« Voleur, lève-toi », etc. — Le Maître, alors qu’il habitait dans la Bambouseraie, raconta cette histoire au sujet du vénérable Moggallāna.
Alors que cet ancien vivait près de Rājagaha, dans une cabane forestière, un brigand, après s’être introduit dans une maison d’un village de banlieue, s’enfuit, les mains chargées de butin, jusqu’à ce qu’il atteigne l’enceinte de la cellule de l’ancien. Pensant y être en sécurité, il s’allongea à l’entrée de sa cabane de feuilles. L’ancien le remarqua étendu là et, soupçonnant sa mauvaise conduite, se dit : « Ce serait mal de ma part d’avoir affaire à un brigand. » Sortant alors de sa cabane, il lui ordonna de ne pas s’y étendre et le chassa.
Le brigand s’enfuit avec la plus grande hâte. Des hommes, torches à la main, le suivant de près, arrivèrent et virent les différents endroits marqués par sa présence. Ils dirent : « C’est par ici que le brigand est venu. C’est ici qu’il s’est arrêté. Là, il s’est assis. Et c’est par là qu’il s’est enfui. On ne le voit pas ici. » Ils coururent donc çà et là, mais durent finalement repartir sans le trouver. Le lendemain, tôt le matin, l’aîné fit sa tournée des aumônes à Rājagaha. De retour de son pèlerinage, il se rendit à la Bambouseraie et raconta au Maître ce qui s’était passé. Le Maître dit : « Tu n’es pas le seul, Moggallāna, à soupçonner dans un cas où la suspicion est justifiée. Les sages d’autrefois soupçonnaient de la même manière. » Et, à la demande de l’aîné, il raconta une histoire d’autrefois.
[34] Il était une fois, alors que Brahmadatta régnait à Bénarès, le Bodhisatta prit vie sous la forme d’un esprit d’arbre Nimb dans un cimetière de cette ville. Un jour, un voleur, coupable d’un vol dans un hameau éloigné de la ville, entra dans le cimetière. À ce moment-là, deux vieux arbres se dressaient là, un arbre Nimb et un arbre Bo. Le voleur déposa son butin au pied de cet arbre Nimb et s’y coucha. [ p. 23 ] À cette époque, les voleurs capturés étaient torturés en étant empalés sur un pieu d’arbre Nimb. L’esprit de l’arbre Nimb pensa alors : « Si des gens viennent capturer ce voleur, ils couperont une branche de cet arbre Nimb, en feront un pieu et l’y empaleront. Dans ce cas, l’arbre sera détruit. » Alors je vais chasser ce type. » Puis, s’adressant à lui, il répéta la première strophe :
Voleur, lève-toi ! Pourquoi dors-tu ? Car il n’est pas temps de dormir,
Les hommes du roi sont sur toi, les vengeurs de ton crime.
Il ajouta ensuite ces mots : « Va-t’en avant que les hommes du roi ne t’enlèvent. » Ainsi, il effraya le brigand. Et à peine eut-il pris la fuite que la divinité de l’arbre Bo répéta la deuxième strophe :
Et même si ce voleur audacieux se rendait coupable,
Pour toi, ô Nimb-tree, esprit des bois, quelle différence cela ferait-il ?
La divinité de l’Arbre Nimb, en entendant cela, prononça la troisième strophe :
Ô Bo-tree, tu ne connais certainement pas le secret de ma peur ;
Je ne voudrais pas que les hommes du roi trouvent ce méchant voleur ici.
Ils viennent de mon arbre sacré, je sais, qu’ils prendraient immédiatement une branche,
Et pour punir le coupable, empalez-le sur un poteau.
[35] Et tandis que les deux divinités sylvestres conversaient ainsi, les propriétaires du domaine, suivant la piste du voleur, torches à la main, lorsqu’ils aperçurent l’endroit où il était couché, dirent : « Voilà ! Le voleur vient de se lever et de s’enfuir. Nous ne l’avons pas encore attrapé, mais si nous l’attrapons, nous reviendrons et l’empalerons au pied de cet arbre à aubes, ou le pendrons à l’une de ses branches. »
Sur ces mots, se précipitant çà et là, sans trouver le voleur, ils s’enfuirent. En entendant ce qu’ils disaient, l’esprit de l’arbre Bo prononça la quatrième strophe.
Attention à un danger encore invisible : suspectez-vous avant qu’il ne soit trop tard,
Même les sages du monde présent regardent vers un état futur.
Le Maître, lorsqu’il eut terminé cette leçon, identifia la Naissance :
« À cette époque, Sāriputta était l’Esprit de l’Arbre Bo. J’étais moi-même l’Esprit de l’Arbre Nimb. »