le mal est formellement interdit dans le bouddhisme.
[ p. 56 ]
201. Q. Est-ce que cela encourage cruellement ?
A. Non, absolument pas. Dans les Cinq Préceptes et dans nombre de ses discours, le Bouddha nous enseigne à être miséricordieux envers tous les êtres, à chercher à les rendre heureux, à les aimer tous, à nous abstenir d’ôter la vie, d’y consentir ou de l’encourager.
202. Q. Dans quel discours cela est-il énoncé ?
A. Le Dhammika Sutta dit : « Qu’il (le chef de famille) ne détruise ni ne fasse détruire aucune vie, ni ne sanctionne les actes de ceux qui le font. [ p. 57 ][6] etc.
203. Q. Approuve-t-il l’ivresse ?
A. Dans son Dhammika Sutta, nous sommes mis en garde contre la consommation d’alcool, contre le fait de faire boire les autres ou contre le fait de sanctionner les actes de ceux qui boivent. [7]
204. Q. À quoi conduit l’ivresse, nous dit-on ?
A. Au démérite, au crime, à la folie et à l’ignorance, qui sont la principale cause de renaissance.
205. Q. Qu’enseigne le bouddhisme sur le mariage ?
A. La chasteté absolue, condition du plein développement spirituel, est hautement recommandée ; mais le mariage avec une seule épouse et la fidélité à celle-ci sont reconnus comme une forme de chasteté. La polygamie a été censurée par le Bouddha, car elle implique l’ignorance et favorise la luxure.
206. Q. Dans quel discours ?
R. L’Anguttara Nikâya, chap. IV, 55.
[ p. 58 ]
207. Q. Qu’enseigne-t-il sur le devoir des parents envers leurs enfants ?
A. Ils devraient les empêcher de commettre des vices, les éduquer à la vertu, leur enseigner les arts et les sciences, leur fournir des épouses et des maris convenables et leur donner leur héritage.
208. Q. Quel est le devoir des enfants ?
A. Soutenir leurs parents lorsqu’ils sont vieux ou dans le besoin ; accomplir les devoirs familiaux qui leur incombent ; protéger leurs biens ; se rendre dignes d’être leurs héritiers et, lorsqu’ils ne sont plus là, honorer leur mémoire.
209. Q. Qu’en est-il des élèves vis-à-vis du professeur ?
A. Lui témoigner du respect ; le servir ; lui obéir ; subvenir à ses besoins ; s’occuper de son instruction.
210. Q. Qu’en est-il des relations entre mari et femme ?
A. La chérir ; la traiter avec respect et gentillesse ; lui être fidèle ; faire en sorte qu’elle soit honorée par les autres ; lui fournir des ornements et des vêtements appropriés.
211. Q. Qu’en est-il de la femme envers son mari ?
A. Lui témoigner de l’affection ; bien organiser sa maison ; être hospitalière envers ses invités ; être chaste ; être économe ; faire preuve d’habileté et de diligence en toutes choses.
212. Q. Où sont enseignés ces préceptes ?
[ p. 59 ]
R. Dans le Sigâlovâda Sutta.
213. Q. Les richesses aident-elles un homme à atteindre le bonheur futur ?
A. Le Dhammapada dit : « L’une est la route qui mène à la richesse, l’autre est la route qui mène au Nirvâṇa. »
214. Q. Cela signifie-t-il qu’aucun homme riche ne peut atteindre le Nirvâṇa ?
A. Cela dépend de ce qu’il aime le plus. S’il utilise sa richesse au profit de l’humanité – pour les souffrants, les opprimés, les ignorants – alors sa richesse l’aide à acquérir du mérite.
215. Q. Mais si c’est le contraire ?
A. Mais s’il aime et amasse avidement l’argent pour le plaisir de le posséder, alors cela affaiblit son sens moral, le pousse au crime, attire sur lui des malédictions dans cette vie, et leurs effets se font sentir dans la prochaine vie.
