[ p. 43 ]
TRADUCTION
(Brit. Mus. MS. Add. 25875.)
[LE TITRE DE L’OUVRAGE : LA PRIÈRE DU SCRIBE.]
[Fol. 3_b_, col. 1.] Par la puissance de notre Seigneur Jésus-Christ, nous commençons à écrire le « Livre de la Succession des Générations », c’est-à-dire ME`ÂRATH GAZZÊ, composé par saint MÂR APHRÊM (c’est-à-dire Éphraïm, communément appelé « Éphraïm le Syrien », mort en 373 apr. J.-C.). Ô notre Seigneur, viens à mon secours dans ta miséricorde. Amen.
[LES MILLE PREMIÈRES ANNÉES : D’ADAM À YARÊD (Jared).]
[La Création. Premier Jour.]
Français Au commencement, le Premier Jour, qui était le saint Premier Jour de la Semaine, le principal et le premier-né de tous les jours, Dieu créa les cieux, [ p. 44 ] et la terre, les eaux, l’air, le feu, et les armées invisibles (c’est-à-dire les Anges, les Archanges, les Trônes, les Seigneurs, les Principautés, les Puissances, les Chérubins et les Séraphins), et tous les rangs et compagnies d’êtres spirituels, et la Lumière, et la Nuit, et le Jour, et les vents doux et les vents forts (c’est-à-dire les tempêtes). Tout cela fut créé le Premier Jour. Et le Premier Jour de la Semaine, l’Esprit de sainteté, l’une des Personnes de la Trinité, plana sur les eaux, et par son planéité sur le [Fol. 3_b_, col. 2] Face aux eaux, les eaux furent bénies afin de devenir productrices de progéniture. Elles devinrent chaudes, et toute leur nature rayonna de chaleur, et le levain de la création s’y unifia. Comme la mère oiseau réchauffe ses petits par l’étreinte de ses ailes qui les couvrent étroitement, et que les oisillons acquièrent forme grâce à la chaleur qu’ils tirent d’elle, ainsi, par l’opération de l’Esprit de sainteté, l’Esprit, le Paraclet, le levain du souffle de vie s’unifia aux eaux lorsqu’il plana au-dessus d’elles.
[NOTES.—Selon Salomon, évêque nestorien de Perâth Mayshân, ou Al-Basrah, ville située sur la rive droite du Chatt al-`Arab, vers [ p. 45 ] 1222 apr. J.-C., la création des cieux et de la terre a été planifiée de toute éternité dans l’esprit immuable de Dieu. Il a créé SEPT substances (ou natures) en silence, sans voix, à savoir le ciel, la terre, l’eau, l’air, le feu, les anges et les ténèbres. La terre était plongée au milieu des eaux, au-dessus des eaux se trouvait l’air, et au-dessus de l’air se trouvait le feu. L’eau est froide et humide, l’air est chaud et humide, le feu est chaud et sec, mais il n’avait aucune luminosité jusqu’au Quatrième Jour, lorsque les luminaires ont été créés. Les anges sont divisés en neuf classes et trois ordres. L’ordre supérieur comprend les Chérubins, les Séraphins et les Trônes, qui sont les porteurs du trône de Dieu. L’ordre intermédiaire comprend les Seigneurs, les Puissances et les Gouvernants. L’ordre inférieur comprend les Principautés, les Archanges et les Anges. (Comparer aux « trônes, ou dominations, ou principautés, ou puissances » de Col. i. 16.) Les Chérubins sont un mouvement intellectuel, les Séraphins sont un mouvement ardent, les Trônes sont un mouvement fixe, les Seigneurs sont un mouvement qui gouverne les mouvements inférieurs et contrôle les démons, les Puissances sont un mouvement qui donne effet à la volonté de Dieu, les Gouvernants sont un mouvement qui gouverne les mesures spirituelles et le soleil, la lune et les étoiles, les Principautés sont un mouvement qui gouverne les éléments, les Archanges sont un mouvement opératif rapide qui gouverne toute créature vivante, [ p. 46 ] sauf l’homme, et les anges sont un mouvement qui possède la connaissance spirituelle de tout ce qui est au ciel et sur la terre. L’ange gardien de chaque homme appartient à cette dernière classe. Le nombre de chaque classe d’anges est égal au nombre de toute l’humanité depuis Adam jusqu’à la Résurrection. Le ciel où vivent les anges est au-dessus des eaux, qui sont au-dessus du firmament, et c’est là qu’ils servent leur Dieu, étant invisibles à l’œil nu. Les anges ne sont pas des êtres auto-existants : ils ont été créés ; en revanche, les ténèbres sont une nature (ou substance) auto-existante. Salomon d’Al-Basrah n’accepte pas l’idée que l’esprit qui planait au-dessus des eaux était le Saint-Esprit. (Voir Livre de l’Abeille, éd. Budge, chapitres i-vii.)]
[La Création. Deuxième jour.]
Et le deuxième jour, Dieu créa le ciel inférieur et l’appela REKÎ`A [c’est-à-dire « ce qui est vendu et fixé », ou « firmament »]. Il fit cela afin de faire savoir que le ciel inférieur n’a pas la nature du ciel qui est au-dessus de lui, et qu’il est différent en apparence de ce ciel qui est au-dessus de lui, car le ciel au-dessus est de feu. Et ce second ciel est NÛHRÂ (c’est-à-dire la Lumière), et ce ciel inférieur est DARPÎTÎÔN [Fol. 4_a_, col. 1], et parce qu’il a la nature dense de l’eau [ p. 47 ] il a été appelé « Rekî`a ». Et le deuxième jour, Dieu fit une séparation entre les eaux et les eaux, c’est-à-dire entre les eaux qui étaient au-dessus de la Rekîʻa et les eaux qui étaient en dessous. Et l’ascension de ces eaux qui étaient au-dessus du ciel eut lieu le deuxième jour, et elles étaient comme un épais nuage noir d’obscurité épaisse. Ainsi, elles s’élevèrent là-haut, et elles s’élevèrent, et voici, elles se tiennent au-dessus de la Rekîʻa dans l’air ; et elles ne s’étendent pas, et ne bougent d’aucun côté.
[NOTES.—Selon le « Livre de l’Abeille », la création du firmament a permis à Dieu d’attribuer une demeure aux anges, où les âmes des justes pourraient également être accueillies après la Résurrection générale. Le grand abîme d’eau que Dieu créa le Premier Jour fut divisé par Lui en trois parties : il laissa une partie sur la terre pour l’usage des hommes et des animaux, et pour former les fleuves et les mers ; de la seconde partie, il fit le firmament, et de la troisième, le lieu au-dessus du firmament. Après la Résurrection, toutes ces parties reviendront à leur état originel. Le mot Darpîtîôn est une difficulté, et je ne peux l’expliquer. Les variantes Dûrîkôn et Dertêkôn apparaissent dans les livres éthiopiens, où il est présenté comme un nom du sixième ciel.]
[ p. 48 ]
[La Création. Troisième jour.]
Et le troisième jour, Dieu ordonna aux eaux qui étaient au-dessous du firmament (Rekî`a) de se rassembler en un seul lieu, et que la terre ferme apparaisse. Et lorsque la couverture d’eau eut été roulée de dessus la surface de la terre, celle-ci se révéla instable et instable, c’est-à-dire humide et souple. Et les eaux furent rassemblées en mers qui étaient sous la terre, en elle [Fol. 4_a_, col. 2], et sur elle. Et Dieu fit dans la terre, d’en bas, des couloirs, des puits et des canaux pour le passage des eaux ; et les vents qui viennent de l’intérieur de la terre montent par le moyen de ces couloirs et canaux, ainsi que la chaleur et le froid pour le service de la terre. Or, quant à la terre, sa partie inférieure est comme une éponge épaisse, car elle repose sur les eaux. Et en ce troisième jour, Dieu commanda à la terre, et elle produisit des herbes et des légumes, et elle conçut en son sein des arbres, des graines, des plantes et des racines.
