« Comme le sort de son adorateur. » — Cette histoire fut racontée par le Maître alors qu’il était à Sāvatthi, à propos d’un homme très pauvre.
À Sāvatthi, la Confrérie, avec le Bouddha à sa tête, était autrefois reçue par une seule famille, parfois par trois ou quatre familles réunies. Parfois, un groupe de personnes, une rue entière, ou parfois la ville entière, les recevait. Mais, dans le cas présent, c’était la rue qui faussait l’hospitalité. Les habitants s’étaient arrangés pour offrir du gruau de riz suivi de gâteaux.
Or, dans cette rue vivait un homme très pauvre, un ouvrier agricole, qui ne voyait pas comment donner le gruau, mais résolut de donner des gâteaux. Il racla la poudre rouge des coques vides et la pétrit avec de l’eau pour en faire un gâteau rond. Il l’enveloppa dans une feuille d’hirondelle et le fit cuire sur la braise. Une fois terminé, il décida que seul le Bouddha en aurait la possession et se plaça donc immédiatement auprès du Maître. Dès que l’ordre d’offrir des gâteaux lui fut donné, il s’avança plus vite que quiconque et déposa son gâteau dans le bol à aumônes du Maître. Le Maître déclina tous les autres gâteaux et mangea celui du pauvre homme. Aussitôt, toute la ville ne parla que du fait que l’Être Éveillé n’avait pas dédaigné de manger le gâteau au son du pauvre rouan. Et depuis les porteurs jusqu’aux nobles et au roi, toutes les classes se rassemblèrent sur les lieux, saluèrent le Maître et se pressèrent autour du pauvre homme, [ p. 253 ] lui offrant de la nourriture, ou de deux à cinq cents pièces d’argent s’il voulait leur rendre le mérite de son acte.
Pensant qu’il valait mieux d’abord s’adresser au Maître, il alla le trouver et lui exposa sa cause. « Prends ce qu’ils t’offrent », dit le Maître, « et impute ta justice à tous les êtres vivants. » L’homme se mit alors à collecter les offrandes. Certains donnèrent le double, d’autres le quadruplèrent, d’autres encore le huit, et ainsi de suite, jusqu’à atteindre neuf crores d’or.
Après avoir remercié pour l’hospitalité, le Maître retourna au monastère et, après avoir instruit les frères et leur avoir transmis son enseignement béni, se retira dans sa chambre parfumée.
Le soir, le roi fit venir le pauvre homme et le nomma Lord Trésorier.
Réunis dans la Salle de la Vérité, les Frères racontèrent comment le Maître, ne dédaignant pas le gâteau au son du pauvre homme, l’avait mangé comme de l’ambroisie, et comment le pauvre homme s’était enrichi et avait été nommé Lord Trésorier, à sa grande fortune. Lorsque le Maître entra dans la Salle et entendit ce dont ils parlaient, il dit : « Frères, ce n’est pas la première fois que je ne dédaigne pas de manger le gâteau au son de ce pauvre homme. J’ai fait de même lorsque j’étais un Esprit des Arbres, et c’est aussi à cette époque qu’il a été nommé Lord Trésorier. » Ce disant, il raconta cette histoire du passé.
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Un jour, alors que Brahmadatta régnait à Bénarès, le Bodhisatta était un esprit des arbres qui vivait dans un ricin. Les villageois de cette époque étaient superstitieux envers les dieux. Une fête eut lieu et les villageois offrirent des sacrifices à leurs esprits des arbres respectifs. Voyant cela, un pauvre homme rendit un culte au ricin. Tous les autres étaient venus avec des guirlandes, des odeurs, des parfums et des gâteaux ; mais le pauvre homme n’avait qu’un gâteau de poudre de coque et d’eau dans une coque de noix de coco pour son arbre. Debout devant lui, il pensa en lui-même : « Les esprits des arbres sont habitués à la nourriture céleste, et mon esprit des arbres ne mangera pas ce gâteau de poudre de coque. Pourquoi alors le perdrais-je tout de suite ? Je le mangerai moi-même. » Et il se retourna pour s’éloigner, lorsque le Bodhisatta, depuis la fourche de son arbre, s’exclama : « Mon bon homme, si vous étiez un grand seigneur, vous m’apporteriez de délicats manchons ; Mais comme tu es pauvre, qu’aurai-je à manger, sinon ce gâteau ? Ne me prive pas de ma part. Et il prononça cette strophe :
En ce qui concerne son adorateur, un Sprite doit se comporter ainsi.
Apporte-moi le gâteau, et ne me vole pas ma part.
Alors l’homme se retourna et, voyant le Bodhisatta, offrit son sacrifice. Le Bodhisatta se nourrit de la saveur et dit : « Pourquoi me vénérez-vous ? » « Je suis un homme pauvre, mon seigneur, et je vous vénère pour être soulagé de ma pauvreté. » [424] « Ne vous souciez plus de cela. Vous avez sacrifié à quelqu’un qui est reconnaissant et conscient des bonnes actions. Autour de cet arbre, cou contre cou, sont enterrés des pots de trésors. Allez dire au roi et emportez le trésor dans des chariots jusqu’à la cour du roi. Là, empilez-le en un tas, et le roi sera si heureux qu’il vous fera Seigneur Trésorier. » Ce disant, le Bodhisatta disparut. L’homme fit ce qu’on lui avait ordonné, et le roi le fit Seigneur Trésorier. Ainsi, le pauvre homme, grâce à l’aide du Bodhisatta, parvint à une grande fortune ; et lorsqu’il mourut, il s’en alla pour vivre selon ce qu’il méritait.
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Sa leçon terminée, le Maître identifia la Naissance en disant : « Le pauvre homme d’aujourd’hui était aussi le pauvre homme de cette époque, et moi l’Esprit de l’Arbre qui habitait dans le ricin. »