XIX. Sang Tâ Ki ou Le Grand Registre des Rites de Deuil | Page de titre | XXI. Kî Î ou le sens des sacrifices |
LIVRE XX. KÎ FÂ OU LA LOI DES SACRIFICES
Selon la loi des sacrifices, (Shun), le souverain de la lignée de Yü, lors du grand sacrifice associé, donna la place d’honneur à Hwang Tî, et lors du sacrifice de frontière fit de Khû le corrélat du Ciel ; il sacrifia (aussi) à Kwan-hsü comme son ancêtre (sur le trône) et à Yâo comme son prédécesseur honoré.
Les souverains de Hsiâ, lors du sacrifice correspondant, donnèrent également la place d’honneur à Hwang Tî, et firent de Khwan le corrélat lors du sacrifice de frontière ; ils sacrifièrent à Kwan-hsü comme à leur ancêtre, et à Yü comme à leur prédécesseur honoré.
Sous Yin, ils donnèrent la place d’honneur à Khû, et firent de Ming le corrélat du sacrifice frontalier ; ils sacrifièrent à Hsieh comme à leur ancêtre, et à Thang comme à leur prédécesseur honoré.
Sous Kâu, ils donnèrent la place d’honneur à Khû, et firent de Kî le corrélat du sacrifice frontalier, ils sacrifièrent au roi Wan comme à leur ancêtre, et au roi Wân comme à leur prédécesseur honoré[1].
2. Avec un tas de bois enflammé sur le Grand Autel, ils sacrifiaient au Ciel[2] ; en enterrant (la victime) dans le Grand tertre, ils sacrifiaient à la Terre. (Dans les deux cas) ils utilisaient une victime rouge[1:1].
3. En enterrant un mouton et un porc à (l’autel de) Grande clarté, ils sacrifiaient aux saisons. (Avec des) victimes similaires, ils sacrifiaient aux (esprits du froid et de la chaleur, à la fosse et à l’autel, en utilisant des prières de dépréciation et de pétition[2:1]; au soleil, à (l’autel appelé le) palais royal; à la lune, à la (fosse appelée la) lumière de la nuit; aux étoiles à l’endroit honoré de l’obscurité; aux (esprits de) l’inondation et de la sécheresse à l’autel honoré de la pluie; aux (esprits des) quatre quartiers à l’endroit des quatre fosses et des autels; les montagnes, les forêts, les ruisseaux, les vallées, les collines et les monticules, qui sont capables de produire des nuages, et de provoquer des vents et de la pluie, étaient tous considérés comme (dominés par) des esprits.
Celui par qui tout ce qui est sous le ciel était sacrifié à tous les esprits. Les princes des États sacrifiaient à ceux qui étaient sur leur territoire ; à ceux qui n’étaient pas sur leur territoire, ils ne sacrifiaient pas.
4. En général, on disait que tous les êtres nés entre le ciel et la terre avaient leur temps ; la mort de toutes les créatures est considérée comme leur dissolution ; mais l’homme, une fois mort, est dit être à l’état de fantôme. Il n’y eut aucun changement sur ces points sous les cinq[1:2] dynasties. Les sept[2:2] dynasties apportèrent des changements, concernant les assesseurs lors du Grand Associé et des sacrifices aux frontières, ainsi que les personnes sacrifiées dans le temple ancestral ; elles n’apportèrent aucun autre changement.
5. Les souverains, prenant possession du royaume, divisèrent le territoire et établirent les principautés féodales ; ils assignèrent de grandes villes à leurs nobles et de plus petites villes à leurs chefs ; ils construisirent des temples ancestraux et organisèrent la modification de l’ordre des tablettes spirituelles ; ils élevèrent des autels et défrichèrent le terrain autour d’eux pour l’accomplissement de leurs sacrifices. Dans tous ces arrangements, ils prévoyaient des sacrifices selon la parenté plus ou moins proche, et l’attribution de terres plus ou moins grandes.
Ainsi, le roi se fit construire sept temples ancestraux, chacun avec un autel élevé et son espace dédié. Ces temples étaient : celui de son père ; celui de son grand-père ; celui de son arrière-grand-père ; celui de son arrière-arrière-grand-père ; et celui de son (grand) ancêtre. Un sacrifice y était offert chaque mois. Les temples des ancêtres les plus éloignés servaient de réceptacles aux tablettes déplacées ; ils étaient au nombre de deux, et seuls les sacrifices saisonniers y étaient offerts. Pour la tablette retirée d’un ancêtre plus éloigné, un autel était élevé et son espace correspondant ; et lors des prières, un sacrifice était offert sur cet autel et dans cet espace, mais sans prière, pas de sacrifice. Pour un ancêtre encore plus éloigné, (pas de sacrifice) ; il était laissé dans son état fantomatique.
