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PARTIE II.
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SIX LETTRES DE SAINT FRANÇOIS
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Des dix-sept lettres attribuées à saint François dans l’édition de Wadding des Opuscula, cinq ne peuvent être admises comme authentiques, du moins sous la forme donnée dans cet ouvrage, et les autres doivent, à deux exceptions près, être reclassées.
Français Dans la première catégorie, nous devons placer la lettre familière dans laquelle saint François donne à saint Antoine la permission d’enseigner la théologie (Épître III, dans l’édition de Wadding), et qui a été exclue par les éditeurs Quaracchi comme douteuse au motif qu’elle existe sous trop de formes différentes. [1] Les lettres à frère Élie, aux ministres provinciaux et aux Custodes (Épîtres VII, IX et XIV, dans l’édition de Wadding), ont été traduites par Wadding en latin à partir d’un texte espagnol, [2] et ne nous sont pas parvenues dans leur forme originale. Elles ne figurent donc pas dans l’édition Quaracchi. Il en va de même pour la lettre (Épis. XVII, dans l’édition de Wadding) au « frère » Giacoma dei Settisoli, qui est clairement un extrait du chapitre XVIII de l’Actus B. Francisci et Sociorum ejus. [3] Suivant la [ p. 94 ] Éditeurs Quaracchi, j’ai exclu ces cinq lettres du présent ouvrage.
Quant à la reclassification des autres lettres attribuées à saint François par Wadding, les épîtres IV, V et XIII de son édition sont sans aucun doute d’authentiques écrits de saint François, mais ce ne sont pas des lettres ; du moins, les plus anciens manuscrits ne les présentent pas sous forme épistolaire. Les deux premières sont des fragments d’une « règle de vie » et d’une « dernière volonté », écrites par saint François pour sainte Claire ; la n° XIII est une Instruction sur le Saint-Sacrement. Toutes trois sont reproduites ailleurs dans le présent volume sous leur forme originale. [4] Pour le reste, les épîtres numérotées I et II par Wadding forment le texte d’une seule et même lettre « À tous les fidèles » ; celles numérotées VI et VIII semblent être un résumé de la véritable lettre « À un ministre », et la n° X fait partie de la lettre « Au Chapitre général », également donnée ci-dessous, tandis que les épîtres XI et XII ne forment qu’une seule lettre dans les plus anciens codex et appartiennent à cette même lettre au Chapitre général. Les deux seules lettres de saint François qui, tant sur le fond que sur la forme, peuvent être acceptées telles que Wadding les donne, sont les lettres n° VIII et XV, adressées respectivement aux [ p. 95 ] Règles et à frère Léon. En un mot, à la suite de ce processus d’élimination et de reclassification, seules cinq des dix-sept lettres attribuées à saint François par Wadding nous sont parvenues, à savoir :
1. Lettre à tous les fidèles (Ep. I et II de Wadding).
2. Lettre au Chapitre Général (Ep. X, XI et XII de Wadding).
3. Lettre à un ministre (Ep. VI et VIII de Wadding).
4. Lettre aux souverains (Ép. XV de Wadding).
5. Lettre à frère Léon (Ep. XVI de Wadding).
À ces cinq lettres, les éditeurs Quaracchi ont ajouté la lettre incontestablement authentique de saint François aux Custode, [5] ce qui en fait six en tout. Telles sont les six lettres que j’ai traduites ici en anglais. Examinons-les maintenant chacune d’elles dans l’ordre.
93:1 Sur cette lettre, voir l’Annexe. ↩︎
93:2 Wadding s’est inspiré du texte espagnol de Rebolledo (Chron, P. I, l. II, c. xxvii) et lui-même semble avoir eu des doutes, au moins en ce qui concerne l’authenticité de l’Épître VII. ↩︎
93:3 Voir Actus B. Francisci, etc., éd. Sabatier, p. 63. M. Sabatier attribue la paternité de cette compilation (qui contient, comme on le sait maintenant, entre autres choses, le texte latin original du traditionnel Fioretti) à Fra Ugolino di Monte Giorgio, et estime sa date entre 1280 et 1320. C’est cependant par Thomas de Celano que nous savons que saint p. 94François a écrit une lettre à Dame Giacoma (Voir Tr. de Miraculis in Anal. Bolland., t. xviii). Voir aussi Spec. Perf. (éd. Sabatier), c. XII, pour référence à cette lettre. Le récit de Celano rend le texte de la lettre donné dans l’Actus très douteux. Le fait que l’expression « saint L’utilisation de « Marie des Anges » pour désigner la Portioncule suffit à elle seule à contredire son authenticité. Ni saint François ni ses compagnons n’ont jamais employé ce terme ; ils disaient invariablement « Sainte Marie de la Portioncule ». Tout document contenant la première expression témoigne donc d’une origine au XIVe siècle au plus tôt. Voir Frère Jacqueline : Recherches historiques, par le père Édouard d’Alençon, Paris, 1899. ↩︎
95:1 La lettre que Wadding a traduite de l’espagnol, sous ce titre et numérotée XIV, semble avoir été une version incomplète de la lettre ici donnée dans son intégralité. ↩︎