« Blesser quelqu’un », etc. — Cette histoire fut racontée par le Maître lorsqu’il était à Jetavana. Il s’agissait du prêtre de la famille du roi du Kosala. On raconte que, alors qu’il se rendait en char à un village de son domaine, il croisa une caravane sur une route étroite et, criant à plusieurs reprises : « Poussez-vous ! », il fut si furieux qu’une charrette ne s’écartât pas de son chemin qu’il lança son aiguillon sur le conducteur de la première charrette. Le bâton heurta le joug du char et, en rebondissant, le frappa au front et lui laissa une bosse à la tête. Le prêtre fit demi-tour et alla dire au roi qu’il avait été blessé par des charretiers. Les charretiers furent convoqués et les juges qui examinèrent l’affaire déclarèrent que le prêtre était le seul responsable. Un jour, l’affaire fut discutée dans la Salle de la Vérité, [105] [ p. 70 ] comment le chapelain du roi, qui disait avoir été agressé par des charretiers, fut déclaré coupable en justice. Lorsque le Maître vint demander ce que disaient les frères en conseil, il répondit : « Non seulement maintenant, frères, mais autrefois aussi, cet homme a agi exactement de la même manière. » Puis il leur raconta une histoire d’autrefois.
Un jour, alors que Brahmadatta régnait à Bénarès, le Bodhisatta devint son seigneur juge. L’aumônier du roi se rendit en voiture dans un village dont il était le chef et agit exactement comme dans l’autre récit. Mais dans cette version, lorsque le roi entendit le récit du prêtre, il convoqua les charretiers et siégea lui-même en jugement. Sans examiner l’affaire, il dit : « Vous avez frappé mon prêtre et lui avez fait une bosse au front », et ordonna qu’on leur confisque tous leurs biens. Le Bodhisatta lui dit alors : « Seigneur, sans même enquêter, vous ordonnez qu’ils soient dépossédés de tous leurs biens, mais certains hommes, après s’être infligé des blessures, déclarent avoir été blessés par un autre. Il est donc mal pour celui qui gouverne d’agir ainsi sans avoir examiné l’affaire. Il ne doit agir qu’après avoir tout entendu. » Puis il récita ces vers :
En blessant un autre, il montre sa propre blessure,
Lui-même le frappeur, il se plaint des coups.
Sages, ô roi, prenez garde aux vues partiales,
Écoutez d’abord les deux parties, puis déclarez le jugement vrai.
Je déteste le profane sensuel et oisif,
Le faux ascète est un voyou confessé.
Un mauvais roi décidera d’une affaire inédite,
La colère du sage ne peut jamais être justifiée.
[106] Le prince guerrier rend un verdict bien pesé,
La renommée du juste juge vivra à jamais.
Le roi, après avoir entendu les paroles du Bodhisatta, jugea avec justice et, lorsque l’affaire fut dûment jugée, la faute incomba au seul brahmane.
Le Maître, sa leçon terminée, identifia la Naissance : « Le brahmane jouait le même rôle dans les deux histoires, et j’étais moi-même le sage ministre à cette époque. »