Comment le vénérable frère Simon délivra d’une grande tentation un frère qui, pour cette raison, se proposait de quitter l’Ordre
À l’époque de la fondation de l’Ordre de Saint-François, et de son vivant, un jeune homme d’Assise, appelé Frère Simon, entra dans l’Ordre. Cet Ordre était orné et doté de Dieu avec une telle grâce, une telle contemplation et une telle élévation d’esprit que toute sa vie [ p. 104 ] fut un miroir de sainteté, d’après ce que j’ai entendu dire de ceux qui étaient avec lui pendant longtemps. On le voyait très rarement hors de sa cellule ; et s’il était en compagnie des frères, il parlait toujours de Dieu. Il n’avait jamais appris la grammaire ; pourtant il parlait de Dieu et de l’amour du Christ avec une telle profondeur et une telle élévation que ses paroles semblaient surnaturelles. C’est pourquoi il arriva qu’un soir, étant allé dans les bois avec Frère Jacques de Massa pour parler de Dieu, il parla si doucement de l’amour divin qu’ils passèrent toute la nuit à ce discours ; Français et, au matin, il leur sembla que cela ne faisait que très peu de temps, selon ce que ledit frère Jacques m’avait dit. Et, lorsque ledit frère Simon reçut les illuminations de l’amour de Dieu, il fut rempli en esprit d’une telle douceur et d’une telle paix, que souvent, lorsqu’il les sentait venir sur lui, il se couchait sur son lit ; car la douce douceur tranquille du Saint-Esprit exigeait de lui non seulement le repos de l’âme, mais aussi du corps ; et dans de telles visites divines, il était souvent ravi en Dieu, et devenait complètement insensible aux choses corporelles. C’est pourquoi, un jour qu’il était ainsi ravi en Dieu et insensible au monde, brûlant intérieurement d’amour divin et ses sens corporels ne ressentant rien du tout des choses extérieures, un certain frère, voulant vérifier si c’était vraiment le cas, et voir s’il était comme il paraissait être, alla prendre un charbon de feu et le posa sur son pied nu ; et frère Simon ne sentit rien, et la marque ne laissa aucune trace sur son pied, bien qu’elle y restât si longtemps qu’elle se détacha d’elle-même. Ledit frère Simon, lorsqu’il se mettait à table, ou qu’il prenait de la nourriture corporelle, prenait pour lui-même de la nourriture spirituelle et la donnait aux autres, en parlant de Dieu. Par son discours pieux, il convertit un jour un jeune homme de San [ p. 105 ] Severino, qui dans le monde était un jeune homme très vaniteux et mondain, de sang noble et de corps très délicat ; et frère Simon, ayant reçu ledit jeune homme dans l’Ordre, garda ses vêtements séculiers auprès de lui ; et il demeura avec frère Simon pour être instruit dans les règles de l’Ordre. C’est pourquoi le diable, qui cherche à anéantir tout bien, le tourmenta par une tentation si cruelle et par une convoitise charnelle si ardente qu’il ne put en aucun cas y résister ; C’est pourquoi il se rendit auprès de frère Simon et lui dit : « Rends-moi les vêtements que je portais dans le monde, car je ne peux plus résister à cette tentation charnelle. » Alors,Frère Simon, pris de grande compassion pour lui, lui dit : « Assieds-toi ici avec moi, mon fils, un peu de temps. » Il se mit à lui parler de Dieu, de telle sorte que toute tentation le quitta. Dès que la tentation revint et qu’il lui demanda ses vêtements, Frère Simon la chassa en parlant de Dieu. Et après plusieurs tentatives, une nuit, la tentation le frappa avec une violence telle qu’il ne put pour rien au monde y résister. Il alla donc chez Frère Simon pour lui demander, une fois pour toutes, ses vêtements séculiers, car il ne pouvait plus rester. Alors Frère Simon, selon son habitude, le fit asseoir à ses côtés, et, tout en parlant de Dieu, le jeune homme inclina la tête sur la poitrine de Frère Simon, saisi de douleur et de chagrin. Alors Frère Simon, rempli de grande compassion, leva les yeux au ciel et pria Dieu très pieusement pour lui. Français et il fut ravi en Dieu et sa prière fut exaucée ; de sorte que, lorsqu’il revint à lui-même, le jeune homme fut entièrement délivré de cette tentation, comme s’il ne l’avait jamais ressentie. De plus, le feu de la tentation [ p. 106 ] se changea en feu du Saint-Esprit ; et, parce qu’il s’était approché du charbon ardent, à savoir de frère Simon, il fut tout enflammé d’amour pour Dieu et pour son prochain ; à tel point qu’un jour, alors qu’un malfaiteur avait été arrêté et condamné à avoir les deux yeux arrachés, lui, à savoir le jeune homme susdit, fut si rempli de pitié qu’il alla hardiment trouver le recteur et, en plein conseil, avec beaucoup de larmes et de ferventes prières, demanda qu’on lui crève un œil, et un seul de celui du malfaiteur, afin qu’il ne les perde pas tous les deux. Mais le recteur et son conseil, voyant la grande ferveur de charité de ce frère, pardonnèrent à l’un et à l’autre. Or, un jour, frère Simon était en prière dans le bois et ressentait une grande consolation dans son âme, lorsqu’une volée de corbeaux commença à l’importuner par leurs cris. Il leur ordonna donc, au nom de Jésus, de s’éloigner et de ne plus jamais revenir. Sur ce, lesdits oiseaux les