Il y a un directeur [^1346] ; il n’y a pas de second directeur. Je parle de celui qui demeure dans le cœur. Cet être, le directeur, demeure dans le cœur et dirige (toutes les créatures). Poussé par ce même (être), je me déplace comme on me l’ordonne, comme l’eau sur une pente. Il y a un instructeur ; il n’y a pas de second (différent) de lui. Je parle de celui qui demeure dans le cœur. Enseigné par cet instructeur, tous les serpents, quels qu’ils soient, sont haïs au monde [^1347]. Il y a un parent ; il n’y a pas de second (différent) de lui. Je parle de celui qui demeure dans le cœur. Enseigné par lui, les parents sont possédés par des parents [^1348], (et) les sept Rishis, ô fils de Prithâ [^1349] ! brillent dans le ciel [^1350]. Il [ p. 282 ] est un auditeur [1] ; il n’y a pas de second (différent) de lui. Je parle de celui qui demeure dans le cœur. Vivant sous cet instructeur, (selon le mode approprié de) vivre avec un instructeur, Sakra [2] a acquis l’immortalité dans tous les mondes. Il y a un ennemi ; il n’y a pas de second (différent) de lui. Je parle de celui qui demeure dans le cœur. Enseigné par cet instructeur, tous les serpents, quels qu’ils soient, sont toujours haïs dans le monde [3]. À ce sujet aussi, ils racontent une histoire ancienne, (sur) l’instruction des serpents, des dieux et des sages, par Pragâpati. Les dieux, les sages, les serpents et les démons, s’approchant de Pragâpati, lui dirent (à lui) : « Dis-nous le plus grand bien. » À ceux qui s’enquéraient du bien suprême, le vénérable dit : « Om [4], le Brahman, en une seule syllabe. » En entendant cela, ils s’enfuirent dans (diverses) directions [5]. Alors qu’ils couraient pour s’instruire sur le soi, l’inclination des serpents à mordre s’était déjà formée. L’inclination naturelle des démons à l’ostentation s’était formée. Les dieux s’étaient consacrés aux dons, et les grands sages à la maîtrise des sens. Ayant eu un seul maître, [ p. 283 ] et ayant été instruits d’un seul mot, les serpents, les dieux, les sages et les démons, tous engagés dans différentes [6] (activités). On entend ce qui est dit (à soi) et on le saisit dûment ; (mais même) pour celui qui s’enquiert et prône, il n’y a pas d’autre instructeur [7]. Et c’est par son conseil que l’action se produit ensuite. L’instructeur, l’élève, l’auditeur et l’ennemi sont toujours dans le cœur. Agissant pécheur dans le monde, il devient un homme de conduite pécheresse. Agissant vertueusement dans le monde, il devient un homme de conduite vertueuse [8]. Et il devient un homme qui se conduit selon ses propres désirs [9], qui, en raison de ses désirs, s’abandonne aux plaisirs des sens. Mais celui qui, abandonnant vœux [10] et actions, adhère simplement au Brahman,Celui qui parcourt le monde en s’identifiant au Brahman devient un Brahmakârin. Pour lui, le Brahman lui-même est le combustible, le Brahman le feu, le Brahman son origine, le Brahman l’eau, le Brahman l’instructeur. Il est captivé par le [ p. 284 ] Brahman 1. Telle est cette vie subtile telle qu’un Brahmakârin la comprend aux sages. La comprenant, ils la pratiquent, instruits par le Kshetragña 2.
281:1 C’est-à-dire l’Être suprême, Arguna Misra. Nîlakantha relie ce passage au chapitre précédent en affirmant qu’il décrit Nârâyana, qui y est mentionné. Voir Sânti Parvan (Moksha Dharma), chap. 226, st. 8 (éd. Bombay). ↩︎
281:2 Les sentiments naturels d’animosité sont causés par l’Être Suprême intérieur. Tel semble être le sens. Cf. Gîtâ, pp. 128, 129. Je peux remarquer qu’Arguna Miṣra semble interpréter les mots originaux, que nous avons rendus par « Je parle de lui », etc., comme signifiant « Je répète ce qui a été dit par », etc. Cela ne me semble pas satisfaisant ; et on peut ajouter aussi que l’interprétation d’Arguna Miṣra apparaît dans sa glose non pas sur le premier verset, concernant le « directeur », mais seulement sur le second, concernant l’instructeur. Détesté = plein d’animosité, Nîlakantha. ↩︎
281:3 C’est-à-dire que le sentiment de parenté naît de son inspiration. ↩︎
281:4 Le poète semble ici hocher la tête, car cette expression ne peut pas faire partie du discours du Brâhmana à sa femme. ↩︎
281:5 Les sept sages sont toujours mentionnés ensemble et peuvent bien être considérés comme des types du sentiment de parenté. ↩︎
282:1 Nîlakantha prend ce mot pour « élève », mais il est difficile de le concilier avec le reste du passage. Arguna Misra le traduit par « le destructeur des doutes de chacun ». Pour cela, il faudra prendre le mot comme une forme du causatif, et non la simple racine sru, entendre. Mais voir aussi, p. 283, « l’instructeur… l’auditeur ». ↩︎
282:3 Les mots sont ici presque les mêmes que précédemment ; les commentateurs ne donnent aucune explication quant à la répétition. Voir p. 281, note [^1347]. ↩︎
282:4 Cf. Gîtâ, p. 79. Le sens complet est que de l’étude de cet Om on atteint le bien suprême. ↩︎
282:5 C’est-à-dire dans leurs propres demeures, croyant avoir appris ce qu’ils voulaient. ↩︎