« J’aime les serpents Virūpakkha », etc. — Cette histoire, le Maître la raconta alors qu’il vivait à Jetavana, à propos d’un certain frère.
Alors qu’il était assis, nous dit-on, à la porte de son salon, en train de couper des bâtons, un serpent sortit d’une bûche pourrie et lui mordit l’orteil ; il mourut sur le coup. Tout le monastère apprit les circonstances de sa mort subite. Dans la Salle de la Vérité, [ p. 101 ], on commença à raconter comment frère Untel était assis à sa porte, en train de couper du bois, lorsqu’un serpent le mordit et qu’il mourut sur le coup.
[145] Le Maître entra et voulut savoir de quoi ils discutaient assis là. Ils le lui dirent. Il dit : « Frères, si notre frère avait fait preuve de bonté envers les quatre races royales de serpents, ce serpent ne l’aurait pas mordu. Les sages anachorètes d’autrefois, avant la naissance du Bouddha, en faisant preuve de bonté envers ces quatre races royales, furent libérés de la peur qui émanait de ces serpents. » Puis il leur raconta une histoire ancienne.
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Il était une fois, sous le règne de Brahmadatta, roi de Bénarès, le Bodhisatta, jeune brahmane de Kāsi, qui vint au monde. Devenu majeur, il réprima ses passions et embrassa la vie d’ascète ; il développa les facultés surnaturelles et les accomplissements ; il construisit un ermitage au bord du Gange, au pied de l’Himalaya, et y demeura, entouré d’un groupe d’ascètes, perdu dans l’extase de la méditation.
À cette époque, de nombreuses espèces de serpents erraient sur les rives du Gange, causant du tort aux ermites, et nombre d’entre eux périrent mordus par eux. Les ascètes racontèrent l’histoire au Bodhisatta. Il les convoqua tous et leur dit : « Si vous faisiez preuve de bienveillance envers les quatre races royales de serpents, aucun serpent ne vous mordrait. C’est pourquoi, à partir de maintenant, faites preuve de bienveillance envers les quatre races royales. » Puis il ajouta ce verset :
« J’aime les serpents Virūpakkha,
J’adore les serpents Erāpatha,
J’adore les serpents Chabbyāputta,
« J’adore les Kaṇhāgotamas. »
Après avoir ainsi nommé les quatre familles royales des serpents, il ajouta : « Si vous pouvez cultiver la bienveillance envers eux, aucune créature serpentine ne vous mordra ni ne vous fera de mal. » Puis il répéta le deuxième verset : — [146]
« Toutes les créatures sous le soleil,
Deux pieds, quatre pieds, plus ou rien —
Comme je vous aime, tous !
Après avoir déclaré la nature de l’amour qui était en lui, il prononça un autre verset en guise de prière :
« Toutes les créatures, de deux ou quatre pieds,
Toi qui n’en as rien, et toi qui en as plus,
Ne me faites pas de mal, je vous en supplie !
[ p. 102 ]
Puis, en termes généraux, il répéta encore un verset :
« Vous toutes, créatures qui avez une naissance,
Respire et bouge sur la terre,
Soyez heureux, tous et chacun,
Ne tombez jamais dans le malheur [1].”
[147] Ainsi, il expliqua comment il faut témoigner amour et bienveillance à toutes les créatures sans distinction ; il rappela à ses auditeurs les vertus des Trois Trésors, en disant : « Infini est le Bouddha, infinie la Loi et infini l’Ordre. » Il dit : « Souvenez-vous de la qualité des Trois Trésors » ; et après leur avoir ainsi montré l’infinité des Trois Trésors, et voulant leur montrer que tous les êtres sont finis, il ajouta : « Finis et mesurables sont les créatures rampantes, les serpents, les scorpions, les mille-pattes, les araignées, les lézards, les souris. » Puis encore : « Comme les passions et les désirs de ces créatures sont les qualités qui les rendent finies et limitées, soyons protégés nuit et jour contre ces choses finies par le pouvoir des Trois Trésors, qui sont infinis ; c’est pourquoi souvenez-vous de la valeur des Trois Trésors. » Puis il récita cette strophe :
« Maintenant, je suis en sécurité et entouré d’une clôture ;
Que maintenant toutes les créatures quittent mon territoire.
Je rends tout honneur au Bienheureux,
Et les sept Bouddhas qui sont décédés.
[148] Et leur ordonnant également de se souvenir des sept Bouddhas [2] tandis qu’ils les honoraient, le Bodhisatta composa ce charme protecteur et le remit à son groupe de sages. Dès lors, les sages gardèrent à l’esprit l’avertissement du Bodhisatta, chérirent l’amour et la bienveillance, et se souvinrent des vertus du Bouddha. Ce faisant, tous les serpents les quittèrent. Et le Bodhisatta cultiva les Excellences et atteignit le ciel de Brahma.
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Lorsque le Maître eut terminé ce discours, il identifia la Naissance : « Les disciples du Bouddha étaient alors les disciples du sage ; et leur Maître était moi-même. »