XLI. Hwan Î ou la signification de la cérémonie de mariage | Page de titre | XLIII. Shê Î ou La signification de la cérémonie du tir à l'arc |
LIVRE XLII. HSIANG YIN KIÛ Î OU LA SIGNIFICATION DE LA FÊTE DE LA BOISSON DANS LES DISTRICTS[1].
1. La signification de la consommation de boissons à la campagne peut être décrite ainsi : le président salue l’invité lorsqu’il le reçoit à la porte du collège. Ils entrent et se saluent trois fois jusqu’à l’escalier. Là, chacun cède la place à l’autre trois fois, puis ils montent. De cette façon, ils portent au maximum leurs démonstrations mutuelles d’honneur et d’humilité. (L’hôte) se lave les mains, rince la coupe et la lève, pour donner la plus haute idée de pureté. Ils s’inclinent à l’arrivée de l’invité ; ils s’inclinent lorsque (la coupe) est lavée ; ils s’inclinent lorsque la coupe est reçue et lorsqu’elle est présentée (en retour) ; ils s’inclinent une fois la consommation terminée : ils portent ainsi au maximum leur respect mutuel.
2. Un tel honneur, une telle humilité, une telle pureté et un tel respect caractérisaient les relations des hommes supérieurs avec leurs semblables. Lorsqu’ils honoraient et faisaient preuve d’humilité, aucune dispute ne survenait. Lorsqu’ils maintenaient pureté et respect, aucune indifférence ni grossièreté ne survenaient. Lorsqu’il n’y avait ni grossièreté ni grossièreté, les querelles et les disputes étaient tenues à distance. Lorsque les hommes ne se querellaient ni ne se disputaient, il n’y avait ni violence ni désordre. C’est ainsi que les hommes supérieurs échappaient aux calamités des autres hommes ; c’est pourquoi les sages ont institué les observances de cette cérémonie pour obtenir un tel résultat.
3. Le chef du district, accompagné des hommes accomplis et vertueux qui en faisaient partie, plaçait le récipient contenant la liqueur entre la pièce (à l’est) et la porte (conduisant aux appartements à l’ouest), l’hôte et ses invités se la partageant. Le récipient contenait la liqueur foncée (d’eau pure), témoignant de la valeur qu’ils attachaient à sa simplicité. Les mets sortaient de la pièce à l’est, fournis par l’hôte. Tous les ablutions avaient lieu (dans la cour), face à l’aile est, montrant comment l’hôte se purifiait et se préparait à servir les invités.
4. L’invité (principal) et l’hôte représentaient le ciel et la terre ; les serviteurs de l’invité et de l’hôte représentaient respectivement les forces inhérentes à la nature dans leurs opérations de contraction et d’expansion ; les trois (têtes des) invités (dans leur triple division) représentaient les trois (grands) luminaires ; la préséance trois fois cédée (à l’invité) représentait les trois jours où la lune est invisible jusqu’à ce qu’elle commence à réapparaître ; les sièges des parties présentes (tout autour ou) sur les quatre côtés représentaient les quatre saisons[1:1].
5. Le vent glacial et glacial (qui souffle entre) le ciel et la terre prend sa source au sud-ouest et atteint son apogée au nord-ouest. C’est le vent qui représente la sévérité la plus impérieuse du ciel et de la terre ; le vent de leur justice. Le vent chaud et bienfaisant (qui souffle entre) le ciel et la terre prend sa source au nord-est et atteint son apogée au sud-est. C’est le vent qui représente la vertu abondante du ciel et de la terre ; le vent de leur bienveillance. L’hôte, désireux de faire honneur à son invité, lui assigne sa place au nord-ouest et celle de son serviteur au sud-ouest, afin qu’il puisse l’assister (le plus commodément possible). L’invité (représente) le traitement des autres selon la justice, et donc sa place est au nord-ouest ; l’hôte (représente) le traitement des autres selon la bienveillance et une gentillesse bienveillante, et par conséquent son siège est au sud-est, et son serviteur est assis au nord-est, afin qu’il puisse là (le plus commodément) l’aider[1:2].
7. Lorsque (l’invité) offrait en sacrifice quelques-unes des choses qui lui avaient été présentées, ainsi qu’un peu de liqueur, il témoignait du respect qu’il témoignait à l’hôte pour sa courtoisie ; lorsqu’il prenait des poumons entre ses dents, il goûtait ainsi à la courtoisie de l’hôte ; lorsqu’il buvait ensuite un peu de liqueur, c’était son dernier geste de reconnaissance. Ce dernier acte était accompli au bout de sa natte, montrant que celle-ci était déployée devant lui, non seulement pour manger et boire, mais aussi pour l’accomplissement des rites. Ceci démontrait que c’était la cérémonie qui était valorisée, tandis que la richesse était peu prise en compte. Enfin, lorsque l’hôte remplissait ses coupes à la corne, il les vidait en haut des marches occidentales ; montrant que la natte n’était pas dressée (uniquement) pour manger et boire, et que l’idée était de donner la priorité à la cérémonie et la dernière à la richesse. Mais lorsque la cérémonie occupe la première place et la richesse la dernière, les gens deviennent respectueux et soumis, et ne se disputent pas les uns avec les autres.
