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Au nom de Notre Seigneur Jésus-Christ Crucifié et de sa Mère la Vierge Marie. Ce livre contient quelques petites fleurs, des miracles et de pieux exemples du glorieux mendiant du Christ, Maître saint François, et de certains de ses saints compagnons, à la louange de Jésus-Christ. Amen.
Premièrement, il faut considérer que le glorieux Maître saint François, dans tous les actes de sa vie, s’est conformé au Christ bienheureux : de même que le Christ, au début de sa prédication, choisit douze apôtres pour mépriser tout ce qui est terrestre et le suivre dans la pauvreté et les autres vertus ; de même saint François, au début, choisit pour la fondation de son Ordre douze compagnons, possédant la plus haute pauvreté. Et de même que l’un des douze apôtres du Christ, rejeté par Dieu, finit par se pendre, de même l’un des douze compagnons de saint François, frère Giovanni della Cappella, apostasia et finit par se pendre. Et pour les élus, c’est un grand exemple et une cause d’humilité et de crainte, sachant que nul ne peut être certain de persévérer jusqu’au bout dans la grâce de Dieu. Et comme ces saints Apôtres étaient d’une sainteté et d’une humilité merveilleuses devant tout le monde et remplis du Saint-Esprit, ainsi ces très saints compagnons [ p. 2 ] de saint François étaient des hommes d’une telle sainteté que, depuis le temps des Apôtres jusqu’à présent, le monde n’a jamais eu d’hommes aussi merveilleux et aussi saints ; car l’un d’eux fut enlevé au troisième ciel, comme saint Paul, et c’était frère Gilles ; l’un d’eux, à savoir frère Philippe Lungo, fut touché aux lèvres par un ange avec une braise ardente, comme le prophète Isaïe ; l’un d’eux, et c’était frère Sylvestre, parla avec Dieu, comme un ami parle à un autre, à la manière de Moïse ; l’un, en raison de la subtilité de son intelligence, s’éleva jusqu’à la lumière de la sagesse divine, comme le fit l’aigle, à savoir Jean l’Évangéliste ; Parmi eux se trouvait le très humble frère Bernard, qui expliquait les Saintes Écritures avec une très grande intelligence ; l’un d’eux fut sanctifié de Dieu et canonisé au ciel, alors qu’il vivait encore dans le monde ; c’était frère Ruffino, gentilhomme d’Assise ; et de même chacun d’eux reçut un sceau singulier de sainteté, comme il est exposé ci-après.
Du frère Bernard de Quintavalle, premier compagnon de saint François
Le premier compagnon de saint François fut frère Bernard d’Assise, qui se convertit ainsi. Saint François, encore vêtu de vêtements laïcs, bien qu’ayant déjà renoncé au monde, vécut profondément méprisé et mortifié par la pénitence, à tel point que beaucoup le considéraient comme fou, le raillaient comme tel et le chassaient à coups de pierres et de boue par ses proches et par des étrangers. Néanmoins, il se montra toujours patiemment, comme un sourd et muet, sous toutes les insultes et les moqueries. C’est pourquoi il arriva que messire Bernard d’Assise, qui était parmi les plus nobles, les plus riches et les plus sages de cette ville, commença à considérer attentivement la très grande patience de saint François envers les injures sous un tel mépris du monde ; Voyant comment, après avoir été ainsi abhorré et méprisé de tous pendant deux ans, il paraissait toujours plus constant, il commença à penser et à se dire en lui-même : « En vérité, il est impossible que ce François n’ait pas une grande grâce de Dieu. » Il l’invita donc à souper le soir et à loger chez lui ; saint François accepta, soupa avec lui et logea. Alors, Messer Bernard voulut contempler sa sainteté ; il fit donc préparer un lit dans sa chambre, où, la nuit, une lampe était toujours allumée. Et saint François, pour dissimuler sa sainteté, étant entré dans la chambre, se jeta aussitôt sur le lit et fit semblant de dormir ; de même, Messer Bernard, peu après, s’allongea et se mit à ronfler bruyamment comme s’il dormait profondément. Sur quoi, croyant qu’en vérité Messer Bernard dormait, saint François se leva aussitôt de son lit et se mit à prier, levant les yeux et les mains au ciel, et disant avec une grande dévotion et ferveur : « Mon Dieu, mon Dieu ! » Et, disant ainsi et pleurant continuellement, il demeura jusqu’au matin, répétant toujours : « Mon Dieu, mon