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LES SOURCES DE LA « GROTTE AUX TRÉSORS » ET SON CONTENU.
Au cours des siècles précédant immédiatement l’ère chrétienne, certains scribes juifs professionnels ont composé un certain nombre d’ouvrages que l’on pourrait qualifier de « romans historiques », basés sur l’histoire des patriarches et d’autres personnes, telle qu’elle se trouve dans les quatre principales parties du texte de la Bible hébraïque. Il ne fait guère de doute que la plupart de ces ouvrages ont été rédigés en hébreu ou dans la langue vernaculaire palestinienne de l’époque. L’un des plus anciens de ces ouvrages semble être le « Livre des Jubilés » (voir page 3 (Planches n° Figure 003)), (également appelé « Petite Genèse » et « Apocalypse de Moïse »), qui tire son nom du fait que les périodes qui y sont décrites sont des Jubilés, c’est-à-dire que chaque période compte quarante-neuf ans. Il s’agit plus ou moins d’un [ p. 2 ] Commentaire sur le Livre de la Genèse. L’existence d’une version grecque de ce livre est prouvée par les citations d’Épiphane, évêque de Salamine à Chypre (né vers 320 apr. J.-C. et mort en 403 ou 404), dans son ouvrage sur les « Hérésies » (chapitre xxxix). L’auteur affirme avec audace que son ouvrage contient les révélations faites à Moïse sur ordre de Dieu par l’archange Michel, souvent décrit comme « l’Ange de la Face ». Le livre n’est pas entièrement original, car il contient des récits et des traditions tirés d’œuvres d’auteurs antérieurs ; et certaines légendes semblent avoir été tirées de sources babyloniennes anciennes. L’original hébreu, ou araméen, est perdu, et l’ouvrage complet n’existe qu’en éthiopien, langue dans laquelle il est connu sous le nom de « Kûfâlê », ou « Sections ». La traduction éthiopienne a été réalisée à partir du grec.
Une autre œuvre préchrétienne, également écrite par un Juif, est le « Livre d’Hénoch », qui existe aujourd’hui sous une forme plus ou moins complète, uniquement dans une traduction éthiopienne, réalisée à partir du grec. Cet ouvrage est cité par saint Jude (vv. 14, 15), et il ne fait guère de doute que pendant trois ou quatre siècles son autorité, tant parmi les Juifs que parmi les Chrétiens des premier et deuxième siècles de notre ère, fut très grande. On peut douter que le « Livre d’Hénoch », tel que nous l’a fait connaître [ p. 4 ] la version éthiopienne, représente véritablement l’œuvre hébraïque originale ; en fait, il semble certain que non. Il contient une série de fragments ou de parties d’œuvres, de caractère assez similaire, qui ont été assemblés, puis complétés par des auteurs de différentes écoles de pensée religieuse à différentes époques. Dans certaines parties, on a trouvé des traces de croyances qui ne sont ni juives ni chrétiennes. (Voir page 5.)
Au cours des premiers siècles de l’ère chrétienne, des œuvres apocryphes traitant de notre Seigneur, de ses apôtres et de ses disciples parurent de temps à autre. Bien qu’écrites par des chrétiens, elles contenaient de nombreuses légendes et traditions empruntées à des auteurs juifs et chrétiens antérieurs. Ces œuvres étaient très populaires parmi les communautés chrétiennes d’Égypte et de Syrie, car la soif d’informations sur notre Seigneur, sa vie et ses œuvres, ainsi que sur les aventures et les succès des apôtres en Afrique, en Asie occidentale, en Inde et ailleurs, était immense. Parallèlement à cette littérature apocryphe, des œuvres parurent en Égypte et en Syrie, traitant de l’histoire de l’Ancien Testament et s’efforçant d’en expliquer les difficultés. Mais bien que le patriarche, l’évêque et le prêtre lisent les Écritures et [ p. 6 ] les commentaires qu’ils en faisaient au peuple et instruisaient oralement leurs congrégations à chaque occasion possible, il y avait dans l’ancienne religion juive, à partir de laquelle de nombreux aspects de la religion chrétienne s’étaient développés, beaucoup de choses que les laïcs ne comprenaient pas. D’un côté, les chrétiens illettrés entendaient les Juifs dénoncer le Christ et ses disciples, et de l’autre, leurs enseignants leur enseignaient que le Christ était un descendant du roi David et d’Abraham, et que les grandes vérités et les mystères essentiels de la religion chrétienne étaient préfigurés par des événements survenus dans la vie des patriarches juifs.
Certains Pères de l’Église des Ve et VIe siècles écrivirent des sermons et des dissertations sur la Naissance de Notre Seigneur, son Baptême, sa Tentation, sa Passion, sa Mort et sa Résurrection, et prouvèrent par des citations des Prophètes que le fils de la Vierge Marie était bien le Messie et le Sauveur du monde. Mais les copies de ces ouvrages ne furent pas multipliées pour l’usage de leurs congrégations, dont la plupart des membres étaient illettrés, et l’influence de tous les discours écrits fut par conséquent très limitée. Les grandes institutions monastiques possédaient des copies de l’Ancien et du Nouveau Testament en grec et en syriaque, mais celles-ci n’étaient pas accessibles à l’étude des laïcs en général, et il est probable que seules les personnes aisées pouvaient se permettre de faire faire des copies des Livres de la Bible pour leur usage privé. Les circonstances de l’époque imposèrent donc aux Pères de l’Église, ou à certains scribes érudits, de compiler des ouvrages complets sur l’histoire des relations de Dieu avec l’homme, telle que décrite dans l’Ancien Testament, et de démontrer le véritable lien entre la religion chrétienne et celle des patriarches hébreux et des rois d’Israël et de Juda. Il ne fait guère de doute que de nombreux ouvrages de ce genre furent écrits, que leurs auteurs fondèrent leurs récits historiques sur les écrits de leurs prédécesseurs, et que les auteurs chrétiens empruntèrent largement au « Livre d’Hénoch » et au « Livre des Jubilés » hébreux, ainsi qu’aux Histoires et Chroniques alors existantes en grec. Certains de ces derniers ouvrages, c’est-à-dire ceux en grec, furent rédigés par des hommes disposant d’informations tirées d’histoires babyloniennes et assyriennes rédigées en cunéiforme. Grâce aux travaux des assyriologues, les affirmations fondées sur ces informations peuvent, dans de nombreux cas, être vérifiées. Nous reviendrons sur ce point ultérieurement.