[NOTE. — Ce jour-là, les eaux se sont rassemblées dans les profondeurs de la terre, le sable a été fixé comme limite aux eaux des mers, et les montagnes et les collines sont apparues. Les sages disent que le Paradis a été créé ce jour-là, mais les [ p. 49 ] rabbins étaient d’avis qu’il existait avant le monde. Salomon de Bassorah dit que la terre produisait des herbes et des arbres par ses propres forces, et que les luminaires n’avaient rien à voir avec la croissance des végétaux. Livre de l’Abeille (chapitre ix.)]
[La Création. Quatrième jour.]
Et le quatrième jour, Dieu créa le soleil, la lune et les étoiles. Et dès que la chaleur du soleil se répandit à la surface de la terre, celle-ci devint dure et rigide, et perdit sa flaccidité, car l’humidité et la moiteur causées par les eaux lui furent retirées. Le Créateur créa la sphère du soleil de feu et la remplit de lumière. Et Dieu donna à la sphère de la lune et aux étoiles des masses d’eau et d’air, et les remplit de lumière. Et lorsque la poussière de la terre devint chaude, elle produisit tous les arbres [Fol. 4_b_, col. 1], les plantes, les graines et les racines qui avaient été conçus en elle le troisième jour.
[NOTES.—Les enveloppes du soleil, de la lune et des étoiles étaient faites de matériaux aériens, à la manière de lampes, et Dieu les remplit d’un mélange de feu, dépourvu de lumière, et d’une lumière dépourvue de chaleur. La trajectoire des luminaires se trouve sous le firmament ; ils ne sont pas fixes, comme le pensent les ignorants, mais guidés par les anges dans leur course. Les Éthiopiens ont une tradition selon laquelle, lorsque le soleil fut créé, sa lumière était douze fois plus intense qu’aujourd’hui. Les anges se plaignirent que la chaleur était trop forte et qu’elle les gênait dans l’accomplissement de leurs devoirs. Dieu divisa alors le soleil en douze parties, en retirant six, et de trois d’entre elles, il forma la lune et les étoiles, et les trois autres, il les distribua entre les eaux, les nuages et les éclairs.]
[La Création. Cinquième jour.]
Et le cinquième jour, Dieu commanda aux eaux, et elles firent naître toutes sortes de poissons d’apparences diverses, et des créatures qui se meuvent, se tordent et se tortillent dans les eaux, et des serpents, et des Léviathans, et des bêtes aux aspects redoutables, et des oiseaux à plumes du ciel et des eaux. Et ce même jour, Dieu créa de la terre tout le bétail, les bêtes sauvages et tous les reptiles qui rampent sur la terre.
[NOTES. — Selon le Livre de l’Abeille (chapitre xii), les bêtes et les animaux ont été créés le vendredi soir, et ils peuvent donc voir aussi bien la nuit que le jour. Dans le Livre des Mystères du Ciel et de la Terre, les « baleines » et le Béhémoth sont mentionnés avec le Léviathan.]
[ p. 51 ]
[La Création. Sixième jour.]
Et le sixième jour, qui est la veille du sabbat, Dieu forma l’homme de la poussière, et Ève de sa côte.
Et le septième jour, Dieu se reposa de ses travaux, et ce jour est appelé « sabbat ».
[La création d’Adam.]
Or, la formation d’Adam eut lieu de cette manière : le sixième jour, qui est la veille du sabbat, à la première heure du jour, alors que le calme régnait sur tous les rangs des anges et sur les armées célestes, Dieu dit : « Venez, faisons l’homme à notre image et selon notre ressemblance. » Or, par ce mot « Nous », il fait connaître les personnes glorieuses de la Trinité. Lorsque les anges entendirent cette parole, ils furent saisis de crainte et de tremblement, et ils se dirent les uns aux autres : « Un grand miracle nous sera manifesté aujourd’hui, c’est-à-dire l’image de Dieu, notre Créateur. » Et ils virent la droite de Dieu ouverte et étendue sur le monde entier ; et toutes les créatures étaient rassemblées dans la paume de sa main droite. Et ils virent qu’il prit de toute la masse de la terre un grain de poussière, et de toute la nature de l’eau une goutte d’eau, et de tout l’air qui est au-dessus un souffle de vent, et de toute la nature du feu un peu de sa chaleur. Et les anges virent que lorsque ces quatre matières faibles (ou inertes) furent placées dans la paume de sa main droite [Fol. 5_a_, col. 1], c’est-à-dire le froid, le chaud, la sécheresse et l’humidité, Dieu forma Adam. Or, pour quelle raison Dieu créa-t-il Adam de ces quatre matières, si ce n’est pour montrer que tout ce qui est dans le monde lui serait soumis par elles ? Il prit un grain de terre afin que tout ce qui est formé de terre dans la nature lui soit soumis, et une goutte d’eau afin que tout ce qui est dans les mers et les rivières lui soit soumis ; et un souffle d’air afin que toutes les espèces de créatures qui volent dans l’air lui soient données ; et la chaleur du feu afin que tous les êtres qui sont de nature ardente, et les armées célestes, puissent être ses aides.
Dieu forma Adam de ses mains saintes, à son image et à sa ressemblance. Lorsque les anges virent l’apparence glorieuse d’Adam, ils furent profondément émus par sa beauté. Car ils virent l’image de son visage rayonnant d’une splendeur glorieuse comme le soleil, et la lumière de ses yeux était semblable à celle du soleil, et l’image de son corps était semblable à l’éclat du cristal. Et lorsqu’il se leva de tout son long et se tint debout au centre de la terre, il posa ses deux pieds à l’endroit où était dressée la Croix de notre Rédempteur ; car Adam fut créé à Jérusalem. Là, il fut revêtu des habits de la souveraineté, et la couronne de gloire fut posée sur sa tête, là, il fut fait roi, prêtre et prophète, là, Dieu le fit asseoir sur son trône honorable, et là, Dieu lui donna la domination sur toutes les créatures et toutes les choses. Et toutes les bêtes sauvages, tout le bétail et les oiseaux à plumes furent rassemblés, et ils passèrent devant Adam, et il leur attribua des noms ; et ils inclinèrent la tête devant lui ; et tout dans la nature l’adora [Fol. 5_b_, col. 1] et se soumit à lui. Et les anges et les armées du ciel entendirent la voix de Dieu lui dire : « Adam, voici, je t’ai établi roi, prêtre et prophète, et seigneur, et chef, et gouverneur de tout ce qui a été fait et créé ; et ils te seront soumis, et ils seront à toi, et je t’ai donné pouvoir sur tout ce que j’ai créé. » Et lorsque les anges entendirent ces paroles, ils fléchirent tous le genou et l’adorèrent.