Dieu ! » et rien d’autre. Et saint François dit cela, contemplant et s’émerveillant de l’excellence de la Divine Majesté qui daignait donner la grâce au monde périssant et, par son mendiant François, fournir un remède de salut pour son âme et pour les âmes des autres. C’est pourquoi, illuminé par le Saint-Esprit ou bien par l’esprit de prophétie, et prévoyant les grandes choses qui [ p. 4 ] ce que Dieu voulait faire par lui et par son Ordre. Conscient de son insuffisance et de sa faible valeur, il invoqua Dieu et le pria que, par sa miséricorde et sa toute-puissance, sans lesquelles la faiblesse humaine ne peut rien, il supplée, aide et complète ce que, de lui-même, il (saint François) ne pouvait faire. Or, lorsque Messer Bernard eut vu à la lumière de la lampe les actions très pieuses de saint François et qu’il eut considéré avec révérence les paroles qu’il avait prononcées,Il fut touché et inspiré par le Saint-Esprit à changer de vie. C’est pourquoi, le jour venu, il appela saint François et lui dit : « Frère François, je suis tout disposé à renoncer au monde et à te suivre dans ce que tu me commanderas. » En entendant cela, saint François se réjouit et dit : « Maître Bernard, ce dont vous parlez est une œuvre si grande et si difficile que nous devons consulter Notre-Seigneur Jésus-Christ à ce sujet, et le prier de daigner nous montrer sa volonté et nous apprendre comment la mener à bien. Allons donc ensemble chez l’évêque, où il y a un bon prêtre, et nous lui ferons dire la messe, puis nous continuerons à prier jusqu’à tiers, suppliant Dieu qu’en trois ouvertures du missel, il nous indique la voie qu’il veut que nous choisissions. » À quoi Maître Bernard répondit qu’il était satisfait. Ils partirent donc aussitôt et se rendirent à la maison de l’évêque. Après avoir entendu la messe et continué la prière jusqu’à la tierce, le prêtre, à la demande de saint François, prit le missel et, après avoir fait le signe de la très sainte croix, l’ouvrit trois fois au nom de Notre-Seigneur Jésus-Christ. À la première ouverture, ils trouvèrent la parole que le Christ a dite dans l’Évangile au jeune homme qui lui demandait la voie de la perfection : « Si tu veux être parfait, va, vends ce que tu as, donne-le aux pauvres et suis-moi ». À la seconde ouverture, ils trouvèrent la parole que le Christ a dite aux Apôtres lorsqu’il les a envoyés prêcher : « Ne prenez rien pour votre voyage, ni bâton, ni sac, ni souliers, ni argent », voulant ainsi leur apprendre qu’ils doivent mettre tout leur espoir de vivre en Dieu et tourner toutes leurs pensées vers la prédication du saint Évangile. » À la troisième ouverture du missel, ils trouvèrent la parole du Christ : « Si quelqu’un veut venir après moi, qu’il renonce à lui-même, qu’il se charge de sa croix et qu’il me suive. » Saint François dit alors à Messer Bernard : « Voici le conseil que le Christ nous donne. Va donc et fais consciencieusement ce que tu as entendu, et béni soit Notre-Seigneur Jésus-Christ qui a daigné nous montrer sa voie évangélique. » Après avoir entendu cela, Messer Bernard partit et vendit tout ce qu’il possédait ; il devint très riche. Et, dans une grande joie, il distribua tout aux veuves, aux orphelins, aux prisonniers, aux monastères, aux hôpitaux et aux pèlerins ; et en tout, saint François l’aida fidèlement et avec prévoyance. Or, un homme nommé Messer Sylvestre, voyant que saint François donnait et faisait donner tant d’argent aux pauvres, fut pris d’avarice et dit : « Tu ne m’as pas payé intégralement les pierres que tu m’as achetées pour réparer l’église ; c’est pourquoi, maintenant que tu as de l’argent, paie-moi. » Alors saint François,S’étonnant de son avarice et ne voulant pas le contester, en véritable disciple du Saint Évangile, il mit ses mains dans le sein de Messer Bernard et, les ayant remplies d’argent, les mit dans le sein de Messer Sylvestre, en disant que s’il en voulait davantage, il lui en donnerait davantage. Messer Sylvestre, satisfait de ce qu’il avait reçu, partit et se rendit chez lui ; et le soir, se souvenant de ce qu’il avait fait pendant la journée, et considérant le zèle de Messer Bernard et la sainteté de saint François, il se repentit de son avarice ; et la nuit suivante et les deux nuits