Le plus ancien ouvrage chrétien sur l’histoire des relations de Dieu avec l’homme, d’Adam au Christ, est probablement le « Livre d’Adam et Ève » (voir page 9 (Plates#Figure009)), qui, dans sa forme originale, fut écrit au Ve ou VIe siècle de notre ère ; son auteur est inconnu. Comme il ne fait aucun doute que l’auteur de la « Grotte aux Trésors » s’est largement inspiré du « Livre d’Adam et Ève », ou de la source même d’où son auteur a tiré ses informations, il est nécessaire de donner ici une brève description de l’objet et du contenu de cet ouvrage.
Le plus ancien manuscrit du « Livre d’Adam et Ève » que nous connaissions est en arabe et ne date pas d’avant le XIe siècle. Cependant, nombre des légendes et traditions qu’il contient sont identiques, tant par leur forme que par leur expression, à celles des « Annales » de Sa’îd bin al-Batrîk, ou Eutychius, patriarche d’Alexandrie (933-939 apr. J.-C.), des « Huit Livres des Mystères » écrits par Clément vers 750 apr. J.-C., et de la « Grotte aux Trésors », dont on pense aujourd’hui généralement qu’elle a été écrite, ou peut-être rééditée, au VIe siècle. La version arabe du « Livre d’Adam et Ève » comporte deux sections principales. La première contient une Histoire de la Création, qui se présente comme une traduction de l’« Hexéméron » d’Épiphane, évêque de Chypre. On y trouve le récit des six jours de la Création, la vision de Grégoire concernant la chute de Satan, une description des Quatre Cieux, la Création de l’Homme, la tentation d’Ève et l’expulsion d’Adam et Ève [ p. 10 ] du Paradis. Le titre, « Livre des Aksîmâris », laisserait supposer que l’ouvrage tout entier était consacré à la Création, mais il n’en est rien, car la deuxième section contient « L’histoire du départ d’Adam et Ève du Paradis et de leur arrivée à la Caverne des Trésors sur ordre de Dieu ».
L’auteur du « Livre d’Adam et Ève » souhaitait que les deux parties forment un ouvrage complet. La première montre la chute d’Adam, et la seconde nous raconte comment Dieu a accompli la promesse qu’il lui avait faite à plusieurs reprises : après cinq semaines et demie, soit 5 500 ans, il enverrait un Rédempteur dans le monde qui sauverait Adam et ses descendants de la destruction causée par son péché au Paradis. L’auteur du livre relate l’histoire complète d’Adam et Ève, ajoutant au fur et à mesure de son ouvrage les diverses légendes et traditions qu’il a trouvées dans les œuvres de ses prédécesseurs. Il suit ce plan jusqu’au Déluge, puis jusqu’à l’époque de Melchisédek ; mais, après avoir établi ce roi à Salem, le reste de son œuvre se résume à un simple récit généalogique, rarement entrecoupé d’explications et de généralisations. Qu’il fût jacobite ou nestorien, rien ne ressort de son œuvre, et il semble qu’il haïssait les Juifs non pas à cause de leur religion, mais parce qu’ils avaient crucifié le Christ, et avaient aussi, à son avis, promulgué une fausse généalogie de Joseph et de la Vierge Marie.
On ne sait rien de l’auteur du « Livre d’Adam et Ève ». Certains ont pensé qu’il s’agissait d’un Égyptien pieux et orthodoxe, écrivant en copte et tirant les légendes et traditions qu’il a incorporées dans son livre de documents grecs ou syriaques, ou d’ouvrages autochtones de l’Église copte. Le Dr W. Meyer a découvert et publié (dans les Abhandlungen de l’Académie bavaroise, vol. XIV, III Abth.) deux versions de la Vie d’Adam et Ève, l’une en grec, l’autre en latin. La version grecque est appelée « Αποκάλυψις 'Αδὰμ » (Apocalypse d’Adam) et la version latine « Vita Adae et Evae ». Leur contenu diffère sensiblement, et aucune des deux versions ne peut être considérée comme dérivée du « Livre d’Adam et Ève » décrit ci-dessus. Français Comme le « Livre des Jubilés » et le « Livre d’Hénoch », le « Livre d’Adam et Ève » n’existe sous une forme complète qu’en éthiopien, où il est appelé « GADLA ´ADÂM WA HÊWÂN », c’est-à-dire « Le Combat d’Adam et Ève [contre Satan]. » Le texte le plus connu est donné dans un manuscrit du British Museum (Oriental n° 751. Voir Wright, Catalogue n° cccxx, page 213), qui a été écrit sous le règne de Bakâffâ, roi d’Abyssinie, 1721-1730. C’était l’une des principales autorités utilisées par Trumpp dans la préparation de son édition de [ p. 12 ] le texte éthiopien paru à Munich en 1880. Les formes de plusieurs noms bibliques indiquent que la traduction éthiopienne a été réalisée à partir de l’arabe. Des traductions du livre complet ont été réalisées par Dillmann, Das Christliche Adambuch, Göttingen, 1853, et Malan, The Book of Adam and Eve, Londres, 1882.
