Le Shû et les parties précédentes du Shih nous ont fait connaître Shâo, nom de l’apanage de Shih, l’un des principaux ministres de la cour de Kâu durant les deux premiers règnes de la dynastie. La ville de Shâo se trouvait dans l’actuel département de Făng-kh_iang, Shen-hsî. Son premier possesseur, ainsi que le duc de Kâu, encore plus célèbre, restèrent à la cour pour veiller sur le sort de la nouvelle dynastie. Ils étaient connus comme « les plus hauts ducs » et « les deux grands chefs », le duc de Kâu ayant en charge les parties orientales du royaume, et l’autre les parties occidentales. Les pièces de ce livre sont censées avoir été produites à Shâo et dans les principautés situées au sud de celui-ci et relevant de sa juridiction, par le duc.
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CÉLÉBRANT L’INDUSTRIE ET LA RÉVÉRENCE DE L’ÉPOUSE D’UN PRINCE, L’AIDANT À SE SACRIFIER.
Il faut supposer que les dames d’un harem, dans l’un des États du Sud, admirent et louent dans ces simples strophes la manière dont leur maîtresse s’acquittait de ses devoirs. L’ode est souvent interprétée comme supposant que la dame cueillait le bois du sud non pas pour le sacrifier, mais pour nourrir les vers à soie dont elle avait la charge ; mais les caractères du texte plaident globalement en faveur de cette interprétation plus répandue. Les moralistes chinois se réfèrent constamment à cette pièce pour montrer que les choses les plus insignifiantes sont acceptées en sacrifice, lorsqu’elles sont présentées avec révérence et sincérité.
Un critique demanda à Kû Hsî s’il était concevable que l’épouse d’un prince ait fait elle-même ce qui est relaté ici, et il répondit que le poète l’avait dit. Un autre a observé que si la dame commandait et employait d’autres personnes, c’était toujours son œuvre. Mais que la dame l’ait fait elle-même n’est pas incroyable, compte tenu de la simplicité de cette époque, au XIIe siècle av. J.-C.
Elle cueille le bois blanc du sud, près des étangs, sur les îlots. Elle l’emploie, dans les affaires de notre prince.
Elle cueille le bois blanc du sud, le long des ruisseaux dans les vallées. Elle l’emploie, dans le temple [^597] de notre prince.
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Avec sa coiffe dressée avec révérence, de bonne heure, alors qu’il fait encore nuit, elle se trouve dans le temple du prince. Coiffée, se retirant lentement, elle retourne dans ses appartements.
CÉLÉBRANT LA DILIGENCE ET LA RÉVÉRENCE DE LA JEUNE FEMME D’UN OFFICIER, FAISANT SA PART DANS LES OFFRANDES SACRIFICIELLES.
Elle cueille les grandes lentilles d’eau, au bord du ruisseau dans la vallée du sud. Elle cueille les potamots, dans les mares laissées par les inondations.
Elle dépose ce qu’elle ramasse, Dans ses paniers carrés et ronds. Elle le fait bouillir, Dans ses trépieds et ses casseroles.
Elle expose ses préparatifs, sous la fenêtre de la chambre ancestrale [^598]. Qui supervise les affaires ? C’est (cette) jeune femme respectueuse.