[18] « En vérité, il y a… », etc. — Le Maître raconta cette histoire, alors qu’il résidait à Jetavana, à propos de la réprimande du péché. Les circonstances seront exposées dans la Naissance de Pānīya [2], dans le Onzième Livre. Voici un bref résumé.
Cinq cents Frères vivant à Jetavana, à la fin de la veille du milieu de la nuit, entamèrent une discussion sur les plaisirs des sens. Alors, à travers les six divisions du jour et de la nuit, le Maître veille continuellement sur les Frères, comme un borgne surveille son œil, un père son fils unique, ou un yak sa queue. La nuit, avec sa vision surnaturelle concernant Jetavana, il vit ces Frères comme des brigands ayant pénétré dans le palais d’un grand roi. Ouvrant sa chambre parfumée, il convoqua Ananda et lui ordonna de rassembler les Frères dans la Maison du Pavé d’Or, et de lui préparer un siège à la porte de la chambre parfumée. Ananda fit ce qu’il avait reçu comme ordre et ce qu’il avait dit au Maître. Alors le Maître, s’asseyant sur le siège préparé pour lui, s’adressa collectivement aux Frères et dit : « Frères, les sages d’autrefois pensaient qu’il n’y avait pas de secret dans les mauvaises actions et s’en abstenaient donc », et il leur raconta une histoire d’autrefois.
Il était une fois, alors que Brahmadatta régnait à Bénarès, le Bodhisatta naquit dans une famille de brahmanes. À sa majorité, il reçut un enseignement scientifique d’un professeur de renommée mondiale de cette ville, dirigeant une classe de cinq cents élèves. Son maître avait alors une fille adulte. Il pensa : « Je vais éprouver la vertu de ces jeunes gens et la donner en mariage à celui qui excelle le plus en vertu. »
Un jour, il s’adressa ainsi à ses élèves : « Mes amis, j’ai une fille adulte et j’ai l’intention de la donner en mariage, mais il me faut des vêtements et des ornements convenables pour elle. Volez-en donc sans que vos amis ne s’en aperçoivent et apportez-les-moi. Tout ce que personne ne vous a vu prendre, je l’accepterai, mais si vous permettez que quoi que ce soit que vous apportez soit vu, je le refuserai. » Ils acquiescèrent en disant : « Très bien », et à partir de ce jour, ils volèrent des vêtements et des ornements à l’insu de leurs amis [ p. 13 ] et les lui apportèrent. Le maître rangea ce que chaque élève apportait dans un endroit séparé. Mais le Bodhisatta ne vola rien.
Alors le maître dit : « Mais toi, mon ami, tu ne m’apportes rien. » « C’est vrai, Maître », répondit-il. « Pourquoi cela, mon ami ? » demanda-t-il. « Tu n’acceptes rien », répondit-il, « à moins que ce ne soit pris en secret. Mais je trouve qu’il n’y a pas de secret dans les mauvaises actions. »
Et pour illustrer cette vérité, il a répété ces deux strophes :
En vérité, il n’y a aucun acte de péché qui puisse être caché dans ce monde,
Ce que le fou considère comme un secret, les esprits de la forêt l’aperçoivent.
Nulle part on ne peut trouver de dissimulation, et aucun vide ne peut exister pour moi,
Même là où aucun être n’est en vue, tant que je suis là, aucun vide ne peut exister.
Le Maître, satisfait de ses paroles, dit : « Ami, les richesses ne manquent pas chez moi, mais je tenais à marier ma fille à un homme vertueux, et j’ai agi ainsi pour prouver à ces jeunes gens que je suis digne de ma fille. Mais toi seul es digne de ma fille. » Puis il para sa fille et la donna en mariage au Bodhisatta, mais à ses autres disciples, il dit : « Reprenez tout ce que vous m’avez apporté dans vos différentes demeures. »
Alors le Maître dit : « C’est ainsi, Frères, que les élèves malhonnêtes n’ont pas réussi à conquérir cette femme par leur malhonnêteté, tandis que ce jeune homme sage, par sa conduite vertueuse, l’a obtenue pour épouse. » Et dans sa Sagesse Parfaite, il prononça encore deux autres strophes :
Maîtres Bastard 1 et Bas et Facile et Gay,
Avec Bravo et Frail, pour épouse, s’égara ;
Mais notre brahmane, bien vu dans la Loi depuis sa jeunesse,
Il a gagné une épouse grâce à son courage à défendre la Vérité.
[20] Le Maître, ayant mis fin à cette leçon solennelle, déclara les Vérités et identifia la Naissance : — À la conclusion des Vérités, ces cinq cents Frères atteignirent la Sainteté : — « À cette époque, Sāriputta était l’Instructeur, et j’étais moi-même le Jeune Sage. »