{Voir page 13 pour un exemple du texte syrien.}
La découverte de l’existence du Livre appelé la « Grotte aux Trésors » est due à Assemânî, le célèbre auteur des Catalogues des Manuscrits Orientaux de la Bibliothèque du Vatican, qu’il imprima dans la Bibliotheca Orientalis en quatre épais volumes in-folio. Dans le vol. II, page 498, il décrit un manuscrit syriaque contenant une série d’ouvrages apocryphes, dont un dont il traduit le titre par « Spelunca Thesaurorum ». Il lut attentivement le manuscrit et constata qu’il contenait l’histoire d’une période de 5 500 ans, c’est-à-dire de la création d’Adam à la naissance du Christ, et qu’il s’agissait d’une chronique historique fondée sur les Écritures. Il affirme qu’on y trouve des fables partout, et notamment dans la partie qui traite des patriarches antédiluviens et de la généalogie du Christ et de sa Mère. Français Il mentionne que le patriarche Eutychius décrit également une grotte aux trésors dans laquelle de l’or, de l’encens et de la myrrhe étaient déposés, et fait référence aux « portentosa [ p. 14 ] feminarum nomina », qui étaient les ancêtres du Christ. Aucune tentative n’a été faite pour publier le texte syriaque ; en fait, peu d’attention lui a été accordée jusqu’à ce que Dillmann commence à étudier le « Livre d’Adam et Ève » en rapport avec lui, puis il a montré dans les Jahrbüchern d’Ewald (Bd. V. 1853) que le contenu de sections entières du « Livre de la grotte aux trésors » en syriaque et du « Livre d’Adam et Ève » en éthiopien était identique. Et peu après, Dillmann et d’autres ont remarqué qu’un manuscrit arabe. Français au Vatican (n° XXXIX ; voir Assemânî, Bibl. Orient. i. page 281) contenait une version de la « Grotte des Trésors », qui avait manifestement été réalisée à partir du syriaque. En 1883, Bezold publia une traduction du texte syriaque de la « Grotte des Trésors », réalisée à partir de trois manuscrits (Die Schatzhöhle, Leipzig, 1883), et cinq ans plus tard, il publia le texte syriaque, accompagné du texte de la version arabe.
Français En 1885, j’étais occupé à préparer une édition du texte syriaque du « DEBHÛRÎTHÂ », c’est-à-dire « l’Abeille », un « Livre de glanages » composé par l’évêque nestorien Salomon de Bassora (c’est-à-dire al-Basrah) vers 1222 après J.-C. En faisant la traduction anglaise de cet ouvrage, j’ai découvert que « l’Abeille » contenait de nombreuses légendes et traditions qui apparaissaient dans la « Grotte des Trésors », et pour montrer à quel point l’évêque nestorien Salomon [ p. 15 ] avait emprunté à l’œuvre de l’auteur jacobite de la « Grotte des trésors » dans la première partie de son ouvrage, j’ai imprimé plusieurs longs extraits du syriaque du beau manuscrit du British Museum, ainsi que des traductions anglaises (voir The Book of the Bee, le texte syrien avec une traduction anglaise, Oxford, 1886 ; Anecdota Oxoniensia, Semitic Series, Vol. I, Part II), et ceux-ci étaient censés souligner l’importance générale de la « Grotte des trésors ».
L’auteur du Livre communément appelé la « Grotte aux Trésors » intitula son ouvrage « Le Livre de l’ordre de succession des générations (ou familles) », les familles étant celles des patriarches et des rois d’Israël et de Juda ; son objectif principal était de démontrer comment le Christ descendait d’Adam. Il n’acceptait pas les tables généalogiques couramment utilisées par ses coreligionnaires ignorants, car il était convaincu que toutes les anciennes tables généalogiques que les Juifs avaient possédées avaient été incendiées par le capitaine de l’armée de Nabuchodonosor immédiatement après la prise de Jérusalem par les Babyloniens. Les Juifs élaborèrent aussitôt de nouvelles tables généalogiques, que les chrétiens comme les Arabes considéraient comme fictives. Les Arabes étaient tout aussi intéressés par la question que les chrétiens, car ils descendaient d’Abraham, et la généalogie [ p. 16 ] des descendants d’Agar et d’Ismaël était de la plus haute importance à leurs yeux, et c’est à leur désir ardent de posséder des tables généalogiques correctes de leurs ancêtres que nous devons les traductions arabes de la « Grotte aux Trésors ». Les Nubiens et les Égyptiens s’intéressaient également à ces questions, car les premiers étaient les descendants de Kûsh, et les seconds ceux de Misraïm, et Cham était le grand ancêtre de ces deux nations. Et il est clair que les Syriens, les Arabes, les Égyptiens et les Éthiopiens considéraient la « Grotte aux Trésors » comme un ouvrage faisant autorité sur leurs généalogies respectives.
