Le Brâhmana dit :
À ce sujet [^1419], ils racontent également une vieille histoire, (sous la forme) d’un dialogue, ô toi au cœur pur ! entre Kârtavîrya et l’océan. (Il vivait autrefois) un roi nommé Arguna [^1420], un descendant de Kritavîrya, possédant mille bras, qui avec son arc conquit la terre (entière) jusqu’à l’océan. Un jour, [ p. 294 ], comme nous l’avons entendu, il se promenait près de la mer, fier de sa force, et lançait des centaines de flèches sur la mer. L’océan, le saluant et, les mains jointes, dit : « Ô homme courageux ! Ne lance pas de flèches (sur moi). Dis, que dois-je faire pour toi ? Les créatures qui se réfugient chez moi sont en train d’être détruites, ô roi tigre ! par les grandes flèches que tu as lancées. Donne-leur la sécurité, ô Seigneur !
Arguna a dit :
S’il existe quelque part un archer qui soit mon égal au combat et qui puisse me tenir tête sur le champ de bataille, nommez-le-moi.
L’océan a dit :
Si, ô roi ! tu as entendu parler du grand sage Gamadagni, son fils est la personne appropriée pour te témoigner l’hospitalité qui te convient [^1421].
Alors le roi, rempli d’une grande colère, s’en alla et, arrivé à cet ermitage, il s’approcha de Râma seul. En compagnie de ses proches, il accomplit de nombreux actes désagréables à Râma et causa de nombreux ennuis à l’âme glorieuse de Râma. Alors la puissance de Râma, dont le pouvoir était illimité, s’embrasa, brûlant les armées ennemies, ô toi aux yeux de lotus ! Alors Râma, prenant sa hache, tailla en pièces cet homme aux mille bras au combat, comme un arbre aux multiples branches. Le voyant tué et tombé, tous ses proches se rassemblèrent et, prenant épées et lances, encerclèrent le descendant de Bhrigu. Râma, prenant également un arc et montant précipitamment sur un char, décocha des volées de flèches et balaya l’armée du roi. Alors quelques-uns des [ p. 295 ] Les Kshatriyas, souvent troublés par la peur du fils de Gamadagni, pénétraient dans les montagnes et les lieux inaccessibles, telles des antilopes troublées par un lion. Et les sujets de ces (Kshatriyas) qui n’accomplissaient pas leurs devoirs prescrits [1] par peur de lui, devinrent des Vrishalas, en raison de la disparition des Brâhmanas [2]. Ainsi, les Dravidas, les Âbhîras, les Pauriras, ainsi que les Sâbaras, devinrent des Vrishalas [3], en raison de l’abandon de leurs devoirs par les Kshatriyas. Alors que les enfants héroïques des femmes Kshatriyas furent détruits à maintes reprises, les Kshatriyas, engendrés par les Brâhmanes [4], furent également détruits par le fils de Gamadagni. À la fin du vingt et unième massacre, une voix immatérielle venue du ciel, entendue par tous, parla doucement à Râma : « Ô Râma ! Ô Râma ! arrête (ce massacre). À quoi bon, cher ami, vois-tu l’intérêt d’ôter la vie à ces parents de Kshatriyas encore et encore ? » Alors aussi, ses grands-pères [5], Rikîka à leur tête, dirent de même à l’âme noble (Râma) : « Arrête, ô noble [6] ! » Mais Râma, ne pardonnant pas à son père [ p. 296 ] meurtre, dit à ces sages : « Vous ne devriez pas m’en empêcher. »
Les Pitri ont dit :
Ô meilleur des vainqueurs ! Tu ne devrais pas détruire ces frères des Kshatriyas. Il ne te convient pas, en tant que Brâhmane, de massacrer ces rois.
293 : 1 Cf. Taittirîya-upanishad, p. 40. ↩︎
293:2 Les lectures données ici dans le manuscrit ne sont pas satisfaisantes. J’adopte comme le meilleur ce qui semble avoir été fait avant Arguna Misra. Le sens semble être le suivant : j’ai maintenant compris la vérité, mais on ne peut me reprocher d’avoir jusqu’ici fait ce que j’ai vu tout le monde faire. J’ai maintenant eu le bénéfice d’une conversation avec un homme de bien et je me suis libéré de mon illusion. ↩︎
293:3 À savoir que l’émancipation finale ne peut pas être obtenue par l’action, et que le massacre est un péché. ↩︎
293:4 Il est également appelé Yogin dans Raghuvamsa VI, 38. Voir le commentaire de Mallinâth à cet endroit. ↩︎
294:1 C’est-à-dire en lui donnant ce qu’il désire : un « ennemi digne de son acier » pour combattre à ses côtés. ↩︎
295:1 À savoir la protection de leurs sujets. ↩︎