« Asseyez-vous et chantez », etc. — Cette histoire, le Maître la raconta lors de son séjour à Jetavana, à propos d’un vieux Frère. Un jour, nous dit-on, deux des principaux disciples étaient assis ensemble, posant des questions et répondant ; lorsqu’un vieux Frère se leva, et en fit un troisième. [107] Prenant place, il dit : « J’ai aussi une question, Messieurs, que j’aimerais vous poser ; et si vous avez des difficultés, vous pouvez me la poser. » Les Anciens furent dégoûtés ; ils se levèrent et le quittèrent. L’assemblée qui écoutait le discours des Anciens, après la fin de la réunion, vint trouver le Maître ; il leur demanda ce qui les avait amenés là inopportunément et ils lui racontèrent ce qui s’était passé. Il répondit : « Ce n’est pas la première fois, Frères, que Sāriputta et Moggallāna sont dégoûtés par cet homme et le quittent sans un mot ; c’était exactement la même chose autrefois. » Et il se mit à raconter une histoire du passé.
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Il était une fois, alors que Brahmadatta était roi de Bénarès, le Bodhisatta devint un esprit arboricole vivant dans une forêt. Deux jeunes oies descendirent du mont Cittakūṭa et se perchèrent sur cet arbre. Elles volèrent à la recherche de nourriture, y retournèrent et, après s’être reposées, regagnèrent leur montagne natale. Au fil du temps, l’esprit se lia d’amitié avec elles. Allant et venant, elles devinrent de grandes amies et parlaient de religion avant de se séparer.
Il arriva un jour que, tandis que les oiseaux étaient perchés sur la cime de l’arbre et parlaient avec le Bodhisatta, un chacal, s’arrêtant au pied de l’arbre, s’adressa aux jeunes oies avec les mots suivants :
« Assieds-toi et chante sur l’arbre
Si c’était en privé, tu le serais.
Assieds-toi par terre et chante
Des vers au roi des bêtes !
Remplies de dégoût, les jeunes Oies prirent leur envol et retournèrent à Cittakūṭa. Après leur départ, le Bodhisatta répéta la deuxième stance à l’intention du Chacal :
« Fairwing ici chante à Fairwing,
De Dieu à Dieu, une douce conversation s’établit ;
Beauté parfaite [1], tu dois alors
« Retourne dans ton trou ! »
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[108] Lorsque le Maître eut terminé ce discours, il identifia la Naissance : « En ce temps-là, le vieil homme était le Chacal, Sāriputta et Moggallāna les deux jeunes Oies, et moi-même j’étais l’esprit de l’arbre. »
74:1 Littéralement « charmant en quatre points », c’est-à-dire comme l’explique l’érudit « dans la forme, dans la naissance, dans la voix, dans la qualité » : dit sarcastiquement. ↩︎