« Mûres sont les figues », etc. — Cette histoire que le Maître raconta à Jetavana, à propos d’un certain Frère qui avait construit un ermitage pour y vivre dans un certain village à la frontière. Cette charmante demeure se dressait sur un rocher plat ; un petit endroit bien balayé, avec suffisamment d’eau pour le rendre agréable, un village à proximité pour faire ses tournées, et des gens amicaux pour donner à manger. Un Frère en tournée arriva à cet endroit. L’Ancien qui y vivait fit office d’hôte pour le nouvel arrivant, et le lendemain l’emmena avec lui pour sa tournée. Les gens lui donnèrent à manger et l’invitèrent à leur rendre visite le lendemain. Après que le nouveau venu eut ainsi vécu quelques jours, il médita sur les moyens par lesquels il pourrait évincer les autres [445] et s’emparer de l’ermitage. Un jour, alors qu’il était venu [1] servir l’Ancien, il demanda : « Avez-vous déjà rendu visite au Bouddha, mon ami ? » « Mais non, Monsieur ; Il n’y a personne ici pour surveiller ma hutte, sinon j’aurais dû partir avant. « Oh, je m’en occuperai pendant que vous irez rendre visite au Bouddha », dit le nouveau venu ; et le propriétaire partit, après avoir enjoint aux villageois de prendre soin du saint Frère jusqu’à son retour. Le nouveau venu médit de son hôte et fit allusion aux villageois sur toutes sortes de défauts. L’autre rendit visite à son Maître et revint ; mais le nouveau venu lui refusa l’asile. Il trouva un endroit où loger et, le lendemain, fit sa tournée dans le village. Mais les villageois refusèrent de faire leur devoir contre rémunération. Il fut très découragé et retourna à Jetavana, où il raconta tout aux Frères. Ils commencèrent à discuter de l’affaire dans leur Boule de Vérité : « Ami, frère Untel a chassé frère Untel de son ermitage et se l’est approprié ! » Le Maître entra et voulut savoir de quoi ils discutaient assis là. Ils le lui dirent. Il dit : « Frères, ce n’est pas la première fois que cet homme chasse l’autre de sa demeure », et il leur raconta une histoire du vieux monde.
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Un jour, alors que Brahmadatta régnait à Bénarès, le Bodhisatta devint un esprit des arbres dans les bois. À cette époque, pendant la saison des pluies, la pluie tombait à verse sept jours d’affilée. Un petit singe à la face rouge vivait dans une grotte rocheuse, à l’abri de la pluie. Un jour, il était assis à l’entrée, au sec, heureux. Alors qu’il était assis là, un grand singe à la face noire, trempé jusqu’aux os, mourant de froid, l’aperçut. « Comment puis-je faire sortir cet homme et le faire vivre dans son trou ? » se demanda-t-il. Gonflant le ventre, faisant mine d’avoir bien mangé, il s’arrêta devant l’autre et répéta la première strophe :
« Les figues sont mûres, les banians sont bons,
Et prêt pour la nourriture du singe.
Viens avec moi et mange !
Pourquoi devriez-vous vous inquiéter à cause de la faim ?
[446] Face Rouge croyait tout cela et désirait ardemment manger tous ces fruits. Il partit donc chasser ici et là, mais il ne trouva aucun fruit. Puis il revint et trouva Face Noire assise dans sa grotte ! Il résolut de le déjouer ; s’arrêtant devant, il répéta la deuxième strophe :
« Heureux celui qui honore paie
À ses aînés rassasiés de jours ;
Je me sens tout aussi heureux maintenant
Après tous ces fruits, je le jure !
Le grand singe écouta et répéta le troisième :
« Quand le grec rencontre le grec, alors vient le tir à la corde ;
Un singe sent de loin les tours d’un singe.
Même un jeune était trop vif d’esprit ;
Mais les vieux oiseaux ne se laissent jamais prendre par la paille.
L’autre s’est enfui.
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[ p. 305 ]
Lorsque le Maître termina ce discours, il résuma le récit de la naissance : « À cette époque, le propriétaire de la hutte était le petit singe, l’intrus était le grand singe noir, mais l’esprit de l’arbre, c’était moi-même. »
303:1 Folk-Lore Journal, 3. 255. ↩︎