quittèrent et ne furent plus jamais vus ni entendus, ni là ni dans toute la région environnante. Et ce miracle se manifesta dans tout le territoire de Fermo, où se trouvait ledit lieu.une fois pour toutes, ses vêtements séculiers, afin qu’il ne puisse plus y rester. Alors frère Simon, selon son habitude, le fit asseoir à ses côtés, et, tout en parlant de Dieu, le jeune homme inclina la tête sur la poitrine de frère Simon, de douleur et de chagrin. Alors frère Simon, rempli de grande compassion, leva les yeux au ciel et pria Dieu très pieusement pour lui ; il fut ravi en Dieu et sa prière fut exaucée ; de sorte que, lorsqu’il revint à lui-même, le jeune homme fut entièrement délivré de cette tentation, comme s’il ne l’avait jamais ressentie. De plus, le feu de la tentation [ p. 106 ] se changea en feu du Saint-Esprit ; et, parce qu’il s’était approché du charbon ardent, c’est-à-dire de frère Simon, il fut tout enflammé d’amour pour Dieu et pour son prochain ; À tel point qu’un jour, alors qu’un malfaiteur avait été arrêté et condamné à avoir les deux yeux arrachés, le jeune homme, pris de pitié, se rendit hardiment chez le recteur et, en plein conseil, avec beaucoup de larmes et de ferventes prières, demanda qu’on lui crève un œil, et un seul à celui du malfaiteur, afin qu’il ne les perde pas tous les deux. Mais le recteur et son conseil, voyant la grande ferveur de charité de ce frère, pardonnèrent à l’un et à l’autre. Or, un jour, frère Simon, en prière dans le bois et ressentant une grande consolation dans son âme, une volée de corbeaux commença à l’importuner par leurs cris ; il leur ordonna donc, au nom de Jésus, de partir de là et de ne plus jamais y revenir ; et, sur ce, lesdits oiseaux les quittèrent et ne furent plus jamais vus ni entendus, ni là ni dans toute la région environnante. Et ce miracle fut évident dans tout le territoire de Fermo, où se trouvait ledit lieu.une fois pour toutes, ses vêtements séculiers, afin qu’il ne puisse plus y rester. Alors frère Simon, selon son habitude, le fit asseoir à ses côtés, et, tout en parlant de Dieu, le jeune homme inclina la tête sur la poitrine de frère Simon, de douleur et de chagrin. Alors frère Simon, rempli de grande compassion, leva les yeux au ciel et pria Dieu très pieusement pour lui ; il fut ravi en Dieu et sa prière fut exaucée ; de sorte que, lorsqu’il revint à lui-même, le jeune homme fut entièrement délivré de cette tentation, comme s’il ne l’avait jamais ressentie. De plus, le feu de la tentation [ p. 106 ] se changea en feu du Saint-Esprit ; et, parce qu’il s’était approché du charbon ardent, c’est-à-dire de frère Simon, il fut tout enflammé d’amour pour Dieu et pour son prochain ; À tel point qu’un jour, alors qu’un malfaiteur avait été arrêté et condamné à avoir les deux yeux arrachés, le jeune homme, pris de pitié, se rendit hardiment chez le recteur et, en plein conseil, avec beaucoup de larmes et de ferventes prières, demanda qu’on lui crève un œil, et un seul à celui du malfaiteur, afin qu’il ne les perde pas tous les deux. Mais le recteur et son conseil, voyant la grande ferveur de charité de ce frère, pardonnèrent à l’un et à l’autre. Or, un jour, frère Simon, en prière dans le bois et ressentant une grande consolation dans son âme, une volée de corbeaux commença à l’importuner par leurs cris ; il leur ordonna donc, au nom de Jésus, de partir de là et de ne plus jamais y revenir ; et, sur ce, lesdits oiseaux les quittèrent et ne furent plus jamais vus ni entendus, ni là ni dans toute la région environnante. Et ce miracle fut évident dans tout le territoire de Fermo, où se trouvait ledit lieu.Avec beaucoup de larmes et de ferventes prières, il demanda qu’on lui crève un œil, et un seul à celui du malfaiteur, afin qu’il ne les perde pas tous les deux. Mais le recteur et son conseil, voyant la grande ferveur de charité de ce frère, pardonnèrent à l’un et à l’autre. Un jour, alors que frère Simon était en prière dans le bois et ressentait une grande consolation dans son âme, une volée de corbeaux commença à l’importuner par leurs cris ; il leur ordonna donc, au nom de Jésus, de partir de là et de ne plus jamais revenir. Sur ce, les oiseaux les quittèrent et ne furent plus jamais vus ni entendus, ni là ni dans toute la région environnante. Et ce miracle se manifesta dans tout le territoire de Fermo, où se trouvait ledit lieu.Avec beaucoup de larmes et de ferventes prières, il demanda qu’on lui crève un œil, et un seul à celui du malfaiteur, afin qu’il ne les perde pas tous les deux. Mais le recteur et son conseil, voyant la grande ferveur de charité de ce frère, pardonnèrent à l’un et à l’autre. Un jour, alors que frère Simon était en prière dans le bois et ressentait une grande consolation dans son âme, une volée de corbeaux commença à l’importuner par leurs cris ; il leur ordonna donc, au nom de Jésus, de partir de là et de ne plus jamais revenir. Sur ce, les oiseaux les quittèrent et ne furent plus jamais vus ni entendus, ni là ni dans toute la région environnante. Et ce miracle se manifesta dans tout le territoire de Fermo, où se trouvait ledit lieu.