**[**NOTES.—Les Juifs considèrent que les mots « Venez, faisons l’homme » se réfèrent à Dieu et aux [ p. 54 ] anges, mais les Pères de l’Église syrienne comprennent que Dieu se réfère aux Trois Personnes de la Trinité. Certains Pères croient qu’Adam a été formé le matin du Sixième Jour, hors du Paradis, mais d’autres pensent que la formation d’Adam a eu lieu le soir au Paradis. Selon certains, le Paradis a été créé avant le monde, et, selon d’autres, le Troisième Jour. Bar Hebraeus dit qu’Adam a été créé le vendredi de la première semaine de Nîsân (avril), le premier mois de la première année du monde. Les Églises égyptienne et éthiopienne ont une tradition selon laquelle les anges n’ont pas tous été créés en même temps. Le grand archange Michel, appelé « Ange de la Face », et toute sa hiérarchie d’anges furent créés à la première heure du vendredi : les Prêtres à la deuxième, les Trônes à la troisième, les Dominations (ou Sultans) à la quatrième, les Seigneurs à la cinquième, les Puissances à la sixième, les Dix Mille à la septième, les Gouverneurs à la huitième, les Maîtres à la neuvième. Après les Gouverneurs, la hiérarchie des anges gouvernés par Satan fut créée, puis la dixième hiérarchie.
Selon une tradition copte conservée dans le Discours sur Abbatôn, l’Ange de la Mort, de Timothée, archevêque de Rakoti (Alexandrie), l’argile dont Adam fut fait fut apportée par l’ange Mûrîêl du pays d’Orient. [ p. 55 ] Lorsque Dieu eut créé son corps, il le laissa couché pendant quarante jours et quarante nuits sans y mettre de souffle. À la demande de notre Seigneur, qui avait promis de devenir l’avocat d’Adam et de descendre dans le monde, Dieu souffla dans les narines d’Adam le souffle de vie à trois reprises, en disant : « Vis ! Vis ! Vis ! Selon le type de ma divinité. » Alors Adam se leva et adora le Père en disant : « Mon Seigneur et mon Dieu. » (Budge, Martyrdoms coptes, page 482.)]
[LA RÉVOLTE DE SATAN ET LA BATAILLE AU CIEL.]
Et lorsque le prince de l’ordre inférieur des anges vit quelle grande majesté avait été donnée à Adam, il fut jaloux de lui à partir de ce jour-là, et il ne voulut plus l’adorer. Et il dit à ses armées : « Vous ne l’adorerez pas, et vous ne le louerez pas avec les anges. Il convient que vous m’adoriez, car je suis feu et esprit ; et non pas que j’adore une chose faite de poussière, qui a été façonnée de fine poussière. » Et le Rebelle, méditant ces choses [Fol. 5_b_, col. 2], ne voulut pas obéir à Dieu, et de son plein gré, il affirma son indépendance et se sépara de Dieu. Mais il fut emporté du ciel et tomba, et sa chute et celle de toute sa compagnie eut lieu le [ p. 56 ] sixième jour, à la deuxième heure du jour. Et les vêtements de leur gloire leur furent dépouillés. Et son nom fut appelé « Sâtânâ » parce qu’il s’était détourné du droit chemin, et « Shêdâ » parce qu’il fut chassé, et « Daiwâ » parce qu’il avait perdu les vêtements de sa gloire. Et voici, depuis ce temps jusqu’à ce jour, lui et toutes ses armées ont été dépouillés de leurs vêtements, et ils vont nus et ont des visages horribles. Et lorsque Sâtânâ fut chassé du ciel, Adam fut ressuscité afin qu’il puisse monter au Paradis dans un char de feu. Et les anges marchaient devant lui, chantant des louanges, et les Séraphins lui attribuèrent la sainteté, et les Chérubins lui attribuèrent la bénédiction ; et au milieu des cris de joie et des louanges, Adam entra au Paradis. Et dès qu’Adam entra au Paradis, il lui fut interdit de manger d’un certain arbre ; son entrée au ciel eut lieu à la troisième heure de la veille du sabbat (c’est-à-dire le vendredi matin).
**[**NOTES.—Les Pères des Églises d’Égypte et d’Éthiopie traitent en détail l’histoire de la chute de Satan. Selon eux, Satan, ou Satnâêl, fut profondément étonné par la beauté et la splendeur du soleil et de la lune, et le quatrième jour de la semaine, il se déclara qu’il placerait son trône au-dessus des étoiles, [ p. 57 ] et se rendrait égal à Dieu. Une semaine après la création d’Adam, Satan déclara la guerre aux armées du Dieu Tout-Puissant. Ces troupes, commandées par Michel, comprenaient 120 000 cavaliers, 600 000 porteurs de boucliers, 700 000 cavaliers en cotte de mailles sur des chars de feu, 700 000 porteurs de torches, 800 000 anges armés de poignards de feu, 1 000 000 de frondeurs, 500 000 porteurs de haches de feu, 300 000 porteurs de croix de feu et 400 000 porteurs de lampes. Les anges poussèrent leurs cris de guerre et commencèrent à combattre, mais Satan les chargea et les dispersa ; ils se reformèrent, mais Satan les chargea de nouveau et les mit en fuite. Alors Dieu donna aux anges la Croix de Lumière, sur laquelle était inscrit : « Au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. » Et lorsqu’ils attaquèrent les armées des ténèbres sous cette Croix, Satan s’évanouit, et lui et ses forces se retirèrent, et Michel les précipita en enfer. La légende abyssinienne dit que Satan mesurait 1 700 coudées de haut, sa main 70 coudées de long et son pied 7 000 coudées ; sa bouche mesurait 40 coudées de large, son visage était aussi large que la distance d’une journée de marche, et la longueur de ses sourcils était une distance de trois jours de marche. [Extrait du Livre des Mystères du Ciel et de la Terre.] Le prototype du grand combat céleste entre les puissances de la lumière et des ténèbres se trouve dans [ p. 58 ] les textes religieux de l’Égypte ancienne, sous plus d’une forme. Français : Dans la forme la plus ancienne, Seth, , le Diable, se rebelle contre Her-ur,
, le dieu du ciel, dont les principaux symboles sont le soleil et la lune, et est complètement vaincu. Dans la forme suivante, Seth attaque le dieu-soleil R¯a,
, et est détruit par lui ; Le grand allié de Seth, appelé ¯Apep (Apôphis),
, et tous ses démons et diables (les Sebau),
, sont vaincus et brûlés quotidiennement. Sous une autre forme, Seth fait la guerre à Horus, le fils d’Osiris, et à Osiris lui-même, et est vaincu sans partage. La version copte de la légende a été empruntée aux anciens textes hiéroglyphiques, puis christianisée. Comparer avec ce qui suit :
Quand Satan vit Adam assis sur un grand trône, la couronne de gloire sur la tête et le sceptre à la main, et tous les anges l’adorant, il fut rempli de colère. Et quand Dieu lui dit : « Viens aussi, car tu adoreras mon image et ma ressemblance », Satan refusa et, prenant un air arrogant et insolent, il dit : « Il convient qu’il m’adore, car j’étais avant lui. » Voyant son attitude autoritaire, le Père comprit que la méchanceté et la rébellion de Satan avaient atteint leur paroxysme. Il ordonna aux soldats célestes de lui prendre l’autorité écrite qu’il avait en main, de lui arracher son armure et de le précipiter du ciel sur la terre. Satan était le plus grand des anges, et Dieu l’avait établi commandant en chef des armées célestes. Sur le document qu’il tenait en main étaient inscrits les noms de tous les anges sous son commandement. Connaissant leurs noms, son autorité sur eux était absolue. Voyant que les anges hésitaient à lui prendre le document, Dieu leur ordonna d’apporter une faucheuse bien aiguisée et de le poignarder de chaque côté, jusqu’à la colonne vertébrale et les omoplates ; Satan ne put plus se tenir debout. Un chérubin le frappa, lui brisa les ailes et les côtes, et, l’ayant rendu impuissant, il précipita Satan du ciel sur la terre. Il devint alors le Diable suprême et le chef de ceux qui furent chassés du ciel avec lui, et qui désormais étaient des démons. (Extrait de Budge, Coptic Martyrdoms, page 484.)]
