_« Ô Daddara, qui », etc. — _Cette histoire, le Maître la raconta alors qu’il résidait à Jetavana, au sujet d’un certain homme colérique. Le fait a déjà été relaté. À cette occasion, alors qu’une discussion s’était élevée dans la Salle de la Vérité au sujet de la nature passionnée de cet homme, le Maître s’approcha et, lorsque les Frères lui expliquèrent le sujet de leur conversation, il fit venir l’homme et lui demanda : « Est-il vrai, Frère, ce qu’ils disent, que vous êtes passionné ? » « Oui, mon Seigneur, c’est vrai », répondit-il. [16] Alors le Maître dit : « Non seulement maintenant, Frères, mais aussi autrefois, cet homme était très colérique, et [ p. 11 ] à cause de son tempérament passionné, les sages d’autrefois, bien que continuant à mener une vie parfaitement innocente en tant que princes Nāgas, ont dû vivre trois ans sur un tas de fumier immonde. » Et il raconta une vieille histoire.
Il était une fois, alors que Brahmadatta régnait à Bénarès, les Daddara Nāgas vivaient au pied du mont Daddara, dans l’Himalaya. Le Bodhisatta prit vie sous les traits de Mahādaddara, fils de Sūradaddara, roi de ce pays, et de son frère cadet Culladaddara. Ce dernier, passionné et cruel, maltraitait et frappait les jeunes filles Nāgas. Le roi Nāga, apprenant sa cruauté, ordonna son expulsion du monde Nāga. Mais Mahādaddara obtint le pardon de son père et sauva son frère de l’expulsion. Une seconde fois, le roi fut furieux contre lui, et de nouveau il se laissa convaincre de lui pardonner. Mais la troisième fois, le roi dit : « Vous m’avez empêché d’expulser ce vaurien ; maintenant, quittez tous les deux ce monde Nāga et vivez trois ans à Bénarès sur un tas de fumier. »
Il les chassa donc du pays des Nagas et ils allèrent vivre à Bénarès. Lorsque les villageois les virent chercher de la nourriture dans un fossé bordant le tas de fumier, ils les frappèrent et leur jetèrent des mottes de terre, des bâtons et autres projectiles, en s’écriant : « Qu’avons-nous là ? Des lézards aquatiques à grosses têtes et à queues comme des aiguilles ? » et proférèrent d’autres injures. Mais Culladaddara, de nature féroce et passionnée, incapable de supporter un tel manque de respect, dit : « Frère, ces garçons se moquent de nous. Ils ignorent que nous sommes des serpents venimeux. Je ne supporte pas leur mépris. Je les anéantirai de mon souffle. » Puis, s’adressant à son frère, il répéta la première strophe :
Ô Daddara, qui pourrait supporter une telle insulte ?
« Ho ! Bâton mangeur de grenouilles dans la boue », crient-ils :
Penser que ces pauvres créatures inoffensives osent
Un serpent avec des crocs venimeux à défier !
[17] En entendant ses paroles, Mahādaddara prononça le reste des strophes :
Un exilé chassé vers un rivage étranger
Il faut accumuler une bonne réserve d’abus ;
Car nul ne peut connaître son rang et ses vertus,
Seul l’imbécile voudrait montrer sa fierté.
Celui qui peut être une « lumière brillante » à la maison,
À l’étranger, les hommes de bas rang doivent souffrir.
Ils y demeurèrent donc trois ans. Puis leur père les rappela chez lui. Et à partir de ce jour, leur orgueil s’apaisa.
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Lorsque le Maître eut terminé son discours, il proclama les Vérités et identifia la Naissance : — À la conclusion des Vérités, le Frère colérique atteignit la Fruition du Troisième Sentier : — « À cette époque, le Frère colérique était Culladaddara, et j’étais moi-même Mahādaddara. »
Non ! dans les royaumes que ces esprits atteignent,
Vains sont nos mots pour exprimer nos émotions ;
Vaines sont les distinctions que nos sens nous enseignent,
Car la douleur a son paradis et le plaisir son enfer !