suivantes, il eut une vision divine, dans laquelle il vit comment de la bouche de saint François sortait une croix d’or, dont le sommet atteignait le ciel et dont les bras s’étendaient de l’orient jusqu’à l’occident. À la suite de cette vision, il donna tout ce qu’il possédait par amour de Dieu et devint frère mineur. Sa sainteté et sa grâce dans l’Ordre étaient telles qu’il parlait à Dieu comme un ami parle à un autre, comme saint François l’a maintes fois reconnu, et comme nous le verrons plus loin. De même, Messer Bernard reçut tant de grâces divines qu’il était souvent transporté dans sa contemplation. Saint François disait de lui qu’il était digne de toute révérence et qu’il avait fondé cet Ordre, car il fut le premier à quitter le monde, ne gardant rien pour lui-même, mais donnant tout aux pauvres du Christ ; et, lorsqu’il initia la pauvreté évangélique, il s’offrit nu dans les bras du Crucifié ; que nous bénissions pour les siècles des siècles. Ainsi soit-il.De même, Messer Bernard reçut tant de grâces de Dieu qu’il était souvent transporté en contemplation vers Dieu ; et saint François disait de lui qu’il était digne de toute révérence, et qu’il avait fondé cet Ordre, parce qu’il était le premier à avoir quitté le monde, ne gardant rien pour lui-même, mais donnant tout aux pauvres du Christ ; et, lorsqu’il commença la pauvreté évangélique, s’offrant nu dans les bras du Crucifié ; que nous bénissions pour les siècles des siècles. Ainsi soit-il.De même, Messer Bernard reçut tant de grâces de Dieu qu’il était souvent transporté en contemplation vers Dieu ; et saint François disait de lui qu’il était digne de toute révérence, et qu’il avait fondé cet Ordre, parce qu’il était le premier à avoir quitté le monde, ne gardant rien pour lui-même, mais donnant tout aux pauvres du Christ ; et, lorsqu’il commença la pauvreté évangélique, s’offrant nu dans les bras du Crucifié ; que nous bénissions pour les siècles des siècles. Ainsi soit-il.
Comment, pour une mauvaise pensée que saint François avait contre frère Bernard, il ordonna audit frère Bernard de lui marcher trois fois sur la gorge et sur la bouche.
Le très pieux serviteur du Crucifié, Messer saint François, par la sévérité de sa pénitence et par ses pleurs continuels, était devenu presque aveugle et ne voyait que peu. Un jour, entre autres, il quitta le lieu où il se trouvait et se rendit à celui où se trouvait frère Bernard, pour lui parler de choses divines ; et arrivé à cet endroit, il le trouva dans le bois, en prière, tout exalté et uni à Dieu. Alors saint François entra dans le bois et l’appela. « Viens, dit-il, et parle à cet aveugle » ; et frère Bernard ne lui répondit pas un mot ; car, étant un homme de grande contemplation, son esprit était transporté et élevé vers Dieu ; et parce qu’il avait une grâce singulière à parler de Dieu, comme saint François l’avait souvent prouvé, il désirait donc lui parler. Après avoir attendu un peu, il l’appela une seconde et une troisième fois, de la même manière, et jamais frère Bernard ne l’entendit ; c’est pourquoi il ne lui répondit ni n’alla vers lui, de sorte que saint François s’en alla, quelque peu abattu, étonné et se lamentant intérieurement que frère Bernard, bien qu’il eût été appelé trois fois, ne fût pas venu à lui. Partant avec cette pensée, saint François, après s’être éloigné un peu, dit à son compagnon : « Attends-moi ici » ; et il se retira dans un endroit solitaire tout près, et se jetant à genoux, supplia Dieu de lui révéler la raison pour laquelle frère Bernard ne lui avait pas répondu ; et, tandis qu’il priait encore, une voix divine lui parvint : « Ô pauvre homme, pourquoi es-tu inquiet ? Un homme devrait-il quitter Dieu pour une créature ? Frère Bernard, lorsque tu l’as appelé, s’est uni à moi ; et c’est pourquoi il n’a pu venir à toi ni te répondre ; Ne t’étonne donc pas qu’il n’ait pu te répondre, car il était hors de lui et n’entendait rien de tes paroles. » Saint François, ayant reçu cette réponse de Dieu, retourna aussitôt et avec une grande hâte vers frère Bernard, pour s’accuser humblement de la pensée qu’il avait eue à son sujet. Et lorsque frère Bernard le vit venir à lui, il alla à sa rencontre et se jeta à ses pieds ; alors saint François le releva, et avec