XLIV. Yen Î ou la signification du banquet | Page de titre | XLVI. Sang Fû Sze Kih ou Les quatre principes qui sous-tendent la tenue de deuil |
LIVRE XLV. PHING Î OU LA SIGNIFICATION DE L’ÉCHANGE DE MISSIONS ENTRE DIFFÉRENTES COURS[1].
1. Selon les cérémonies des missions, un duc du plus haut rang envoyait sept serviteurs avec lui ; un marquis ou comte, cinq ; et un comte ou baron, trois. La différence de nombre servait à indiquer la différence de rang de leurs principaux[2].
3. Le message fut transmis (seulement) après que le messager eut trois fois refusé de recevoir (les courtoisies qui lui étaient offertes à la porte) ; il entra dans la porte du temple ancestral après avoir trois fois de la même manière essayé d’éviter de le faire ; trois fois il échangea des saluts avec son conducteur avant qu’ils n’arrivent aux marches ; et trois fois il céda la préséance qui lui était offerte avant de monter dans la salle : ainsi porta-t-il au maximum son don d’honneur et sa courtoisie.
4. Le souverain envoya un officier pour rencontrer (le messager) à la frontière (de l’État), et un Grand officier pour lui offrir les présents et les félicitations d’usage (après les fatigues du voyage) dans le faubourg (près de la capitale) ; il le rencontra lui-même et s’inclina devant lui à l’intérieur de la grande porte, puis le reçut dans le temple ancestral ; le visage tourné vers le nord, il s’inclina devant lui lorsque les présents (qu’il apportait) lui furent présentés, et s’inclina de nouveau (lorsque son message fut délivré), en reconnaissance de sa condescendance : de cette manière, il (de son côté) témoigna son respect.
5. Respect et courtoisie conciliante caractérisent les relations entre les hommes supérieurs. Ainsi, lorsque les seigneurs féodaux se recevaient avec autant de respect et de courtoisie conciliante, ils ne s’attaquaient ni ne s’empiétaient les uns sur les autres.
6. Un haut ministre est employé comme huissier principal (pour le messager), un grand officier comme second, et des officiers (ordinaires) leur servent de serviteurs. (Après avoir délivré son message), le souverain lui-même lui témoigne de la courtoisie (et lui présente la coupe de liqueur nouvelle). Il a ses entretiens privés (avec les dignitaires et les grands officiers de la cour), ainsi qu’avec le souverain[1:1]. (Après cela, des provisions d’animaux, abattus et vivants, sont envoyées (à son hôtel). (Alors qu’il s’apprête à partir), les symboles de jade (par lesquels il était accrédité) lui sont rendus, et les présents (en soie et autres) lui sont offerts en retour. Il a été reçu et festoyé. Toutes ces observances servent à illustrer l’idée qui sous-tend les relations entre souverain et ministre dans l’accueil des visiteurs et des invités[1:2].
7. C’était donc un statut édicté par le Fils du Ciel pour les seigneurs féodaux, stipulant qu’ils devaient échanger chaque année une petite mission, et tous les trois ans une grande, s’encourageant ainsi mutuellement à la courtoisie. Si le messager commettait une erreur dans l’échange de sa mission, le souverain, son hôte, ne le recevait pas personnellement, ce qui le rendait honteux et le stimulait.
Lorsque les princes s’incitaient ainsi mutuellement à observer les usages cérémoniels, ils ne s’attaquaient pas les uns les autres, et leurs États ne subissaient ni oppression ni empiètement. Ainsi, le Fils du Ciel les chérissait et les nourrissait ; il n’y avait aucune raison de recourir aux armes, et ils disposaient d’un instrument pour se maintenir dans la droiture.
8. (Les commissaires) emportaient avec eux leurs symboles de jade, le sceptre et le demi-sceptre, témoignant de l’importance de la cérémonie. Une fois leur mission accomplie, ils leur furent rendus, témoignant du peu d’importance qu’il fallait accorder à leur valeur et de la grande importance de la cérémonie. Lorsque les princes s’incitèrent ainsi mutuellement à minimiser la valeur des objets et à reconnaître l’importance de la cérémonie, le peuple apprit à être conciliant et courtois.
9. Le prince de l’État où la mission était envoyée traitait ses invités de la manière suivante : jusqu’à leur départ, ils étaient ravitaillés grâce aux trois réserves prévues à cet effet. Des animaux vivants leur étaient envoyés à leur logement. Cinq lots des trois animaux destinés à l’abattage étaient préparés à l’intérieur. Trente chargements de riz, autant de céréales avec de la paille, et deux fois plus de fourrage et de bois de chauffage étaient fournis à l’extérieur. Cinq couples d’oiseaux se déplaçaient en groupes chaque jour. Tous les assistants recevaient du bétail pour leur alimentation. Il y avait un repas par jour à la cour et deux réceptions au temple. Les banquets et les offrandes occasionnelles étaient sans nombre précis. C’est avec une telle générosité que l’importance de la cérémonie était indiquée[1:3].
10. Dans l’Antiquité, ils ne pouvaient pas toujours se montrer aussi généreux dans l’utilisation de leurs richesses ; mais leur emploi si généreux (en lien avec ces missions) démontrait qu’ils étaient prêts à les consacrer à l’entretien des cérémonies. Lorsqu’ils les dépensaient comme ils le faisaient pour les cérémonies, alors, dans les États, souverain et ministre n’empiétaient pas sur leurs droits et leurs biens respectifs, et les différents États ne s’attaquaient pas mutuellement. C’est pour cette raison que les rois édictèrent des lois concernant ces missions, et les seigneurs féodaux firent tout leur possible pour les respecter[2:1].