216. Q. Que dit le « Dhammapada » à propos de l’ignorance ?
A. Que c’est une souillure pire que toutes les souillures qu’un homme peut s’infliger.
217. Q. Que dit-il sur le manque de charité envers les autres ?
[ p. 60 ]
A. Que la faute des autres est facile à percevoir, mais celle de soi-même difficile à percevoir ; un homme vanne les fautes de son prochain comme de la paille, mais il cache sa propre faute, comme un tricheur cache le mauvais dé au joueur.
218. Q. Quel conseil le Bouddha nous donne-t-il quant au devoir de l’homme envers les pauvres ?
A. Il dit que le revenu net d’un homme devrait être divisé en quatre parties, dont une devrait être consacrée à des objets philanthropiques.
219. Q. Quelles sont les cinq professions dites basses et vilaines ?
A. Vente d’alcool, vente d’animaux destinés à l’abattage, vente de poison, vente d’armes meurtrières et trafic d’esclaves.
220. Q. Qui est dit incapable de progresser en spiritualité ?
A. Les tueurs de père, de mère et de saints Arhats ; les bhikkhus qui sèment la discorde dans la Sangha ; ceux qui tentent de nuire à la personne d’un Bouddha ; ceux qui ont des vues extrêmement nihilistes quant à l’existence future ; et ceux qui sont extrêmement sensuels.
221. Q. Le bouddhisme spécifie-t-il des lieux ou des conditions de tourment dans lesquels le karma d’un homme mauvais l’entraîne en quittant cette vie ?
[ p. 61 ]
R. Oui. Ce sont : Sanjîva ; Kalasûtra; Sanghâta ; Raurava; Mahâ-Raurava; Tapa; Pratâpa ; Avichi.
222. Q. Le tourment est-il éternel ?
A. Certainement pas. Sa durée dépend du karma de l’homme.
223. Q. Le bouddhisme déclare-t-il que les non-croyants en Bouddha seront nécessairement damnés pour leur incroyance ?
R. Non ; par de bonnes actions, ils peuvent jouir d’un bonheur limité avant d’être entraînés dans une nouvelle naissance par leur tanhâ inépuisable. Pour échapper à la renaissance, il faut emprunter le Noble Chemin Octuple.
224. Q. Quel est le statut spirituel de la femme parmi les bouddhistes ?
A. Selon notre religion, elles sont sur un pied d’égalité parfaite avec les hommes. « La femme », dit le Bouddha dans le Chullavêdalla Sutta, « peut atteindre le plus haut chemin de sainteté » – l’état d’Arhat – qui soit accessible à l’homme.
225. Q. Que dit un critique moderne à propos de l’effet du bouddhisme sur la femme ?
A. Qu’elle « a fait plus pour le bonheur et l’affranchissement des femmes que toute autre croyance » (Sir Lepel Griffin).
226. Q. Qu’a enseigné le Bouddha à propos des castes ?
A. On ne devient pas d’une caste, qu’elle soit Pariah, la plus basse, ou Brâhmaṇa, la plus haute, par la naissance, mais par les actes. « Par les actes », dit-il, « on devient un paria, par les actes on devient Brâhmaṇa » (Voir Vasala Sutta).
227. Q. Racontez-moi une histoire pour illustrer cela.
A. Ânanda, passant près d’un puits, eut soif et demanda à Prakriti, une jeune fille de la caste Mâtanga (ou Paria), de lui donner de l’eau. Elle dit qu’elle était d’une caste si basse qu’il serait contaminé en prenant de l’eau de sa main. Mais Ânanda répondit : « Je ne demande pas la caste, mais de l’eau. » Le cœur de la jeune fille Mâtanga se réjouit et elle lui donna à boire. Le Bouddha la bénit pour cela.
