XI. Yü Zâo ou les pendentifs en perles de jade du bonnet royal | Page de titre | XIII. Sang Fû Hsiâo Kî ou Mémoires sur les petites choses en tenue de deuil |
LIVRE XII. MING THANG WEI OU LES PLACES DANS LA SALLE DE DISTINCTION[1].
1. Autrefois, lorsque le duc de Kâu donnait audience aux princes féodaux dans leurs différentes places, dans la Salle de Distinction, le fils du Ciel se tenait dos à l’écran brodé de haches [2], et le visage tourné vers le sud[3].
2. Les trois ducs[4] se trouvaient devant les marches, au milieu, le visage tourné vers le nord, incliné vers l’est, position la plus honorable[5]. Les places des marquis se trouvaient à l’est du perron.
2. Voir vol. xxvii, page 111, paragraphe 11.
3. De nombreuses questions chronologiques et autres questions complexes se posent en rapport avec le grand public décrit dans ce paragraphe et dans les suivants. Il me semble que la période doit être située à l’inauguration de Lo comme capitale orientale de Kâu, probablement en 1109 av. J.-C., à la fin de la régence du duc de Kâu pour le jeune roi Khang ; voir le Shû, V, xiii. Que « le fils du Ciel » doive être compris comme désignant le roi Khang lui-même, et non le duc de Kâu, est un point, me semble-t-il, qu’aucun commentateur chinois n’aurait dû remettre en question.
2. Les trois Kung, je suppose, mentionnés dans le vol. iii, page 227, paragraphe 3. Le duc de Kâu était lui-même l’un d’eux ; mais peut-être, pendant sa régence, un autre avait-il été nommé à sa place.
Les marches orientales, orientées vers l’ouest, s’inclinaient vers le nord, position la plus honorable. Les seigneurs des comtés se trouvaient à l’ouest des marches occidentales, orientés vers l’est, également orientés vers le nord pour la même raison. Les comtes se trouvaient à l’est de la porte, orientés vers le nord, s’inclinant vers l’est, position la plus honorable. Les barons se trouvaient à l’ouest de la porte, orientés vers le nord, également orientés vers l’est pour la même raison.
3. Les chefs des neuf Î [1:1] étaient hors de la porte orientale, avec leurs visages à l’ouest, inclinés vers le nord comme position d’honneur ; ceux des huit Mân étaient hors de la porte au sud, avec leurs visages au nord, inclinés pour la même raison vers la droite ; ceux des six Zung étaient hors de la porte à l’ouest, avec leurs visages à l’est, inclinés pour la même raison vers le sud ; et ceux des cinq Tî étaient hors de la porte au nord, avec leurs visages au sud, inclinés pour la même raison vers l’est.
4. Les chefs des neuf Zhâi se tenaient devant la porte Ying, le visage tourné vers le nord et incliné vers l’est, leur honneur étant de se tenir à leur place ; ceux des quatre Sâi arrivèrent également, n’ayant qu’une seule occasion d’annoncer leur arrivée (à la cour). C’étaient les places des seigneurs dans la Salle de Distinction (lorsqu’ils se présentaient devant) le duc de Kâu[2:1].
5. La Salle de Distinction était ainsi appelée, car le rang des princes y était clairement indiqué comme élevé ou bas[1:2].
6. Autrefois, lorsque Kâu de Yin jetait le trouble dans tout le royaume, il prépara des tranches séchées de la chair du marquis de Kwei[2:2] et les utilisa pour festoyer les princes. C’est pourquoi le duc de Kâu aida le roi Wû à attaquer Kâu. À la mort du roi Wû, le roi Khang étant jeune et faible, le duc prit le siège du fils du Ciel[3:1] et gouverna le royaume. Pendant six ans, il donna audience à tous les princes dans la Salle de Distinction ; institua des cérémonies, fabriqua ses instruments de musique, distribua ses poids et mesures[4:1], et il y eut une grande soumission dans tout le royaume.