Un prince féodal se fit construire cinq temples ancestraux, chacun avec un autel et un espace dégagé. Ces temples étaient : celui de son père, celui de son grand-père et celui de son arrière-grand-père ; un sacrifice y était offert chaque mois. Seuls les temples de l’arrière-arrière-grand-père et de l’ancêtre (de haut rang) offraient les sacrifices saisonniers. Pour celui qui était au-delà de l’ancêtre de haut rang, un autel spécial était érigé, et pour celui qui était encore plus éloigné, un espace était aménagé. Si l’on y priait, un sacrifice était offert ; mais sans prière, pas de sacrifice. Pour celui qui était encore plus éloigné, il était abandonné dans son état fantomatique.
Un grand officier se fit construire trois temples ancestraux et deux autels. Ces temples étaient ceux de son père, de son grand-père et de son arrière-grand-père. Seuls les sacrifices saisonniers y étaient offerts. Il n’y avait pas de temples pour l’arrière-arrière-grand-père ni pour l’ancêtre (haut) héritier. S’il y avait lieu de les prier, on élevait des autels et on y offrait des sacrifices. Un ancêtre encore plus lointain était laissé dans son état fantomatique.
Un officier du plus haut grade possédait deux temples ancestraux et un autel : ceux de son père et de son grand-père, où seuls les sacrifices saisonniers étaient offerts. Il n’y avait pas de temple pour son arrière-grand-père. Si l’occasion se présentait de le prier, un autel était élevé et un sacrifice lui était offert. Les ancêtres plus lointains étaient abandonnés à leur état fantomatique.
Un officier responsable d’un seul département n’avait qu’un seul temple ancestral : celui de son père. Il n’y avait pas de temple pour son grand-père, mais on lui offrait un sacrifice (dans le temple de son père). Les ancêtres au-delà du grand-père étaient laissés à l’état fantomatique.
La masse des officiers ordinaires et du peuple n’avait pas de temple ancestral. Leurs morts étaient laissés à l’état fantomatique (pour que des offrandes leur soient présentées dans l’appartement du fond, si l’occasion s’en présentait).
6. Le roi, pour tout le peuple, érigea un autel à (l’esprit de) la terre, appelé le Grand Autel, et un autre pour lui-même, appelé l’Autel Royal.
Un prince féodal, pour tout son peuple, érigeait un autel appelé l’autel de l’État, et un autre pour lui-même appelé l’autel du prince.
Les grands officiers et tous ceux qui étaient sous leur commandement ont érigé un tel autel, appelé l’autel désigné.
7. Le roi, pour tout le peuple, désigna sept autels pour les sept sacrifices : un pour le surintendant du lot ; un dans la cour centrale, pour l’admission de la lumière et de la pluie des toits ; un aux portes des remparts de la ville ; un dans les rues menant à la ville ; un pour les fantômes mécontents des rois morts sans postérité ; un pour le gardien de la porte ; et un pour le gardien du four. Il avait également sept autels correspondants pour lui-même.
Un prince féodal, pour son État, désignait cinq autels pour les cinq sacrifices : un pour le surintendant du lot ; un dans la cour centrale, pour l’entrée de la lumière et de la pluie ; un aux portes des remparts ; un dans les rues qui partaient de la ville ; un pour les fantômes mécontents des princes morts sans postérité. Il avait également cinq autels correspondants pour lui-même.
Un grand officier a désigné trois autels pour les trois sacrifices : un pour les fantômes mécontents de ses prédécesseurs morts sans postérité ; un aux portes de sa ville ; et un sur les routes qui en partent.
Un officier de premier grade désignait (deux autels pour) les deux sacrifices : un aux portes et un sur les routes (à l’extérieur des portes).
D’autres officiers et le peuple n’avaient qu’un seul autel et un seul sacrifice. Certains élevaient un autel pour le gardien de la porte ; d’autres, un pour le gardien du four.
8. Le roi, portant (sa faveur), sacrifia à cinq classes de ceux qui étaient morts prématurément : à savoir, aux fils aînés légitimes (des rois précédents) ; aux petits-fils légitimes ; aux arrière-petits-fils légitimes ; aux arrière-arrière-petits-fils légitimes ; et aux fils légitimes de ces derniers.