une grande humilité il lui raconta la pensée et la tribulation qu’il avait eues à son sujet, et la réponse que Dieu lui avait donnée à ce sujet ; et il finit de parler de cette manière : « Je te commande au nom de la sainte obéissance de faire ce que je te commande. » Or frère Bernard, craignant que saint François ne commande quelque chose d’excessif, comme il avait l’habitude de le faire, chercha un moyen d’échapper honnêtement à cette obéissance ; Il répondit donc ainsi : « Je suis prêt à vous obéir, si vous me promettez de faire ce que je vous commanderai. » Et lorsque saint François lui eut promis, frère Bernard dit : « Maintenant,Père, dis-moi ce que tu veux que je fasse. » Alors saint François dit : « Je t’ordonne, au nom de la sainte obéissance, que, pour punir ma présomption et l’arrogance de mon cœur, lorsque je me jetterai à terre, tu me poses un pied sur la gorge et l’autre sur la bouche, et que tu passes ainsi trois fois sur moi, d’un côté à l’autre, en criant sur moi honte et infamie, et en me disant surtout : « Couche-toi là, rustre, fils de Pietro Bernardoni, d’où te vient tant d’orgueil, toi qui es une créature très abjecte ? » En entendant cela, frère Bernard, bien que cela lui fût extrêmement difficile, par sainte obéissance, accomplit ce que saint François lui avait commandé, aussi courtoisement qu’il le put ; et lorsqu’il l’eut fait, saint François dit : « Maintenant, ordonne-moi ce que tu veux que je te fasse ; car je t’ai promis obéissance. » Frère Bernard dit : « Je te commande, au nom de la sainte obéissance, que chaque fois que nous serons ensemble, tu me réprimanderas et me corrigeras sévèrement de mes fautes. » Saint François s’étonna alors beaucoup de ce que Frère Bernard était d’une si grande sainteté qu’il le tenait en extrême révérence et ne le jugeait coupable en rien. C’est pourquoi, dès lors, saint François prit soin d’éviter de fréquenter souvent Frère Bernard en raison de cette obéissance, afin de ne pouvoir adresser aucune parole de correction à celui qu’il savait être d’une si grande sainteté ; mais lorsqu’il désirait le voir ou l’entendre parler de Dieu, il le quittait au plus vite et le retirait de là. Et ce fut une chose édifiante de voir avec quel amour, quelle révérence et quelle humilité saint François, le père, conversait et parlait avec Frère Bernard, son fils aîné. À la louange et à la gloire de Jésus-Christ et du mendiant François. Amen.9] te commande, au nom de la sainte obéissance, que chaque fois que nous serons ensemble, tu me réprimandes et me corriges sévèrement de mes fautes. » Saint François s’étonna alors beaucoup de ce que frère Bernard était d’une si grande sainteté qu’il le tenait en extrême révérence et ne le jugeait coupable en rien. C’est pourquoi, dès lors, saint François prit soin d’éviter de fréquenter souvent frère Bernard en raison de cette obéissance, afin qu’il ne puisse adresser aucune parole de correction à celui qu’il savait être d’une si grande sainteté ; mais lorsqu’il désirait le voir ou l’entendre parler de Dieu, il le quittait au plus vite et le quittait. Et ce fut une chose édifiante de voir avec quel amour, quelle révérence et quelle humilité saint François, le père, conversait et parlait avec frère Bernard, son fils aîné. À la louange et à la gloire de Jésus-Christ et du mendiant François. Ainsi soit-il.9] te commande, au nom de la sainte obéissance, que chaque fois que nous serons ensemble, tu me réprimandes et me corriges sévèrement de mes fautes. » Saint François s’étonna alors beaucoup de ce que frère Bernard était d’une si grande sainteté qu’il le tenait en extrême révérence et ne le jugeait coupable en rien. C’est pourquoi, dès lors, saint François prit soin d’éviter de fréquenter souvent frère Bernard en raison de cette obéissance, afin qu’il ne puisse adresser aucune parole de correction à celui qu’il savait être d’une si grande sainteté ; mais lorsqu’il désirait le voir ou l’entendre parler de Dieu, il le quittait au plus vite et le quittait. Et ce fut une chose édifiante de voir avec quel amour, quelle révérence et quelle humilité saint François, le père, conversait et parlait avec frère Bernard, son fils aîné. À la louange et à la gloire de Jésus-Christ et du mendiant François. Ainsi soit-il.