8. Lors de la cérémonie de la boisson dans les districts ruraux, ceux qui avaient soixante ans étaient assis, et ceux qui en avaient (seulement cinquante) se tenaient debout, et attendaient de recevoir des ordres et d’accomplir des services ; illustrant ainsi l’honneur qui devait être rendu aux anciens.
Devant ceux qui avaient soixante ans, trois plats étaient placés ; devant ceux de soixante-dix ans, quatre ; devant ceux de quatre-vingts ans, cinq ; devant ceux de quatre-vingt-dix ans, six : illustrant ainsi comment les personnes âgées doivent être chéries et nourries.
Lorsque le peuple savait honorer ses aînés et nourrir ses vieillards, il pouvait alors pratiquer chez lui la piété filiale et le devoir fraternel. Filiale et fraternelle, chez lui comme à l’étranger, honorant les aînés et nourrissant les vieillards, leur éducation était alors complète, ce qui conduisait à la paix et à la tranquillité de l’État. Ce que l’homme supérieur appelle piété filiale n’exige pas que chaque famille soit visitée et que ses membres soient instruits quotidiennement ; si le peuple est rassemblé lors des réunions de tir à l’arc dans les districts et qu’on lui enseigne les usages lors des beuveries, sa conduite devient filiale et fraternelle.
9. Confucius a dit : « Quand je regarde les festivités dans les campagnes, je sais combien il est facile de faire régner la loi royale.
10. L’hôte en personne invite l’invité principal et son serviteur, et tous les autres invités les suivent d’eux-mêmes. Lorsqu’ils arrivent à la porte, il salue l’invité principal et son serviteur, et tous les autres entrent d’eux-mêmes. Ainsi se manifeste la distinction entre le noble et le modeste.
11. Après trois saluts, l’hôte et l’invité montent sur les marches ; et après avoir cédé la place à trois reprises, l’invité monte. En s’inclinant devant lui (dans la salle), l’hôte lui présente la coupe et la reçoit de lui en retour. Les usages entre eux, tantôt déclinant, tantôt cédant, sont nombreux ; mais l’attention portée à l’assistant est moindre. Quant à la foule des invités, ils montent et reçoivent la coupe. S’agenouillant, ils en offrent un peu en sacrifice ; ils se lèvent et la boivent ; et, sans engager l’hôte dans la coupe de retour, ils descendent. Ainsi, la distinction appropriée est établie entre les différents groupes par la multitude ou la rareté des observances qui leur sont rendues.
12. Les musiciens entrent, montent dans la salle et chantent les trois morceaux qui complètent leur prestation, après quoi l’hôte leur offre la coupe. Les organistes entrent et jouent (en bas de la salle) trois airs qui complètent leur partie de la prestation, après quoi l’hôte leur offre (également) la coupe. Puis ils chantent et jouent alternativement trois autres morceaux et airs ; et trois fois encore, ils chantent et jouent en concert. Une fois cela terminé, les musiciens annoncent la fin de la musique et sortent.
En même temps, une personne (selon les instructions de l’hôte) prend la trompette, et une autre est chargée de surveiller la consommation et de veiller à ce qu’elle se déroule correctement. De là, nous comprenons comment ils pouvaient être harmonieux et joyeux, sans être désordonnés.
13. « L’invité (principal) engage l’hôte, l’hôte engage les serviteurs, et les serviteurs engagent tous les invités. Jeunes et vieux s’engagent mutuellement selon leur âge, et la coupe passe aux gardiens des vases et aux laveurs de coupes. De là nous savons comment ils pouvaient pratiquer une déférence fraternelle envers leurs aînés sans omettre personne. »
I5. « La distinction ainsi démontrée entre nobles et humbles ; la distinction dans la multitude ou la rareté des rites selon les partis ; l’harmonie et la joie sans désordre ; la déférence fraternelle envers les anciens sans en omettre aucun ; les joyeuses fêtes sans turbulence ni confusion ; l’observance de ces cinq choses suffit à assurer le redressement de la personne et la tranquillité de l’État. Lorsque cet État sera tranquille, tout sous le ciel sera pareil. C’est pourquoi je dis que lorsque j’observe les festivités dans les campagnes, je sais combien la Voie Royale peut facilement se dérouler librement[1:3]. »
16. Selon la signification attachée à la fête de la boisson dans les régions rurales, l’invité principal représentait le ciel ; l’hôte, la terre ; leurs serviteurs, respectivement, le soleil et la lune ; et les trois invités principaux (selon leur division en trois) les trois (grands) luminaires. Telle était la forme que la fête reçut lors de son institution dans l’Antiquité : l’idée maîtresse se trouvait dans le ciel et la terre ; la régulation de ces derniers se trouvait dans le soleil et la lune ; et les trois luminaires furent introduits comme troisième élément. (L’ensemble représentait) les principes fondamentaux de la conduite du gouvernement et de l’instruction.