Un prince féodal, s’attirant (ses faveurs), sacrifiait à trois classes ; un grand officier pareillement à deux ; un autre officier du premier grade et le peuple sacrifiaient seulement au fils qui était mort prématurément[1:3],
9. Selon les institutions des rois sages concernant les sacrifices, un sacrifice doit être offert à celui qui a donné de (bonnes) lois au peuple, à celui qui a travaillé jusqu’à la mort dans l’accomplissement de ses devoirs, à celui qui a renforcé l’État par son travail laborieux, à celui qui a affronté avec audace et succès de grandes calamités et à celui qui a conjuré de grands maux.
Français Tels étaient les suivants : Nang, le fils du seigneur de Lî-shan[1:4], qui possédait le royaume et montra comment cultiver toutes les céréales ; et Khî (l’ancêtre) de Kâu, qui continua son œuvre après la décadence de Hsiâ et fut sacrifié sous le nom de Kî[2:3] ; Hâu-thû, un fils de la lignée de Kung-kung[3], qui gouvernait les neuf provinces, qui était capable de les ramener toutes à l’ordre et qui fut sacrifié comme l’esprit de la terre ; le Tî Khû, qui pouvait définir toutes les étoiles du zodiaque et montrer leurs temps au peuple ; Yâo, qui récompensait (les dignes), rendait les lois pénales impartiales et dont la fin fut distinguée par sa droiture ; Shun, qui, peinant au milieu de toutes ses affaires, mourut à la campagne (loin de sa capitale) ; Yü, (le fils de) Khwan, qui fut gardé prisonnier jusqu’à sa mort pour avoir tenté d’endiguer les eaux du déluge, tandis que Yü achevait l’ouvrage et expiait l’échec de son père ; Hwang Tî, qui donna à chaque chose son vrai nom, montrant ainsi au peuple comment se prévaloir de ses qualités ; Kwan-hsü, qui acheva l’œuvre de Hwang Tî ; Hsieh, qui était ministre de l’Instruction et perfectionna (la condition et les mœurs du) peuple ; Ming, qui, par son attention aux devoirs de sa fonction, mourut dans les eaux ; Thang, qui dirigea le peuple d’une influence bienveillante et élimina son oppresseur ; et le roi Wan, qui par son règne pacifique, et le roi Wû, qui par ses exploits martiaux, délivrèrent le peuple de ses afflictions. Tous ceux-ci rendirent des services distingués au peuple.
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[1:5] : Voir l’introduction) vol., xxvii, pp. 35, 36. Il y est dit que dans l’idée de sacrifices (kî), qui est donnée ici, il n’y a aucune indication de dépréciation par leur moyen, et encore moins d’expiation, mais qu’il s’agissait simplement d’expressions de gratitude. Le caractère kî (###) est l’un d’eux formé par la combinaison des idées dans ses différentes parties. Le Shwo-wan, le plus ancien dictionnaire chinois, dit qu’il est composé de deux idéogrammes : ###, le symbole des êtres spirituels ; et un autre, composé de ### et ###, représentant une main droite et un morceau de chair. Les offrandes de chair devaient être courantes lorsque le caractère a été formé, qui est ensuite entré lui-même, en tant qu’élément phonétique, dans la formation de vingt à trente autres caractères. Les explications données par Morrison (Dict., partie i), tirées du dictionnaire Khang-hsî, sont : « Porter les affaires humaines avant les dieux [c’est-à-dire les esprits]. Ce qui est l’intermédiaire entre les hommes et les dieux (esprits), ou les réunit. Offrir de la chair lors des rites d’adoration ; sacrifier avec adoration. Cependant, rien dans le Khang-hsî ne correspond à cette dernière phrase ; et je suppose que Morrison l’a tirée de l’analyse du personnage du Shwo-wan. L’idée générale qu’elle symbolise est celle d’une offrande par laquelle s’effectue la communication entre les êtres spirituels.
[1:6] : Ceux de Yâo, Shun, Hsiâ, Shang ou Yin, et Kâu.
Li-shan est généralement mentionné sous les noms de Lieh-shan, et parfois Lien-shan. Nous ignorons où se trouvait ce pays. Nang, ou Shan Nang, est généralement considéré comme le premier de la lignée, vers 3072 av. J.-C. ↩︎ ↩︎ ↩︎ ↩︎ ↩︎ ↩︎ ↩︎
Il est difficile de trouver une place chronologique pour ce Kung-kung. Un article du Zo Kwan (sous la dix-septième année du duc Kao, paragraphe 3) le place entre Fû-hsî et Shan Nang. ↩︎