Grand Catéchisme — Le Cinquième Commandement. | Page de titre | Grand Catéchisme — Le Septième Commandement. |
Tu ne commettras point d’adultère.
Ces commandements, qui suivent, se comprennent aisément grâce à l’explication des précédents ; ils nous invitent tous à éviter de nuire à notre prochain. Ils sont classés dans un ordre élégant. Ils concernent d’abord sa propre personne. Ensuite, ils s’adressent à la personne la plus proche de lui, ou au bien le plus proche après son corps, à savoir sa femme, qui est une seule chair avec lui, afin que nous ne puissions lui infliger un préjudice plus grave dans son bien. Il est donc explicitement interdit ici de le déshonorer à l’égard de sa femme. Et cela vise en réalité l’adultère, car chez les Juifs, il était ordonné et commandé que chacun se marie. C’est pourquoi les jeunes étaient aussi préparés au mariage de bonne heure, de sorte que la virginité était peu estimée, et que la prostitution publique et la luxure n’étaient pas tolérées (comme aujourd’hui). L’adultère était donc la forme la plus courante d’impudicité chez eux.
Mais parce que parmi nous règne un tel désordre honteux et les plus profonds recoins de tout vice et de toute impudicité, ce commandement vise aussi à s’opposer à toute forme d’impudicité, quelle qu’en soit l’appellation. Non seulement l’acte extérieur est interdit, mais aussi toute cause, incitation et moyen, afin que le cœur, les lèvres et tout le corps soient chastes et ne donnent aucune occasion, aucun secours ni aucune persuasion à l’impudicité. Et non seulement cela, mais aussi que nous résistions, apportions protection et secours partout où il y a danger et besoin ; et encore, que nous apportions aide et conseil, afin de préserver l’honneur de notre prochain. Car chaque fois que vous omettez cela alors que vous pourriez résister, ou que vous y conspirez comme si cela ne vous concernait pas, vous êtes aussi véritablement coupable que celui qui commet l’acte. Ainsi, pour le dire en bref, il est exigé de chacun qu’il vive chastement lui-même et qu’il aide son prochain à faire de même, afin que Dieu, par ce commandement, veuille encercler et protéger chaque époux, afin que personne ne les offense.
Mais puisque ce commandement vise directement l’état matrimonial et donne lieu à en parler, vous devez bien comprendre et remarquer, d’abord, combien Dieu honore et exalte glorieusement cet état, puisqu’il le sanctionne et le protège par son commandement. Il l’a déjà sanctionné dans le quatrième commandement : Honore ton père et ta mère ; mais ici, comme nous l’avons dit, il l’a entouré et protégé. C’est pourquoi il désire aussi que nous l’honorions, le maintenions et le conduisions comme un état divin et béni ; car, en premier lieu, il l’a institué avant tout autre, et c’est pourquoi il a créé l’homme et la femme séparément (comme on le voit), non pour la débauche, mais pour qu’ils vivent ensemble, soient féconds, engendrent des enfants, les nourrissent et les éduquent à l’honneur de Dieu.
C’est pourquoi Dieu a béni cet état plus que tout autre, et, de plus, il l’a doté et enveloppé de tout ce qui existe au monde, afin qu’il soit pourvu avec abondance. La vie conjugale n’est donc ni une plaisanterie ni une présomption ; c’est une chose excellente et une affaire divinement sérieuse. Car il est de la plus haute importance pour lui que soient suscités des hommes capables de servir le monde et de promouvoir la connaissance de Dieu, la piété et toutes les vertus, afin de lutter contre le mal et le diable.
C’est pourquoi j’ai toujours enseigné que cet état ne doit pas être méprisé ni discrédité, comme le font le monde aveugle et nos faux ecclésiastiques, mais qu’il doit être considéré selon la Parole de Dieu, par laquelle il est orné et sanctifié, de sorte qu’il soit non seulement placé sur un pied d’égalité avec les autres états, mais qu’il les précède et les surpasse tous, qu’il s’agisse de celui d’empereur, de prince, d’évêque, ou de qui que ce soit d’autre. Car les états ecclésiastiques et civils doivent s’humilier et tous se trouver dans cet état, comme nous l’entendrons. Ce n’est donc pas un état particulier, mais l’état le plus commun et le plus noble, qui imprègne toute la chrétienté, et même qui s’étend au monde entier.
