« Alors n’envie pas la pauvre Muṇika. » — Cette histoire fut racontée par le Maître alors qu’il était à Jetavana, à propos de sa séduction par une jeune femme rondelette, comme cela sera relaté dans le Treizième Livre du Culla-Nārada-Kassapa-jātaka [1].
Le Maître demanda alors à son frère : « Est-il vrai, frère, comme on le dit, que tu sois un test de passion ? » « C’est vrai, monsieur », répondit-il. « Frère », dit le Maître, « elle est ton fléau ; même autrefois, tu as connu la mort et tu étais devenu un délice pour la compagnie le jour de son mariage. » Et, disant cela, il raconta cette histoire du passé.
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Un jour, alors que Brahmadatta régnait à Bénarès, le Bodhisatta prit vie sous la forme d’un bœuf, nommé Grand Rouge, sur le domaine de l’écuyer, dans un certain hameau. Il avait un frère cadet, connu sous le nom de Petit Rouge. Ces deux frères étaient les seuls à effectuer tous les travaux de trait de la famille. De plus, l’écuyer avait une fille unique, dont la main fut demandée en mariage par un gentilhomme de la ville. Les parents de la jeune fille, afin de fournir de délicieux mets aux invités du mariage, entreprirent d’engraisser un cochon nommé Muṇika.
Voyant cela, Petit Chaperon Rouge dit à son frère : « Tous les fardeaux nécessaires à cette maisonnée sont tirés par toi et moi, mon frère ; mais tout ce qu’on nous donne en échange de nos efforts, c’est de l’herbe et de la paille. Et pourtant, voilà le cochon nourri de riz ! Pourquoi lui offrir un tel festin ? »
[ p. 76 ]
Son frère dit : « Mon cher Petit Chaperon Rouge, ne l’envie pas, car le cochon mange la nourriture de la mort. C’est juste pour offrir un régal aux invités du mariage de leur fille que la famille nourrit le cochon. Attends un peu, et les invités mangeront. Alors tu verras ce cochon traîné hors de son logement par les pattes, tué, et en train d’être transformé en curry. » Et ce disant, il répéta cette strophe :
Alors n’enviez pas la pauvre Muṇika ; c’est la mort
Il mange. Content de mâcher sa paille frugale,
Le gage et la garantie de la durée des jours.
Peu de temps après, les invités arrivèrent ; et Muṇika fut tuée et transformée en toutes sortes de mets. Le Bodhisatta dit au Petit Chaperon Rouge : « As-tu vu Muṇika, cher frère ? » « J’ai bien vu, frère, le dénouement du festin de Muṇika. Notre nourriture est cent fois meilleure, voire mille fois, que celle-ci, même si elle n’est que de l’herbe, de la paille et de la paille ; car notre nourriture ne nous nuit pas et est un gage que nos vies ne seront pas abrégées. »
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Après avoir terminé sa leçon, expliquant que le Frère avait été autrefois conduit à sa perte par cette jeune femme et qu’il était devenu un objet de plaisir pour la compagnie [198], il prêcha les Vérités, à la fin desquelles le Frère passionné atteignit le Premier Chemin du Salut. Le Maître démontra également le lien et identifia la Naissance en disant : « Le Frère passionné était le porc Muṇika de cette époque, la jeune femme est la même dans les deux cas, Ānanda était Petit Roux, et moi-même Grand Roux. »
Note. Voir ici le Pañca-Tantra de Benfey, page 228, où sont retracées les migrations de ce récit populaire. Voir aussi les Jātakas n° 286 et 477.
75:1 N° 477. ↩︎