Des beaux miracles que Dieu a accomplis par l’intermédiaire des saints frères, frère Bentivoglia, frère Pierre de Monticello et frère Conrad d’Offida ; et comment frère Bentivoglia a porté un lépreux sur quinze milles en très peu de temps ; et comment à l’autre saint Michel a parlé ; et au troisième la Vierge Marie est venue et a placé son Fils dans ses bras
Autrefois, la province de la Marche d’Ancône était ornée, comme le ciel d’étoiles, de frères saints et exemplaires qui, tels les lumières du ciel, ont illuminé et orné l’Ordre de Saint-François et le monde par leur exemple et leur doctrine. Parmi les autres, il y avait, en premier lieu, frère Lucidus, l’aîné, véritablement resplendissant de sainteté et brûlant de charité divine ; dont la langue glorieuse, éclairée par le Saint-Esprit, récoltait des fruits merveilleux dans ses prédications. Un autre était frère Bentivoglia de San Severino, que frère Massée vit élevé dans les airs pendant un long moment, alors qu’il était en prière dans les bois ; grâce à ce miracle, frère Massée, alors curé, quitta sa paroisse et devint frère mineur ; Français et était d’une telle sainteté qu’il accomplit de nombreux miracles, tant de son vivant qu’après sa mort ; et son corps est enterré à Murro. Un jour, tandis que ledit frère Bentivoglia séjournait seul à Trave Bonanti pour soigner et servir un lépreux, il reçut de l’évêque l’ordre de partir et de se rendre dans un autre lieu, qui était à quinze milles de distance ; et, ne voulant pas abandonner ce lépreux, avec une grande ferveur de charité, il le prit, le chargea sur son dos et le porta, entre l’aube et le lever du soleil, sur la totalité de ces quinze milles, jusqu’au lieu où il avait été envoyé, qui s’appelle Monte Suncino ; ce voyage, s’il avait été un aigle, n’aurait pas pu voler en si peu de temps ; et ce divin miracle fut un grand étonnement et une grande stupéfaction dans tout le pays. Un autre était frère Pierre de Monticello, que frère Servodio d’Urbino (alors gardien de l’ancienne place d’Ancône) vit soulevé de terre, de cinq ou six coudées, jusqu’au pied du Crucifix de l’église devant lequel il priait. Et ce frère Pierre, alors qu’il jeûnait avec une grande dévotion pendant les quarante jours de jeûne de saint Michel Archange, et que le dernier jour de ce jeûne, il était en prière dans l’église, fut entendu par un jeune frère (qui gisait caché sous le maître-autel, afin qu’il puisse contempler une manifestation de sa sainteté) parler avec saint Michel Archange ; et les paroles qu’ils prononcèrent furent celles-ci : Saint Michel dit : « Frère Pierre, tu as travaillé fidèlement pour moi, et de bien des manières tu as affligé ton corps. Voici, je suis venu pour te consoler, et pour que tu demandes la grâce que tu désires, et je suis prêt à l’obtenir pour toi de Dieu. » Frère Pierre répondit : « Très saint Prince des armées célestes, très fidèle zélote de l’honneur divin, pitoyable protecteur des âmes, je te demande cette grâce, que tu m’obtiennes de Dieu le pardon de mes péchés. » Saint Michel répondit : « Demande une autre grâce,car cela je t’obtiendrai très facilement » ; et, comme frère Pierre ne lui demandait rien d’autre, l’Archange conclut : « Pour la foi et la dévotion que tu as envers moi, je t’obtiendrai cette grâce que tu demandes, et bien d’autres. » Et lorsque leur conversation fut terminée, qui dura longtemps, l’Archange saint Michel le ramena de là, laissant frère Pierre plein de consolation. Or, au temps de ce saint frère Pierre, vivait aussi le saint frère Conrad d’Offida ; et, tandis qu’ils demeuraient ensemble dans la localité de Forano, sur le territoire d’Ancône, ledit frère Conrad se rendit un jour dans les bois pour méditer sur Dieu ; et frère Pierre le suivit secrètement pour voir ce qui allait lui arriver ; et frère Conrad commença à prier et à supplier très pieusement la Vierge Marie avec une grande piété qu’elle lui obtienne cette grâce de son bienheureux Fils, afin qu’il puisse expérimenter un peu de cette douceur que saint Siméon ressentit, le jour de la Purification, lorsqu’il porta dans ses bras Jésus, le bienheureux Sauveur. [ p. 109 ] Et, lorsqu’il eut ainsi prié, la toujours pieuse Vierge Marie l’écouta ; et voici que la Reine du Ciel apparut avec son bienheureux Fils dans ses bras, avec une très grande splendeur de lumière ; et, s’approchant de frère Conrad, elle mit ce bienheureux Fils dans ses bras ; il le reçut très pieusement, et, l’embrassant, le baisant et le serrant contre son cœur, fut tout fondu et dissous dans l’amour divin et une inexplicable consolation ; Et frère Pierre, qui voyait tout depuis sa cachette, ressentait une grande douceur et une grande consolation dans son âme. Et, lorsque la Vierge Marie eut quitté frère Conrad, frère Pierre retourna en hâte au lieu saint, afin de ne pas être vu de lui ; mais plus tard, lorsque frère Conrad revint tout joyeux et jovial, frère Pierre lui dit : « Ô homme céleste, tu as eu une grande consolation aujourd’hui ! » Frère Conrad dit : « Que dis-tu, frère Pierre ? Et que sais-tu de ce que j’ai eu ? » « Je le sais bien », dit frère Pierre. « Je sais bien comment la Vierge Marie et son Fils béni t’ont visité. » Alors frère Conrad, qui, en homme vraiment humble, désirait garder secrètes les grâces qu’il avait reçues de Dieu, le supplia de n’en parler à personne ; et si grand fut l’amour qui, dès lors, régna entre eux, qu’il semblait qu’ils n’étaient qu’un seul cœur et qu’une seule âme en tout. Et, une fois, ledit frère Conrad, dans la place de Siruolo, délivra par ses prières une demoiselle qui était possédée du diable, priant pour elle toute une nuit, et apparaissant à sa mère ; et, au