17. Les chiens étaient bouillis du côté est (de la cour[1:4]) ; en signe de reconnaissance respectueuse du fait que le pouvoir vivifiant et expansif de la nature provient de l’est.
Les lavages avaient lieu sur les marches orientales, et l’eau était conservée à l’est du lavoir, en signe de révérence envers le fait que le ciel et la terre ont placé la mer à gauche.
Le récipient contenait le liquide de couleur sombre, enseignant aux gens à ne pas oublier la pratique originale (lors des cérémonies).
18. La règle voulait que l’invité (principal) soit orienté vers le sud. Le côté est évoque le printemps, dont le nom désigne aussi l’apparition des insectes qui se mettent à bouger : (cette mystérieuse intelligence qui donne naissance à toutes choses est alors à l’œuvre). Le côté sud évoque l’été, dont le nom désigne aussi la grandeur : ce qui nourrit les choses, favorise leur croissance et les rend grandes, c’est la bienveillance. Le côté ouest évoque l’automne, dont le nom désigne aussi la cueillette ou le ramassage : les fruits de la terre sont cueillis à cette saison, suggérant l’idée de justice dans le discernement et la protection. Le côté nord évoque l’hiver, dont le nom désigne aussi ce qui est gardé à l’intérieur : et le fait d’être à l’intérieur nous amène à penser à ce qui est emmagasiné. C’est pourquoi, lorsque le fils du Ciel se lève, il garde (le quart de l’intelligence vivifiante) sur sa main gauche, fait face (le quart de la) bienveillance, a celui de la justice sur sa main droite, et celui du dépôt derrière lui[1:5].
19. La règle voulait que ses serviteurs soient tournés vers l’est, faisant ainsi de l’invité principal le chef du groupe lors de la fête.
La règle voulait que l’hôte soit dans le quartier oriental. Ce quartier évoque le printemps, dont le nom désigne aussi l’apparition des insectes qui commencent à se déplacer, et qui engendre toutes choses. L’hôte est à l’origine de la fête ; c’est-à-dire qu’il engendre toutes choses.
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Les éditeurs de Khien-lung disent que des parties de ce paragraphe ont été perdues, et que d’autres parties sont déplacées ; et ils suggèrent les ajouts et les modifications nécessaires pour le corriger. Il n’est cependant pas la peine d’examiner leurs points de vue. Aucune modification ne remédiera à ses défauts incurables ni n’inversera le jugement sévère porté à son sujet par P. Callery : « La méthode », dit-il, « par laquelle l’auteur procède est extrêmement excentrique et tient à la fois du jeu de mots, de l’allégorie et du mysticisme. Il commence par fonder ses comparaisons sur la ressemblance de certains sons, ou l’homophonie de certains mots. Puis il cherche à trouver dans le sens, propre à ces mots homophones ou presque, des connexions avec le mot principal du texte ; et comme ces connexions sont loin d’être naturelles ou simplement plausibles, il met son esprit à la torture et va chercher dans l’action mystérieuse de la nature des points de contact auxquels personne ne penserait. Ainsi, dans le son khun (###), il trouve une analogie naturelle entre le mouvement lent et graduel d’un ver sans yeux et la marche, tout aussi lente et graduelle, de la végétation au printemps ; dans les sons hsiâ et kiâ (###), il trouve un lien direct entre la grandeur et l’action qui fait grandir les plantes en été. Il en va de même pour les autres sons qu’il traite. Pour beaucoup de Chinois, ce mode de raisonnement paraît très profond ; mais, à mon avis, ce n’est rien d’autre qu’un jeu de mots enfantin et des idées creuses. ↩︎ ↩︎ ↩︎ ↩︎ ↩︎ ↩︎
Les éditeurs de Khien-lung font de leur mieux pour élucider ce paragraphe difficile et obscur ; mais sont obligés de citer à la fin le jugement de Kû Hsî’ selon lequel « il est vague et intraitable, et ne mérite pas qu’on s’en préoccupe beaucoup ». ↩︎