« Ceux qui ont des paroles inopportunes », etc. — Cette histoire fut racontée par le Maître à Jetavana à propos de Kokālika. L’histoire introductive est racontée intégralement dans la Naissance de Takkārika. [1]
Il était une fois, alors que Brahmadatta régnait à Bénarès, le Bodhisatta était son précieux ministre. Or, le roi était très bavard. Le Bodhisatta pensa : « Je vais mettre un terme à sa loquacité », et il chercha une illustration appropriée. Un jour, le roi arriva dans son jardin et s’assit sur la dalle de pierre royale. Au-dessus de sa tête se trouvait un manguier et, dans une nid-de-pie, un coucou noir avait pondu son œuf avant de s’en aller. La femelle corbeau veilla sur l’œuf de ce coucou. Peu après, un jeune coucou en sortit. La corneille, pensant que c’était son propre petit, s’en occupa, lui apportant de la nourriture dans son bec. Le jeune oiseau, encore immature, poussa un cri de coucou prématuré. La corneille pensa : « Ce jeune oiseau émet encore une étrange note. Que fera-t-il, quand il sera plus âgé ? » Elle le tua d’un coup de bec et le jeta hors du nid. Il tomba aux pieds du roi. Le roi demanda au Bodhisatta : « Que signifie ceci, mon ami ? » Le Bodhisatta pensa : « Je cherche une illustration pour donner une leçon au roi, et maintenant j’en ai une. » Il dit alors : « Grand Roi, les gens bavards qui parlent trop hors de propos connaissent un sort semblable. Ce jeune coucou, sire, élevé par le corbeau, alors qu’il n’avait pas encore de plumes, poussa un cri prématuré. Le corbeau comprit alors que ce n’était pas son petit et le tua d’un coup de bec et le jeta hors du nid. Tous ceux qui sont trop bavards hors de propos, hommes ou bêtes, souffrent pareillement. » Et sur ces mots, il récita ces strophes :
Ceux qui offensent par des paroles intempestives
Comme le jeune coucou qui rencontre une fin prématurée.
Ni poison mortel, ni épée aiguisée
Est à moitié aussi fatal qu’une parole mal prononcée.
Le sage guide discrètement ses paroles mesurées,
Il ne se confie pas témérairement à son second moi :
Avant de parler, le prudent prendra conseil,
Ses ennemis à piéger, comme Garuḍa le serpent.
[104] Le roi, après avoir entendu l’enseignement religieux du Bodhisatta, devint désormais plus mesuré dans ses paroles, et la gloire du Bodhisatta lui fut toujours plus grande.
Le Maître, ayant terminé sa leçon, identifia la Naissance : « Kokālika était en ces jours le jeune coucou, et j’étais moi-même le sage ministre. »
68:1 No. 481. Comparer No. 215, Vol. ii. ↩︎