228. Q. Qu’a dit le Bouddha dans Vasalasutta à propos d’un homme de la caste Pariah Sopâka ?
A. Que par ses mérites il atteignit la plus haute renommée ; que de nombreux Khattiyas (Kshattriyas) et Brahmanes le servirent ; et qu’après sa mort il naquit dans le monde de Brahma : tandis qu’il existe de nombreux Brâhmaṇas qui, pour leurs mauvaises actions, naissent en enfer,
229. Q. Le bouddhisme enseigne-t-il l’immortalité de l’âme ?
A. Elle considère le terme « âme » comme un mot utilisé par les ignorants pour exprimer une idée fausse. Si tout est sujet au changement, alors l’homme est inclus, et chaque partie matérielle de lui doit changer. Ce qui est sujet au changement n’est pas permanent : il ne peut donc y avoir de survie immortelle d’une chose changeante. [8]
230. Q. Qu’y a-t-il de si répréhensible dans ce mot « âme » ?
A. L’idée qui lui est associée, selon laquelle l’homme peut être une entité séparée de toutes les autres entités et de l’existence de l’Univers tout entier. Cette idée de séparation est déraisonnable, non prouvable par la logique et non étayée par la science.
231. Q. Alors il n’y a pas de « je » séparé, et nous ne pouvons pas dire « mon » ceci ou cela ?
A. Exactement.
232. Q. Si l’idée d’une âme humaine séparée
[ p. 64 ]
doit être rejeté, qu’est-ce qui dans l’homme lui donne l’impression d’avoir une personnalité permanente ?
A. Tanhâ, ou désir insatisfait d’existence. L’être ayant accompli ce pour quoi il devra être récompensé ou puni ultérieurement, et ayant Tanhâ, renaîtra sous l’influence du Karma.
233. Q. Qu’est-ce qui est né ?
A. Une nouvelle agrégation de Skandhas, ou personnalité [9] [ p. 65 ] causée par la dernière pensée génératrice de la personne mourante.
234. Q. Combien y a-t-il de Skandhas ?
[ p. 66 ]
A. Cinq.
235. Q. Nommez les cinq Skandhas.
A. Rûpa, Vêdanâ, Saññâ, Samkhârâ et Viññâna.
236. Q. Expliquez brièvement ce qu’ils sont.
A. Rûpa, qualités matérielles ; Vedanâ, sensation ; Saññâ, idées abstraites ; Samkhârâ, tendances de l’esprit ; Viññâna, facultés mentales ou conscience. Nous sommes formés de ces éléments ; par eux, nous sommes conscients de l’existence ; et par eux, nous communiquons avec le monde qui nous entoure.
237. Q. À quelle cause devons-nous attribuer les différences dans la combinaison des cinq Skandhas qui font que chaque individu diffère de tout autre individu ?
A. Au Karma mûri de l’individu dans ses vies précédentes.
235. Q. Quelle est la force ou l’énergie qui est à l’œuvre, sous la direction du Karma, pour produire le nouvel être ?
A. Tanhâ — la volonté de vivre. [10] [ p. 67 ] 239. Q. Sur quoi est fondée la doctrine des renaissances ?
A. Selon la perception que la justice parfaite, l’équilibre et l’ajustement sont inhérents au système universel de la Nature. Les bouddhistes ne croient pas qu’une seule vie – même prolongée de cent ou cinq cents ans – soit suffisante pour récompenser ou punir les actes d’un homme. Le grand cycle des renaissances se déroulera plus ou moins rapidement selon la pureté ou l’impureté prépondérante des différentes vies de l’individu.
240. Q. Cette nouvelle agrégation de Skandhas – cette nouvelle personnalité – est-elle le même être que celui de la vie précédente, dont le Tanhâ l’a amenée à l’existence ?
