XLIII. Shê Î ou La signification de la cérémonie du tir à l'arc | Page de titre | XLV. Phing Î ou la signification de l'échange de missions entre différentes cours |
LIVRE XLIV. YEN Î OU LA SIGNIFICATION DU BANQUET[1].
1. Autrefois, parmi les officiers des rois de Kâu, il y en avait un appelé le shû-dze. Il était chargé de la garde des fils des seigneurs féodaux, des hauts dignitaires qui étaient les Grands Officiers, et des autres officiers, les fils aînés qui occupaient la place suivante après leurs pères. Il veillait à leur adresser tous les avertissements et ordres ; supervisait leur instruction dans tout ce qu’ils avaient à apprendre et dans l’art de se gouverner ; les répartissait dans leurs différentes classes ; et veillait à ce qu’ils occupent leurs postes respectifs. Si une grande solennité se déroulait dans le royaume, il les conduisait, ces fils de l’État, et les plaçait sous l’autorité du fils aîné, l’héritier présomptif, qui en faisait l’usage qu’il jugeait approprié. Si des opérations militaires étaient entreprises, il leur fournissait leurs voitures et leurs cottes de mailles, rassemblait pour eux les compagnies de cent hommes et de cinq hommes (dont ils devaient avoir la charge), et nommait leurs officiers subalternes, les formant ainsi à l’art de la guerre : ils n’étaient pas sous la juridiction du ministre de la Guerre. Pour toutes les autres affaires gouvernementales de l’État, ces fils aînés de leurs pères étaient laissés libres, sans occupation publique, et devaient se consacrer à la culture des bonnes manières. Au printemps, (le shû-dze) les rassemblait au collège ; et en automne, dans la salle de tir à l’arc, afin d’examiner leurs compétences et de les promouvoir ou de les rétrograder en conséquence.
2. La signification de la cérémonie du banquet dans les cours féodales peut être décrite ainsi : le souverain se tenait au sud-est de ses propres marches, à l’est, le visage tourné vers le sud, face aux ministres ou dignitaires les plus proches de lui. Ceux-ci, ainsi que tous les autres hauts fonctionnaires, s’avançaient légèrement, chacun prenant sa place. La natte du souverain est placée en haut des marches orientales : c’est là que se trouve la place de l’hôte. Le souverain seul monte et se tient debout sur sa natte ; le visage tourné vers l’ouest, il se tient seul, montrant ainsi que personne ne prétend se placer à son niveau.
3. Les invités et l’hôte ayant été disposés, conformément aux règles de la cérémonie de la boisson dans les régions rurales, le souverain charge son chef cuisinier de lui présenter la coupe : un ministre ne peut prétendre s’arroger un quelconque usage propre au souverain. Aucun des trois kung, ni aucun haut ministre, n’a la qualité d’invité ; mais les grands officiers sont parmi les invités, en raison des doutes qui pourraient surgir et pour manifester la jalousie que de tels hommes, occupant cette position, pourraient susciter.
Lorsque les invités sont entrés au milieu de la cour, le souverain descend une marche et s’incline devant eux, les recevant ainsi avec courtoisie.
4. Le souverain fait circuler la coupe parmi les invités, dans l’ordre. Après avoir offert une coupe spéciale à l’un d’eux, tous descendent et s’inclinent deux fois, la tête baissée. Après quoi, ils remontent et achèvent leur inclinaison, témoignant ainsi de l’observance due à leurs sujets. Le souverain leur répond, car tout acte de courtoisie doit être respecté, illustrant ainsi les devoirs du souverain et de ses supérieurs. Lorsque ministres et subordonnés font de leur mieux pour servir l’État, le souverain doit les récompenser par un rang et des émoluments. C’est pourquoi tous les officiers et subordonnés s’efforcent de toutes leurs forces et de toutes leurs capacités d’établir leur mérite, ce qui maintient la tranquillité de l’État et apaise l’esprit du souverain.
Le principe selon lequel tout acte de courtoisie doit être respecté montre que les dirigeants ne reçoivent rien de leurs inférieurs sans motif valable. Le dirigeant doit illustrer la voie de la droiture dans sa conduite envers le peuple ; et lorsque celui-ci suit cette voie et rend de bons services (à l’État), il peut alors leur prélever un dixième (de leurs revenus). De cette façon, il a suffisamment, et ses sujets ne souffrent pas du besoin. Ainsi, l’harmonie et l’affection règnent entre les supérieurs et les inférieurs, et ils n’éprouvent aucune insatisfaction mutuelle. Cette harmonie et ce calme résultent des usages cérémoniels. Telle est la grande idée des relations entre dirigeant et sujet, entre les supérieurs et les inférieurs : c’est pourquoi on dit que l’objectif du banquet était d’illustrer l’idée de justice entre dirigeant et sujet.
5. Les nattes étaient disposées de telle sorte que les dignitaires de rang inférieur occupaient la place la plus proche (en honneur) de ceux de rang supérieur ; les grands officiers, la place la plus proche des dignitaires inférieurs. Les officiers et les fils de concubines[1:1] prenaient également place en dessous, selon leur ordre habituel. La coupe étant présentée au souverain, il commence l’engagement général et offre la coupe aux hauts dignitaires[^2]. Ceux-ci poursuivent la cérémonie et offrent la coupe aux grands officiers, qui l’offrent à leur tour aux (autres) officiers, et ceux-ci l’offrent enfin aux fils de concubines. Les plateaux et les plats, avec la chair des animaux[^3] et les mets savoureux, étaient tous proportionnés aux différences de rang des convives : ainsi se manifestait la distinction entre les nobles et les humbles.
2. Le souverain fit cela par l’intermédiaire de son adjoint, le chef cuisinier, qui officiait pour lui à cette occasion. On dit que toutes les différentes offrandes furent effectivement faites par lui ; mais ce n’est pas l’interprétation naturelle du texte.
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C’est le sens courant de l’expression shû-dze. On ne peut supposer qu’il y ait une référence à l’officier ainsi nommé au paragraphe 1. Il était d’un rang trop élevé pour être placé après les officiers, qui étaient de rang inférieur aux Grands Officiers. On ne peut pas non plus supposer qu’il désigne ici « les fils de l’État » sous sa responsabilité. ↩︎ ↩︎