7. La septième année, il remit le gouvernement au roi Khang ; et celui-ci, en considération des services rendus au royaume par le duc, l’investit du territoire autour de Khü-fû[5:1], d’une superficie de sept cents lî carrés, et lui envoya mille chars de guerre[1:3]. Il ordonna également que les princes de Lû, de génération en génération, sacrifient au duc de Kâu avec les cérémonies et la musique appropriées à un sacrifice du fils du Ciel.
8. C’est ainsi que les souverains de Lû, au premier mois du printemps, se rendaient dans un grand carrosse, arborant la bannière suspendue à son bras en forme d’arc, avec les douze banderoles, et sur laquelle étaient blasonnés le soleil et la lune, pour sacrifier à Dieu dans le faubourg de leur métropole, associant Hâu Kî comme assesseur dans le service ; — selon les cérémonies utilisées par le fils du Ciel[2:3].
9. Au dernier mois de l’été, le sixième mois, ils pratiquaient les cérémonies du grand sacrifice en sacrifiant au duc de Kâu dans le grand temple ancestral, utilisant comme victime un taureau blanc. Les coupes étaient celles à l’effigie d’un taureau-victime, d’un éléphant, de collines et de nuages ; celle pour les esprits parfumés était celle aux yeux dorés. Pour les libations, ils utilisaient la coupe de jade dont l’anse était faite d’un long symbole de rang. Les plats contenant les offrandes étaient sur des supports en bois, ornés de jade et sculptés. Les coupes destinées au personnage étaient en jade sculpté de la même manière. Il y avait aussi des coupes simples et celles en corne, ornées de pièces rondes de jade ; et pour les présentoirs à viande, ils utilisaient celles à quatre pieds et les croisillons.
10. (Les chanteurs) montèrent dans la salle (ou scène) et chantèrent le Khing Miâo ; (dans la cour) en contrebas, (les pantomimes) exécutèrent la danse Hsiang[1:4], accompagnée des instruments à vent. Avec leurs boucliers rouges et leurs haches ornées de jade, et leurs bonnets à pendentifs, ils dansèrent au son du Tâ Wû[2:4] ; avec leurs bonnets de peau, leurs larges jupes blanches froncées à la taille et leur veste de soie, ils dansèrent le Tâ Hsiâ[3:2]. Il y avait aussi le Mei, ou musique des tribus sauvages de l’Est ; et le Zan, ou musique de celles du Sud. L’introduction de ces deux dans le grand temple devait signaler la distinction de Lû dans tout le royaume.
11. Le souverain, vêtu de sa robe à motif de dragon et de son bonnet à pendentifs, se tenait sur les marches orientales ; et son épouse, coiffée de sa coiffe et vêtue de sa robe brodée, se tenait dans sa chambre. Le souverain, les épaules nues, accueillait la victime à la porte ; son épouse apportait les plats. Les ministres et les grands officiers assistaient le souverain ; leurs épouses[4:2] assistaient la sienne. Chacun accomplissait son devoir. Tout officier qui négligeait son devoir était sévèrement puni ; et dans tout le royaume, on reconnaissait et on se soumettait largement à la valeur du duc de Kâu.
12. (À Lû) ils offraient (aussi) les sacrifices d’été, d’automne et d’hiver (dans le temple des ancêtres) ; avec ceux aux autels de la terre et du grain au printemps, et celui à la chasse d’automne, allant jusqu’au grand sacrifice d’action de grâce à la fin de l’année : tous (selon le modèle des) sacrifices du fils du Ciel.
13. Le grand temple (de Lû) correspondait à la Salle de Distinction du fils du Ciel, la porte Khû du palais (du marquis) à la porte Kâo (ou extérieure) du palais du roi, et la porte Kih au Ying[1:5]. On secouait la cloche avec le battant de bois dans la cour, comme on le faisait à la cour royale, pour annoncer les ordres du gouvernement.