A. Dans un sens, c’est un être nouveau ; dans un autre, ce n’est pas le cas. En pâlî, c’est « nacha so nacha añño », ce qui ne signifie ni le même ni un autre. Durant cette [ p. 68 ][11], et bien que l’homme AB, âgé de quarante ans, soit identique, quant à sa personnalité, au jeune AB, âgé de dix-huit ans, il est pourtant différent, par la dégradation et la réparation continuelles de son corps, et par le changement d’esprit et de caractère. Néanmoins, l’homme, dans sa vieillesse, récolte à juste titre la récompense ou la souffrance résultant de ses pensées et de ses actions à chaque étape antérieure de sa vie. De même, le nouvel être d’une renaissance, étant la même individualité qu’auparavant, avec seulement une forme modifiée, ou une nouvelle agrégation de Skandhas, récolte à juste titre les conséquences de ses actions et de ses pensées dans l’existence précédente.
241. Q. Mais l’homme âgé se souvient des événements de sa jeunesse, malgré ses changements physiques et mentaux. Pourquoi, alors, le souvenir des vies passées ne nous est-il pas transmis de notre dernière naissance à notre naissance actuelle ?
A. Parce que la mémoire est incluse dans les Skandhas ; et les Skandhas ayant changé avec la nouvelle réincarnation, une nouvelle Mémoire, l’enregistrement de cette existence particulière, se développe. Pourtant, l’enregistrement, le reflet de toutes les vies terrestres passées, doit survivre ; car, [ p. 69 ] lorsque le prince Siddhârthâ devint Bouddha, il vit la séquence complète de ses vies précédentes. Si leurs divers incidents n’avaient laissé aucune trace, cela n’aurait pas pu être le cas, car il n’aurait rien eu à voir. Et quiconque atteint le quatrième état de Dhyâna (vision psychique) peut ainsi retracer rétrospectivement le fil de ses vies.
242. Q, Quel est le point ultime vers lequel tendent toutes ces séries de changements de forme ?
A. Nirvâṇa.
243. Q. Le bouddhisme enseigne-t-il que nous devons faire le bien dans le but d’atteindre le Nirvâṇa ?
A. Non ; ce serait un égoïsme aussi absolu que si la récompense espérée avait été de l’argent, un trône ou toute autre jouissance sensuelle. Le Nirvâṇa ne peut être atteint ainsi, et le spéculateur imprudent est condamné à la déception.
244. Q. Veuillez clarifier un peu les choses.
A. Le Nirvâṇa est synonyme de désintéressement, d’abandon total de soi à la vérité. L’ignorant aspire au bonheur nirvâṇa sans la moindre idée de sa nature. L’absence d’égoïsme est le Nirvâṇa. Faire le bien en vue d’obtenir des résultats, ou mener une vie sainte en vue d’atteindre le bonheur céleste, n’est pas la Vie Noble recommandée par le Bouddha. Sans espoir de récompense, la Vie Noble doit être vécue, et c’est la vie la plus élevée. L’état nirvâṇa peut être atteint dès le vivant sur cette terre.
245. Q. Nommez les dix grands obstacles au progrès, appelés Sanyojanas, les chaînes.
A. Illusion de soi (Sakkâya-ditthi) ; Doute (Vicikicchâ) ; Dépendance aux rites superstitieux (Sîlabbata-parâmâsa) ; Sensualité, passions corporelles (Kâma) ; Haine, ressentiment (Patigha) ; Amour de la vie sur terre (Rûparâga) ; Désir de la vie au paradis (Arûparâga) ; Orgueil (Mâna) ; Propreté (Uddhacca) ; Ignorance (Avijjâ).
246. Q. Pour devenir un Arahat, combien de ces chaînes doivent être brisées ?
A. Tous.
247. Q. Quels sont les cinq Niwarânas ou obstacles ?
A. La cupidité, la malice, la paresse, l’orgueil et le doute.
248. Q. Pourquoi voyons-nous cette division minutieuse des sentiments, des impulsions, du fonctionnement de l’esprit, des obstacles et
[ p. 71 ]
Les aides à l’avancement sont-elles si souvent utilisées dans les enseignements du Bouddha ? C’est très déroutant pour un débutant.