En second lieu, sachez que cet état est non seulement honorable, mais aussi nécessaire, et Dieu ordonne solennellement qu’en général, en toutes circonstances, les hommes et les femmes créés pour cela se trouvent dans cet état ; toutefois, à quelques exceptions près (quoique peu nombreuses), que Dieu a spécialement réservées, de sorte qu’elles ne sont pas aptes au mariage, ou qu’il a libérées par un don surnaturel élevé, afin qu’elles puissent maintenir la chasteté sans cet état. Car là où la nature suit son cours, tel qu’il a été implanté par Dieu, il est impossible de rester chaste sans mariage. Car la chair et le sang restent chair et sang, et l’inclination et l’excitation naturelles suivent leur cours sans entrave, comme chacun le voit et le ressent. Afin donc qu’il soit plus facile, dans une certaine mesure, d’éviter l’impudicité, Dieu a ordonné le mariage, afin que chacun puisse y trouver sa part et en être satisfait ; la grâce divine étant en outre requise pour que le cœur soit pur.
Vous voyez par là comment cette populace papiste, prêtres, moines et religieuses, résiste à l’ordre et au commandement de Dieu, en méprisant et en interdisant le mariage, en présumant et en faisant vœu de conserver une chasteté perpétuelle, et en trompant les simples d’esprit par des paroles et des apparences mensongères. Car personne n’a si peu d’amour et de penchant pour la chasteté que ceux qui, par grande sainteté, évitent le mariage et se livrent à une prostitution ouverte et éhontée, ou font même pire en secret, au point qu’on n’ose en parler, comme on l’a trop souvent appris. Bref, même s’ils s’abstiennent de cet acte, leurs cœurs sont si remplis de pensées impures et de désirs pervers qu’ils endurent une souffrance continuelle et secrète, ardente et évitable dans le mariage. C’est pourquoi tous les vœux de chasteté en dehors du mariage sont condamnés par ce commandement, et une permission gratuite est accordée, oui, le commandement est même donné, à toutes les pauvres consciences piégées qui ont été trompées par leurs vœux monastiques, d’abandonner l’état impudique et d’entrer dans la vie conjugale, considérant que même si la vie monastique était pieuse, il ne serait néanmoins pas en leur pouvoir de maintenir la chasteté, et s’ils y restaient, ils ne feraient que pécher de plus en plus contre ce commandement.
Je parle de cela afin que les jeunes soient guidés de manière à ce qu’ils prennent goût au mariage et sachent qu’il est béni et agréable à Dieu. Ainsi, avec le temps, nous pourrions contribuer à ce que la vie conjugale soit restaurée et à ce que les actes sordides, dissolus et désordonnés qui sévissent aujourd’hui dans le monde entier, comme la prostitution ouverte et autres vices honteux découlant du mépris de la vie conjugale, soient moins nombreux. Il est donc du devoir des parents et du gouvernement de veiller à ce que nos jeunes soient éduqués à la discipline et à la respectabilité, et, lorsqu’ils auront atteint l’âge adulte, de pourvoir à leur éducation [de les marier] dans la crainte de Dieu et avec honneur ; Dieu ne manquerait pas d’y ajouter sa bénédiction et sa grâce, afin que les hommes en tirent joie et bonheur.
Permettez-moi de dire, en conclusion, que ce commandement exige non seulement que chacun vive chastement en pensées, en paroles et en actes dans sa condition, c’est-à-dire, surtout dans le mariage, mais aussi que chacun aime et estime l’épouse que Dieu lui a donnée. Car là où la chasteté conjugale doit être préservée, l’homme et la femme doivent absolument vivre ensemble dans l’amour et la concorde, afin que l’un puisse chérir l’autre de tout son cœur et avec une fidélité entière. Car c’est l’un des principaux points qui allument l’amour et le désir de chasteté, de sorte que, là où elle est présente, la chasteté s’impose naturellement, sans aucun commandement. C’est pourquoi saint Paul exhorte si instamment les époux à s’aimer et à s’honorer mutuellement. Voilà encore une œuvre précieuse, voire nombreuse et grande, dont vous pouvez vous glorifier avec joie, contre tous les états ecclésiastiques, choisis sans la Parole et le commandement de Dieu.
Grand Catéchisme — Le Cinquième Commandement. | Page de titre | Grand Catéchisme — Le Septième Commandement. |