Comment l’Ange de Dieu proposa une question à Frère Élie, gardien d’un lieu du Val di Spoleto, et parce que Frère Élie lui répondit fièrement, partit et continua son chemin vers Saint-Jacques, où il trouva Frère Bernard et lui raconta cette histoire
Au commencement de l’Ordre, alors qu’il y avait peu de frères et que les places n’étaient pas encore prises, saint François, par dévotion, se rendit à saint Jacques de Galice et prit avec lui quelques frères, parmi lesquels frère Bernard. Comme ils voyageaient ainsi ensemble, il trouva dans une ville un mendiant malade, dont il fut pris de compassion et dit à frère Bernard : « Mon fils, je désire que tu demeures ici pour soigner ce malade » ; frère Bernard, s’agenouillant humblement et inclinant la tête, reçut l’obéissance du saint père et resta en ce lieu. Et saint François et ses autres compagnons se rendirent à saint Jacques. Arrivés là, et passant la nuit en prière dans l’église Saint-Jacques, Dieu révéla à saint François qu’il s’étendrait à travers le monde, car son ordre s’agrandirait et se constituerait en une multitude de frères. C’est ainsi que saint François commença à s’étendre dans ces régions. Revenant ensuite par le chemin par lequel il était venu, saint François trouva frère Bernard et le malade chez qui il l’avait laissé parfaitement guéris. Saint François autorisa donc frère Bernard à se rendre à Saint-Jacques l’année suivante. Saint François retourna alors dans le Val de Spolète et s’installa dans un lieu désert, avec frère Massée, frère Élie et d’autres. Tous veillaient à ne pas importuner ni interrompre saint François lorsqu’il priait. Ils le faisaient par respect pour lui et parce qu’ils savaient que Dieu lui révélait de grandes choses dans ses prières. Or, un jour, tandis que saint François était en prière dans un bois, un beau jeune homme, vêtu comme pour un voyage, se présenta à la porte du lieu et frappa avec tant d’impatience et de force, et pendant si longtemps, que les frères s’étonnèrent vivement de ces coups inhabituels. Frère Massée alla ouvrir la porte et dit au jeune homme : « D’où viens-tu, mon fils ? Il semble que tu n’y sois jamais venu auparavant, tu as frappé d’une manière si inhabituelle ? » Le jeune homme répondit : « Et comment faut-il frapper ? » Frère Massée dit : « Frappe trois fois à intervalles réguliers, puis attends que le frère dise le Paternoster et vienne à toi. S’il ne vient pas dans ce laps de temps, frappe à nouveau. » Le jeune homme répondit : « Je suis très pressé, c’est pourquoi je frappe si fort, car j’ai un long voyage à faire, et je suis venu ici pour parler avec frère François ; mais il est maintenant dans le bois en contemplation, et je ne veux donc pas le déranger ; mais allez et envoyez-moi frère Élie à qui je veux poser une question, car j’ai entendu dire qu’il est très savant. » Alors frère Massée alla dire à frère Élie d’aller parler à ce jeune homme, mais il fut en colère et ne voulut pas y aller.C’est pourquoi Frère Massée ne savait que faire, ni quelle réponse apporter. En effet, s’il disait : « Frère Élie ne peut venir », il mentait ; et s’il disait qu’il était en colère et ne voulait pas venir, il craignait de donner le mauvais exemple. Comme Frère Massée tardait à revenir, le jeune homme frappa de nouveau comme la première fois. Peu après, Frère Massée revint à la porte et lui dit : « Tu n’as pas observé mon enseignement sur la façon de frapper. » Le jeune homme répondit : « Frère Élie ne veut pas venir à moi. Va donc dire à Frère François que je suis venu lui parler ; mais, comme je ne veux pas l’empêcher de prier, dis-lui de m’envoyer Frère Élie. » Frère Massée alla alors trouver saint François, qui priait dans le bois, le visage levé vers le ciel, et lui rapporta le message du jeune homme et la réponse de Frère Élie ; ce jeune homme était l’ange de Dieu sous forme humaine. Alors saint François, sans bouger ni baisser la tête, dit : « Va dire à frère Élie, par obéissance, d’aller immédiatement trouver ce jeune homme. » Lorsque frère Élie eut entendu l’ordre de saint François, il se rendit à la porte, très en colère, et l’ouvrit avec fureur et fracas, puis dit au jeune homme : « Que veux-tu ? » Le jeune homme répondit : « Prends garde, frère, que tu ne sois pas colère, comme tu le sembles, car la colère obscurcit l’esprit et empêche le discernement de la vérité. » Frère Élie dit : « Dis-moi ce que tu veux de moi. » Le jeune homme répondit : « Je te demande s’il est permis à ceux qui observent le saint Évangile de manger ce qui leur est présenté, comme le Christ l’a dit à ses disciples ; et je te demande en outre s’il est permis à quiconque de préférer quoi que ce soit qui soit contraire à la liberté de l’Évangile. » Frère Élie répondit