Français Dans le titre « Grotte aux Trésors » donné au « Livre de l’ordre de la succession des Générations », il y a probablement une double allusion : au Livre comme entrepôt de trésors littéraires, et à la célèbre Grotte où Dieu fit habiter Adam et Ève après leur expulsion du Paradis, et qui, en raison de l’or, de l’encens et de la myrrhe qui y étaient amassés, est communément appelée « La Grotte aux Trésors » (en syriaque « Me`ârath Gazzê », en arabe « Ma`ârah al-Kanûz » et en éthiopien « Ba`âta Mazâgebet »). Or, l’ouvrage syriaque, bien qu’intitulé « Grotte aux Trésors », nous dit très peu de choses sur la véritable Grotte, qui était située sur le flanc d’une [ p. 17 ] montagne au-dessous du Paradis, et rien sur le mode de vie qu’Adam et Ève y menèrent. Mais dans le « Livre d’Adam et Ève », toute la première section principale est consacrée à ce dernier sujet, et les notes suivantes en sont tirées :
Lorsqu’Adam et Ève quittèrent le Paradis, ils se rendirent dans un pays étranger. Terrifiés par les pierres et le sable qui s’offraient à eux, ils devinrent comme morts. Alors Dieu leur envoya Sa Parole, leur annonçant qu’après cinq semaines et demie, soit 5 500 ans, Il viendrait incarné et sauverait l’humanité. Il leur avait déjà fait cette promesse au Paradis, alors qu’ils se tenaient près de l’arbre au fruit défendu. La Caverne aux Trésors était un lieu sombre et lugubre, surmonté d’un énorme rocher. Lorsqu’Adam et Ève y entrèrent, ils furent profondément troublés. Dieu envoya vers Adam des oiseaux, des bêtes sauvages et des reptiles, leur ordonnant d’être amicaux envers lui et ses descendants. Toutes sortes de créatures vinrent à lui, sauf le serpent. Dans leur chagrin, Adam et Ève tentèrent de se noyer, mais un ange fut envoyé pour les tirer hors de l’eau qui jaillissait des racines de l’Arbre de Vie, et la Parole les ramena à la vie. Pendant qu’ils vivaient là, Dieu leur apprit à se laver le corps, leur dit quoi manger et boire, leur fit connaître l’usage du blé, et leur montra comment se vêtir de peaux de bêtes, ainsi que d’autres choses essentielles à la civilisation. Il n’y avait pas de nuit au Paradis, et lorsque le soleil se couchait et que la nuit tombait sur Adam, sa terreur était grande ; enfin, Dieu lui dit que la nuit était faite pour que les bêtes et lui-même s’y reposent, et lui expliqua la division du temps : années, mois, jours, etc.
Durant la période où Adam et Ève demeurèrent dans la caverne, Satan vint les tenter quatorze fois. Mais chaque fois que Dieu vit qu’ils étaient en danger de mort ou de blessure à cause des ruses du Malin, il envoya un ange pour les délivrer et mettre le Diable en fuite. Adam souffrit cruellement de la chaleur du soleil, qui le fit tomber dans un précipice et se blessa si gravement que son sang coula de son corps sur le sol. Lorsque Dieu le releva, il prit des pierres et bâtit un autel. Après avoir essuyé son sang avec des feuilles et ramassé la poussière imbibée de sang, il offrit les feuilles et la poussière en offrande à Dieu. Celui-ci accepta cette première offrande d’Adam et envoya un feu pour la consumer. De même qu’Adam a versé son sang et est mort par ses blessures – que Dieu a guéries –, de même la Parole a versé son sang et a souffert la mort. Ainsi, l’offrande de sang trouve son origine chez Adam.
Quand Dieu vit qu’Adam était terrifié par l’obscurité de la nuit, il envoya Michel en Judée et lui dit de rapporter des tablettes d’or. Lorsqu’elles arrivèrent, Dieu les déposa dans la grotte pour éclairer l’obscurité de la nuit. Dieu envoya Gabriel au Paradis chercher de l’encens, et Raphaël apporter de la myrrhe du même endroit. Ces substances symboliques étant placées dans la grotte, Adam fut consolé. Parce que la grotte contenait ces précieuses substances, elle fut appelée la « grotte des trésors ». Peu après, Dieu permit qu’on apporte des figues du Paradis à Adam et lui apprit à cuire sur le feu qui leur fut apporté de la main de l’ange de feu qui se tenait à l’entrée du Paradis, tenant une épée de feu à la main. Comme Adam ne pouvait se procurer de sang pour entretenir l’offrande, il déposa sur l’autel, à l’extérieur de la grotte, une offrande de blé, vraisemblablement un pain ou un gâteau cuit dans des cendres chaudes. Dieu l’accepta et envoya un feu pour le consumer, le Saint-Esprit étant présent. Dieu dit qu’en descendant sur terre, il en ferait sa chair, qui serait offerte continuellement sur un autel pour le pardon et la miséricorde. Un ange prit une partie de l’offrande avec des pinces à feu et la donna à Adam et Ève. Adam instaura alors la coutume d’offrir l’offrande de blé trois fois par semaine, à savoir le premier, le quatrième et le sixième jour de la semaine.
Après qu’Adam eut vécu deux cent vingt-trois jours dans la Caverne, Dieu envoya ses anges lui dire de prendre Ève pour épouse et de lui offrir les plaques d’or de la Caverne en cadeau de fiançailles. Adam obéit à l’ordre divin et, le moment venu, Ève lui donna des jumeaux, Caïn et sa sœur Lûwâ, dans une grotte sous l’énorme rocher que Satan avait lancé sur Adam, voulant le tuer. Plus tard, Ève donna de nouveau naissance à des jumeaux, Abel et sa sœur, 'Aklemyâ. Le reste de la première section du « Livre d’Adam et Ève » relate le meurtre d’Abel par Caïn et raconte comment la terre rejeta trois fois le corps d’Abel que Caïn tenta d’y enterrer.
