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« Griffes et pattes de lion », etc. — Voici une histoire racontée par le Maître à Jetavana, à propos de Kokālika. On raconte qu’un jour, entendant prêcher des Frères sages, Kokālika voulut prêcher lui-même ; tout le reste est semblable aux circonstances relatées dans un récit précédent [1]. Cette fois encore, le Maître, en entendant cela, dit : « Kokālika n’a pas été montré à sa juste valeur par sa propre voix ; la même chose s’est déjà produite. » Et il raconta une histoire.
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Il était une fois, lorsque Brahmadatta était roi de Bénarès, le Bodhisatta était un lion dans l’Himalaya. Il eut un petit d’une chacal femelle qui s’accoupla avec lui. Le petit ressemblait à son père par les orteils, les griffes, la crinière, la couleur, la silhouette – tout cela ; mais par la voix, il ressemblait à sa mère.
Un jour, après une averse, tous les lions gambadaient ensemble et rugissaient. Le lionceau, pensant qu’il aimerait rugir aussi, hurla comme un chacal. En entendant cela, tous les lions se turent aussitôt ! Un autre lionceau du même père, frère de celui-ci, entendit le bruit et dit : « Père, ce lion est comme nous par la couleur et tout sauf par la voix. Qui est-il ? » En posant cette question, il répéta la première strophe :
« Griffes de lion et pattes de lion,
Pieds de lion pour se tenir debout ;
Mais le hurlement de ce type
Ça ne ressemble pas au fils d’un lion !
[109] En réponse, le Bodhisatta dit : « C’est ton frère, le petit du Chacal ; il a la même forme que moi, mais la même voix que sa mère. » Puis il donna un conseil à l’autre petit : « Mon cher fils, tant que tu vivras ici, garde la langue bien pendue. Si tu parles encore, ils découvriront tous que tu es un Chacal. » Pour bien faire passer le conseil, il répéta la deuxième strophe :
« Tout le monde verra quel genre tu es
Si vous hurlez comme une fois auparavant ;
Alors n’essayez pas, mais restez silencieux :
« Votre rugissement n’est pas celui d’un lion. »
Après ce conseil, la créature n’essaya plus jamais de rugir.
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Lorsque le Maître eut terminé ce discours, il identifia la Naissance : « En ces jours-là, Kokālika était le Chacal, Rahula était le petit frère, et le roi des bêtes était moi-même. »
75:1 No. 172; comparer no. 189. Kokālika est souvent évoqué de cette façon; cp. nos. 117, 481. Il y a une histoire dans le Cullavagga i. 18. 3, qui tourne autour d’un point similaire; une poule a un poussin près d’un corbeau, et quand elle veut faire cocorico, elle croasse, et vice versa (Vinaya Texts, S. BE, ii. p. 362). ↩︎