[LA CRÉATION D’EVE.]
Et Dieu jeta un sommeil sur Adam, et il s’endormit. Et Dieu prit une côte des reins du côté droit d’Adam, et Il en fit Khâwâ (c’est-à-dire Ève). Et quand Adam se réveilla et vit Ève, [ p. 60 ] il se réjouit grandement d’elle. Et Adam et Ève furent au Paradis, et revêtus de gloire et resplendissants de louanges pendant trois heures. Or, ce Paradis était situé sur une haute chaîne de collines, et il était trente empans – selon la mesure de l’esprit – plus haut que toutes les hautes montagnes, et il entourait toute la terre.
[NOTES.—Dieu n’a pas créé Ève de la terre, afin qu’elle ne soit pas considérée comme quelque chose d’étranger à Adam par nature ; et Il ne l’a pas prise de l’avant d’Adam, afin qu’elle ne s’élève pas contre lui ; ni de l’arrière d’Adam, afin qu’elle ne soit pas considérée comme méprisable ; ni de son côté droit, afin qu’elle ne prenne pas le dessus ; ni de sa tête, afin qu’elle ne cherche pas à avoir d’autorité sur lui ; ni de ses pieds, afin qu’elle ne soit pas piétinée et méprisée aux yeux de son mari ; mais [Il l’a prise] de son côté gauche, car le côté est le lieu qui unit et joint l’avant et l’arrière (Livre de l’Abeille, chapitre xiv, et Bar Hebraeus, Ausar Râzê). De plus, Dieu n’a pas formé Ève de la tête d’Adam, afin qu’elle ne porte pas sa tête fièrement ; ni de ses yeux, afin qu’elle ne soit pas curieuse ; ni de ses oreilles, afin qu’elle ne soit pas indiscrète ; ni de sa bouche, afin qu’elle ne colportât pas ; [ p. 61 ] ni de son cœur, afin qu’elle ne soit pas querelleuse ; ni de sa main, afin qu’elle ne touche pas à tout ; ni de ses pieds, afin qu’elle ne s’égare pas (Berêshîth Rabbah sur Gen. ii. 23).]
Or, le prophète Moïse a dit que Dieu a planté le paradis en Éden et y a placé Adam (Gen. ii. 8).
[NOTES.—Le Paradis était situé sur le mont Éden, au-delà de l’Océan, et il était rempli d’arbres fruitiers. Le grand fleuve qui y prenait sa source se divisait en quatre têtes : PISHÔN, qui coulait à travers Havilâ, où se trouvaient des béryls, de l’or et des pierres précieuses ; GÎHÔN, ou le Nil d’Égypte ; DEKLATH (le Tigre), qui coule à travers l’Assyrie ; et PERATH (l’Euphrate). Les gardiens du Paradis étaient Énoch et Élie, et c’est en lui que résidaient les âmes des justes. Les âmes des pécheurs résidaient dans un lieu profond, hors d’Éden. L’arbre du bien et du mal qui était au Paradis ne possédait pas ces propriétés naturellement, mais seulement par l’action qui était accomplie par son moyen. Adam et Ève ne sont pas devenus nus et ne sont pas morts de la mort du péché parce qu’ils ont désiré et mangé du fruit du figuier, mais parce qu’ils ont transgressé la loi. L’arbre dont ils se nourrissaient était peut-être le figuier, le dattier, la vigne ou le [ p. 62 ] ethrôg (cédrat). Le mont Éden est probablement l’origine du Jabal Kâf des Arabes, une chaîne de montagnes qui entoure le monde entier.]
[LE SYMBOLISME DE L’EDEN.]
Or, l’Éden est la Sainte Église, et l’Église [Fol. 6_a_, col. 2] est la compassion de Dieu, qu’il allait étendre aux enfants des hommes. Car Dieu, selon sa prescience, savait ce que Satan avait comploté contre Adam, et c’est pourquoi il a placé Adam d’avance dans le sein de sa compassion, comme le chante à son sujet le bienheureux David dans le Psaume (xc), en disant : « Seigneur, tu as été pour nous une demeure de génération en génération », c’est-à-dire : « Tu as fait de nous une demeure dans ta compassion. » Et, lorsqu’il implorait Dieu pour la rédemption des enfants des hommes, David dit : « Souviens-toi de ton Église, que tu as acquise autrefois » (Ps. lxxiv. 2), c’est-à-dire : « [Souviens-toi] de ta compassion, que tu vas répandre sur notre faible race. » L’Éden est la Sainte Église, et le Paradis qui s’y trouvait est la terre de repos et l’héritage de vie que Dieu a préparé pour tous les saints enfants des hommes. Et parce qu’Adam était prêtre, roi et prophète, Dieu l’a amené au Paradis pour qu’il puisse exercer son ministère en Éden, le [ p. 63 ] Sainte Église, comme le bienheureux Moïse en témoigne, disant : « Afin qu’il serve Dieu par le ministère sacerdotal avec louange, et qu’il garde le commandement qui lui avait été confié par la compassion de Dieu » (Gen. ii. 15, 16 ?). Et Dieu a fait habiter Adam et Ève dans le Paradis. Cette parole est vraie, et elle proclame la vérité : cet Arbre de Vie qui était au milieu du Paradis préfigurait la Croix Rédemptrice, qui est le véritable Arbre de Vie, et c’est lui qui était fixé au milieu de la terre.
[L’ATTAQUE DE SATAN CONTRE ADAM ET ÈVE.]
Et quand Satan vit qu’Adam et Ève étaient heureux et joyeux au Paradis, ce Rebelle fut frappé d’une terrible jalousie et fut rempli de colère. Il alla se réfugier dans le serpent, le releva et le fit voler dans les airs jusqu’aux confins du mont Éden, où se trouvait le Paradis. Pourquoi Satan entra-t-il dans le corps du serpent et s’y cacha-t-il ? Parce qu’il savait que son apparence était repoussante et que si Ève voyait sa forme, elle s’enfuirait aussitôt devant lui. Or, l’homme qui voulait enseigner le grec à un oiseau – l’oiseau qui peut apprendre le langage des hommes [ p. 64 ] est appelé « babbaghah » (c’est-à-dire perroquet) – apporte d’abord un grand miroir et le place entre lui et l’oiseau. Il se met alors à parler à l’oiseau. Aussitôt le perroquet entend la voix de l’homme, il se retourne et, voyant sa propre forme se refléter dans le miroir, il est aussitôt ravi, car il s’imagine qu’un autre perroquet lui parle. Alors, il tend l’oreille avec plaisir et écoute les paroles de l’homme qui lui parle, et il est avide d’apprendre et de parler grec. C’est ainsi (c’est-à-dire pour faire croire à Ève que c’était le serpent qui lui parlait) que Satan entra et habita dans le serpent. Il guetta l’occasion, et lorsqu’il vit Ève seule (Fol. 7a, col. 1), il l’appela par son nom. Et lorsqu’elle se retourna vers lui, elle vit sa propre forme se refléter en lui, et elle lui parla ; et Satan la séduisit par ses paroles mensongères, car la nature de la femme est douce.
