« Saint Maître », etc. — Le Maître, alors qu’il résidait à Jetavana, raconta cette histoire concernant la Fraternité des Six Prêtres. Elle est relatée en détail dans le Vinaya. [^14] En voici un bref résumé.
Le Maître fit venir les six prêtres et leur demanda s’il était vrai qu’ils enseignaient la loi depuis un siège bas [1], tandis que leurs disciples étaient assis sur un siège plus haut. Ils avouèrent que c’était vrai, et le Maître, réprimandant ces frères pour leur manque de respect envers sa loi, dit que les sages d’autrefois devaient réprimander ceux qui enseignaient même des doctrines hérétiques depuis un siège bas. Puis il leur raconta une vieille histoire.
Un jour, alors que Brahmadatta régnait à Bénarès, le Bodhisatta naquit comme fils d’une femme paria et, devenu adulte, il s’établit comme chef de famille. Sa femme, enceinte, eut un vif désir de manger des mangues et dit à son mari : « Monseigneur, j’ai envie de manger des mangues. »
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« Ma chère, dit-il, il n’y a pas de mangues en cette saison, je t’apporterai d’autres fruits acides. »
« Monseigneur », dit-elle, « si je peux avoir une mangue, je vivrai. Sinon, je mourrai. »
[28] Étant épris de sa femme, il se demanda : « Où diable pourrais-je trouver une mangue ? » Or, il y avait un manguier dans le jardin du roi de Bénarès, qui produisait des fruits toute l’année. Il pensa alors : « J’y trouverai une mangue mûre pour apaiser ses désirs. » Se rendant au jardin de nuit, il grimpa à l’arbre et alla d’une branche à l’autre, cherchant les fruits. Pendant qu’il était ainsi occupé, le jour commença à poindre. Il pensa : « Si je descends maintenant pour m’en aller, je serai vu et arrêté comme un voleur. J’attendrai la nuit. » Il grimpa donc à une fourche de l’arbre et y resta perché.
À ce moment-là, le roi de Bénarès écoutait les textes sacrés de son chapelain. En entrant dans le jardin, il s’assit sur un siège élevé au pied du manguier, et, plaçant son maître sur un siège plus bas, il reçut une leçon de sa part. Le bodhisatta assis au-dessus d’eux pensa : « Comme ce roi est mauvais ! Il apprend les textes sacrés assis sur un siège élevé. Le brahmane est tout aussi mauvais, de s’asseoir et de l’enseigner depuis un siège plus bas. Moi aussi je suis mauvais, car je suis tombé au pouvoir d’une femme, et, considérant ma vie comme rien, je vole le manguier. » Puis, saisissant une branche pendante, il se laissa tomber de l’arbre et se tint devant ces deux hommes et dit : « Ô Grand Roi, je suis un homme perdu, et toi un imbécile, et ce prêtre est comme mort. » Interrogé par le roi sur ce qu’il entendait par ces mots, il prononça la première strophe :
Saint Maître, Érudit Royal, voici l’acte pécheur que j’ai vu,
Tous deux sont déchus de la grâce, tous deux ont transgressé la loi. [2]
[29] Le brahmane, en entendant cela, répéta la deuxième strophe :
Ma nourriture est du riz pur de la colline,
Avec une délicate saveur de viande,
Car pourquoi un pécheur devrait-il accomplir
Une règle destinée aux saints, quand ils mangent ?
En entendant cela, le Bodhisatta récita deux autres strophes :
Brahmane, parcourez la longueur et la largeur de la terre ;
Voici que la souffrance est le lot commun.
Ici, gâchée par le péché, ta vie ruinée vaut la peine
Moins que les fragments d’un pot brisé.
Méfiez-vous de l’ambition et de la cupidité débordante :
Des vices comme ceux-ci mènent aux « Mondes de Souffrance ».
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[30] Le roi, satisfait de son exposé de la loi, lui demanda de quelle caste il était. « Je suis un paria, mon seigneur », dit-il. « Ami », répondit-il, « si tu avais été d’une famille de haute caste, je t’aurais fait roi seul. Mais désormais, je serai roi le jour, et tu seras roi la nuit. » Sur ces mots, il plaça à son cou la couronne de fleurs dont il était lui-même orné, et le fit seigneur protecteur de la ville. De là vient la coutume pour les seigneurs de la ville de porter une couronne de fleurs rouges au cou. À partir de ce jour, le roi, fidèle à ses avertissements, rendit hommage à son maître et apprit de lui les textes sacrés, assis sur un siège plus bas.
Le Maître, sa leçon terminée, identifia la Naissance : « À cette époque, Ananda était le roi, et j’étais moi-même le paria. »
[^14] : 18 : 1 1 Voir Vinaya d’Oldenberg,_ iv. 203. (Suttavibhñga, Sekhiya, 68, 69.)
La vraie foi d’autrefois prévalait sur la terre,
La fausse doctrine est née plus tard.