« Huile et beurre », etc. — Le Maître raconta cela alors qu’il résidait à Jetavana, au sujet d’un frère avide. Constatant qu’il était avide, le Maître lui dit : « Ce n’est pas la première fois que tu es avide : une fois déjà, à Bénarès, par cupidité, tu ne t’es pas contenté de carcasses d’éléphants, de bœufs, de chevaux et d’hommes ; et dans l’espoir d’obtenir une meilleure nourriture, tu es allé dans la forêt. » Et il raconta une vieille histoire.
Il était une fois, alors que Brahmadatta régnait à Bénarès, le Bodhisatta naquit sous la forme d’une caille et vivait dans la forêt d’herbes et de graines rêches. À cette époque, vivait à Bénarès un corbeau avide qui, non content de carcasses d’éléphants et d’autres animaux, se rendit dans la forêt dans l’espoir d’une meilleure nourriture. Après y avoir mangé des fruits sauvages, il vit le Bodhisatta et pensa : « Cette caille est très grasse ; je crois qu’elle mange des aliments sucrés ; je vais lui demander sa nourriture et, en la mangeant, je deviendrai gras moi-même. » Il se percha sur une branche au-dessus du Bodhisatta. Le Bodhisatta, sans qu’on le lui demande, le salua et prononça la première strophe :
L’huile et le beurre sont tes vivres, mon oncle ; ta nourriture est riche, je le pense.
Dis-moi alors quelle est la raison de ta maigreur, maître corbeau.
En entendant ses paroles, le corbeau prononça trois strophes :
Je vis au milieu de nombreux ennemis, mon cœur bat la chamade
Terrifié, je cherche ma nourriture : comment un corbeau peut-il être gros ?
Les corbeaux passent leur vie dans la peur, leur esprit malicieux étant toujours vif ;
Les morceaux qu’ils ramassent ne suffisent pas ; bonne caille, c’est pourquoi je suis maigre.
L’herbe et les graines grossières sont toute ta nourriture : il y a peu de richesse là-dedans :
Alors dis-moi pourquoi tu es grosse, bonne caille, avec une nourriture aussi maigre.
Le Bodhisatta l’entendant prononça ces stances, expliquant la raison de son embonpoint :
J’ai l’esprit content et facile, de courtes distances à parcourir,
Je vis de tout ce que je reçois, et donc je suis gros, bon sang.
Contentement de l’esprit et bonheur avec peu de souci du cœur,
Un standard facilement atteint : la vie est la meilleure partie.
[314] Après la leçon, le Maître déclara les Vérités et identifia la Naissance : — À la fin des Vérités, le Frère fut établi dans la jouissance du Premier Sentier : « À cette époque, le corbeau était le Frère avide, la caille était moi-même. »