« Coupez, coupez, et coupez encore », etc. Le Maître raconta cette histoire à Jetavana, à propos de quelques Frères qui firent offrande de guirlandes sous l’arbre d’Ānanda. Les circonstances seront données dans la Naissance de Kāliṅga-bodhi [^176]. Cet arbre fut appelé [ p. 223 ] l’arbre d’Ānanda, car c’est lui qui l’avait planté. Toute l’Inde entendit dire que l’Ancien avait planté cet arbre près de la porte de Jetavana.
Des Frères vivant à la campagne décidèrent de faire des offrandes devant l’arbre d’Ananda. Ils se rendirent à Jetavana, accomplirent leurs devoirs envers le Maître et, le lendemain, se dirigèrent vers Sāvatthi, la Rue du Lotus ; mais ils ne purent trouver une seule guirlande. Ils racontèrent alors à Ananda qu’ils avaient souhaité faire une offrande à l’arbre, mais qu’il n’y en avait pas une seule dans toute la Rue du Lotus. L’Ancien promit d’en chercher ; il se rendit donc à la Rue du Lotus et revint avec de nombreuses poignées de lotus bleus qu’il leur donna. Ils en firent leur offrande à l’arbre.
Lorsque les Frères eurent vent de cela, ils commencèrent à discuter des mérites de l’Ancien dans la Salle de la Vérité : « Ami, certains frères de peu de mérite de la campagne n’ont pas pu se procurer un seul bouquet au Bazar du Lotus ; mais l’Ancien est allé leur en chercher. » Le Maître entra et leur demanda de quoi ils parlaient assis là ; et ils le lui expliquèrent. Il dit : « Frères, ce n’est pas la première fois que la langue habile remporte une couronne pour ses paroles habiles ; c’était déjà le cas auparavant. » Et il leur raconta une histoire ancienne.
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Il était une fois, lorsque Brahmadatta régnait à Bénarès, le Bodhisatta était le fils d’un riche marchand. Dans la ville se trouvait un réservoir où fleurissaient des lotus. Un homme qui avait perdu son nez veillait sur le réservoir.
Un jour, alors qu’on proclamait un jour férié à Bénarès, les trois fils de cet homme riche pensèrent qu’ils allaient leur déposer des couronnes et aller faire la fête. « Nous allons flatter ce vieux fainéant, puis nous lui demanderons quelques fleurs. » Alors, à l’heure où il cueillait les fleurs de lotus, ils allèrent au bassin et attendirent. L’un d’eux prononça la première strophe :
« Couper, couper et couper encore,
Les cheveux et les moustaches poussent principalement ;
Et ton nez grandira comme ça,
Donnez-moi juste un lotus, s’il vous plaît !
Mais l’homme, furieux, ne donna rien. Le second récita alors la deuxième strophe :
« En automne, les graines sont semées
Qui bientôt seront pleinement développés ;
Que ton nez pousse comme ceux-ci.
Donnez-moi juste un lotus, s’il vous plaît !
L’homme se mit de nouveau en colère et ne donna pas de lotus. Le troisième d’entre eux répéta alors la troisième strophe :
« Imbéciles bavards ! Penser qu’ils
On peut obtenir un lotus de cette façon.
Ils disent oui ou ils disent non,
Les nez coupés ne repousseront plus.
Voyez, je vous le demande honnêtement :
Donne-moi un lotus, de l’air !
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[323] En entendant cela, le gardien du lac dit : « Les deux autres ont menti, mais toi, tu as dit la vérité. Tu mérites des lotus. » Il lui donna donc un gros bouquet de lotus et retourna à son lac.
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Lorsque le Maître eut terminé ce discours, il identifia la Naissance : « Le garçon qui a obtenu le lotus, c’était moi-même. »