« Apprends de bonne heure. » — Cette histoire fut racontée par le Maître, alors qu’il résidait dans la Chambre à Pignons du Grand Bosquet, près de Vesāli. Elle concernait un certain Licchavi, un prince pieux qui avait embrassé la Vérité. Il avait invité chez lui la Confrérie, dirigée par le Bouddha, et s’était montré très généreux à leur égard. Or, sa femme était une femme très grasse, presque bouffie, et mal vêtue.
Remerciant le Roi pour son hospitalité, le Maître retourna au monastère et, après un discours aux Frères, se retira dans sa chambre parfumée.
Réunis dans la Salle de la Vérité, les Frères exprimèrent leur surprise qu’un homme comme ce prince Licchavi puisse avoir pour épouse une femme aussi grosse et mal habillée, et l’aimer autant. Entrant dans la Salle et entendant leur discussion, le Maître dit : « Frères, comme aujourd’hui, il aimait autrefois une femme grasse. » Puis, à leur demande, il raconta cette histoire du passé.
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[421] Un jour, alors que Brahmadatta régnait à Bénarès, le Bodhisatta était l’un de ses courtisans. Une paysanne grasse et mal vêtue, qui travaillait pour un salaire, passait près de la cour du palais, lorsqu’un besoin pressant se présenta à elle. Se penchant, ses vêtements convenablement rassemblés autour d’elle, elle accomplit son dessein et se redressa en un clin d’œil.
Le roi, qui regardait par hasard la cour par une fenêtre, vit cela. Il pensa : « Une femme capable de mener à bien cette tâche avec autant de décence doit jouir d’une bonne santé. Elle serait sûre d’être propre dans sa maison ; et un fils né dans une maison propre grandirait proprement et vertueusement. Je ferai d’elle ma reine consort. » Aussi le roi, s’assurant d’abord qu’elle n’était pas la fille d’un autre, la fit venir et la fit reine. Elle lui devint très chère. Peu de temps après, un fils naquit, et ce fils devint monarque universel.
Constatant son sort, le Bodhisatta saisit l’occasion de dire au roi : « Seigneur, pourquoi ne prendrions-nous pas soin d’accomplir toutes les observances appropriées, alors que cette excellente femme, par sa modestie et sa décence dans le soulagement de sa nature, a gagné la faveur de Votre Majesté et s’est élevée à une telle fortune ? » Et il poursuivit en prononçant cette stance :
Apprends à temps, même s’il y a des gens têtus ;
Le paysan plaisait au roi par sa modestie.
Ainsi le Grand Être loua les vertus de ceux qui se consacraient à l’étude des observances appropriées.
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[422] Son histoire terminée, le Maître identifia la Naissance en disant : « Le mari et la femme d’aujourd’hui étaient aussi le mari et la femme de cette époque, et moi le sage courtisan. »