On pense aujourd’hui généralement que l’ouvrage syriaque appelé la « Grotte aux Trésors » a été écrit au VIe siècle de notre ère, et en l’absence de preuve contraire, cette hypothèse peut être acceptée. Le titre l’attribue à Éphraïm le Syrien, ce qui indique que les Syriens eux-mêmes étaient prêts à croire qu’il a été écrit au début du IVe siècle, car ce grand écrivain est mort en 373 apr. J.-C. Même si cette attribution est erronée, elle est importante car elle suggère que, s’il n’a pas été écrit par Éphraïm lui-même, l’un de ses disciples, ou un membre de son école, pourrait en être l’auteur.
On ignore où l’auteur a vécu, mais il est fort probable qu’il ait été écrit à Édesse ou à Nisibe ; en tout cas, il a dû être écrit en Mésopotamie, et l’auteur était certainement un Jacobite syrien fier de sa langue maternelle. Ainsi, après avoir parlé de la migration de son peuple à Shinéar, il dit : « Ils s’y sont tous installés, et depuis Adam jusqu’à nos jours, ils ont tous eu une seule langue et une seule langue. Ils parlent tous cette langue, le syriaque, qui est l’araméen, et cette langue est la reine de toutes les langues. Or, les auteurs anciens se sont trompés en affirmant que l’hébreu était la première langue, et sur ce point, ils ont commis une erreur d’ignorance dans leurs écrits. Car toutes les langues du monde dérivent du syriaque, et toutes les langues des livres s’y mêlent. » (page 132). Français Et dans un autre endroit, il dit que Pilate a bien fait d’écrire l’inscription qui a été [ p. 23 ] placée sur la Croix en grec, latin et hébreu seulement, et qu’il n’en a pas ajouté de traduction en syriaque parce qu’aucun Syrien n’a joué de rôle dans la crucifixion de notre Seigneur (page 230). Et il continue en disant que les Syriens n’ont pas participé à l’effusion du sang du Christ, parce qu’Abhgar, roi d’Édesse, voulait aller prendre Jérusalem et tuer les Juifs qui l’avaient crucifié.1 Et, comme Bezold l’a souligné, le nom de la femme de Noé, Haikal-bath-Nâmôs, et les noms de plusieurs autres femmes, semblent être d’origine syrienne.
Français L’affirmation de l’auteur selon laquelle le syriaque est la plus ancienne de toutes les langues n’est probablement pas tout à fait vraie, mais il ne fait aucun doute, à mon avis, qu’il est l’un des plus anciens dialectes sémitiques du nord. Ceci est prouvé par les inscriptions sur les tablettes cappadociennes acquises ces dernières années par le British Museum. Ces tablettes ont été écrites en rapport avec les transactions commerciales d’une colonie de commerçants sémitiques, qui prospéraient dans la région de Césarée vers 2400 av. J.-C. Ils menaient un [ p. 24 ] commerce florissant avec l’Assyrie de métaux et de tissus, ces derniers provenant du Bulgar Dagh, et les premiers des grandes régions cotonnières qui s’étendent le long du Khâbûr. Les textes cunéiformes d’un grand nombre de ces documents et lettres commerciaux ont été publiés par Sidney Smith (Cuneiform Texts from Cappadocian Tablets, Londres, 1921 et années suivantes). Dans la première partie, il a donné (pages 6 et 7) une longue liste de mots utilisés en rapport avec l’industrie du tissage, dont on peut retrouver en syriaque des mots de même racine. Et cela s’appliquera probablement aux autres objets de la vie quotidienne, car les écrivains syriaques des premiers siècles de l’ère chrétienne connaissaient des centaines de mots utilisés dans les affaires et les affaires de la vie quotidienne, qu’ils n’avaient pas l’occasion d’utiliser lorsqu’ils écrivaient des vies de saints, des commentaires sur les Écritures et des ouvrages à caractère purement religieux.
On sait très peu de choses sur l’histoire ultérieure de la Grotte aux Trésors syriaque. La connaissance de certaines parties de ce livre a pénétré en Arménie peu après sa rédaction, et plusieurs traductions en ont été faites en arabe, probablement aux VIIe et VIIIe siècles. Concernant les traductions arabes, il convient de noter qu’elles se terminent toutes par le récit des cruautés perpétrées par Archélaüs et [ p. 25 ] Sâlûm après la mort d’Hérode. (Voir le texte de Bezold, page 247.) Le dernier paragraphe du texte arabe mentionne les douze apôtres qui ont accompagné le Christ, fait référence à son baptême par Jean-Baptiste et précise qu’il a vécu trente-trois ans sur terre, puis est monté au ciel. Ainsi, pour les vingt-six dernières pages du texte syriaque, il n’existe aucun équivalent dans la version ou la traduction arabe. Français Et il en va de même pour le texte éthiopien du « Livre d’Adam et Ève ». La section du syriaque pour laquelle il n’existe aucune traduction en arabe ou en éthiopien contient une série de déclarations adressées par l’auteur à son « frère Némésius ». Il est possible que celles-ci aient été ajoutées à l’ouvrage par un auteur ultérieur, mais je ne le pense pas. Comme elles ne traitent pas de questions de généalogie et traitent presque exclusivement de la vie du Christ et de sa crucifixion, il est probable qu’elles n’ont pas intéressé le traducteur arabe, et qu’il les a laissées non traduites. Il se peut, cependant, que la traduction arabe complète ne nous soit pas parvenue.