matin, il s’enfuit, pour ne pas être trouvé et honoré par le peuple.Et lorsque leur conversation, qui dura longtemps, fut terminée, l’archange saint Michel le quitta, laissant frère Pierre plein de consolation. Or, du temps de ce saint frère Pierre, vivait aussi le saint frère Conrad d’Offida ; et, tandis qu’ils demeuraient ensemble à Forano, dans le territoire d’Ancône, ledit frère Conrad se rendit un jour dans les bois pour méditer sur Dieu ; et frère Pierre le suivit secrètement pour voir ce qui allait lui arriver ; et frère Conrad se mit à prier et à supplier très pieusement la Vierge Marie de lui obtenir cette grâce de son bienheureux Fils, afin qu’il puisse éprouver un peu de cette douceur que saint Siméon ressentit, le jour de la Purification, lorsqu’il porta dans ses bras Jésus, le bienheureux Sauveur. [ p. 109 ] Et, lorsqu’il eut ainsi prié, la toujours pitoyable Vierge Marie l’écouta ; et voici ! la Reine du Ciel apparut avec son Fils béni dans ses bras, dans une très grande splendeur de lumière ; et, s’approchant de frère Conrad, elle plaça ce Fils béni dans ses bras ; il le reçut avec la plus grande dévotion, et, l’embrassant, le serrant contre son cœur, il fut tout fondu et dissous dans l’amour divin et une inexplicable consolation ; et frère Pierre, de même, qui voyait tout de sa cachette, ressentit une très grande douceur et une très grande consolation dans son âme. Et, lorsque la Vierge Marie se fut éloignée de frère Conrad, frère Pierre retourna en hâte au lieu, pour ne pas être vu de lui ; mais ensuite, lorsque frère Conrad revint tout joyeux et jovial, frère Pierre lui dit : « Ô homme céleste, tu as eu une grande consolation aujourd’hui ! » Frère Conrad dit : « Que dis-tu, frère Pierre ? Et que sais-tu de ce que j’ai eu ? » « Je le sais bien », dit frère Pierre. « Je sais bien comment la Vierge Marie et son Fils béni t’ont visité. » Alors frère Conrad, qui, en homme vraiment humble, désirait garder secrètes les grâces qu’il avait reçues de Dieu, le supplia de n’en parler à personne ; et si grand fut l’amour qui, dès lors, régna entre eux, qu’il semblait qu’ils n’étaient qu’un seul cœur et qu’une seule âme en tout. Et, un jour, ledit frère Conrad, dans la place de Siruolo, libéra par ses prières une demoiselle possédée par le démon, priant pour elle toute une nuit et apparaissant à sa mère ; et, au matin, il s’enfuit, pour ne pas être retrouvé et honoré par le peuple.Et lorsque leur conversation, qui dura longtemps, fut terminée, l’archange saint Michel le quitta, laissant frère Pierre plein de consolation. Or, du temps de ce saint frère Pierre, vivait aussi le saint frère Conrad d’Offida ; et, tandis qu’ils demeuraient ensemble à Forano, dans le territoire d’Ancône, ledit frère Conrad se rendit un jour dans les bois pour méditer sur Dieu ; et frère Pierre le suivit secrètement pour voir ce qui allait lui arriver ; et frère Conrad se mit à prier et à supplier très pieusement la Vierge Marie de lui obtenir cette grâce de son bienheureux Fils, afin qu’il puisse éprouver un peu de cette douceur que saint Siméon ressentit, le jour de la Purification, lorsqu’il porta dans ses bras Jésus, le bienheureux Sauveur. [ p. 109 ] Et, lorsqu’il eut ainsi prié, la toujours pitoyable Vierge Marie l’écouta ; et voici ! la Reine du Ciel apparut avec son Fils béni dans ses bras, dans une très grande splendeur de lumière ; et, s’approchant de frère Conrad, elle plaça ce Fils béni dans ses bras ; il le reçut avec la plus grande dévotion, et, l’embrassant, le serrant contre son cœur, il fut tout fondu et dissous dans l’amour divin et une inexplicable consolation ; et frère Pierre, de même, qui voyait tout de sa cachette, ressentit une très grande douceur et une très grande consolation dans son âme. Et, lorsque la Vierge Marie se fut éloignée de frère Conrad, frère Pierre retourna en hâte au lieu, pour ne pas être vu de lui ; mais ensuite, lorsque frère Conrad revint tout joyeux et jovial, frère Pierre lui dit : « Ô homme céleste, tu as eu une grande consolation aujourd’hui ! » Frère Conrad dit : « Que dis-tu, frère Pierre ? Et que sais-tu de ce que j’ai eu ? » « Je le sais bien », dit frère Pierre. « Je sais bien comment la Vierge Marie et son Fils béni t’ont visité. » Alors frère Conrad, qui, en homme vraiment humble, désirait garder secrètes les grâces qu’il avait reçues de Dieu, le supplia de n’en parler à personne ; et si grand fut l’amour qui, dès lors, régna entre eux, qu’il semblait qu’ils n’étaient qu’un seul cœur et qu’une seule âme en tout. Et, un jour, ledit frère Conrad, dans la place de Siruolo, libéra par ses prières une demoiselle possédée par le démon, priant pour elle toute une nuit et apparaissant à sa mère ; et, au matin, il s’enfuit, pour ne pas être retrouvé et honoré par le peuple.au bois pour méditer sur Dieu ; et frère Pierre le suivit secrètement pour voir ce qui allait lui arriver ; et frère Conrad se mit à prier et à supplier très pieusement la Vierge Marie avec une grande piété qu’elle lui obtienne cette grâce de son bienheureux Fils, afin qu’il puisse éprouver un peu de cette douceur que saint Siméon ressentit, le jour de la Purification, lorsqu’il porta dans ses bras Jésus, le bienheureux Sauveur. [ p. 109 ] Et, lorsqu’il eut ainsi prié, la toujours pieuse Vierge Marie l’écouta ; et voici que la Reine du Ciel apparut avec son bienheureux Fils dans ses bras, avec une très grande splendeur de lumière ; et, s’approchant de frère Conrad, elle déposa ce bienheureux Fils dans ses bras ; Il le reçut avec la plus grande dévotion, et, l’embrassant, le serrant contre son cœur, il fut tout fondu et dissous dans l’amour divin et une inexplicable