avec hauteur : « Je sais bien cela, mais je ne te répondrai pas. Va-t’en. » Le jeune homme dit : « Je pourrais répondre à cette question mieux que toi. » Frère Élie se mit alors en colère, claqua la porte et partit. Il commença alors à réfléchir à cette question et à en douter intérieurement ; il ne savait comment y répondre, car il était vicaire de l’Ordre et avait ordonné et établi une ordonnance allant au-delà de l’Évangile et de la Règle de saint François, interdisant à tout frère de l’Ordre de manger de la viande ; de sorte que cette question lui était expressément adressée. C’est pourquoi, ne sachant comment trancher lui-même, et considérant la modestie du jeune homme et le fait qu’il avait dit savoir mieux que lui répondre à cette question, il retourna à la porte et l’ouvrit pour s’enquérir auprès du jeune homme de la question susmentionnée ; mais il était déjà parti, car l’orgueil de Frère Élie ne le rendait pas digne de parler à un ange. Cela fait, saint François, à qui tout avait été révélé par Dieu, revint du bois et réprimanda sévèrement et d’une voix forte frère Élie, en disant : « Mal te feras, orgueilleux frère Élie,que tu chasses de nous les saints anges qui viennent nous enseigner. Je te dis que je crains beaucoup que ton [ p. 13 ] orgueil ne te fasse finir tes jours hors de cet Ordre. Et il arriva par la suite, comme saint François le lui avait dit, qu’il mourut hors de l’Ordre. Ce même jour, et à l’heure où l’ange s’en alla, il apparut sous cette même forme à frère Bernard qui revenait de Saint-Jacques ; et il avait atteint la rive d’un grand fleuve ; et il le salua dans sa propre langue, en disant : « Dieu te donne la paix, ô bon frère » ; et le bon frère Bernard, émerveillé par la beauté du jeune homme et en entendant le discours de son pays natal, avec un salut de paix et un visage joyeux, lui demanda : « D’où viens-tu, bon jeune homme ? » L’ange répondit : « Je viens du lieu où demeure saint François ; Je m’y rendis pour lui parler, mais je ne pus le faire, car il était dans les bois, absorbé par la contemplation des choses divines, et je ne voulais pas le déranger. En ce lieu habitent frère Massée, frère Gilles et frère Élie. Frère Massée m’a appris à frapper à la porte à la manière d’un frère. Mais frère Élie, refusant de répondre à ma question, s’en repentit et voulut m’entendre et me voir, mais il ne le put. Après ces paroles, l’ange dit à frère Bernard : « Pourquoi ne passes-tu pas de l’autre côté ? » Frère Bernard répondit : « Parce que je crains le danger à cause de la profondeur des eaux que je vois. » L’ange dit : « Traversons ensemble ; ne doute pas. » Il le prit par la main et, en un clin d’œil, le déposa de l’autre côté du fleuve. Alors Frère Bernard comprit que c’était l’ange de Dieu et, rempli de révérence et de joie, il s’écria d’une voix forte : « Ô ange béni de Dieu, dis-moi ton nom. » L’ange répondit : « Pourquoi me demandes-tu mon nom, qui est merveilleux ? » Après avoir ainsi parlé, l’ange disparut, ce qui consolait profondément Frère Bernard, qui fit tout le voyage avec joie, pensant au jour et à l’heure où l’ange lui était apparu. Arrivé au lieu où se trouvaient saint François et ses compagnons, il leur raconta tout en détail, et ils comprirent avec certitude que ce même ange, au jour et à l’heure où il leur était apparu, lui était aussi apparu.Il apparut sous cette même forme à frère Bernard qui revenait de Saint-Jacques ; et il avait atteint la rive d’un grand fleuve ; et il le salua dans sa propre langue, disant : « Dieu te donne la paix, ô bon frère ! » Et le bon frère Bernard, émerveillé par la beauté du jeune homme et par le discours de son pays natal, avec un salut de paix et un visage joyeux, lui demanda : « D’où viens-tu, bon jeune homme ? » L’ange répondit : « Je viens du lieu où demeure saint François ; et je suis allé là-bas pour lui parler, mais je n’ai pas pu le faire, car il était dans les bois, absorbé dans la contemplation des choses divines, et je ne voulais pas le déranger. Et, dans ce lieu demeurent frère Massée, frère Gilles et frère Élie ; et frère Massée m’a appris à frapper à la porte à la manière d’un frère ; Mais frère Élie, parce qu’il ne voulait pas répondre à la question que je lui posais, se repentit ensuite et voulut m’entendre et me voir, mais ne le put. Après ces paroles, l’ange dit à frère Bernard : « Pourquoi ne passes-tu pas sur l’autre rive ? » Frère Bernard répondit : « Parce que j’ai peur du danger à cause de la profondeur des eaux que je vois. » L’ange dit : « Passons ensemble ; ne doute pas. » Et il le prit par la main et, en un clin d’œil, le déposa de l’autre côté du fleuve. Alors frère Bernard comprit que c’était l’ange de Dieu, et, avec une grande révérence et une grande