Les Pitri ont dit :
À ce sujet [^1428], ils racontent aussi une histoire ancienne ; en l’entendant, ô le meilleur des deux fois nés ! tu devrais agir en conséquence. Il était une fois un sage royal, nommé Alarka, dont la pénitence était très grande, qui comprenait le devoir, qui était véridique, noble d’âme et très ferme dans ses vœux. Ayant conquis ce monde avec son arc jusqu’à l’océan, – après avoir accompli des actions très difficiles [^1429] – il tourna son esprit vers des sujets subtils [^1430]. Alors qu’il était assis au pied d’un arbre, ô toi à la grande intelligence ! ses pensées, abandonnant (ces) grandes actions, se tournèrent vers des (questions) subtiles.
Alarka a dit :
Mon esprit est devenu (trop) fort [^1431] ; cette conquête est constante dans laquelle l’esprit est conquis. (Bien) entouré d’ennemis, je dirigerai mes flèches ailleurs [^1432]. Comme par son instabilité, il souhaite [1], [ p. 297 ] faire agir tous les mortels, je lancerai des flèches très acérées vers l’esprit.
L’esprit a dit :
Ces flèches, ô Alarka ! ne me transperceront pas. Elles ne feront que transpercer ton propre être vital, et ainsi tu mourras. Prends garde aux autres flèches qui pourraient me détruire.
En entendant cela, il prononça alors ces mots après réflexion :
Alarka a dit :
On sent une multitude de parfums, et l’on n’en désire qu’un seul. C’est pourquoi je lancerai des flèches acérées vers le nez.
Le nez [2] dit.
Ces flèches, ô Alarka ! ne me transperceront pas. Elles ne feront que transpercer ton cœur, et ainsi tu mourras. Prends garde aux autres flèches qui pourraient me détruire.
En entendant cela, il prononça alors ces mots après réflexion :
Alarka a dit :
Appréciant les saveurs savoureuses, cette langue ne désire que celles-là. C’est pourquoi je lancerai des flèches acérées contre sa langue.
La langue dit :
Ces flèches, ô Alarka ! ne me transperceront pas. Elles ne feront que transpercer ton cœur, et ainsi tu mourras. Prends garde aux autres flèches qui pourraient me détruire.
En entendant cela, il prononça alors ces mots après réflexion :
Alarka a dit :
En touchant divers objets, la peau ne désire que ces objets. C’est pourquoi je l’arracherai avec diverses flèches à plumes.
La peau a dit :
Ces flèches, ô Alarka ! ne me transperceront pas. Elles ne feront que transpercer ton cœur, et ainsi tu mourras. Prends garde aux autres flèches qui pourraient me détruire.
En entendant cela, il dit alors après réflexion :
Alarka a dit :
Entendant divers sons, l’oreille ne recherche que ceux-là. C’est pourquoi je lancerai des flèches acérées vers l’oreille.
L’oreille dit :
Ces flèches, ô Alarka ! ne me transperceront pas. Elles ne feront que transpercer tes propres entrailles, et tu perdras la vie. Prends garde aux autres flèches qui pourraient me détruire.
En entendant cela, il dit alors après réflexion :
[ p. 299 ]
Alarka a dit :
Voyant de nombreuses couleurs, l’œil ne désire qu’elles. C’est pourquoi je détruirai l’œil avec des flèches acérées.
L’œil dit :
Ces flèches, ô Alarka ! ne me transperceront pas. Elles ne feront que transpercer ton cœur, et ainsi tu mourras. Prends garde aux autres flèches qui pourraient me détruire.
En entendant cela, il dit alors après réflexion :
Alarka a dit :
Cette compréhension produit diverses déterminations par son action. C’est pourquoi je lancerai des flèches acérées contre elle.
L’entente disait :
Ces flèches, ô Alarka ! ne me transperceront pas. Elles ne feront que transpercer ton cœur, et ainsi tu mourras. Prends garde aux autres flèches qui pourraient me détruire.
Le Brâhmana [3] a dit :
Alors, Alarka, même là, s’employa à une pénitence terrible [4] difficile à accomplir ; mais il n’obtint aucune flèche pour ces sept par ses dévotions. Alors ce roi délibéra avec un esprit très concentré sur un (sujet), et après avoir longuement délibéré, ô le meilleur des deux fois nés ! Alarka, le meilleur des (hommes) talentueux, ne put rien obtenir de mieux [ p. 300 ] que la concentration de l’esprit 1. Puis, dirigeant son esprit vers un point 2, il devint stable et s’appliqua à la concentration de l’esprit. Et (alors) l’homme courageux détruisit aussitôt les sens d’une seule flèche ; et pénétrant en soi par le moyen de la concentration de l’esprit, il atteignit la plus haute perfection. Et le sage royal, stupéfait, prononça alors ce verset : « Oh ! Hélas ! que nous nous soyons livrés à toutes les affaires extérieures ; que, possédés par le désir des plaisirs, nous nous soyons consacrés plus tôt à la souveraineté ! J’ai appris par la suite qu’il n’y a pas de bonheur plus élevé que la concentration de l’esprit. Comprends-le aussi, ô Râma ! Et ne tue pas les Kshatriyas. Accomplis une pénitence terrible 3, et tu obtiendras ainsi le bien suprême. Ainsi que le lui avaient dit ses grands-pères, le noble fils de Gamadagni s’engagea dans une pénitence terrible et atteignit cette perfection difficile à atteindre.