11. Le tir à l’arc, associé à ces missions, était une institution très importante. On le commençait dès l’aube, et il était presque midi avant la fin des cérémonies : il fallait des hommes d’une grande vigueur et d’une grande force pour le mener à bien.
De plus, lorsque de tels hommes s’apprêtaient à s’y adonner, bien que la boisson fût claire et qu’ils eussent soif, ils n’osaient pas en boire ; bien que les tiges de viande fussent sèches (et à portée de main) et qu’ils eussent faim, ils n’osaient pas en manger ; à la tombée de la nuit, fatigués, ils continuaient à maintenir une attitude grave et correcte. Ils accomplissaient ainsi tous les détails des cérémonies ; ils maintenaient ainsi correctement les relations entre souverain et sujet, l’affection entre père et fils, et l’harmonie entre aînés et cadets. Tout cela est difficile à faire pour la plupart des hommes, mais c’était le fait de ces hommes supérieurs ; et c’est pourquoi on les qualifiait d’hommes doués d’une grande habileté dans l’action. Leur attribuer une telle habileté dans l’action impliquait qu’ils possédaient le sens de la justice ; et cette possession impliquait qu’ils étaient vaillants et audacieux. La qualité la plus précieuse chez un homme audacieux et audacieux est de pouvoir ainsi asseoir son sens de la justice ; La qualité la plus précieuse de celui qui acquiert ce sens est de pouvoir ainsi démontrer sa grande habileté dans l’action ; la qualité la plus précieuse de celui qui possède cette habileté est de pouvoir mettre en pratique toutes les cérémonies. Ainsi, la qualité la plus précieuse de l’audace courageuse est d’oser mettre en pratique les règles de la cérémonie et de la droiture.
Il s’ensuit que de tels hommes, audacieux et hardis, pleins de vigueur et de force, lorsque le royaume était en paix, employaient leurs dons à l’exercice de la bienséance et de la justice ; et, lorsque le royaume était en difficulté, ils les employaient sur le champ de bataille et à la victoire. Lorsqu’ils les employaient à la conquête, aucun ennemi ne pouvait leur résister ; lorsqu’ils les employaient à l’exercice de la bienséance et de la justice, alors l’obéissance et le bon ordre prévalaient. Pas d’ennemis à l’extérieur, et obéissance et bon ordre à l’intérieur : c’était là ce qu’on appelait la condition parfaite d’un État. Mais lorsque des hommes, ainsi dotés, n’employaient pas leur valeur et leur force au service de la bienséance et de la justice, et pour assurer la victoire, mais dans les conflits et les querelles, ils étaient alors qualifiés d’hommes de turbulence ou de désordre. Des sanctions étaient imposées dans tout le royaume, et leur (première) utilisation consistait à punir ces mêmes hommes et à les éliminer. De cette façon (encore une fois), le peuple devint obéissant et il y eut un bon ordre, et l’État fut tranquille et heureux.
12. Dze-kung demanda à Confucius : « Permettez-moi de vous demander pourquoi l’homme noble accorde une grande valeur au jade et si peu à la stéatite ? Est-ce parce que le jade est rare et la stéatite abondante ? »
13. Confucius répondit : « Ce n’est pas parce que la stéatite est abondante qu’il en pense peu, ni parce que le jade est rare qu’il lui accorde une grande valeur. Les hommes supérieurs de l’Antiquité trouvaient dans le jade l’image de toutes les excellentes qualités. Doux, lisse et brillant, il leur apparaissait comme la bienveillance ; fin, compact et fort, comme l’intelligence ; anguleux, mais non tranchant et tranchant, comme la droiture ; pendant (en perles) comme s’il allait tomber à terre, comme (l’humilité de) la bienséance ; lorsqu’on le frappe, il produit une note, claire et prolongée, mais se terminant brusquement, comme la musique ; ses défauts ne cachent pas sa beauté, ni sa beauté ne cache ses défauts, comme la loyauté ; avec un rayonnement intérieur qui en émane de tous côtés, comme la bonne foi ; brillant comme un arc-en-ciel éclatant, comme le ciel ; exquis et mystérieux, apparaissant dans les collines et les ruisseaux, comme la terre ; se détachant de manière visible dans les symboles de rang, comme la vertu ; Apprécié de tous sous le ciel, comme le chemin de la vérité et du devoir. Comme le dit l’ode (I, xi, ode 3, 1),
« Telle est la voiture de mon seigneur. Il s’élève dans mon esprit,
« Belle et fade, comme le jade de la plus riche espèce. »
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Les détails brièvement mentionnés ici et bien d’autres se trouvent en détail dans la 8e division de l’Î Lî, livres 15 à 18, qui traitent de ces missions. ↩︎ ↩︎ ↩︎ ↩︎
Il y a une vingtaine d’années, alors que j’accompagnais un mandarin de Canton dans une région troublée de l’intérieur, il aborda un jour le sujet de ces missions, disant qu’elles avaient dû peser lourdement sur les revenus des anciens États, et que de même, de nos jours, les administrations provinciales étaient accablées de dépenses considérables qui devraient être supportées par le trésor impérial. Comme on commençait alors à parler des ambassadeurs résidents des nations étrangères, il demanda si la Chine devrait payer leurs dépenses, ou si les pays qu’ils représentaient le feraient, et il fut grandement soulagé lorsque je lui ai répondu que chaque nation paierait les frais de son ambassade. ↩︎ ↩︎