consolation. Frère Pierre, lui aussi, qui voyait tout depuis sa cachette, ressentit une grande douceur et une grande consolation dans son âme. Et, lorsque la Vierge Marie eut quitté Frère Conrad, Frère Pierre retourna en hâte au lieu saint, afin de ne pas être vu de lui. Mais plus tard, lorsque Frère Conrad revint tout joyeux et jovial, Frère Pierre lui dit : « Ô homme céleste, quelle grande consolation tu as eue aujourd’hui ! » Frère Conrad dit : « Que dis-tu, Frère Pierre ? Et que sais-tu de ce que j’ai eu ? » « Je le sais bien », dit Frère Pierre. « Je le sais bien comment la Vierge Marie et son Fils béni t’ont visité. » Alors frère Conrad, qui, en homme humble, désirait garder secrètes les grâces qu’il recevait de Dieu, le pria de n’en parler à personne. L’amour qui les unissait désormais était si grand qu’il semblait qu’ils n’étaient qu’un seul cœur et qu’une seule âme en tout. Un jour, ledit frère Conrad, dans la ville de Siruolo, délivra par ses prières une jeune fille possédée par le démon, priant pour elle toute une nuit et apparaissant à sa mère. Le lendemain matin, il s’enfuit pour ne pas être retrouvé et honoré par le peuple.au bois pour méditer sur Dieu ; et frère Pierre le suivit secrètement pour voir ce qui allait lui arriver ; et frère Conrad se mit à prier et à supplier très pieusement la Vierge Marie avec une grande piété qu’elle lui obtienne cette grâce de son bienheureux Fils, afin qu’il puisse éprouver un peu de cette douceur que saint Siméon ressentit, le jour de la Purification, lorsqu’il porta dans ses bras Jésus, le bienheureux Sauveur. [ p. 109 ] Et, lorsqu’il eut ainsi prié, la toujours pieuse Vierge Marie l’écouta ; et voici que la Reine du Ciel apparut avec son bienheureux Fils dans ses bras, avec une très grande splendeur de lumière ; et, s’approchant de frère Conrad, elle déposa ce bienheureux Fils dans ses bras ; Il le reçut avec la plus grande dévotion, et, l’embrassant, le serrant contre son cœur, il fut tout fondu et dissous dans l’amour divin et une inexplicable consolation. Frère Pierre, lui aussi, qui voyait tout depuis sa cachette, ressentit une grande douceur et une grande consolation dans son âme. Et, lorsque la Vierge Marie eut quitté Frère Conrad, Frère Pierre retourna en hâte au lieu saint, afin de ne pas être vu de lui. Mais plus tard, lorsque Frère Conrad revint tout joyeux et jovial, Frère Pierre lui dit : « Ô homme céleste, quelle grande consolation tu as eue aujourd’hui ! » Frère Conrad dit : « Que dis-tu, Frère Pierre ? Et que sais-tu de ce que j’ai eu ? » « Je le sais bien », dit Frère Pierre. « Je le sais bien comment la Vierge Marie et son Fils béni t’ont visité. » Alors frère Conrad, qui, en homme humble, désirait garder secrètes les grâces qu’il recevait de Dieu, le pria de n’en parler à personne. L’amour qui les unissait désormais était si grand qu’il semblait qu’ils n’étaient qu’un seul cœur et qu’une seule âme en tout. Un jour, ledit frère Conrad, dans la ville de Siruolo, délivra par ses prières une jeune fille possédée par le démon, priant pour elle toute une nuit et apparaissant à sa mère. Le lendemain matin, il s’enfuit pour ne pas être retrouvé et honoré par le peuple.Il était tout fondu et dissous dans l’amour divin et une consolation inexplicable ; et frère Pierre, de même, qui voyait tout depuis sa cachette, ressentait une très grande douceur et une très grande consolation dans son âme. Et, lorsque la Vierge Marie eut quitté frère Conrad, frère Pierre retourna en hâte au lieu, afin de ne pas être vu de lui ; mais plus tard, lorsque frère Conrad revint tout joyeux et jovial, frère Pierre lui dit : « Ô homme céleste, tu as eu une grande consolation aujourd’hui ! » Frère Conrad dit : « Que dis-tu, frère Pierre ? Et que sais-tu de ce que j’ai eu ? » « Je le sais bien », dit frère Pierre. « Je le sais bien comment la Vierge Marie et son Fils béni t’ont visité. » Alors frère Conrad, qui, en homme vraiment humble, désirait garder secrètes les grâces qu’il avait reçues de Dieu, le supplia de n’en parler à personne ; Et l’amour qui les unissait désormais était si grand qu’il semblait qu’ils n’avaient qu’un seul cœur et qu’une seule âme en tout. Un jour, ledit frère Conrad, en la place de Siruolo, libéra par ses prières une jeune fille possédée par le démon, priant pour elle toute une nuit et apparaissant à sa mère ; et, au matin, il s’enfuit pour ne pas être retrouvé et honoré par le peuple.Il était tout fondu et dissous dans l’amour divin et une consolation inexplicable ; et frère Pierre, de même, qui voyait tout depuis sa cachette, ressentait une très grande douceur et une très grande consolation dans son âme. Et, lorsque la Vierge Marie eut quitté frère Conrad, frère Pierre retourna en hâte au lieu, afin de ne pas être vu de lui ; mais plus tard, lorsque frère Conrad revint tout joyeux et jovial, frère Pierre lui dit : « Ô homme céleste, tu as eu une grande consolation aujourd’hui ! » Frère Conrad dit : « Que dis-tu, frère Pierre ? Et que sais-tu de ce que j’ai eu ? » « Je le sais bien », dit frère Pierre. « Je le sais bien comment la Vierge Marie et son Fils béni t’ont visité. » Alors frère Conrad, qui, en homme vraiment humble, désirait garder secrètes les grâces qu’il avait reçues de Dieu, le supplia de n’en parler à personne ; Et l’amour qui les unissait désormais était si grand qu’il semblait qu’ils n’avaient qu’un seul cœur et qu’une seule âme en tout. Un jour, ledit frère Conrad, en la place de Siruolo, libéra par ses prières une jeune fille possédée par le démon, priant pour elle toute une nuit et apparaissant à sa mère ; et, au matin, il s’enfuit pour ne pas être retrouvé et honoré par le peuple.
