« Notre vieil ami », etc. — Le Maître raconta cette histoire, alors qu’il résidait à Jetavana, au sujet d’un frère cupide. La situation est la même que ci-dessus.
Il était une fois, alors que Brahmadatta régnait à Bénarès, le Bodhisatta était un pigeon et vivait dans un nid-panier dans la cuisine d’un marchand de Bénarès. Un corbeau se lia d’amitié avec lui et y vécut également. L’histoire est ici développée. Le cuisinier arracha les plumes du corbeau et le saupoudra de farine, puis, perçant un cauri, il le suspendit au cou du corbeau et le jeta dans un panier. Le Bodhisatta sortit du bois et, le voyant, plaisanta et prononça la première strophe :
Notre vieil ami ! Regardez-le !
Il porte un bijou brillant ;
Sa barbe galamment taillée,
Comme notre ami a l’air gai !
[315] Le corbeau, l’entendant, prononça la deuxième strophe :
Mes ongles et mes cheveux ont poussé si vite,
Ils m’ont gêné dans tout ce que j’ai fait :
Un barbier est enfin arrivé,
Et des cheveux superflus je suis débarrassé.
Alors le Bodhisatta prononça la troisième strophe :
Certes, tu as eu un coiffeur alors,
Qui a si bien coupé tes cheveux ?
Autour de ton cou, tu m’expliqueras,
Qu’est-ce que c’est que ce tintement comme une cloche ?
Alors le corbeau prononça deux strophes :
Les hommes de la mode portent un bijou
Autour du cou : on le fait souvent :
Je les imite :
Ne pensez pas que c’est juste pour le plaisir.
Si vous êtes vraiment envieux
De ma barbe taillée si juste :
Je peux te faire coiffer ainsi ;
Vous avez peut-être aussi le bijou.
Le Bodhisatta, l’entendant, prononça la sixième strophe :
Non, c’est toi qu’ils sont le mieux placés pour devenir,
Bijou et barbe taillée avec précision.
Je trouve votre présence gênante :
Je vous souhaite une bonne journée.
[316] Avec ces mots, il s’envola et alla ailleurs ; et le corbeau mourut sur-le-champ.
Après la leçon, le Maître déclara les Vérités et identifia la Naissance : — Après les Vérités, le Frère avide fut établi dans la jouissance du Troisième Chemin : « À cette époque, le corbeau était le Frère avide, le pigeon était moi-même. »
195:1 Cf. n° 42, vol. i.; n° 274, vol. ii. ↩︎