« Vile Jātaveda » — Cette histoire fut racontée par le Maître alors qu’il était à Jetavana, touchant la fausse austérité des Ājīvikas, ou ascètes nus. La tradition nous dit que derrière Jetavana, ils pratiquaient de fausses austérités [^203]. Un certain nombre de Frères, les voyant là, douloureusement accroupis sur leurs talons, se balançant dans l’air comme des chauves-souris, s’appuyant sur des épines, se brûlant avec cinq feux, et ainsi de suite dans [ p. 308 ] leurs diverses fausses austérités, furent poussés à demander au Béni du Ciel si quelque bien en résultait. « Aucun bien », répondit le Maître. « Autrefois, les sages et les bons allaient dans la forêt avec leur feu de naissance, pensant profiter de telles austérités ; Mais, ne trouvant pas leur état meilleur malgré tous leurs sacrifices au Feu et toutes leurs pratiques similaires, ils éteignirent aussitôt le feu de la naissance avec de l’eau jusqu’à ce qu’il s’éteigne. Par un acte de méditation, les Connaissances et les Acquis furent acquis, ainsi qu’un titre au Royaume de Brahma. » Ce disant, il raconta cette histoire du passé.
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[494] Un jour, alors que Brahmadatta régnait à Bénarès, le Bodhisatta naquit brahmane dans le pays du Nord, et le jour de sa naissance, ses parents allumèrent un feu de naissance.
À seize ans, ils s’adressèrent à lui ainsi : « Fils, le jour de ta naissance, nous avons allumé un feu de naissance pour toi. Choisis donc maintenant. Si tu souhaites fonder une famille, étudie les Trois Védas ; mais si tu souhaites atteindre le Royaume de Brahma, emporte ton feu dans la forêt et entretiens-le là, afin de gagner la faveur de Mahā-Brahmā et d’entrer ensuite dans le Royaume de Brahma. »
Après avoir confié à ses parents que la vie de famille ne lui plaisait guère, il s’en alla dans la forêt et s’installa dans un ermitage, entretenant son feu. Un jour, dans un village frontalier, on lui donna un bœuf en guise de récompense. Après l’avoir ramené à son ermitage, l’idée lui vint de sacrifier une vache au Seigneur du Feu. Mais, constatant qu’il n’avait pas de sel et que le Seigneur du Feu ne pourrait manger son offrande sans sel, il résolut de retourner en chercher au village. Il attacha donc le bœuf et repartit pour le village.
Pendant son absence, une bande de chasseurs arriva et, voyant le bœuf, le tuèrent et se préparèrent un dîner. Ils emportèrent ce qu’ils ne mangèrent pas, ne laissant que la queue, la peau et les jarrets. Ne trouvant que ces tristes restes à son retour, le brahmane s’exclama : « Puisque ce Seigneur du Feu ne peut même pas s’occuper des siens, comment s’occupera-t-il de moi ? Le servir est une perte de temps, sans aucun bien ni profit. » Ayant ainsi perdu tout désir d’adorer le Feu, il dit : « Seigneur du Feu, si tu ne parviens pas à te protéger, comment me protégeras-tu ? La viande étant partie, tu dois te débrouiller pour te nourrir de ces abats. » Ce disant, il jeta au feu la queue et le reste des restes des brigands et prononça cette stance :
Vile Jātaveda [1], voici la queue pour toi ;
Et estimez-vous chanceux d’avoir obtenu autant ! [495]
La viande de choix est partie ; je supporte la queue aujourd’hui.
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Ainsi parlant, le Grand Être éteignit le feu avec de l’eau et s’en alla vivre en reclus. Il obtint ainsi la Connaissance et les Accomplissements, et s’assura de renaître dans le Royaume de Brahma.
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Sa leçon terminée, le Maître identifia la Naissance en disant : « J’étais l’ascète qui, à cette époque, éteignit le feu. »
307:1 Voir (par exemple) Majjhima Nikāya, pp. 77-8, pour un catalogue d’austérités ascétiques, auxquelles le bouddhisme primitif était fortement opposé. ↩︎