XIII. Sang Fû Hsiâo Kî ou Mémoires sur les petites choses en tenue de deuil | Page de titre | XV. Shâo Î ou règles de conduite plus petites |
LIVRE XIV. TÂ KWAN OU LE GRAND TRAITÉ[1].
Selon les règles, seul le roi offrait le sacrifice commun à tous les ancêtres. La place principale était alors attribuée à celui dont était issu le fondateur de la lignée, et ce fondateur avait la place d’assesseur auprès de lui[2].
Les sacrifices des princes d’État parvenaient jusqu’à leur ancêtre le plus élevé. Les grands officiers et autres officiers ayant rendu de grands services, une fois ceux-ci examinés (et approuvés) par le souverain, pouvaient transmettre leurs sacrifices à leur ancêtre le plus élevé.
2. Le champ de Mû-yeh fut la grande réussite du roi Wû. Lorsqu’il se retira après la victoire, il dressa un bûcher à Dieu, pria sur l’autel de la terre et déposa ses offrandes dans la maison de Mû[3]. Il conduisit alors tous les princes du royaume, portant ses offrandes dans leurs différentes tribunes, et se hâta de çà et là, et rapporta le titre de roi à Thâi qui était Than-fû, Kî-lî et au roi Wan qui était Khang ; il refusa d’approcher ses honorables ancêtres avec leurs anciens titres plus humbles.
3. Ainsi, il régla les services à rendre à son père et à son grand-père avant lui, honorant le plus honorable. Il régla les places à donner à ses fils et petits-fils au-dessous de lui, témoignant ainsi son affection à sa famille. Il régla également les observances des branches collatérales de ses cousins, associant tous leurs membres aux festins. Il détermina leurs places selon leur ordre de descendance, et chaque distinction qu’il faisait était en harmonie avec ce qui était convenable et juste. Ainsi, la procédure du devoir humain était accomplie.
4. Lorsqu’un souverain sage se tenait face au sud et que toutes les affaires du royaume lui étaient confiées, cinq choses requéraient alors sa première attention, et le peuple n’était pas compté parmi elles. La première était la gestion des dettes envers ses proches (voir ci-dessus) ; la deuxième, la récompense du mérite ; la troisième, la promotion de la valeur ; la quatrième, l’utilisation des compétences ; et la cinquième, le maintien d’une vigilance bienveillante. Lorsque ces cinq choses étaient pleinement réalisées, le peuple avait tous ses besoins satisfaits et tous ses besoins satisfaits. Si l’une d’elles faisait défaut, le peuple ne pouvait mener une vie confortable.
Il était nécessaire pour un sage sur le trône du gouvernement de commencer par la procédure (ci-dessus) du devoir humain.
5. La détermination des mesures de poids, de longueur et de capacité ; la fixation des élégances (de cérémonie) ; le changement du début de l’année et du mois ; les changements de couleur des vêtements ; les différences entre les drapeaux et leurs blasons ; les changements de navires et d’armes, et les distinctions vestimentaires : autant de choses qui pouvaient être imposées au peuple. Mais aucun changement ne pouvait lui être imposé en ce qui concernait l’affection pour les proches, l’honneur rendu aux personnes honorables, le respect dû aux personnes âgées, et les différences de position et de fonctions entre hommes et femmes.
6. Les membres d’un même nom de famille étaient unis dans les diverses ramifications de leur parenté, sous les chefs de leurs différentes branches[1:1]. Ceux d’un nom de famille différent[2:1] voyaient leurs relations mutuelles régies principalement par les noms qui leur étaient attribués. Ces noms étant clairement énoncés, les différentes positions des hommes et des femmes étaient déterminées.
Lorsque le mari appartenait à la classe des pères [ou des oncles][3:1], l’épouse était placée dans celle des mères [ou des tantes] ; lorsqu’il appartenait à la classe des fils [ou des cousins], l’épouse était placée dans celle des épouses (juniores)[4]. Puisque l’épouse d’un frère cadet était (ainsi) appelée épouse (juniore), l’épouse de son frère aîné pouvait-elle être en même temps appelée mère [ou tante] ? Le nom ou l’appellation est de la plus haute importance dans la gestion de la famille : ne fallait-il pas faire preuve d’une grande prudence dans sa déclaration ?