Du « frère Némésius » mentionné ci-dessus, nous ne savons rien. À en juger par la manière dont l’auteur de la « Grotte aux Trésors » a présenté ses informations, nous pourrions conclure qu’il s’agissait d’un ami qu’il tenait particulièrement à convaincre de la véracité de ce qu’il allait écrire. Ou bien, il s’agissait peut-être d’un adversaire avec lequel il discutait de la naissance, de la vie et de la crucifixion de Notre-Seigneur, et qu’il souhaitait convertir. Parmi les célébrités antiques portant le nom de Némésius, les plus connues sont Némésius, gouverneur de Cappadoce et ami de Grégoire de Nazianze, évêque de Sasime et de Constantinople, et Némésius, évêque d’Émèse ; tous deux florissaient dans la seconde moitié du IVe siècle. Le premier était païen, mais il était favorable au christianisme ; on ignore si Grégoire parvint à le convertir. Il ressort clairement de la « Grotte aux Trésors » que le Némésius auquel s’adresse son auteur était un personnage de grande importance, et certains ont pensé qu’il s’agissait du gouverneur de Cappadoce. Il est peu probable qu’il s’agisse de l’évêque d’Émèse, qui était, bien sûr, un chrétien croyant. Si le Némésius mentionné était le gouverneur de Cappadoce, cela confirmerait l’opinion des Syriens selon laquelle la « Grotte aux Trésors » dans sa forme originale date de l’époque d’Éphrem le Syrien, c’est-à-dire du IVe siècle.
Que la « Grotte aux Trésors » syriaque fût connue et utilisée par Salomon, évêque de Perâth Maishân (Al-Basrah) en 1222, est prouvé par les premiers chapitres de son ouvrage, le « Livre de l’Abeille ». Il en a extrait de nombreuses légendes des premiers patriarches, bien que son objectif ne fût pas d’écrire une table de succession généalogique, mais une histoire complète de la dispensation chrétienne selon les vues des Nestoriens. Il est intéressant de noter que nous devons aux Nestoriens le meilleur manuscrit de la « Grotte aux Trésors » dont nous disposons, pour Brit. Mus. MS. Add. 25875, a été écrit par un scribe nestorien du village nestorien d’Alkôsh, et a été relié par lui dans un volume qui comprenait une copie du « Livre de l’Abeille », dont l’auteur, Salomon, était l’évêque nestorien d’Al-Basrah au début du XIIIe siècle.
Il est impossible de déterminer précisément les sources d’information de l’auteur de la « Grotte aux Trésors ». Il connaissait bien le contenu de l’Ancien et du Nouveau Testament et, semble-t-il, de première main ou par le biais de traductions, les légendes concernant la Création et les premiers patriarches, courantes chez les Hébreux. Rien ne prouve qu’il connaissait le grec, mais il ne fait guère de doute qu’une grande partie des informations qu’il donne proviennent de deuxième, troisième ou quatrième main d’ouvrages écrits en grec. Certains d’entre eux traitaient de l’histoire de Babylone, et les récits des premiers dirigeants de ce pays qui y sont relatés étaient tirés de documents cunéiformes. Il est bien connu que des érudits grecs se rendirent à Babylone et se familiarisèrent avec l’histoire, la religion et la langue du pays, puis transcrivirent dans leur langue les informations qu’ils y avaient recueillies de première main grâce aux archives et chroniques locales. Selon Strabon (XVII, 6), plusieurs Babyloniens de souche connaissaient le grec, et il cite les noms de certains d’entre eux, par exemple Kidêna, Naburianos, Sudinos et Séleucos, qui étaient mathématiciens et astronomes. On peut également supposer qu’il existait des érudits locaux qui s’occupaient d’histoire et de chronographie, et qui écrivaient en grec et en cunéiforme, ou dont les œuvres étaient traduites par des Grecs sachant également lire les inscriptions cunéiformes.
La section de la « Grotte aux Trésors » consacrée à Abraham, à son père Térah et à son grand-père Nâhôr montre que les informations de son auteur reposaient sur un fondement plus ou moins historique. La date à laquelle Abraham fut appelé par la Voix divine à quitter « Ur en Chaldée » peut être située vers 2000 av. J.-C., c’est-à-dire à peu près à l’époque où Khammurabi s’imposait à Babylone. À l’époque de Serug, l’arrière-grand-père d’Abraham, le culte des idoles fit son apparition dans le monde. Tous les peuples étaient païens, et les objets célestes et terrestres étaient généralement vénérés. L’auteur de la « Grotte aux Trésors » nous raconte qu’à cette époque, les hommes fabriquaient des images en or de leurs pères et les dressaient sur leurs tombes, et que les diables qui vivaient dans ces images invoquaient les fils des morts pour qu’ils leur sacrifient leurs propres fils. Nous savons maintenant, grâce aux monuments mis au jour en Babylonie, qu’au cours des derniers siècles du troisième millénaire avant J.-C., les Babyloniens devinrent de grands experts en sculpture et qu’ils créèrent des images d’hommes et de dieux. Les fouilles ont prouvé que des masques d’or étaient posés sur les visages des morts, et nous pouvons supposer que des masques d’or étaient également placés sur les visages des statues, lorsqu’elles étaient « habillées » pour les fêtes, comme en Égypte. Abraham était prêt à sacrifier son fils Isaac, selon la coutume de son peuple, mais lorsque Dieu l’arrêta et lui fournit un bélier pour le sacrifice sanglant, il comprit qu’un sacrifice sanglant humain ne lui était pas acceptable et qu’il devait rompre avec les traditions de son peuple et quitter le pays. La coutume de sacrifier des enfants aux démons semble avoir été répandue à l’époque de Nâhôr, et elle a peut-être été introduite dans le pays par les hordes venues [ p. 30 ] descendirent du nord à la suite des conquêtes de Khammurabi. Quoi qu’il en soit, dans la centième année de la vie de Nâhôr, Dieu résolut de mettre fin à cette coutume, et Il fit déferler le Vent. Il ouvrit les entrepôts des vents, déchaîna les tourbillons et les ouragans, et envoya un souffle de vent sur toute la terre. Ce [ p. 31 ] vent balaya la Babylonie, brisa les idoles les unes contre les autres, les brisa, puis il renversa sur eux les bâtiments dans lesquels ils s’étaient dressés, et entassa leurs ruines en de hauts monticules au-dessus des images et des démons qui les habitaient. Les villes d’Ur et d’Erech furent dévastées, et leurs emplacements n’étaient connus que par les énormes monticules de détritus qui furent accumulés par le Déluge du Vent.