[ p. 110 ]
Comment frère Conrad d’Offida convertit un jeune frère qui irritait les autres frères. Et comment ledit jeune frère, après sa mort, apparut audit frère Conrad, le suppliant de prier pour lui ; et comment, par sa prière, il le délivra des terribles peines du purgatoire.
Français Le dit frère Conrad d’Offida, admirable zélote de la pauvreté évangélique et de la règle de saint François, fut d’une vie si religieuse et d’un si grand mérite devant Dieu, que le Christ bienheureux l’honora, tant dans sa vie que dans sa mort, de nombreux miracles ; entre autres celui-ci : étant venu un jour comme hôte au lieu d’Offida, les frères le prièrent, par amour de Dieu et par charité, d’avertir un jeune frère qui se trouvait dans ce lieu, et qui se conduisait d’une manière si enfantine, si désordonnée et si dissolue qu’il interrompait tant les vieux que les jeunes de cette communauté dans l’office divin, et qu’il ne se souciait guère ou pas des autres observances de la Règle. C’est pourquoi, frère Conrad, par compassion pour ce jeune homme et sur les prières des frères, appela un jour ledit jeune homme à part et, dans une ferveur de charité, lui adressa des paroles d’avertissement si efficaces et si pieuses que, par l’opération de la grâce divine, il devint aussitôt un homme âgé dans son comportement, au lieu d’un enfant, et si obéissant, si obligeant, si diligent et si pieux, et en même temps si doux, si serviable et si appliqué à toute chose vertueuse, que, comme autrefois toute la communauté avait été troublée par lui, ainsi maintenant tous étaient contents et consolés par lui ; et ils l’aimaient beaucoup. Or, il arriva, comme Dieu le voulut, que peu de temps après cette conversion, ledit jeune homme mourut ; et les frères allèrent le pleurer. Et, quelques jours après sa mort, son âme apparut à frère Conrad, tandis qu’il priait pieusement devant l’autel dudit couvent, et le salua pieusement, comme un père. Et frère Conrad lui demanda : « Qui es-tu ? » Il répondit : « Je suis l’âme de ce jeune frère décédé ces jours-ci. » Et frère Conrad dit : « Ô mon très cher fils, comment vas-tu ? » Et il répondit : « Par la grâce de Dieu et grâce à ton enseignement, je me porte bien, puisque je ne suis pas damné ; mais à cause de certains de mes péchés, dont je n’ai pas eu le temps de me purifier suffisamment, j’endure de très grands tourments au purgatoire. Mais je te prie, père, que, comme par pitié tu l’as fait, viens à mon secours quand j’étais vivant, daigne maintenant me secourir dans mes tourments, en récitant pour moi quelques Paternoster ; car ta prière est très agréable aux yeux de Dieu. » Alors Frère Conrad, accédant courtoisement à sa requête, récita une fois le Paternoster pour lui, accompagné du Requiem æternam. Sur quoi, l’âme dit : « Ô Père très cher, quel bienfait et quel soulagement j’éprouve ! Je t’en supplie, récite-le une seconde fois. » Frère Conrad le récita. Après l’avoir dit, l’âme dit : « Saint Père, lorsque tu pries pour moi, je me sens grandement soulagé ; c’est pourquoi je t’en supplie, ne cesse de prier pour moi. » Frère Conrad, voyant que cette âme était grandement aidée par ses prières, récita cent Paternoster pour elle. Et,Après les avoir dites, cette âme dit : « Je vous remercie, très cher père, au nom de Dieu et pour la charité que vous m’avez témoignée ; car par vos prières je suis délivré de tous mes tourments et je vais maintenant au royaume céleste. » Et, après avoir ainsi parlé, cette âme s’en alla. Alors frère Conrad, pour donner joie et réconfort aux frères, leur raconta en détail toute sa vision. Et c’est ainsi que l’âme de ce jeune homme alla au paradis, par les mérites de frère Conrad.
Comment la Mère du Christ et saint Jean l’Évangéliste apparurent à frère Conrad et lui dirent lequel d’entre eux souffrit le plus de douleur pour la Passion du Christ.