A. Il s’agit de nous aider à acquérir la connaissance de nous-mêmes, en entraînant notre esprit à analyser chaque sujet en détail. En suivant ce système d’introspection, nous parvenons finalement à acquérir la connaissance et à voir la vérité telle qu’elle est. C’est la voie suivie par tout enseignant sage pour aider l’esprit de son élève à se développer.
249. Q. Combien de disciples du Bouddha étaient particulièrement réputés pour leurs qualités supérieures ?
A. Il y en a quatre-vingts qui se distinguent ainsi. On les appelle les Asîti Maha Sâvakas.
250. Q. Qu’est-ce que la sagesse du Bouddha embrassait ?
A. Il connaissait la nature du connaissable et de l’inconnaissable, du possible et de l’impossible, la cause du mérite et du démérite ; il pouvait lire les pensées de tous les êtres ; il connaissait les lois de la nature, les illusions des sens et les moyens de supprimer les désirs ; il pouvait distinguer les naissances et les renaissances des individus, et d’autres choses.
251. Q. Comment appelons-nous le principe fondamental sur lequel repose tout l’enseignement du Bouddha ?
[ p. 72 ]
A. On l’appelle Paticca Samuppâdâ. [12]
252. Q. Est-ce facile à saisir ?
A. C’est très difficile ; en fait, sa pleine signification et son étendue dépassent les capacités de ceux qui ne sont pas parfaitement développés.
253. Q. Qu’en a dit le grand commentateur Bouddha Ghosha ?
A. Que même lui était aussi impuissant dans ce vaste océan de pensées que quelqu’un qui dérive sur l’océan des eaux.
254. Q. Alors pourquoi le Bouddha dit-il, dans le Parinibbâna Sutta, qu’il « n’a pas le poing fermé d’un maître qui cache quelque chose » ? Si tout son enseignement était accessible à tous, pourquoi un homme aussi grand et érudit que Bouddha Ghosha le déclarerait-il si difficile à comprendre ?
A. Le Bouddha voulait évidemment dire qu’il enseignait [ p. 73 ] tout librement ; mais il est tout aussi certain que le véritable fondement du Dharma ne peut être compris que par celui qui a perfectionné ses facultés de compréhension. Il est donc incompréhensible pour les personnes ordinaires, non éveillées.
255. Q. Comment l’enseignement du Bouddha soutient-il ce point de vue ?
A. Le Bouddha a regardé dans le cœur de chaque personne et a prêché en fonction du tempérament individuel et du développement spirituel de l’auditeur.
[^9] : Sâranam. Wijesinha Mudaliyar m’écrit : « Ce mot a été jusqu’ici rendu de manière très inappropriée et erronée par Refuge, par les érudits pâlî européens, et accepté sans réfléchir par les érudits pâlî autochtones. Ni l’étymologie pâlî ni la philosophie bouddhique ne justifient cette traduction. Refuge, au sens de fuite ou de lieu d’abri, est tout à fait étranger au vrai bouddhisme, qui insiste sur le fait que chaque homme doit œuvrer à sa propre émancipation. La racine Sṛ en sanskrit (sara en pâlî) signifie se déplacer, aller ; de sorte que Saranam désignerait un mouvement, ou celui ou ce qui va, avant ou avec un autre – un Guide ou un Aide. J’interprète le passage ainsi : Gacchāmi, je vais, Buddham, vers Bouddha, Sâranam, comme mon Guide. La traduction du Tisaraṇa par « Trois Refuges » a donné lieu à de nombreux malentendus et a été utilisée par les antibouddhistes comme un prétexte fertile pour railler les bouddhistes en leur reprochant l’absurdité de se réfugier dans des non-entités et de croire en des irréalités. Le terme « Refuge » s’applique davantage au Nirvâṇa, dont Sâranam est synonyme. Le Grand Prêtre Sumangala attire également mon attention sur le fait que la racine pâlî « Sara » a le sens secondaire de tuer, ou de ce qui détruit. Buddham sâranam gacchâmi pourrait ainsi se traduire par « Je m’adresse au Bouddha, à la Loi et à l’Ordre, comme aux destructeurs de mes peurs ; le premier par ses prédications, le second par sa vérité axiomatique, le troisième par leurs divers exemples et préceptes. »
