« Maudit soit le dard de l’amour ! » — Cette histoire fut racontée par le Maître à Jetavana, à propos de la tentation causée aux Frères par les épouses de leur vie mondaine. Elle sera relatée dans l’Indriya-jātaka [^55], au Huitième Livre. Le Béni du Ciel dit au Frère : « Frère, c’est à cause de cette même femme qu’autrefois tu as trouvé la mort et que tu as été brûlé sur des braises ardentes. » Les Frères demandèrent au Béni du Ciel de leur expliquer cela. Le Béni du Ciel leur expliqua clairement ce que leur avait caché la renaissance.
[154] (Désormais, nous omettrons les mots concernant la demande d’explication des Frères et la clarification de ce qui avait été caché par la renaissance ; et nous dirons seulement « raconté cette histoire du passé ». Lorsque cela est dit seulement, tout le reste doit être fourni et répété comme ci-dessus : la demande, la comparaison de la libération de la lune des nuages, et la clarification de ce qui
avait été caché par la renaissance.) _\
…Ému par son amour pour elle, il l’accompagna lorsque le cerf revint de la forêt. Elle lui dit : « Vous, monsieur, n’êtes qu’un simple cerf de la forêt, et les environs des villages sont en proie au péril et au danger.
Ne descendez donc pas avec nous. » Mais, par amour pour elle, il ne voulut pas rester, mais vint avec elle.
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Lorsqu’ils surent que le moment était venu pour le cerf de descendre des collines, les Magadha se postèrent en embuscade sur la route ; un chasseur était à l’affût juste à côté de la route que le couple suivait. Sentant un homme, la jeune biche soupçonna qu’un chasseur était en embuscade et laissa le cerf partir en premier, se suivant elle-même à quelque distance. D’une seule flèche, le chasseur abattit le cerf, et la biche, le voyant touché, s’enfuit comme le vent. Alors ce chasseur sortit de sa cachette, écorcha le cerf et alluma un feu pour faire cuire la chair sucrée sur les braises. Après avoir mangé et bu, il emporta chez lui le reste de la carcasse sanglante sur son poteau de transport pour régaler ses enfants.
Or, à cette époque, le Bodhisatta était une fée habitant ce même bosquet d’arbres, et il observa ce qui s’était passé. Ce ne sont ni le père ni la mère, mais la passion seule qui a détruit ce cerf insensé [155]. L’aube de la passion est félicité, mais sa fin est chagrin et souffrance : la douloureuse perte des mains et la misère des cinq formes d’esclavage et de coups. Causer la mort d’autrui est considéré comme une infamie en ce monde ; infâme aussi est le pays qui possède l’emprise et le règne d’une femme ; et infâmes sont les hommes qui s’abandonnent à la domination des femmes. » Et ainsi, tandis que les autres fées de la forêt applaudissaient et offraient parfums, fleurs et autres offrandes en hommage, le Bodhisatta tissa les trois infamies en une seule strophe, faisant résonner la forêt de ses douces voix tandis qu’il enseignait la vérité en ces vers :
Maudit soit le dard de l’amour qui fait souffrir les hommes !
Maudit soit le pays où les femmes règnent en maître !
Et maudit l’insensé qui s’incline sous l’emprise des femmes !
Français Ainsi, dans une seule strophe se trouvaient les trois infamies comprises par le Bodhisatta, et les bois résonnèrent tandis qu’il enseignait la Vérité avec toute la maîtrise et la grâce d’un Bouddha [156].
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Sa leçon terminée, le Maître prêcha les Quatre Vérités, à la fin desquelles le Frère malade d’amour fut établi dans le Fruit du Premier Sentier. Après avoir raconté les deux histoires, le Maître montra le lien qui les reliait et identifia la Naissance.
(Désormais, nous omettrons les mots « Ayant raconté les deux histoires » et dirons simplement « montré le lien… » ; les mots omis doivent être remplacés comme précédemment.)
« En ces jours-là », dit le Maître, « le Frère malade d’amour était le cerf des montagnes ; sa femme mondaine était la jeune biche, et j’étais moi-même la fée qui prêchait la Vérité montrant le péché de passion. »
[Note. Voir page 330 du Pañca-Tantra de Benfey.]
de bas de page [^55] : 42:1 N° 423.