Alors que frère Conrad et frère Pierre, déjà cités, habitaient ensemble, sur le territoire d’Ancône, au lieu-dit Forano, deux étoiles brillantes de la province de Marche et deux hommes célestes, et qu’il y avait entre eux tant d’amour et de charité qu’ils semblaient n’avoir qu’un seul cœur et qu’une seule âme, ils s’engagèrent par ce pacte : qu’ils se révéleraient mutuellement, dans l’amour, toutes les consolations que la miséricorde divine leur accorderait. Après avoir conclu ce pacte, il advint qu’un jour, tandis que frère Pierre priait et méditait avec ferveur la Passion du Christ, et comment la très sainte Mère du Christ, saint Jean l’Évangéliste, le disciple bien-aimé, et saint François étaient représentés au pied de la Croix, crucifiés avec le Christ par la douleur de leur âme, il désira savoir lequel des trois avait éprouvé la plus grande douleur pour la Passion du Christ. Que ce soit la Mère qui l’avait porté, le disciple qui avait dormi sur son sein, ou saint François crucifié avec le Christ. Tandis qu’il méditait ainsi avec dévotion, la Vierge Marie lui apparut avec saint Jean l’Évangéliste et saint François, vêtus des plus nobles vêtements de gloire béatifique ; mais saint François apparut vêtu d’un plus beau vêtement que saint Jean. À cette vision, Pierre fut saisi d’une grande peur ; mais saint Jean le consola et lui dit : « N’aie pas peur, très cher frère, car nous sommes venus te consoler de tes doutes. Sache donc que la Mère du Christ et moi, plus que toutes les autres créatures, avons été affligés par la Passion du Christ ; mais après nous, saint François a eu une plus grande douleur que tous les autres ; c’est pourquoi tu le vois dans une si grande gloire. » Et frère Pierre lui demanda : « Très saint Apôtre du Christ, pourquoi le vêtement de saint François paraît-il plus beau que le tien ? » Saint Jean répondit : « La raison en est que, lorsqu’il était en ce monde, il portait des vêtements plus vils que les miens. » Et, après avoir ainsi parlé, saint Jean donna à frère Pierre un vêtement glorieux, qu’il tenait à la main, et lui dit : « Prends ce vêtement que je t’ai apporté. » Et, au moment où saint Jean voulait l’en revêtir, frère Pierre tomba à terre, terrifié et stupéfait, et se mit à crier : « Frère Conrad, très cher frère Conrad, aide-moi vite ; viens ici et vois des choses merveilleuses. » Et, tandis qu’il prononçait ces paroles, cette sainte vision disparut. Ensuite, lorsque frère Conrad revint, il lui raconta tout en ordre ; et ils rendirent grâces à Dieu.
De la conversion, de la vie, des miracles et de la mort du saint frère Jean de Penna
Alors que frère Jean de Penna était encore un enfant et un écolier dans la province de la Marche, une nuit, un très bel enfant lui apparut [ p. 114 ] et l’appela en disant : « Jean, va à l’église de Santo Stefano, où prêche l’un de mes frères mineurs ; crois à sa doctrine et prête l’oreille à ses paroles, car je l’y ai envoyé ; et, quand tu l’auras fait, tu auras un long voyage à faire ; après quoi tu viendras à moi. » Alors, il se leva aussitôt et ressentit un grand changement dans son cœur ; et se rendant à Santo Stefano, il trouva là une grande multitude d’hommes et de femmes qui attendaient d’entendre la prédication. Et celui qui devait prêcher était un frère nommé Philippe, celui-là même qui était l’un des premiers frères qui étaient venus dans la Marche d’Ancône ; car jusqu’à présent, peu de places étaient prises en marche. Or, ce frère Philippe se leva pour prêcher, et il prêcha avec la plus grande dévotion, non avec des paroles de sagesse humaine, mais en vertu de l’Esprit du Christ, proclamant le Royaume de la Vie Éternelle. Et, lorsque le sermon fut terminé, ledit garçon alla vers ledit frère Philippe et lui dit : « Père, si vous daignez me recevoir dans l’Ordre, je ferais volontiers pénitence et servirais Notre Seigneur Jésus-Christ. » Frère Philippe, percevant et connaissant la merveilleuse innocence du garçon et sa volonté empressée de servir Dieu, lui dit : « Tu viendras à moi tel jour à Recanati, et je te ferai recevoir. » (Or, en ce lieu, le Chapitre provincial allait se tenir.) C’est pourquoi le garçon, qui était très simple, pensa en lui-même que c’était le long voyage qu’il devait faire, selon la révélation qu’il avait eue, et qu’après il devrait aller au paradis ; et il crut devoir le faire dès qu’il aurait été reçu dans l’Ordre. Il y alla donc et fut reçu ; et, voyant que son attente n’était pas immédiatement satisfaite, lorsque le ministre dit au Chapitre que quiconque [ p. 115 ] désirerait se rendre en Provence, pour le mérite de la sainte obéissance, en serait librement autorisé, il lui vint un grand désir d’y aller ; car il pensait dans son cœur que c’était le long voyage qu’il devait faire avant d’aller au paradis ; mais, ayant honte de le dire, à la fin, ayant une grande confiance dans ledit frère Philippe qui l’avait reçu dans l’Ordre, il le pria instamment de lui obtenir cette faveur, qu’il puisse avoir la permission d’aller en Provence. Alors frère Philippe, voyant sa simplicité de cœur et sa sainte intention, lui obtint cette permission ; Sur quoi, frère Jean partit avec une grande joie, convaincu qu’après avoir terminé son voyage, il irait au paradis. Mais, comme Dieu le voulut, il demeura dans ladite province vingt-cinq ans.Dans cette attente et ce désir, il vivait dans une grande honnêteté et sainteté, donnant toujours le bon exemple et grandissant en faveur de Dieu et des hommes. Il était très aimé des frères et des laïcs. Un jour, alors que frère Jean priait avec ferveur, pleurant et se lamentant parce que son désir n’était pas