[^14] : Un ascète bouddhiste qui, par une pratique prescrite, a atteint un état supérieur de développement spirituel et intellectuel. Les Arhats peuvent être divisés en deux groupes généraux : les Samathayânika et les Sukkha Vipassaka. Les premiers ont détruit leurs passions et pleinement développé leurs capacités intellectuelles ou leur vision mystique ; les seconds ont également conquis la passion, mais n’ont pas acquis les pouvoirs mentaux supérieurs. Les premiers peuvent réaliser des phénomènes, les seconds non. L’Arhat de la première classe, une fois pleinement développé, n’est plus la proie des illusions des sens, ni l’esclave de la passion ou de la fragilité mortelle. Il pénètre jusqu’à la racine de tout sujet auquel son esprit s’applique, sans suivre les lents processus du raisonnement. Sa conquête de soi est complète ; et à la place de l’émotion et du désir qui vexent et captivent l’homme ordinaire, il est élevé à une condition que le terme « Nirvâṇique » exprime le mieux. À Ceylan, une idée fausse et répandue veut que l’accession à l’état d’Arhat soit désormais impossible ; le Bouddha lui-même aurait prophétisé que ce pouvoir s’éteindrait un millénaire après sa mort. Cette rumeur – et celle similaire répandue partout en Inde, à savoir qu’étant donné le cycle obscur du Kali Yuga, la pratique du Yôga Vidyâ, ou sublime science spirituelle, est impossible – je l’attribue à l’ingéniosité de ceux qui devraient être aussi purs et (pour employer un terme non bouddhiste mais très pratique) aussi sages psychiquement que leurs prédécesseurs, mais qui ne le sont pas, et qui cherchent donc une excuse ! Le Bouddha enseignait l’idée tout à fait contraire. Dans le Dīgha Nikâya, il dit : « Écoute, Subbhadra ! Le monde ne sera jamais sans Arhats si les ascètes (bhikkhus) de mes congrégations observent fidèlement mes préceptes. » (Imecha Subhaddhabhikkhu samma vihareiyum asunno loko Arahantehiassa.)
La négation de l’« Âme » par Bouddha (voir Sanyutta Nikâya, le Sutta Pitaka) souligne la croyance erronée répandue en une personnalité indépendante ; une entité qui, après une naissance, irait à un lieu ou un état fixe où, en tant qu’entité parfaite, elle pourrait éternellement jouir ou souffrir. Il démontre que la conscience « Je suis Je » est, quant à sa permanence, logiquement impossible, puisque ses constituants élémentaires changent constamment et que le « Je » d’une naissance diffère de celui de toutes les autres. Mais tout ce que j’ai découvert dans le bouddhisme concorde avec la théorie d’une évolution graduelle de l’homme parfait – à savoir un Bouddha – à travers d’innombrables expériences natales. Et dans la conscience de l’individu qui, au terme d’une chaîne de naissances donnée, atteint la bouddhéité, ou qui parvient à atteindre le quatrième stade de Dhyâna, ou développement mystique de soi, dans l’une de ses naissances antérieures à la dernière, les scènes de toutes ces naissances en série sont perceptibles. Dans le Jâtakatthavannanâ – si bien traduit par le professeur Rhys-Davids – une expression revient constamment qui, je pense, appuie plutôt cette idée : « Alors le Béni du Ciel rendit manifeste un événement caché par le changement de naissance », ou « ce qui avait été caché par », etc. Le bouddhisme primitif tenait alors clairement à la permanence des annales de l’Âkâsha, et à la capacité potentielle de l’homme à les lire lorsqu’il a évolué jusqu’au stade de véritable illumination individuelle. À la mort, et dans les convulsions et la transe, le javana chitta est transféré à l’objet créé en dernier lieu par les désirs. La volonté de vivre rend toutes les pensées objectives.