7. Pour les groupes éloignés de quatre générations (d’un même ancêtre commun), le deuil était réduit à trois mois, ce qui constituait la limite du port du tissu de chanvre. Si les générations étaient supérieures à cinq, les épaules étaient dénudées et la ceinture était portée ; ainsi, le deuil au sein du cercle était progressivement réduit. Après la sixième génération, le lien de parenté était considéré comme rompu.
8. Comme les noms de famille qui naissaient séparaient leurs membres de leurs parents d’autrefois, et que la parenté disparaissait avec le temps (en ce qui concerne le port du deuil), pouvait-on contracter mariage entre des personnes (si éloignées)[1:2] ? Mais il y avait ce nom de famille originel qui unissait tous les membres sans distinction, et le maintien de ce lien par la fête commune[2:2] ; tant que ces conditions étaient réunies, il ne pouvait y avoir de mariage mixte, même après cent générations. Telle était la règle de Kâo[3:2].
9. Les considérations qui réglaient le deuil porté étaient au nombre de six : premièrement, la proximité de la parenté[4:1] ;
deuxièmement, l’honneur dû à l’honorable[1:3]; troisièmement, les noms (comme exprimant la position dans le cercle relatif)[2:3]; quatrièmement, les cas des femmes encore célibataires dans la maison paternelle, et de celles qui s’étaient mariées et l’avaient quittée[3:3]; cinquièmement, l’âge[4:2]; et sixièmement, l’affinité et la relation externe[5].
10. Parmi les considérations d’affinité et de relation externe, il y avait six cas : ceux découlant de l’interrelation[^6] ; ceux dans lesquels il n’y avait pas d’interrelation[6] ; ceux où le deuil devait être porté, et pourtant ne l’était pas, ceux où il ne devait pas être porté, et pourtant l’était ; ceux où il devait être profond, et pourtant était léger ; et ceux où il devait être léger, et pourtant était profond.
11. Si le point de départ était l’affection, elle partait du père. Élevant progressivement de lui, elle atteignait l’ancêtre (supérieur), et on disait qu’elle diminuait. Si le point de départ était la considération de ce qui est juste, elle partait de l’ancêtre. Descendant progressivement de lui, elle atteignait le père, et on disait qu’elle augmentait. Dans la diminution et l’augmentation, les considérations d’affection et de droit agissaient ainsi.
12. C’était la coutume pour le souverain de réunir et de festoyer tous les membres de sa famille. Aucun d’eux ne pouvait, en raison de leur parenté mutuelle, prétendre à une parenté plus étroite avec lui que celle exprimée par les places (qui leur étaient attribuées).
13. Aucun fils, sauf l’aîné (bien que tous les fils de l’épouse proprement dite), ne sacrifiait à son grand-père, afin de montrer que le Chef Honoré était là (et devait le faire). Il ne pouvait pas non plus porter le deuil de son fils aîné pendant trois ans, car il n’était pas le successeur de son grand-père[1:4].
14. Lorsqu’un autre fils que l’aîné devenait ancêtre d’une lignée, celui qui lui succédait devenait le Chef Honoré (de la branche) ; et son successeur devenait à nouveau le Chef plus petit[1:5].
15. Il y avait le (grand) Chef Honoré dont la tablette ne fut pas effacée pendant cent générations. Il y avait les (plus petits) Chefs Honorés dont les tablettes furent effacées après cinq générations. Celui dont la tablette ne fut pas effacée pendant cent générations était le successeur et le représentant de l’autre que le fils aîné (qui devint ancêtre d’une lignée) ; et il était ainsi honoré (par les membres de sa lignée) parce qu’il continuait l’ancêtre (élevé) dont lui et eux étaient issus ; c’est pourquoi sa tablette ne fut pas effacée pendant cent générations. Celui qui honorait le continuateur du Haut ancêtre était celui dont la tablette fut effacée après cinq générations. Ils honoraient l’Ancêtre, et donc ils révéraient le Chef. Cette révérence démontrait l’importance de cet honneur.