Or, la Bible ne fait aucune mention de ce Déluge, et il n’est mentionné que dans la « Grotte aux Trésors » et dans des ouvrages qui s’en inspirent, comme le « Livre de l’Abeille » et le « Livre d’Adam et Ève ». Les inscriptions cunéiformes éclairent quelque peu ce sujet, et l’auteur de la « Grotte aux Trésors » doit en avoir eu connaissance grâce à des documents basés sur elles. Nabonide, roi de Babylone, déplut aux dieux, qui manifestèrent leur colère en faisant souffler le vent de la tempête. Un texte précise d’ailleurs que les villes d’Érech et de Nippur furent détruites par une tempête. (Voir Sidney Smith, Babylonian Historical Texts, Londres, 1924, page 93, note 20.) Le plus terrible de tous les dieux des tempêtes était Pazuzu, dont la force et la violence étaient considérées comme si grandes qu’il pouvait renverser même les montagnes (Revue d’Assyriologie, vol. XI, page 57). Des figures de ce monstre en pierre et en bronze peuvent être vues au British Museum.
Térah, le père d’Abraham, suivit les traces de son père et, selon la légende citée à la page 145, fabriqua des figures de dieux, ou idoles, en argile et en pierre, et envoya son fils Abraham au bazar pour les vendre. Cette légende est fondée sur des faits : de nombreuses figures de dieux et de démons en terre cuite ont été découvertes par de nombreux fouilleurs lors de leurs fouilles sur les sites des anciennes cités de Babylone ; les plus courantes sont les « figures papsukkal », censées protéger les maisons.
Les documents permettant de vérifier les affirmations contenues dans la « Grotte aux Trésors » ne sont pas disponibles à l’heure actuelle, mais il est fort possible que dans les années à venir, des tablettes gravées soient découvertes en Babylonie et en Assyrie, contenant les formes originales des légendes et des faits historiques qui nous sont parvenus. L’histoire de Nimrod, de son culte du feu et du cheval blanc, de sa visite au sage Yôntân, de ses talents de magicien et des villes qu’il bâtit, est peut-être quelque peu brouillée, mais elle repose sur des documents historiques authentiques. Le récit des descentes de Seth et de ses compagnons de la montagne du Paradis vers la plaine repose certainement sur des faits historiques ; et bien que Melchisédech n’ait pas encore été identifié dans les inscriptions cunéiformes, tout porte à croire qu’il a existé, qu’il fut le fondateur d’une religion pure, un grand souverain autant qu’un prêtre.
L’objectif principal de l’auteur de la « Grotte aux Trésors » était de retracer la descendance du Christ jusqu’à Adam et de montrer que la dispensation chrétienne était préfigurée dans l’histoire des patriarches et de leurs successeurs, les rois d’Israël et de Juda, au moyen de types et de symboles. La Trinité chrétienne existait avant la création du monde et de l’homme, car « l’Esprit de Dieu » qui planait sur les eaux était le Saint-Esprit, et lorsque Dieu dit « Faisons l’homme » par « Nous », il était fait référence à la Trinité. Le sabbat fut institué par Dieu qui se reposa lui-même le septième jour. Lorsqu’Adam se releva après sa création, il posa ses pieds au centre de la terre, à l’endroit exact où la Croix de notre Seigneur avait été dressée, à Jérusalem. Adam, comme Élie, monta au ciel sur un char de feu. Les anges portaient des croix de lumière sur lesquelles étaient inscrits les noms des Personnes de la Trinité. Grâce à elles, ils vainquirent Satan et ses armées de démons lors de sa rébellion, tout comme la Croix du Christ détruisit les puissances des ténèbres. Le jardin d’Éden symbolise la Sainte Église, et Adam, prêtre, prophète et roi, y exerça son ministère. L’Arbre de Vie préfigurait la Croix du Christ, le véritable Arbre de Vie. Lors de son expulsion du Paradis, Dieu annonça à Adam qu’il enverrait son Fils pour le racheter, et lui ordonna de prendre des dispositions pour l’embaumement de son corps et sa conservation dans la Caverne des Trésors.