M. Childers adopte une vision très pessimiste de l’état nirvâṇique, le considérant comme une annihilation. Ses étudiants ultérieurs ne sont pas d’accord avec lui. ↩︎
Cette forme qualifiée se réfère, bien sûr, aux laïcs qui professent seulement observer cinq préceptes : un bhikkhu doit observer un célibat strict. De même, le laïc qui s’engage à observer huit des dix préceptes pendant des périodes déterminées doit être célibataire. Les cinq préceptes ont été établis par le Bouddha pour tous. Même si l’on n’est pas bouddhiste, les cinq et huit préceptes peuvent être observés avec profit par tous. C’est la prise des « Trois Refuges » qui fait de quelqu’un un bouddhiste. ↩︎
Le karma est défini comme la somme des actions d’un homme. La loi de cause à effet est appelée Paticca Samuppada Dhamma. Dans l’Anguttara Nikaya, le Bouddha enseigne que « mon action est ma possession, mon action est mon héritage, mon action est le sein qui me porte, mon action est mon parent, mon action est mon refuge. » ↩︎
Après la parution de la première édition, j’ai reçu d’un des plus éminents érudits pâlî de Ceylan, feu L. Corneille Wijesinha, Esq., Mudaliar de Matale, ce qui semble être une meilleure traduction de Dhammacakka-ppavattana que celle donnée précédemment ; il en fait « L’établissement du règne de la loi ». Le professeur Rhys-Davids préfère « La fondation du royaume de la justice ». M. Wijesinha m’écrit : « Vous pouvez aussi utiliser ‘Royaume de la justice’, mais cela a plus de saveur de théologie dogmatique que d’éthique philosophique. Dhammacakka-ppavattana suttam est 'Le discours intitulé ‘L’établissement du règne de la loi’. » Ayant montré cela au Grand Prêtre, je suis heureux de pouvoir dire qu’il approuve la traduction de M. Wijesinha. ↩︎
Le mélange de ces arts et pratiques avec le bouddhisme est un signe de détérioration. Leurs faits et phénomènes sont réels et susceptibles d’explication scientifique. Ils sont englobés dans le terme « magie », mais lorsqu’ils sont utilisés à des fins égoïstes, ils attirent de mauvaises influences et entravent le progrès spirituel. Lorsqu’ils sont employés à des fins inoffensives et bénéfiques, comme guérir les malades, sauver des vies, etc., le Bouddha en a autorisé l’usage. ↩︎
Kolb, dans son « Histoire de la culture », dit : « C’est au bouddhisme que nous devons « remercier pour l’épargne des prisonniers de guerre, qui jusqu’alors avaient été tués, et aussi pour l’arrêt de la captivité des habitants des terres conquises. » ↩︎
Le 5ème Sila fait référence à la simple prise de substances intoxicantes et de drogues stupéfiantes, qui conduit finalement à l’ivresse. ↩︎
L’« âme » ici critiquée est l’équivalent du mot grec psuche. Le mot « matière » recouvre d’autres états de la matière que celui du corps physique. ↩︎
Après réflexion, j’ai substitué « personnalité » à « individualité » comme écrit dans la première édition. Les apparitions successives sur une ou plusieurs terres, ou « descentes dans la génération », des parties tanhaiquement cohérentes (Skandhas) d’un certain être sont une succession de personnalités. À chaque naissance, la personnalité diffère de celle de la naissance précédente ou suivante. Le karma, le deus ex machinâ_, se masque (ou dirons-nous se reflète ?), tantôt dans la personnalité d’un sage, tantôt dans celle d’un artisan, et ainsi de suite tout au long de la série des