Ève, ayant entendu parler de cet arbre, courut aussitôt vers lui, cueillit le fruit de la désobéissance de l’arbre de la transgression, et en mangea. Aussitôt, elle se trouva nue, et elle vit l’odieuse honte de sa honte, et elle s’enfuit nue, et se cacha dans un autre arbre, et couvrit sa nudité de ses feuilles. Elle cria à Adam, et il vint à elle, et elle lui donna du fruit qu’elle avait mangé, et il en mangea aussi. Et après avoir mangé, il devint nu aussi, et lui et Ève se firent des ceintures pour les reins avec des feuilles de figuier ; et ils furent revêtus de ces ceintures d’ignominie pendant trois heures. À midi, ils reçurent leur sentence. Dieu leur fit des tuniques de peau prélevée sur les arbres, c’est-à-dire d’écorce d’arbre, car les arbres du paradis avaient une écorce tendre, plus douce que le byssus et la soie dont sont faits les vêtements des rois. Dieu les revêtit de cette peau tendre, ainsi étendue sur un corps d’infirmités.
[NOTES.—Les Pères de l’Église éthiopienne soulignent la difficulté que Satan rencontra à entrer au Paradis. Il savait qu’il ne pourrait pas exécuter son plan pour ruiner Adam s’il entrait au Paradis sous sa propre forme, et il décida qu’il devait prendre la forme d’un oiseau, d’un animal ou d’un reptile pour réussir. Il s’adressa à l’oiseau blanc Arzel, à l’oiseau vert Besel et à un oiseau rouge, mais aucun ne refusa de le conduire à l’endroit où se trouvait Ève. Puis il s’adressa à [ p. 66 ] l’éléphant, le lion, le léopard, la hyène et le sanglier ; les quatre premiers refusèrent catégoriquement de faire ce que Satan souhaitait, et le sanglier tenta de l’entailler avec ses défenses. Sur ce, Satan prit la fuite. Il se rendit ensuite auprès de l’animal Sereg, communément appelé « le fossoyeur », mais celui-ci refusa de l’aider. Satan s’approcha alors de l’animal appelé « Taman », « dont la partie antérieure ressemblait à un petit de chameau ». Cette créature accepta de l’aider et, monté sur son dos, Satan entra au Paradis et se tint devant Ève. Le serpent devint son porte-parole, et Ève l’écouta et mangea du fruit. Selon le « Livre des Mystères du Ciel et de la Terre », l’arbre était appelé « Sezen », et chaque grappe contenait 150 000 grains, ou baies. Il est décrit comme un arbre grand et beau, et a été identifié au « Sendâlê », ou arbre à bois de santal. Selon les mêmes autorités, l’Arbre de Vie était le prototype de la Croix sur laquelle notre Seigneur fut crucifié.]
[Le séjour d’Adam au Paradis.]
À la troisième heure du jour, Adam et Ève montèrent au Paradis, et pendant trois heures ils en jouirent ; pendant trois heures, ils furent dans la honte et le déshonneur, et à la [ p. 67 ] heure, leur expulsion du Paradis eut lieu. Et tandis qu’ils sortaient tristement, Dieu parla à Adam et le réconforta, et lui dit : « Ne sois pas triste, ô Adam, car je te rendrai ton héritage. Vois, vois combien je t’ai aimé ! Car, bien que j’aie maudit la terre à cause de toi, je t’ai néanmoins soustrait à l’opération de la malédiction. Quant au serpent [Fol. 7_b_, col. 1], j’ai enchaîné ses jambes dans son ventre, et je lui ai donné la poussière de la terre pour nourriture ; et j’ai lié Ève sous le joug de la servitude. Puisque tu as transgressé mes commandements, sors, mais ne sois pas triste. Après l’accomplissement des temps que j’ai fixés pour ton exil hors du Paradis, dans le pays maudit, voici que j’enverrai mon Fils. Il descendra du ciel pour ta rédemption, séjournera dans une Vierge et revêtira un corps de chair, et par lui ta rédemption et ton retour s’opéreront. Ordonne à tes fils d’embaumer ton corps après ta mort avec de la myrrhe, de la casse et de la stakte. Ils te placeront dans cette caverne où je te fais habiter aujourd’hui, jusqu’au moment où tu seras expulsé des régions du Paradis vers la terre qui est en dehors. Et quiconque restera en ces jours-là prendra [ p. 68 ] ton corps avec lui, et [Fol. 7_b_, col. 2] le déposera à l’endroit que je lui indiquerai, au centre de la terre ; car c’est en ce lieu que la rédemption sera effectuée pour toi et pour tous tes enfants. Et Dieu révéla à Adam tout ce que le Fils souffrirait pour lui.
[L’expulsion d’Adam du Paradis.]
Et quand Adam et Ève furent sortis du Paradis, la porte du Paradis fut fermée, et un chérubin portant une épée à deux tranchants se tenait près d’elle. [Selon le Livre de l’Abeille, le chérubin, ou, comme certains le pensent, une « forme terrible dotée d’un corps », était armé d’une lance et d’une épée, chacune étant faite de feu.]
Et Adam et Ève descendirent en esprit sur les montagnes du Paradis, et ils trouvèrent une caverne au sommet de la montagne, et ils entrèrent et s’y cachèrent.
[NOTES.—Quand Adam et Ève quittèrent le Paradis, ils n’avaient plus de fruits, de vin, de pain et de viande pour vivre, et ils subsistaient de céréales cuites, de légumes et d’herbes de la terre, dont ils mangeaient avec parcimonie. De plus, les quadrupèdes, les oiseaux et les reptiles se rebellèrent contre eux, et certains d’entre eux devinrent leurs ennemis et leurs adversaires. Livre de l’Abeille (chapitre xvii.)]
[ p. 69 ]
Adam et Ève étaient vierges, et Adam désira connaître Ève, sa femme. Adam prit des bords de la montagne du Paradis de l’or, de la myrrhe et de l’encens, et il les déposa dans la grotte. Il bénit la grotte et la consacra pour qu’elle soit une maison de prière pour lui et ses fils. Il appela la grotte « ME`ÂRATH GAZZÊ » (c’est-à-dire « GROTTE DES TRÉSORS ») [Fol. 8_a_, col. 1].
Adam et Ève descendirent donc de cette montagne sainte [d’Éden] sur les pentes qui se trouvaient en contrebas, et c’est là qu’Adam connut Ève, sa femme. [Une note marginale dans le manuscrit indique qu’Adam connut Ève trente ans après leur sortie du Paradis.] Ève conçut et enfanta Caïn et Lebhûdhâ, sa sœur, avec lui ; Ève conçut de nouveau et enfanta Hâbhîl (Abel) et Kelîmath, sa sœur, avec lui. [Le Livre de l’Abeille fait de Kelîmath la sœur jumelle de Caïn, et de Lebhûdhâ la sœur jumelle d’Abel.] Et lorsque les enfants furent grands, Adam dit à Ève : « Que Caïn prenne pour femme Kelîmath, qui fut enfantée avec Abel, et qu’Abel prenne pour femme Lebhûdhâ, qui fut enfantée avec Caïn. » Et Caïn dit à Ève, sa mère : « Je prendrai pour femme ma sœur jumelle Lebhûdhâ, et qu’Abel prenne pour femme sa sœur jumelle Kelîmath. » Or, Lebhûdhâ était belle. Lorsqu’Adam entendit ces paroles, qui lui déplut extrêmement, il dit : « Ce serait une transgression du commandement pour toi de prendre pour femme ta sœur, qui est née avec toi. Néanmoins, prenez pour vous des fruits des arbres et des petits de brebis, et montez au sommet de cette montagne sainte. Ensuite, entrez dans la Caverne des Trésors, offrez vos offrandes et faites vos prières, puis vous vous lierez avec vos femmes. » Et il arriva que, tandis qu’Adam, le premier prêtre, et Caïn et Abel, ses fils, montaient au sommet de la montagne, Satan entra en Caïn et le persuada de tuer Abel, son frère, à cause de Lebhûdhâ. Et comme son offrande fut rejetée et non agréée par Dieu, tandis que celle d’Abel fut agréée, la jalousie de Caïn envers son frère Abel s’accrut. Et lorsqu’ils descendirent dans la plaine, Caïn se leva contre son frère Abel et le tua d’un coup de pierre. Alors, aussitôt, Caïn reçut la sentence de mort, au lieu de malédictions, et il devint un fugitif et un vagabond tous les jours de sa vie. Et Dieu le chassa en exil dans une certaine partie de la forêt de Nôdh, et Caïn prit pour femme sa sœur jumelle et y établit sa demeure.
