« Ne vous fiez pas à ceux-là », etc. Le Maître raconta cette histoire dans la Bambouseraie, au sujet d’une tentative de meurtre. Dans la Salle de la Vérité, les Frères discutaient de la nature maléfique de Devadatta. « Eh bien, Monsieur, en subornant des archers et d’autres pour cette tâche, Devadatta tente d’assassiner le Dasabala ! » [56] Le Maître, entrant, demanda : « De quoi parlez-vous, Frères, alors que vous êtes assis ici ensemble ? » Ils le lui dirent. Il dit : « Ce n’est pas la première fois qu’il essaie de m’assassiner, mais c’était déjà la même chose auparavant » ; et il leur raconta une histoire du passé.
Il était une fois un roi nommé Kosambaka, qui régnait à Kosambī [1]. Le Bodhisatta naquit alors d’une poule sauvage qui vivait dans un bosquet de bambous, et devint ensuite le chef d’un troupeau de plusieurs centaines d’oiseaux dans la forêt. Non loin vivait un faucon qui, à l’occasion, capturait les oiseaux un par un et les mangeait. Avec le temps, il dévora tous les autres, laissant le Bodhisatta seul. Mais il prit toutes les précautions pour chercher sa nourriture et s’installa dans un bosquet de bambous. Là, le faucon ne put l’atteindre, alors il réfléchit à une ruse pour l’attirer et le capturer.
Puis il se posa sur une branche toute proche et s’écria : « Oiseau digne, qu’est-ce qui te fait me craindre ? Je suis impatient de me lier d’amitié avec toi. Or, en un tel lieu (le nommant), la nourriture est abondante ; mangeons-y ensemble et vivons en amis. » — « Non, bon seigneur », répondit le Bodhisatta, « entre toi et moi, il ne peut y avoir d’amitié ; alors, va-t’en ! » — « Bon seigneur, à cause de mes péchés passés, tu ne peux plus me faire confiance ; mais je te promets que je ne le ferai plus jamais ! » — « Non, je ne me soucie pas d’un tel ami ; va-t’en, dis-je ! » Le Bodhisatta refusa encore une troisième fois : « Avec une créature de telles qualités », dit-il, « il ne doit jamais y avoir d’amitié » ; et il fit retentir les vastes bois, les divinités applaudissant tandis qu’il prononçait ce discours :
« Ne vous fiez pas à ceux dont les paroles sont des mensonges, ni à ceux qui ne savent que
L’intérêt personnel, ni celui qui a péché, ni celui qui se montre trop pieux.
« Certains hommes ont une nature semblable à celle des vaches, assoiffées et pleines d’avidité :
Ayez des paroles de vérité pour apaiser un ami, mais ne les mettez jamais en pratique.
« Ceux-là tendent les mains sèches et vides ; la voix cache leur cœur ;
Tenez-vous à l’écart de ceux qui ne connaissent pas la gratitude (créatures vaines !).
[57] "Ne mets pas ta confiance dans une femme ou dans un homme à l’esprit volage,
Ceux qui ont conclu un pacte ne sont pas non plus enclins à le rompre.
« L’homme qui marche dans des voies mauvaises, menaçant de mort à tout prix,
Instable, ne vous fiez pas à lui, comme l’épée la plus acérée dans son fourreau.
« Certains disent des paroles doucereuses qui ne viennent pas du cœur et essaient de plaire.
Avec de nombreuses démonstrations d’amitié feintes : ne mets pas ta confiance en celles-là.
« Lorsqu’un homme aussi mal intentionné voit soit de la nourriture, soit du gain,
Il travaille mal, et il s’en ira, mais d’abord il sera ton fléau.
[ p. 37 ]
[58] Ces sept strophes furent répétées par le Roi des Oiseaux. Puis furent récitées les quatre strophes suivantes par le Roi de la Foi, paroles inspirées par la vision d’un Bouddha :
« Dans un spectacle amical, de nombreux ennemis suivent, pour leur apporter leur aide ;
Comme le Fowl a quitté le Falcon, il valait mieux que les méchants partent.
« Qui n’est pas prompt à reconnaître le sens des événements,
Il se soumet au contrôle de ses ennemis et se repent ensuite.
« Celui qui reconnaît rapidement le sens des événements,
Comme l’oiseau fuit les travaux du faucon, ainsi il fuit ses ennemis.
« D’un piège aussi inévitable que perfide,
Mortel, planté au plus profond de nombreux arbres de la forêt,
Comme du faucon au loin la volaille s’enfuit,
L’homme qui voit au loin devrait s’en sortir.
Et après avoir récité ces strophes, il appela de nouveau le Faucon et lui fit des reproches, en disant : « Si tu continues à vivre en ce lieu, je saurai quoi faire. » Le Faucon s’envola de là et alla vers un autre endroit.
[59] Le Maître, ayant terminé ce discours, dit : « Frères, il y a longtemps comme aujourd’hui, Devadatta a essayé de me détruire », puis il identifia la Naissance : « À cette époque, Devadatta était le Faucon, et j’étais moi-même l’Oiseau. »
36:1 Une ville sur le Gange. ↩︎