« Pour celui qui demande », etc. — Voici une histoire racontée par le Maître, alors qu’il vivait à Jetavana, sur la façon dont l’Ancien Sāriputta procurait de la nourriture délicate à des Frères malades sous traitement médical. L’histoire raconte que certains Frères de Jetavana, après avoir pris de l’huile comme purgatif, souhaitèrent de la nourriture délicate. Ceux qui les soignaient pendant leur maladie se rendirent à Sāvatthi pour en chercher, mais après avoir fait leur tournée pour demander l’aumône dans une rue du quartier des cuisiniers, ils durent revenir sans avoir obtenu ce qu’ils voulaient. Plus tard dans la journée, l’Ancien se rendit en ville pour demander l’aumône et, rencontrant ces Frères, leur demanda pourquoi ils étaient revenus si tôt. Ils lui racontèrent [ p. 33 ] ce qui s’était passé. « Venez donc avec moi », dit l’Ancien, [49] et les conduisit dans la même rue. Et les gens présents lui donnèrent une pleine mesure de mets délicats. Les serviteurs apportèrent la nourriture aux Frères malades, et ils en prirent part. Un jour, une discussion s’engagea dans la Salle de la Vérité : des serviteurs quittaient une ville, incapables de procurer des mets délicats à leurs maîtres malades. L’Ancien les emmena alors faire l’aumône dans une rue du quartier des Cuisiniers, et les renvoya chez eux avec de généreuses friandises. Le Maître s’approcha et s’enquit de la nature de leur discussion. Lorsqu’on lui en expliqua la teneur, il dit : « Ce n’est pas seulement maintenant, Frères, que Sāriputta obtenait de la nourriture. Autrefois, les sages à la voix douce et au langage agréable en obtenaient aussi. » Puis il raconta une histoire ancienne.
Il était une fois, alors que Brahmadatta régnait à Bénarès, le Bodhisatta naquit comme fils d’un riche marchand.
Un jour, un chasseur de cerfs avait pris du gibier et, rempli sa charrette de viande, retourna en ville avec l’intention de le vendre. À ce moment-là, quatre fils de riches marchands de Bénarès sortirent de la ville et, se rencontrant à un carrefour, ils s’assirent et conversèrent de ce qu’ils avaient vu ou entendu. L’un d’eux, voyant la charrette pleine de viande, proposa d’aller chercher un morceau de gibier auprès du chasseur. Les autres lui demandèrent d’aller goûter. Il s’approcha donc du chasseur et lui dit : « Salut, Sirrah, donne-moi un morceau de viande. » Le chasseur répondit : « Quiconque mendie quelque chose à quelqu’un doit parler d’une voix douce ; tu recevras un morceau de viande correspondant à ton style. » Puis il prononça la première strophe :
Pour quelqu’un qui demande une faveur, mon ami, ton langage est grossier dans son ton,
Un tel langage mérite en retour une nourriture grossière, alors je t’offre simplement la peau et les os.
Alors un de ses compagnons lui demanda en quelle langue il avait mendié un morceau de viande. « J’ai dit : Salut, Sirrah ! » répondit-il. « Moi aussi », dit l’autre, « je le supplierai. » [50] Puis il alla trouver le chasseur et dit : « Ô frère aîné, donne-moi un morceau de venaison. » Le chasseur répondit : « Tu recevras un morceau à la mesure de tes paroles », et il répéta la deuxième strophe :
Le nom d’un frère est un lien fort qui unit ceux qui sont apparentés les uns aux autres,
Comme tes aimables paroles suggèrent le cadeau que je devrais faire, je présente un joint à mon frère.
Sur ces mots, il prit un morceau de venaison et le lui jeta. Un troisième jeune homme demanda alors avec quelles paroles le dernier avait demandé la viande. « Je l’ai appelé frère », répondit-il. « Alors, moi aussi, je le supplierai », dit-il. Il alla donc trouver le chasseur et cria : « Cher père, donne-moi un morceau de venaison. » Le chasseur répondit : « Tu recevras un morceau correspondant à tes paroles », et il répéta la troisième strophe :
Alors que le cœur tendre d’un parent est ému de pitié, qu’il entend le cri de « Cher père »,
Moi aussi, je réponds à ton appel affectueux et je te donne le cœur du cerf.
Sur ces mots, il prit et lui donna un savoureux morceau de viande, cœur compris. Le quatrième jeune homme demanda alors au troisième comment il avait réclamé le gibier. « Oh, je l’ai appelé « Cher père », répondit-il. « Alors, moi aussi, je demanderai un morceau », dit l’autre. Il alla trouver le chasseur et lui dit : « Mon ami, donne-moi un morceau de viande. » Le chasseur dit : « Tu recevras ce que tu as dit. » Et il répéta la quatrième strophe :
Un monde sans amis, j’ose penser, un désert doit sûrement l’être,
Dans ce titre d’ami, tout ce qui est cher est impliqué, alors je te donne tout le cerf.
Il dit encore : « Viens, mon ami, je vais porter toute cette charrette de viande jusqu’à ta maison. » [51] Le fils du marchand fit donc conduire la charrette jusqu’à sa maison, et il alla décharger la viande. Il traita le chasseur avec beaucoup d’hospitalité et de respect. Faisant venir sa femme et son fils, il le détourna de sa cruelle occupation et l’installa sur son domaine. Ils devinrent des amis inséparables et vécurent ensemble toute leur vie en harmonie.
Le Maître, ayant terminé sa leçon, identifia la Naissance : « À cette époque, Sāriputta était le chasseur, et j’étais moi-même le fils du marchand à qui toute la venaison était donnée. »
32:1 Voir R. Morris, Folklore Journal, iii. 242. ↩︎