[ p. 298 ]
IHS
Bien que, comme je vous l’ai dit, j’hésitais à commencer cet ouvrage, maintenant qu’il est terminé, je suis très heureuse de l’avoir écrit, et je pense que ma peine a été bien employée, bien que, je l’avoue, elle ne m’ait pas coûté grand-chose. Considérant votre stricte clôture, le peu de récréation que vous avez, mes sœurs, et le manque de commodités dans certains de vos couvents, je pense que vous vous consolerez de vous amuser dans ce château intérieur où vous pouvez entrer et vous promener à votre guise, à l’heure qui vous plaît, sans demander la permission à vos supérieurs. Il est vrai que vous ne pouvez entrer dans tous les manoirs par vos propres moyens, si grands qu’ils puissent vous paraître, à moins que le seigneur du château lui-même ne vous y autorise. Je vous conseille donc de ne faire usage de aucune violence si vous rencontrez un obstacle, car cela lui déplairait tellement qu’il ne vous y autoriserait jamais. Il aime profondément l’humilité : [1] si vous vous croyez indignes d’entrer dans le troisième manoir, il vous accordera d’autant plus tôt la faveur d’entrer dans le cinquième. Alors, si vous le servez bien là-bas et y allez souvent, il vous attirera dans la demeure où il réside lui-même, d’où vous n’aurez jamais à sortir, à moins d’être rappelé par la prieure, dont les ordres, [ p. 299 ], ce souverain Maître désire que vous obéissiez comme s’ils étaient les siens. Si, par ses ordres, vous vous absentez souvent de sa chambre, à votre retour, il vous en tiendra la porte ouverte. Une fois que vous aurez appris à apprécier ce château, vous trouverez toujours le repos, si pénibles que soient vos épreuves, dans l’espoir de retourner à votre Seigneur, ce que personne ne peut empêcher. Bien que je n’aie mentionné que sept demeures, chacune d’elles contient bien d’autres pièces, au-dessus, en dessous et autour, avec de beaux jardins, des fontaines et des labyrinthes, entre autres choses si délicieuses que vous souhaiterez vous consumer à louer en retour le grand Dieu qui a créé l’âme à son image et à sa ressemblance. Si vous trouvez dans le plan de ce traité quelque chose qui vous aide à mieux le connaître, soyez certain qu’il vous est envoyé par Sa Majesté pour vous encourager, et que tout ce que vous y trouverez de faux est de moi. En échange de mon vif désir de vous aider à le servir, mon Dieu et mon Seigneur, je vous implore, chaque fois que vous lirez ceci, de louer Sa Majesté avec ferveur en mon nom et de le supplier de faire prospérer son Église, d’éclairer les luthériens, de pardonner mes péchés et de me libérer du purgatoire, où je serai peut-être, par la miséricorde de Dieu, lorsque vous lirez ce livre (s’il vous est remis après avoir été examiné par des théologiens). Si ces écrits contiennent la moindre erreur, c’est par ignorance ; je me soumets en tout aux enseignements de la sainte Église catholique romaine, dont je suis désormais membre, comme je le proteste et le promets, je le serai à la vie comme à la mort. Que notre Seigneur Dieu soit loué et béni à jamais ! Amen, amen.
[ p. 300 ]
J’ai terminé d’écrire ce livre au couvent de Saint Joseph d’Avila, en 1577, la Vigile de Saint André, pour la gloire de Dieu, qui vit et règne aux siècles des siècles ! Amen.
ICI SE TERMINE LE CHÂTEAU INTÉRIEUR
OU LES MANOIRS
TRADUIT ET IMPRIMÉ PAR LE
BÉNÉDICTINS DE STANBROOK
AD MCMXXI
298:1 Voie de la Perfection. ch. xvi. 1. ↩︎