[NOTES.—Adam transporta Abel à la Caverne des Trésors et l’y enterra. Il plaça à côté du corps une lampe qui brûlait jour et nuit. Abel avait quinze ans et demi lorsque Caïn, qui avait dix-sept ans et demi, le tua. Adam et Ève pleurèrent Abel, profondément attristés, pendant cent quarante jours. Livre d’Adam et Ève (II, 1.)]
[La naissance de Seth.]
Adam et Ève pleurèrent Abel pendant cent ans. Adam connut alors sa femme, et elle enfanta Seth, le Bel, un homme puissant et parfait comme Adam, qui devint le père des hommes puissants qui vécurent avant le Déluge.
[NOTES.—Seth naquit la 130e année d’Adam (Gen. v. 3), mais le Livre de l’Abeille indique que c’était la 230e année. Adam, Seth et ses fils habitaient au sommet du mont Éden, tandis que Caïn et ses enfants vivaient dans la plaine en contrebas.]
[La postérité de Seth.]
Et à Seth naquit Ânôsh (Enos), et Ânôsh engendra Kainân (Caïnan), et Kainân engendra Mahlâlâîl (Mahalaleel). Ce sont là les Patriarches qui naquirent aux jours d’Adam.
[La mort d’Adam.]
Et quand Adam eut vécu neuf cent trente ans, c’est-à-dire jusqu’à la cent trente-cinquième année de Mahlâlâîl, le jour de sa mort approcha et arriva. Et Seth, son fils, et Ânôsh, et Kainân, et Mahlâlâîl se rassemblèrent et vinrent à lui. Et ils furent bénis par lui, et il pria sur eux. Et il commanda à son fils Seth, et lui dit : « Observe, mon fils Seth, ce que je te commande aujourd’hui, et fais-le, le jour de ta mort. Donne mon ordre à Ânôsh, et répète-le-lui, et qu’il le répète à Kainân, et Kainân le répétera à Mahlâlâîl [Fol. 8_b_, col. 2], et que ce [mon] commandement soit transmis à toutes vos générations. Et quand je mourrai, embaumez-moi de myrrhe, de casse et de stakte, et déposez mon corps dans la Caverne des Trésors. Et quiconque restera de vos générations en ce jour-là, lorsque vous quitterez ce pays qui entoure le Paradis, emportera mon corps avec lui, le prendra et le déposera au centre de la terre, car c’est en ce lieu que la rédemption sera effectuée pour moi et pour tous mes enfants. Et toi, ô mon fils Seth, sois gouverneur des fils de ton peuple. Tu les gouverneras avec pureté et sainteté, dans la crainte de Dieu. Et gardez votre descendance séparée de la descendance de Caïn, le meurtrier.
Et lorsque la nouvelle « Adam est en train de mourir » fut connue de tous, toute sa descendance se rassembla et vint à lui, c’est-à-dire Seth, son fils, et Ânôsh, et Kainân et Mahlâlâîl, eux et leurs femmes [Fol. 9_a_, col. 1], et leurs fils, et leurs filles ; et Adam les bénit. Et la sortie d’Adam de ce monde eut lieu la neuf cent trentième année — selon le calcul depuis le commencement — le quatorzième jour de la lune, le sixième jour du mois de Nîsân (avril), à la neuvième heure, le jour de la veille du sabbat (c’est-à-dire du vendredi). À l’heure même où le Fils de l’homme rendit son âme à son Père sur la Croix, notre père Adam rendit son âme à Celui qui l’avait façonné ; et il quitta ce monde.
[L’enterrement d’Adam.]
Et quand Adam fut mort, son fils Seth l’embauma, comme Adam le lui avait ordonné, avec de la myrrhe, de la casse et de la stakte. Or, le corps d’Adam fut le premier corps enterré sur la terre. Et le chagrin pour lui fut extrême, et Seth [et ses fils] pleurèrent sa mort pendant cent quarante jours. Puis ils transportèrent le corps d’Adam au sommet de la montagne et l’ensevelirent dans la Caverne des Trésors. Et après que les familles et les peuples des enfants de Seth eurent enterré Adam, ils se séparèrent des enfants de Caïn, [ p. 74 ] le meurtrier. Et Seth prit Ânôsh [Fol. 9_a_, col. 2], son premier-né, et Kainân, et Mahlâlâîl, et leurs femmes et leurs enfants, et les conduisit sur la montagne glorieuse où Adam fut enterré; et Caïn et toute sa descendance restèrent en bas dans la plaine où Caïn tua Abel.
[La règle de Seth.]
Seth devint gouverneur des enfants de son peuple, et il les gouverna dans la pureté et la sainteté. Et à cause de leur pureté, ils reçurent le nom, qui est le plus beau de tous les noms, et furent appelés « fils de Dieu », eux, leurs femmes et leurs fils. Ainsi, ils vécurent sur cette montagne en toute pureté et sainteté, et dans la crainte de Dieu. Ils montèrent sur les pentes du Paradis, et ils devinrent des louanges et des glorificateurs de Dieu à la place de cette armée de démons tombés du ciel. Là, ils demeurèrent dans la paix et le bonheur : ils n’avaient aucune raison de s’inquiéter, rien ne les lassait ni ne les troublait, et ils n’avaient rien d’autre à faire que louer et glorifier Dieu, avec les anges. Car ils entendaient continuellement les voix des anges qui chantaient des louanges dans le Paradis, qui n’était pas situé très haut au-dessus d’eux – en fait, seulement une trentaine de empans – selon la mesure de l’esprit. Ils ne souffraient [ p. 75 ] ni labeur ni fatigue, ils n’avaient ni temps pour les semailles ni pour la récolte, mais ils se nourrissaient des fruits délicieux d’arbres glorieux de toutes sortes, et ils savouraient le doux parfum des brises qui leur étaient apportées du Paradis. [Ainsi vivaient] ces saints hommes, qui étaient vraiment saints, et leurs femmes étaient pures, et leurs fils étaient vertueux, et leurs filles étaient chastes et sans tache. Il n’y avait en eux aucune pensée rebelle, aucune envie, aucune colère, aucune inimitié. Chez leurs femmes et leurs filles, il n’y avait aucun désir impur, et on n’entendait parmi elles ni lascivité [Fol. 9_b_, col. 2], ni malédiction, ni mensonge. Le seul serment qu’ils utilisaient en jurant était : « Par le sang d’Abel. » Et eux, leurs femmes et leurs enfants se levaient tôt le matin, montaient au sommet de cette montagne sainte et adoraient Dieu. Ils étaient bénis par le corps d’Adam, leur père, et ils levaient les yeux vers le Paradis et louaient Dieu ; et ils firent ainsi tous les jours de leur vie.