16. Il pourrait y avoir des cas où il y avait un Chef honoré de moindre importance et aucun Chef supérieur (d’une branche familiale) ; des cas où il y avait un Chef honoré de plus grande importance et aucun Chef inférieur ; et des cas où il y avait un Chef honoré sans personne pour l’honorer. Tous ces cas pourraient se présenter dans le cas du fils du dirigeant d’un État[1:6].
La procédure à suivre pour la direction d’un tel fils était la suivante : le souverain, lui-même représentant légitime des souverains précédents, devait, pour tous ses demi-frères officiers et grands officiers, nommer un frère germain, également officier ou grand officier, comme chef honoré. Telle était la procédure habituelle.
17. Lorsque la parenté n’était plus prise en compte, le deuil n’était plus porté. La parenté était le lien de connexion (exprimé par le degré de deuil).
18. Si le point de départ était l’affection, il partait du père et remontait progressivement jusqu’à l’ancêtre. Si le point de départ était la considération de ce qui était juste, il partait de l’ancêtre et descendait naturellement jusqu’au père défunt. Ainsi, le cours de l’humanité (en matière de deuil) était entièrement compris dans l’amour pour les proches.
19. De l’affection pour les parents naissait le respect des ancêtres ; de ce respect pour l’ancêtre naissaient le respect et l’attention témoignés aux chefs (des branches familiales). Ce respect et cette attention envers ces chefs maintenaient l’unité de tous les membres de la famille. De cette unité naissait la dignité du temple ancestral. De cette dignité naissait l’importance attachée aux autels de la terre et du blé. De cette importance résultait l’amour de tous les (peuples aux) cent noms de famille. De cet amour naissait la juste administration des châtiments et des peines. Grâce à cette administration, le peuple éprouvait un sentiment de repos. Grâce à ce calme, toutes les ressources nécessaires aux dépenses devenaient suffisantes. Grâce à ces ressources, tous les désirs se réalisaient. Cette réalisation conduisait à tous les usages courtois et aux bonnes coutumes ; et de là, en fin de compte, provenaient tout bonheur et toute jouissance, ce qui illustre ce qui est dit dans l’ode :
« La gloire et l’honneur suivent le grand nom de Wan,
Et jamais les hommes ne se lasseront de sa renommée[1:7].
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[3:4] : Célibataires et tantes, cousines, sœurs, etc. mariées.
[^6] : Parenté de la mère ; parenté du mari ; parenté de la femme.
Supposons qu’un souverain n’ait pas de frère issu de l’épouse de son père et qu’il désigne l’un de ses frères par une autre dame du harem pour prendre la tête de tous les autres, cela représenterait le premier cas. S’il nommait un frère germain à ce poste, mais ne pouvait nommer un demi-frère à la position inférieure, cela représenterait le deuxième cas ; et si les frères cadets de la maison régnante étaient réduits à un seul homme, il représenterait le troisième cas, n’ayant que le nom et rien de plus. Telle est l’explication du texte, pour autant que je puisse la comprendre. ↩︎ ↩︎ ↩︎ ↩︎ ↩︎ ↩︎ ↩︎ ↩︎
Khan Hâo fait référence à cette interdiction des mariages mixtes par Kau comme la grande distinction de la dynastie, marquant clairement « pour la première fois la distinction entre l’homme et la bête ». ↩︎ ↩︎ ↩︎ ↩︎ ↩︎
Parents décédés mineurs et après l’âge de la majorité. ↩︎ ↩︎ ↩︎
Voir le paragraphe suivant. ↩︎
Comme lorsqu’un ministre portait le deuil pour la famille de son souverain ; une concubine pour la famille de l’épouse, etc. Le lecteur doit s’efforcer d’imaginer des cas dans lesquels les quatre autres conditions s’appliqueraient. ↩︎