L’épouse du brahmane dit :
Ceci n’est pas compréhensible pour quelqu’un dont le moi [^1471] est frivole, ou dont le moi n’est pas raffiné ; et mon intelligence est très frivole, étroite et confuse. Dites-moi par quel moyen cette connaissance est acquise. Je désire apprendre de vous la source d’où elle provient.
Le Brâhmana a dit
Sache que celui qui se consacre au Brahman est l’Arani (inférieur), l’instructeur est l’Arani supérieur. La pénitence et l’étude sacrée provoquent l’attrition [^1472], et de là naît le feu de la connaissance.
L’épouse du brahmane dit :
Quant à ce symbole du Brahman appelé Kshetragña, où peut-on en trouver une description qui permette de le comprendre ?
[ p. 309 ]
Le Brâhmana a dit :
Il est sans symboles [^1474], et aussi sans qualités ; rien n’existe qui soit sa cause. Je n’exposerai que les moyens par lesquels il peut être compris ou non. Un bon moyen est trouvé, à savoir l’action [^1475] et la connaissance, par lesquelles cette [1] (entité), à laquelle les symboles (utiles) pour la connaissance [2] lui sont attribués par ignorance, est perçue comme par des abeilles [3]. Dans (les règles pour) l’émancipation finale, il n’est pas stipulé qu’une certaine chose doit être faite et une autre ne doit pas l’être [4]. Mais la connaissance des choses bénéfiques à soi est produite par celui qui voit et entend [5]. Il faut adopter autant de ces choses, (qui sont) des moyens de perception directe, que possible ici – inaperçues, et celles dont la forme est perçue [6], par centaines et par milliers, toutes de descriptions diverses. Alors on atteint ce qui est proche de ce au-delà duquel rien n’existe.
La Déité dit :
Alors l’esprit de l’épouse du Brâhmana, après la destruction du Kshetragña 1, se tourna vers ce qui est au-delà de (tous) les Kshetragñas au moyen d’une connaissance du Kshetra 2.
Arguna a dit :
Où est donc, ô Krishna ! l’épouse de ce Brâhmane, et où est ce chef des Brâhmanes, par qui cette perfection fut atteinte ? Parle-moi d’eux deux, ô toi qui es non dégradé !
La Déité dit :
Sache que mon esprit est celui du Brâhmane, et que ma compréhension est celle de l’épouse du Brâhmane. Et celui, ô Dhanañgaya !, que l’on a appelé le Kshetragña, c’est moi-même 3.
308:1 C’est-à-dire l’esprit, Arguna Misra. ↩︎
308:2 Scil. des Aranis (c’est-à-dire le bois utilisé pour allumer le feu) ; le sens est que l’élève qui a fait pénitence et étudié les Védas va trouver un maître pour acquérir la connaissance. Voir Svetâsvatara pp. 307, 308. ↩︎
308:3 C’est-à-dire le Brahman, dit Arguna Misra, dont le Kshetraga n’est qu’un symbole. Pour une définition du Kshetraga, voir Sânti Parvan (Moksha), chap. 187, st. 23. ↩︎
309:2 C’est-à-dire ce qui est requis comme préliminaire à l’acquisition de la connaissance, et qui est donc nécessaire à l’émancipation finale. ↩︎
309:3 Le Brahman. ↩︎