joie, il s’écria d’une voix forte : « Ô ange béni de Dieu, dis-moi ton nom. » L’ange répondit : « Pourquoi demandes-tu mon nom, qui est Merveilleux ? » Après avoir ainsi parlé, l’ange disparut, consolant grandement frère Bernard, qui parcourut tout le voyage avec joie, pensant au jour et à l’heure où l’ange lui était apparu. Arrivé à l’endroit où se trouvait saint François avec ses compagnons, il leur raconta tout en détail, et ils comprirent avec certitude que ce même ange, au jour et à l’heure où il leur était apparu, lui était aussi apparu.Il apparut sous cette même forme à frère Bernard qui revenait de Saint-Jacques ; et il avait atteint la rive d’un grand fleuve ; et il le salua dans sa propre langue, disant : « Dieu te donne la paix, ô bon frère ! » Et le bon frère Bernard, émerveillé par la beauté du jeune homme et par le discours de son pays natal, avec un salut de paix et un visage joyeux, lui demanda : « D’où viens-tu, bon jeune homme ? » L’ange répondit : « Je viens du lieu où demeure saint François ; et je suis allé là-bas pour lui parler, mais je n’ai pas pu le faire, car il était dans les bois, absorbé dans la contemplation des choses divines, et je ne voulais pas le déranger. Et, dans ce lieu demeurent frère Massée, frère Gilles et frère Élie ; et frère Massée m’a appris à frapper à la porte à la manière d’un frère ; Mais frère Élie, parce qu’il ne voulait pas répondre à la question que je lui posais, se repentit ensuite et voulut m’entendre et me voir, mais ne le put. Après ces paroles, l’ange dit à frère Bernard : « Pourquoi ne passes-tu pas sur l’autre rive ? » Frère Bernard répondit : « Parce que j’ai peur du danger à cause de la profondeur des eaux que je vois. » L’ange dit : « Passons ensemble ; ne doute pas. » Et il le prit par la main et, en un clin d’œil, le déposa de l’autre côté du fleuve. Alors frère Bernard comprit que c’était l’ange de Dieu, et, avec une grande révérence et une grande joie, il s’écria d’une voix forte : « Ô ange béni de Dieu, dis-moi ton nom. » L’ange répondit : « Pourquoi demandes-tu mon nom, qui est Merveilleux ? » Après avoir ainsi parlé, l’ange disparut, consolant grandement frère Bernard, qui parcourut tout le voyage avec joie, pensant au jour et à l’heure où l’ange lui était apparu. Arrivé à l’endroit où se trouvait saint François avec ses compagnons, il leur raconta tout en détail, et ils comprirent avec certitude que ce même ange, au jour et à l’heure où il leur était apparu, lui était aussi apparu.car il ne voulait pas répondre à la question que je lui avais posée, s’est ensuite repenti et a voulu m’entendre et me voir, mais n’a pas pu. Après ces paroles, l’ange dit à Frère Bernard : « Pourquoi ne passes-tu pas sur l’autre rive ? » Frère Bernard répondit : « Parce que j’ai peur du danger à cause de la profondeur des eaux que je vois. » L’ange dit : « Passons ensemble ; ne doute pas. » Et il le prit par la main et, en un clin d’œil, le déposa sur l’autre rive du fleuve. Alors Frère Bernard comprit que c’était l’ange de Dieu, et, avec beaucoup de révérence et de joie, il s’écria d’une voix forte : « Ô ange béni de Dieu, dis-moi ton nom. » L’ange répondit : « Pourquoi demandes-tu mon nom, qui est Merveilleux ? » Après avoir ainsi parlé, l’ange disparut, consolant grandement frère Bernard, qui parcourut tout le voyage avec joie, pensant au jour et à l’heure où l’ange lui était apparu. Arrivé à l’endroit où se trouvait saint François avec ses compagnons, il leur raconta tout en détail, et ils comprirent avec certitude que ce même ange, au jour et à l’heure où il leur était apparu, lui était aussi apparu.car il ne voulait pas répondre à la question que je lui avais posée, s’est ensuite repenti et a voulu m’entendre et me voir, mais n’a pas pu. Après ces paroles, l’ange dit à Frère Bernard : « Pourquoi ne passes-tu pas sur l’autre rive ? » Frère Bernard répondit : « Parce que j’ai peur du danger à cause de la profondeur des eaux que je vois. » L’ange dit : « Passons ensemble ; ne doute pas. » Et il le prit par la main et, en un clin d’œil, le déposa sur l’autre rive du fleuve. Alors Frère Bernard comprit que c’était l’ange de Dieu, et, avec beaucoup de révérence et de joie, il s’écria d’une voix forte : « Ô ange béni de Dieu, dis-moi ton nom. » L’ange répondit : « Pourquoi demandes-tu mon nom, qui est Merveilleux ? » Après avoir ainsi parlé, l’ange disparut, consolant grandement frère Bernard, qui parcourut tout le voyage avec joie, pensant au jour et à l’heure où l’ange lui était apparu. Arrivé à l’endroit où se trouvait saint François avec ses compagnons, il leur raconta tout en détail, et ils comprirent avec certitude que ce même ange, au jour et à l’heure où il leur était apparu, lui était aussi apparu.