14. Les chapiteaux des piliers avec des collines sculptées dessus, et les sculptures d’algues sur les petits piliers au-dessus des poutres ; le deuxième étage et les grandes poutres en saillie sous les avant-toits ; les piliers polis et les fenêtres opposées les unes aux autres ; le support en terre sur lequel les coupes, après avoir été utilisées, étaient placées ; le haut support sur lequel les jetons de jade étaient exposés en hauteur ; et l’écran légèrement sculpté : tous ces éléments étaient des ornements du temple du fils du Ciel[2:5].
15. (Les princes de Lû) avaient comme carrosses celui de (Shun), seigneur de Yü, garni de cloches ; celui du souverain de Hsiâ, avec sa façade sculptée ; le Grand carrosse (de bois), ou celui de Yin ; et le carrosse (orné de jade), ou celui de Kâu.
16. Ils avaient comme drapeaux ou bannières celui de (Shun), le seigneur de Yü ; la queue de yak du souverain de Hsiâ ; le grand drapeau blanc de Yin ; et le rouge correspondant de Kâu.
17. Ils avaient les chevaux blancs du souverain de Hsiâ, à la crinière noire ; les chevaux blancs de Yin, à la tête noire ; et les chevaux bais de Kâu, à la crinière rousse. Les souverains de Hsiâ préféraient les victimes noires ; celles de Yin, blanches ; et celles de Kâu, rouges et fortes.
18. Parmi les cruches à liqueur, ils avaient la cruche en terre cuite du seigneur de Yü ; la cruche de Hsiâ, avec des nuages et des collines figurés dessus ; le ko de Yin, sans base, qui reposait directement sur le sol ; et les cruches de Kâu, avec une victime-taureau ou un éléphant dessus.
19. Pour les bols ou les tasses, ils avaient le kân[1:6] de Hsiâ ; le kiâ de Yin ; et le kiâ de Kâu[3:3].
20. Pour les libations, ils avaient la cruche de Hsiâ, avec un coq dessus ; la kiâ de Yin ; et celle de Kâu, avec des yeux dorés dessus.
Comme louches, ils avaient celle de Hsiâ, dont le manche se terminait par une tête de dragon ; celle de Yin, légèrement sculptée partout ; et celle de Kâu, dont le manche ressemblait à des joncs tressés.
21. Ils avaient le tambour de terre, avec des mottes de terre pour la baguette et le flûte de roseau, — produisant la musique de Î-khî[4:3] ; les bottes de paille en forme d’oreiller,
qui étaient frappés[1:7]; la pierre sonore de jade; les instruments frottés ou frappés, (pour régler le début et la fin de la musique)[2:6]; le grand luth et le grand cistre; le luth moyen et les petits cistres[3:4]: les instruments de musique des quatre dynasties.
22. Le temple du duc de Lû fut entretenu de génération en génération comme celui du (roi) Wan (dans la capitale de Kâu), et le temple du duc Wû de la même manière que celui du (roi) Wû[4:4].
23. Ils avaient le hsiang (école) du seigneur de Yü, en rapport avec laquelle étaient conservées les réserves de riz (sacrificiel)[5:2] ; l’école hsü du souverain de Hsiâ ; l’école de Yin, dans laquelle les aveugles étaient honorés[1:8] ; et le collège de Kâu, avec son demi-cercle d’eau.
24. Ils possédaient les trépieds de Khung[2:7] et de Kwan[2:8] ; le grand hémisphère de jade ; et l’écaille de tortue de Fang-fû[3:5] : tous objets appartenant (proprement) au fils du Ciel. Ils possédaient (aussi) la lance de Yüeh[3:6] ; et le grand arc, armes militaires du fils du Ciel.
25. Ils avaient le tambour de Hsiâ soutenu sur quatre pieds ; celui de Yin soutenu sur un seul pilier ; les tambours de Kâu, suspendus à un support ; le carillon de cloches de Sui[4:5] ; les khing (pierres sonores) de Shû[5:3] aux tons différents ; et l’orgue de Nü-kwâ[6], avec ses langues.
26. Ils avaient le pupitre de Hsiâ, avec son plateau et ses poteaux sur lesquels étaient sculptés des dragons ; celui de Yin, avec son plateau à dents hautes ; et celui de Kâu, avec ses ornements ronds de jade et ses plumes (pendues aux coins).