exaucé et que son pèlerinage terrestre était trop long, le Christ béni lui apparut ; à sa vue, son âme fut tout attendrie. Il lui dit : « Mon fils, frère Jean, demande-moi ce que tu veux » ; il répondit : « Seigneur, je ne sais que te demander, sinon toi seul, car je ne désire rien d’autre ; je te prie seulement de me pardonner tous mes péchés et de me donner la grâce de te revoir une autre fois, lorsque j’en aurai davantage besoin. » Jésus dit : « Ta prière a été exaucée. » Après avoir ainsi parlé, il s’en alla, et frère Jean resta rempli de consolation. Enfin, les frères de la Marche, entendant parler de sa sainteté, s’entendirent avec le général, qui lui envoya l’ordre de retourner à la Marche. Après avoir reçu cet ordre, il se mit en route avec joie, pensant qu’une fois ce voyage terminé, il irait au ciel selon la promesse du Christ. Mais, après son retour dans la province de la Marche, il y vécut trente ans, et aucun de ses parents ne le connut plus. Chaque jour, il attendait la miséricorde de Dieu pour qu’il accomplisse sa promesse. En ces jours-là, il remplit à plusieurs reprises la fonction de gardien avec une grande discrétion, et par lui Dieu accomplit de nombreux miracles. Parmi les autres dons qu’il avait reçus de Dieu, il y avait l’esprit de prophétie, Or, un jour qu’il était absent du lieu, un de ses novices fut assailli par le diable et si cruellement tenté que, consentant à la tentation, il résolut de quitter l’Ordre dès que frère Jean serait revenu. Cette tentation et cette résolution ayant été révélées à frère Jean par l’esprit de prophétie, il rentra aussitôt chez lui, appela ledit novice et lui dit qu’il désirait se confesser. Mais avant de se confesser, il lui raconta successivement toute sa tentation, telle que Dieu la lui avait révélée, et conclut ainsi : « Mon fils, parce que tu m’attendais et que tu n’as pas désiré partir sans ma bénédiction, Dieu t’a accordé cette grâce que tu ne quitteras jamais l’Ordre, mais que tu y mourras avec la bénédiction divine. » Alors ledit novice fut affermi dans sa bonne résolution et, demeurant dans l’Ordre, devint un saint frère. et tout cela, frère Hugolin me l’a raconté. Ledit frère Jean était un homme d’esprit joyeux et tranquille, et parlait rarement ; il était constant dans la prière [ p. 117 ] et dans la dévotion,et surtout après matines, il ne retournait jamais à sa cellule, mais demeurait à l’église en prière jusqu’au jour. Et une nuit, alors qu’il continuait à prier après matines, l’ange du Seigneur lui apparut et dit : « Frère Jean, ton voyage est arrivé à son terme, celui que tu as si longtemps attendu ; c’est pourquoi je t’annonce, au nom de Dieu, que tu peux choisir la grâce que tu veux. Et de plus, je t’annonce que tu peux choisir ce que tu veux, soit un jour au purgatoire, soit sept jours de souffrance en ce monde. » Et, frère Jean choisissant plutôt les sept jours de souffrance en ce monde, il tomba aussitôt malade de diverses maladies ; car il fut gravement frappé de fièvre, de goutte aux mains et aux pieds, de coliques et de bien d’autres maux ; Mais ce qui le tourmentait le plus était ceci : un démon se tenait constamment devant lui, tenant à la main un grand parchemin sur lequel étaient écrits tous les péchés qu’il avait commis ou pensés, et lui parlait continuellement, disant : « Pour ces péchés que tu as commis en pensées, en paroles et en actes, tu es condamné aux profondeurs de l’enfer. » Et il ne se souvenait d’aucune bonne chose qu’il ait jamais faite, ni d’être dans l’Ordre, ni d’y avoir jamais été ; et donc, il croyait vraiment être damné, comme le démon le lui disait. C’est pourquoi, chaque fois qu’on lui demandait comment il allait, il répondait : « Malade, car je suis damné. » Voyant cela, les frères envoyèrent chercher un vieux frère, appelé frère Matthieu de Monte Rubbiano, saint homme et grand ami de ce frère Jean. Et ledit frère Matthieu vint le trouver le septième jour de son affliction, le salua et lui demanda comment il allait. Il répondit qu’il était malheureux parce qu’il était damné. Alors frère Matthieu [ p. 118 ] dit : « Ne te souviens-tu pas que je t’ai souvent confessé et que je t’ai entièrement absous de tous tes péchés ? Ne te souviens-tu pas que tu as servi Dieu dans ce saint Ordre pendant de nombreuses années ? De plus, ne te souviens-tu pas que la miséricorde de Dieu est plus grande que tous les péchés du monde, et que le Christ bienheureux, notre Sauveur, a payé pour nous racheter un prix infini ? Aie donc bon espoir d’être sauvé. » Et tandis qu’il parlait ainsi, la période de purification de frère Jean étant terminée, la tentation le quitta et la consolation lui vint. Alors frère Jean s’adressa à frère Matthieu avec une grande joie, et lui dit : « Puisque tu es fatigué et que l’heure est avancée, je t’en prie, va te reposer un peu. » Et bien que frère Matthieu ne désirât pas le quitter, à la fin, à cause de ses nombreuses insistances, il le quitta et alla se coucher. Frère Jean resta seul avec le frère qui le servait. Et voici que le Christ béni vint avec une très grande splendeur et un parfum très doux.Comme il lui avait promis de lui apparaître une seconde fois lorsqu’il en aurait davantage besoin, il le guérit complètement de toutes ses maladies. Alors frère Jean, les mains jointes, rendit grâces à Dieu d’avoir mené à bien le long chemin de cette misérable vie présente. Remettant son âme entre les mains du Christ et la remettant à Dieu, il passa de cette vie mortelle à la vie éternelle avec le Christ bienheureux, qu’il avait si longtemps attendu et désiré contempler. Et frère Jean fut enterré à Penna San Giovanni.