naissances. Mais si les personnalités changent constamment, la ligne de vie unique le long de laquelle elles sont enfilées comme des perles, court sans interruption ; c’est toujours cette ligne particulière, jamais une autre. C’est donc l’individu – une ondulation vitale individuelle – qui parcourt le côté objectif de la Nature, sous l’impulsion du Karma et la direction créatrice de Tanhâ, et qui persiste à travers de nombreux changements cycliques. Le professeur Rhys-Davids appelle « caractère » ou « action » ce qui passe d’une personnalité à l’autre le long de la chaîne individuelle. Puisque le « caractère » n’est pas une simple abstraction métaphysique, mais la somme des qualités mentales et des inclinations morales d’un individu, ne serait-il pas utile de dissiper ce que le professeur Rhys-Davids appelle « l’expédient désespéré d’un mystère » (Bouddhisme, p. 101), si nous considérions l’ondulation vitale comme l’individualité et chacune de ses manifestations natales comme une personnalité distincte ? Il nous faut deux mots pour distinguer ces concepts, et je n’en trouve aucun aussi clair et expressif que les deux que j’ai choisis. L’individu parfait, du point de vue bouddhique, est un Bouddha, dirais-je ; car un Bouddha n’est que la fleur rare de la p. 65 l’humanité, sans le moindre mélange surnaturel. Et, comme d’innombrables générations – « quatre asankheyyas et cent mille cycles » – sont nécessaires, selon les Histoires de Naissances Bouddhistes de Fausboll et Rhys-Davids (13), pour qu’un homme devienne un Bouddha, et que la volonté de fer de le devenir traverse toutes les naissances successives, comment appellerons-nous ce qui veut et persévère ainsi ? Caractère, ou individualité ? Une individualité qui ne se manifeste que partiellement dans une seule naissance, mais qui est constituée de fragments de toutes les naissances. ↩︎
L’étudiant peut utilement consulter Schopenhauer à ce sujet. Arthur Schopenhauer, un philosophe allemand moderne de la plus éminente capacité, a enseigné que « Le Principe, ou Radical, de la Nature, et de tous ses objets, le corps humain inclus, est intrinsèquement p. 67 ce dont nous sommes nous-mêmes le plus conscients dans notre propre corps, à savoir la Volonté. L’intellect est une capacité secondaire de la volonté primaire, une fonction du cerveau dans laquelle cette volonté se reflète comme Nature, objet et corps, comme dans un miroir… L’intellect est secondaire, mais peut conduire, chez les saints, à un renoncement complet à la volonté, dans la mesure où elle pousse à la « vie » et s’éteint ensuite dans le Nirvâṇa » (LA Sanders dans le Theosopist de mai 1382, p. 213). ↩︎
Physiologiquement parlant, le corps de l’homme est complètement changé tous les sept ans. ↩︎
Ce principe fondamental ou de base peut être désigné en Pâlî, Nidâna—chaîne de causalité ou, littéralement, « Origine de la dépendance ». Douze Nidânas sont spécifiés, à savoir : Avijjâ—ignorance de la vérité de la religion naturelle ; Samkhârâ—action causale, karma ; Viññâna—conscience de la personnalité, le « Je suis moi » ; Nâma rûpa—nom et forme ; Salayatana—six sens ; Phassa—contact, Vedanâ—sentiment ; Tanhâ—désir de jouissance ; Upâdâna—attachement ; Bhava—individualisation de l’existence ; Jati—naissance, caste ; Jarâ, narana, sokaparidêsa, dukkha, domanassa, upâyâsa—Dégradation, mort, chagrin, lamentation, désespoir. ↩︎