27. Ils avaient les deux tui du seigneur de Yü (pour tenir le grain lors des sacrifices) ; les quatre lien de Hsiâ ; les six hû de Yin ; et les huit kwei de Kâu[1:9].
28. Ils avaient pour supports (sur lesquels disposer la chair des victimes) le khwan de Shun ; le küeh de Hsiâ ; le kü de Yin ; et le support en forme de pièce de Kâu. Pour les hauts supports des plats, ils utilisaient ceux de Hsiâ en bois brut ; ceux de Yin, ornés de jade ; et ceux de Kâu, ornés de plumes sculptées.
29. Ils avaient les genouillères en cuir simple de Shun ; celles de Hsiâ, avec des collines représentées dessus ; celles de Yin, avec des flammes ; et celles de Kâu, avec des dragons.
30. Ils utilisaient pour leurs offrandes sacrificielles (au père de la Cuisine), comme le seigneur de Yü, (des portions de) la tête ; comme les souverains de Hsiâ, (des portions de) cœur ; comme ils le faisaient sous Yin, (des portions de) foie ; et comme ils le faisaient sous Kâu, (des portions de) poumons[2:9].
31. Ils utilisaient l’eau claire préférée de Hsiâ ; la liqueur non fermentée préférée de Yin ; et la liqueur complétée préférée de Kâu[3:7].
32. Ils utilisèrent (les noms) des 50 officiers du seigneur de Yü ; des 100 des souverains de Hsiâ ; des 200 de Yin ; et des 300 de Kâu[1:10].
33. (Lors de leurs funérailles) ils utilisaient les ornements de plumes du seigneur de Yü ; les enveloppes de soie blanche (autour des mâts des drapeaux) des souverains de Hsiâ ; (les drapeaux) avec leurs bords dentés de Yin ; et les pièces rondes de jade et les plumes de Kâu[2:10].
34. Lû utilisait les robes, les vases et les officiers des quatre dynasties, et observait ainsi les cérémonies royales. Il les a longtemps transmises partout. Ses dirigeants et ses ministres ne se sont jamais entretués. Ses rites, sa musique, ses châtiments, ses lois, ses procédures gouvernementales, ses mœurs et ses coutumes sont restés immuables. Dans tout le royaume, il était considéré comme l’État qui appliquait les bonnes manières ; c’est pourquoi on lui accordait une certaine confiance en matière de cérémonies et de musique[3:8].
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[5:4] : Shû s’appelait aussi Wû-kâu (###).
[1:11] : Comparez le Shû, V, xx, 3. Diverses tentatives sont faites pour réconcilier les affirmations qui y figurent et celles de ce paragraphe ; « tout cela », dit Khan Hâo, « n’est que conjectures ».
Des chiffres sur tous ces éléments sont donnés. On pense que le nombre de récipients dans les différentes dynasties était régulé par le nombre de variétés de céréales ; mais la plupart de ces informations relèvent de la conjecture. ↩︎ ↩︎ ↩︎ ↩︎ ↩︎ ↩︎ ↩︎ ↩︎ ↩︎ ↩︎ ↩︎ ↩︎
Comparez le paragraphe 22, page 139, vol. xxvii. ↩︎ ↩︎ ↩︎ ↩︎ ↩︎ ↩︎ ↩︎ ↩︎ ↩︎ ↩︎ ↩︎
Il y a déjà eu plusieurs références à ces points, et il y en aura d’autres par la suite. ↩︎ ↩︎ ↩︎ ↩︎ ↩︎ ↩︎ ↩︎ ↩︎ ↩︎
Nü-kwâ est placé entre Fû-hsî et Shan Nang. Diverses merveilles fabuleuses sont relatées à son sujet (car beaucoup pensent que ce nom est féminin) dans le récit des cinq Tîs, préfixé aux histoires de Sze-mâ Khien. L’orgue est représenté ainsi : . ↩︎