« Dans la lumière ou dans l’obscurité. » — Cette histoire fut racontée par le Maître à Jetavana, à propos de deux Frères qui avaient rejoint la Confrérie dans leur vieillesse. La tradition dit [165] qu’ils vivaient dans une habitation forestière du pays de Kosala, et que l’un s’appelait l’Ancien des Ténèbres et l’autre l’Ancien de la Lumière. Un jour, la Lumière dit à l’Obscurité : « Seigneur, à quelle heure apparaît ce qu’on appelle le froid ? » « Il apparaît dans la moitié sombre du mois. » Et un jour, l’Obscurité dit à la Lumière : « Seigneur, à quelle heure apparaît ce qu’on appelle le froid ? » « Il apparaît dans la moitié claire du mois. »
Comme ils ne parvenaient pas à résoudre la question ensemble, ils allèrent trouver le Maître et, après l’avoir salué comme il se doit, lui demandèrent : « Monsieur, à quelle heure apparaît ce qu’on appelle le froid ? »
Après que le Maître eut entendu ce qu’ils avaient à dire, il dit : « Frères, autrefois aussi, j’ai répondu pour vous à cette même question ; mais vos existences antérieures sont devenues confuses dans vos esprits [1]. » Et en disant cela, il raconta cette histoire du passé.
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[ p. 51 ]
Il était une fois, au pied d’une montagne, deux amis, un lion et un tigre, qui vivaient ensemble dans la même grotte. Le Bodhisatta vivait lui aussi au pied de la même colline, en ermite.
Un jour, une dispute éclata entre les deux amis à propos du froid. Le tigre affirmait qu’il faisait froid dans la moitié sombre du mois, tandis que le lion soutenait qu’il faisait froid dans la moitié lumineuse. Ne parvenant pas à régler la question, ils la présentèrent au Bodhisatta. Il répéta cette strophe.
Dans la moitié claire ou sombre, selon le vent
Il fait froid, car le froid est causé par le vent.
Et donc, je décide que vous avez tous les deux raison.
Ainsi le Bodhisatta fit la paix entre ces amis.
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[166] Lorsque le Maître eut terminé sa leçon, confirmant ses dires quant à sa réponse à la même question autrefois, il prêcha les Quatre Vérités, à la fin desquelles les deux Anciens obtinrent le Fruit du Premier Sentier. Le Maître démontra le lien et identifia la Naissance en disant : « Sombre était le tigre de ces jours-là, Clair le lion, et moi-même l’ascète qui répondis à la question. »
50:1 Le composé bhavasaṁkhepagatattā apparaît ici et dans le Jātaka suivant, ainsi que dans le Vol. ip 463 et le Vol. ii. p. 137. Le sens du mot semble être que par la renaissance, les événements des existences antérieures se sont mélangés de sorte qu’il ne reste aucun souvenir distinct. Un Bouddha a le pouvoir de se souvenir de la totalité de ses existences passées. ↩︎