Adam et Ève vivaient de pain et de vin au Paradis, et Melchisédek administra du pain [ p. 35 ] et du vin à Abraham, selon l’ordre de Mathusalem, préfigurant ainsi l’institution du Sacrement. La Grotte des Trésors, avec l’or, l’encens et la myrrhe qu’Adam y avait recueillis, symbolisait non seulement le Temple, ou maison de prière, mais aussi la grotte dans laquelle les Mages présentèrent leurs offrandes au Christ. Adam fut le premier prêtre et était présent lorsque Caïn et Abel firent leurs offrandes, et la lampe qu’il plaça à côté du corps d’Abel dans la Grotte des Trésors était le prototype de la lampe du sanctuaire. Le corps d’Adam fut enterré dans la Grotte des Trésors, qui devint un mausolée familial, car plusieurs de ses fils et descendants y furent également enterrés. Noé prit le corps d’Adam dans la caverne et le transporta dans l’arche de Noé. Il le transporta ensuite à Jérusalem et le déposa dans l’ouverture que la terre elle-même avait pratiquée pour le recevoir. Il y resta jusqu’à ce que la Croix du Christ soit dressée au-dessus de lui sur le Golgotha. Alors, lorsque Longin perça le côté de notre Seigneur, le sang et l’eau coulèrent à l’endroit où Adam se trouvait. Le sang lui donna la vie, et il fut baptisé par l’eau.
L’Arche de Noé, portant le corps d’Adam, qui occupait son centre et séparait les hommes des femmes, vogua sur les eaux jusqu’à atteindre la montagne sur laquelle se trouvait le Paradis. Elle voyagea d’est en ouest et du nord au sud, traçant ainsi le signe de la croix sur les eaux du Déluge. Lorsque la partie la plus avancée du Déluge atteignit les bords de la montagne du Paradis, elle s’inclina profondément et embrassa le sol, puis se retira pour poursuivre son œuvre de destruction. La première colombe envoyée par Noé était un type de l’Ancienne Alliance, qui ne fut pas acceptée par les Juifs, et la seconde colombe était un type de la Nouvelle Alliance, qui reposa sur le peuple par les eaux du baptême. Une légende (voir page 147) raconte qu’Abraham fut circoncis par Gabriel, assisté de Michel. Abraham circoncit Isaac et prédit la crucifixion du Christ. Les anges qui étaient sur l’échelle de Jacob étaient Zacharie, Marie, les mages et les bergers, et le Seigneur qui se tenait à sa tête symbolisait le Christ sur la croix. L’abreuvement des troupeaux par Jacob au puits symbolisait le baptême des nations. La pierre qu’il dressa et oignit était une figure de l’autel chrétien, et l’huile qu’il utilisa symbolisait l’huile utilisée sur l’autel chrétien. La couronne de gloire qu’Adam portait préfigurait la couronne d’épines qui fut placée sur la tête du Christ. Adam passa trois heures au paradis, et le Christ resta trois heures dans la salle du jugement de Pilate. Adam resta nu pendant trois heures, [ p. 37 ]] et le Christ est resté nu sur la Croix pendant trois heures. La mère de la descendance mortelle (Ève) est issue du côté droit d’Adam, et le Baptême, la mère de la descendance immortelle, est issue du côté droit du Christ lors de sa crucifixion.
La descente d’Adam du Paradis symbolisait la descente du Christ au Shéol ; Adam était le prototype du Christ à tous égards. Isaac était un symbole du Christ, et le buisson dans lequel le bélier, son substitut, fut pris symbolisait le bois de la Croix. Le fil écarlate de Rahab la prostituée symbolisait le sang rouge du Christ, et la fenêtre par laquelle il jaillissait de son côté. Le vêtement sans couture du Christ était le symbole de la foi orthodoxe indivisible.
L’une des sections les plus importantes de la « Grotte aux Trésors » est celle qui contient une description des Mages et de leur visite à Jérusalem, car elle semble s’appuyer sur les travaux d’un écrivain connaissant parfaitement leurs méthodes. Ils sont ici regroupés avec les Chaldéens, vraisemblablement babyloniens, mais ils sont eux-mêmes appelés les « sages de Perse ». Ces deux groupes de sages avaient étudié les mouvements des « Malwâshê », ou signes du zodiaque, pendant des siècles, et grâce à eux, ils pensaient pouvoir prédire avec précision le cours des événements sur cette terre. [ p. 38 ] Les Mages furent terrifiés à l’apparition de l’étoile, qui les conduisit ensuite à Bethléem, et pensèrent que le roi des Grecs était sur le point d’attaquer le pays de Nimrod. Ils consultèrent enfin leur grand ouvrage astrologique, appelé ici « Gelyânâ dhe Nemrôdh », c’est-à-dire la « Révélation de Nimrod », et y apprirent qu’un roi était né en Juda. On ne peut préciser la nature de cette « Révélation de Nimrod », mais elle faisait manifestement partie de la vaste série de textes prémonitoires dont on trouve de nombreux exemplaires au British Museum. Ces textes sont en cours de copie et de traduction par M. C. J. Gadd, du British Museum, et, une fois le travail terminé, nous pourrons en apprendre davantage sur le livre consulté par les mages. La « Grotte aux Trésors » indique que les mages étaient trois rois et donne leurs noms, reprenant ainsi la tradition générale des premiers siècles de l’ère chrétienne. En revanche, le « Livre de l’Abeille », s’inspirant d’une très ancienne tradition orientale, indique qu’ils étaient au nombre de douze et donne leurs noms ; il faut cependant noter que certains noms n’apparaissent qu’à une période relativement tardive de l’histoire persane.
Les sources de la généalogie du Christ trouvée dans la « Grotte aux Trésors » sont inconnues, mais l’auteur affirme être certain de son exactitude et, en l’insérant dans leurs copies de [ p. 39 ] l’ouvrage, les scribes ont démontré qu’elle est digne de foi. Il est probablement tout à fait vrai que lorsque le capitaine de l’armée de Nebucadnetsar brûla les livres des Juifs après la prise de Jérusalem, leurs tables généalogiques périrent avec eux.