**[**NOTES.—Selon le Livre de l’Abeille (chapitre xviii), Adam vécut 930 ans, et Seth vécut 913 ou 905 ans. Seth avait 250 ans (105 ans dans Gen. v. 6) lorsqu’il engendra Énos. « Au temps de Seth, la connaissance des livres se répandit sur la terre ; mais l’Église ne l’accepte pas. » Selon le Livre d’Adam (ii. 5), Seth connaissait le bien et le mal à l’âge de sept ans, et il passait ses jours et ses nuits dans le jeûne et la prière, et il faisait une offrande à Dieu chaque jour. Satan lui apparut et tenta de le persuader de quitter la montagne sainte, d’aller vivre avec lui et d’épouser une de ses femmes. Mais Seth lui résista ; il monta sur l’autel de Dieu et le chassa. À quinze ans, Seth fut marié à Aklia, la sœur d’Abel, et à vingt ans, il engendra Énos.
Et lorsque Seth eut vécu neuf cent treize ans, il tomba malade à la mort. Et Ânôsh, son fils, et Kainân, et Mahlâlâîl, et Yârêd (Jared), et Henôkh (Enoch), et leurs femmes et leurs fils, se rassemblèrent et vinrent à lui, et ils furent bénis par lui. Et il pria sur eux, et leur donna des ordres, et les fit prêter serment, et leur dit [Fol. 10_a_, col. 1] : « Je vous ferai prêter serment et jurer par le sang saint d’Abel, qu’aucun de vous ne descendra de cette montagne sainte vers les enfants de Caïn, le meurtrier. Car vous savez bien l’inimitié qui existe entre nous et Caïn depuis le jour où il tua Abel. » Et Seth bénit Ânôsh, son fils ; et lui donna des ordres [ p. 77 ] concernant le corps d’Adam, et il l’établit sur les enfants de son peuple. Et Seth les gouverna dans la pureté et la sainteté, et il servit avec diligence devant le corps d’Adam. Et Seth mourut à l’âge de neuf cent douze ans, le vingt-septième jour du mois béni d’Âbh (août), le deuxième jour de la semaine (lundi), à la troisième heure, dans la vingtième année de la vie d’Hénoch. Et Ânôsh, le fils aîné de Seth, embauma son corps et l’enterra dans la Caverne des Trésors, avec son père Adam ; et ils firent pour lui un deuil de quarante jours.
[NOTES.—Le Livre d’Adam (ii. 12) dit que Seth fut embaumé avec des épices douces et couché sur le côté droit du corps d’Adam, mais il n’y a aucune preuve que les Hébreux connaissaient l’art de la momification avant d’avoir des relations avec l’Égypte.]
[La Règle d’Ânôsh.]
Et Anôsh se leva pour servir Dieu dans la Caverne des Trésors. Il devint le gouverneur des enfants de son peuple, et il observa tous les commandements que son père Seth lui avait prescrits, et il les exhorta à être constants dans la prière.
[ p. 78 ]
[NOTES. — D’après le Livre de l’Abeille (chapitre xviii), Ânôsh avait deux cent quatre-vingt-dix ans (quatre-vingt-dix ans dans Gen. v. 9) lorsqu’il engendra Kaïnân ; et Ânôsh invoqua pour la première fois le nom du Seigneur. Certains disent qu’il composa le premier des livres sur le cours des étoiles et les signes du zodiaque.]
Or, au temps d’Ânôsh, dans sa huit cent vingtième année, Lémec l’aveugle tua Caïn, le meurtrier, dans la forêt de Nôdh. Or, le meurtre eut lieu de la manière suivante. Tandis que Lémec s’appuyait sur le jeune homme, son fils [Tubal-Caïn], et que le jeune homme tendait le bras de son père dans la direction où il voyait la proie, il entendit le bruit de Caïn qui se déplaçait dans la forêt. Or, Caïn était incapable de rester immobile et de se taire. Lémec, pensant que c’était une bête sauvage qui se déplaçait dans la forêt, leva le bras, se prépara, banda son arc et décocha une flèche [Fol. 10_b_, col. 1] vers cet endroit. La flèche atteignit Caïn entre les deux yeux, qui tomba et mourut. Lémec, pensant avoir tué du gibier, parla au jeune homme, et dit : « Dépêche-toi, et voyons quel gibier nous avons tué. » Ils arrivèrent à cet endroit, et le jeune homme sur lequel Lémec s’appuyait regarda, et il lui dit : « Mon seigneur, tu as tué Caïn. » Lémec agita ses mains pour les frapper l’un contre l’autre, et en faisant cela, il frappa le jeune homme et le tua aussi.
[NOTES.—Le Livre d’Adam (ii. 13) dit que Lémec était armé d’un arc, de grandes flèches, d’une fronde et de pierres lisses. Une flèche transperça un côté de Caïn, et une pierre de sa fronde lui creva les deux yeux. Lémec frappa accidentellement le jeune homme qui le menait, mais il lui fracassa ensuite la tête avec une pierre. Il existe de nombreuses versions de cette histoire en arabe, en éthiopien et en hébreu, mais elles concordent toutes sur des détails essentiels. Selon le Livre de l’Abeille (chapitre xviii), l’enclume, le marteau et les tenailles furent inventés par Tubal-Caïn et Jubal, qui fabriquèrent également des instruments de musique, des harpes et des flûtes ; des diables vivaient dans les flûtes et y chantaient.]
Et quand Ânôsh eut vécu neuf cent cinq ans, et qu’il fut malade à la mort, tous les patriarches se rassemblèrent et vinrent à lui, savoir : Kaïnân, son fils premier-né, Mahlâlâîl, Yârêd, Énoch, Mathusalem, eux, leurs femmes et leurs fils. Et ils furent bénis par lui, et il pria pour eux, leur donna des ordres, et leur parla, disant : « Je vous ferai jurer par le sang saint d’Abel que nul d’entre vous ne descendra de cette montagne dans la plaine, ni dans le camp des fils de Caïn, le meurtrier ; et vous ne vous mêlerez pas à eux. » Prenez bien garde à cela, car vous savez bien quelle inimitié existe entre nous et eux depuis le jour où Caïn tua Abel. Il bénit Kaïn, son fils, et lui ordonna, au sujet du corps d’Adam, de le servir tous les jours de sa vie et de gouverner les enfants de son peuple dans la pureté et la sainteté. Ânôsh mourut à l’âge de neuf cent cinq ans, le troisième jour du mois d’octobre, le jour du sabbat, la cinquante-troisième année de la vie de Mathusalem. Kaïn, son premier-né, l’embauma et l’enterra dans la Caverne des Trésors, auprès d’Adam et de Seth, son père. Ils firent pour lui un deuil de quarante jours.
[NOTES.—Le Livre d’Adam (ii. 14) dit qu’Ânôsh avait 985 ans lorsqu’il mourut, et qu’il fut déposé à la gauche d’Adam dans la Caverne des Trésors.]
[La règle de Kainân.]