Comment le saint frère Bernard d’Assise fut envoyé par saint François à Bologne et y fonda un monastère
Parce que saint François et ses compagnons furent appelés par Dieu et choisis pour porter dans leur cœur et dans leurs œuvres, et pour prêcher par leur langue la Croix du Christ, ils semblaient et étaient des hommes crucifiés, quant à leur habit, leur vie austère, leurs actes et leurs œuvres ; et parce qu’ils préféraient supporter les hontes et les insultes pour l’amour du Christ que les honneurs du monde, le respect et la louange des hommes ; oui, étant injuriés, ils se réjouissaient, et des honneurs ils étaient affligés ; et ainsi, ils parcoururent le monde comme des pèlerins et des étrangers, n’emportant rien avec eux si ce n’est le Christ crucifié. Et parce qu’ils étaient de vrais sarments de la vraie vigne, c’est-à-dire du Christ, ils portèrent de grands et bons fruits d’âmes qu’ils avaient gagnées à Dieu. Il arriva, au début de la religion, que saint François envoya frère Bernard à Bologne afin que là, selon la grâce que Dieu lui avait donnée, il puisse porter du fruit à [ p. 15 ] Dieu ; et frère Bernard, se signant du signe de la très sainte croix, en signe de sainte obéissance, partit et se rendit à Bologne. Les enfants, le voyant vêtu de vêtements vulgaires et inusités, se moquèrent de lui et le maltraitèrent, comme s’il était un fou. Et frère Bernard supporta tout avec patience et joie par amour du Christ ; oui, pour mieux être moqué, il demeura fidèlement sur la place publique de la ville, où se rassemblèrent autour de lui, assis là, de nombreux enfants et hommes ; et l’un tirait son capuchon par derrière, l’autre par devant, l’un lui jetait de la poussière, l’autre des pierres, l’un le poussait de côté, l’autre de l’autre ; et toujours impassible et patient, le visage joyeux, frère Bernard ne se plaignit ni ne s’inquiéta, et pendant plusieurs jours il retourna au même endroit pour endurer les mêmes choses. Et parce que la patience est une œuvre de perfection et une preuve de vertu, un savant docteur en droit, voyant et considérant la très grande constance et la vertu de frère Bernard, que, pendant tant de jours, ni insulte ni injure n’avaient pu troubler, se dit en lui-même : « Il est impossible que celui-ci ne soit pas un saint homme » ; et s’approchant de lui, il lui demanda : « Qui es-tu, et pourquoi es-tu venu ici ? » Pour réponse, frère Bernard mit sa main dans sa poitrine, en tira la Règle de saint François et la lui donna pour qu’il la lise. Après l’avoir lue, considérant son excellent état de perfection, il se tourna vers ses compagnons avec un grand étonnement et un grand émerveillement, et dit : « Vraiment, c’est l’état de perfection le plus excellent dont j’aie jamais entendu parler, et puisque cet homme et ses compagnons sont les plus saints hommes de ce monde, quiconque lui fait du tort commet un péché très grave. Nous devrions plutôt l’honorer au-delà de toute mesure, comme un véritable ami de Dieu. » Et [p.16]] il dit à frère Bernard : « Si tu désires prendre une place où tu puisses servir Dieu convenablement, je te la donnerais volontiers pour la santé de mon âme. » Frère Bernard répondit : « Seigneur, je crois que Notre-Seigneur Jésus-Christ t’a inspiré cela ; et c’est pourquoi j’accepte volontiers ton offre pour l’honneur du Christ. » Alors ledit juge, avec une grande joie et une grande charité, conduisit frère Bernard à sa maison, et ensuite il lui donna la place qu’il avait promise, et la fit préparer et terminer à ses frais ; et dès lors il devint le père et le défenseur spécial de frère Bernard et de ses compagnons. Et frère Bernard, en raison de sa sainte conversation, commença à être tenu en grand honneur par le peuple, à tel point que quiconque pouvait le toucher ou le voir se tenait pour béni ; Français mais lui, en véritable disciple du Christ et de saint François, craignant que les honneurs du monde n’entravent la paix et le salut de son âme, partit un jour et retourna vers saint François et lui dit : « Père, la place est prise dans la ville de Bologne ; envoyez-y des frères qui la maintiennent et l’habitent ; car, quant à moi, je n’y ai plus rien profité, car à cause du trop grand honneur qui m’a été fait, je crains d’y avoir perdu plus que gagné. » Alors saint François, après avoir tout entendu en ordre, comment Dieu avait agi par frère Bernard, rendit grâces à Dieu qui avait ainsi commencé à agrandir les disciples mendiants de la Croix ; et ensuite il envoya certains de ses compagnons à Bologne et en Lombardie, qui prirent plusieurs places en diverses parties.Il rendit grâces à Dieu qui avait ainsi commencé à agrandir les disciples mendiants de la Croix ; et il envoya ensuite certains de ses compagnons à Bologne et en Lombardie, ce qui prit plusieurs lieux en diverses parties.Il rendit grâces à Dieu qui avait ainsi commencé à agrandir les disciples mendiants de la Croix ; et il envoya ensuite certains de ses compagnons à Bologne et en Lombardie, ce qui prit plusieurs lieux en diverses parties.