Et Kainân se leva devant Dieu pour exercer son ministère dans la Caverne des Trésors. C’était un homme honorable et pur, et il gouvernait les enfants de son peuple dans la crainte absolue de Dieu, et il accomplissait tous les commandements d’Ânôsh, son père. Et lorsque Kainân eut vécu neuf cent vingt ans, et qu’il fut malade à la mort, tous les Patriarches se rassemblèrent et vinrent à lui, à savoir Mahlâlâîl son fils, et Yârêd, et Énoch, Mathusalem et Lamech, eux, leurs femmes et leurs enfants, et furent bénis par lui. Il pria sur eux et leur donna cet ordre : « Je vous ferai jurer par le sang sacré d’Abel que nul d’entre vous ne descendra de cette montagne sainte dans le camp des fils de Caïn, le meurtrier, car vous savez tous bien quelle inimitié existe entre nous et eux depuis le jour où il a tué Abel. » Il bénit son fils Mahlâlâîl, le réprimanda au sujet du corps d’Adam et lui dit : « Voici, ô mon fils Mahlâlâîl, officie devant Dieu avec pureté et sainteté [Fol. 11_a_, col. 2] dans la Caverne des Trésors, et ne t’éloigne pas de la présence du corps d’Adam tous les jours de ta vie. Sois le gouverneur des enfants de ton peuple, et gouverne-les avec pureté et sainteté. » Kainân mourut, âgé de neuf cent vingt ans, le treizième jour du mois de Hezêrân (juin), [ p. 82 ], le quatrième jour de la semaine (mercredi), à midi, la soixantième année de Lamech, père de Noé. Mahlâlâîl, son fils, l’embauma et l’enterra dans la Caverne des Trésors ; et on le deuilla quarante jours.
[NOTES.—Selon Gen. v. 12, Kainân avait 70 ans lorsqu’il engendra Mahlâlâîl, mais le Livre de l’Abeille donne 140 ans. Le Livre d’Adam dit que le peuple fit « des offrandes pour lui, selon la coutume de leurs pères », une affirmation qui semble suggérer que les Hébreux non seulement momifiaient leurs morts, mais leur présentaient des offrandes funéraires, à la manière des Égyptiens.]
[La règle de Mahlâlâîl.]
Et Mahlâlâîl se leva et servit devant Dieu à la place de Kainân, son père. Il était constant dans la prière jour et nuit, et il exhortait instamment les enfants de son peuple à observer la sainteté et la pureté, et à prier sans cesse. Et lorsque Mahlâlâîl eut vécu huit cent quatre-vingt-quinze ans [Fol. 11_b_, col. 1], et que le jour de son départ approcha, et qu’il fut malade à la mort, tous les patriarches se rassemblèrent et vinrent à lui, à savoir : Yârêd, son [ p. 83 ] premier-né, et Énoch, Mathusalem, Lamech et Noé, eux, leurs femmes et leurs enfants, et furent bénis par lui. Il pria sur eux et leur donna cet ordre : « Je vous ferai jurer par le sang saint d’Abel que nul de vous ne descendra de cette montagne sainte. Et vous ne permettrez à aucun de vos descendants de descendre dans la plaine, vers les fils de Caïn, le meurtrier, car vous savez tous bien quelle inimitié existe entre nous et eux depuis le jour où il tua Abel. » Il bénit Yârêd, son premier-né, et lui donna cet ordre concernant le corps d’Adam, et lui révéla le lieu où il devait se préparer à aller. Il lui donna également cet ordre et le fit jurer : « Tu ne t’éloigneras pas du corps de notre père Adam tous les jours de ta vie, et tu seras le chef des enfants de ton peuple, et tu les gouverneras avec chasteté et sainteté. » Mahlâlâîl mourut, âgé de huit cent quatre-vingt-quinze ans, le deuxième jour du mois de Nîsân (avril), le premier jour de la semaine (dimanche), à la troisième heure du jour, la trente-quatrième année de la vie de Noé. Yârêd, son premier-né, l’embauma et l’enterra dans la Caverne des Trésors. Le peuple le pleura quarante jours.
[ p. 84 ]
[NOTES.—Selon Gen. v. 15, Mahlâlâîl avait 65 ans lorsqu’il engendra Yârêd, mais le Livre de l’Abeille donne 165 ans ; le Livre d’Adam (ii. 16) dit qu’il tomba malade à 870 ans. Ce dernier ouvrage fait dire au Patriarche à Yârêd que le peuple descendra de la montagne, se mêlera aux enfants de Caïn et périra avec eux.]
[La Règle de Yârêd.]
Et Yârêd, son fils, se leva et servit devant Dieu [dans la Caverne des Trésors]. C’était un homme parfait, accompli en toutes les vertus, et il priait assidument jour et nuit. Et grâce à l’excellence de sa vie et de sa conduite, ses jours furent plus longs que ceux de tous les enfants de son peuple. Et du temps de Yârêd, dans la cinq centième année de sa vie, les enfants de Seth violèrent les serments que leurs pères leur avaient fait prêter. Et ils commencèrent à descendre de la montagne sainte vers le camp de l’iniquité [Fol. 12_a_, col. 1] des enfants de Caïn, le meurtrier, et c’est ainsi que la chute des enfants de Seth eut lieu.
[NOTES.—Le Livre d’Adam (ii. 17) dit que Yârêd continua à gouverner le peuple avec succès jusqu’à la fin de la 485e année de sa vie. [ p. 85 ] À ce moment, Satan et trente de ses démons apparurent à Yârêd sous la forme de beaux hommes et l’appelèrent de la Caverne des Trésors. Il sortit vers eux, pensant qu’ils étaient des étrangers et leur demanda qui ils étaient. En réponse, Satan lui dit qu’il était Adam et que parmi ses compagnons se trouvaient Abel, Seth, Énos, Caïnan et d’autres parents de Yârêd. Il invita Yârêd à venir avec lui et à vivre avec lui dans le jardin que Dieu lui avait donné, et finalement Yârêd se laissa persuader de quitter la Caverne et de partir avec lui. Lorsqu’ils arrivèrent au sommet de la montagne des fils de Caïn, Satan prétendit avoir laissé un vêtement à Yârêd près de la Caverne, et envoya l’un de ses démons le chercher, lui ordonnant en même temps d’éteindre la lampe qui brûlait dans la Caverne, près du corps d’Adam. Satan et Yârêd se reposèrent près d’une fontaine, et de la nourriture leur fut apportée par les fils et les filles de Caïn, mais Yârêd refusa de manger et de boire. Satan le supplia de mettre de côté sa tristesse et d’agir comme il allait le faire. Alors, Satan et cinq de ses démons saisirent chacun une femme et commettèrent la fornication avec elle. Voyant cette démonstration d’iniquité, Yârêd fondit en larmes et commença à prier Dieu d’être délivré de cet endroit. Lorsqu’il commença à prier, les démons prirent la fuite, et Dieu envoya un ange qui le ramena [ p. 86 ] sur sa montagne sacrée. Lorsqu’il retourna à la Grotte, son peuple lui apprit que la lampe s’était éteinte, que les corps des Patriarches avaient été dispersés et que des voix s’en étaient élevées. En entrant dans la Grotte, une voix lui parvint du corps d’Adam, l’avertissant de se méfier de Satan et de ses ruses, et lui ordonnant de rallumer la lampe avec le feu de l’autel où Adam avait servi. La lampe fut rallumée à la fin de la 450e année de la vie de Yârêd. Quatre-vingts ans plus tard, son peuple commença à descendre vers les enfants de Caïn et à se mêler à leurs femmes.]
ET LA QUARANTIÈME ANNÉE DE YÂRÊD, LES MILLE PREMIERS ANS, D’ADAM À YÂRÊD, PEUVENT PRENDRE FIN.
Et dans ces années-là, les artisans du péché et les disciples de Satan apparurent, car il était leur maître, et il entra et demeura en eux, et il répandit en eux l’esprit de l’opération d’erreur, par laquelle la chute des enfants de Seth devait avoir lieu.