Vâsudeva [^1067] a dit
Alors, saisissant ses pieds, Kâsyapa posa des questions très difficiles à expliquer, et tous ceux qui étaient les meilleurs des partisans de la piété les expliquèrent.
Kâsyapa a dit :
Comment le corps périt-il, et comment est-il produit ? Comment celui qui évolue dans le cours pénible de la vie terrestre devient-il libéré ? Et comment le soi, se débarrassant de la nature, abandonne-t-il le corps (produit) par elle ? Et comment, libéré du corps, accède-t-il à l’autre ? Comment cet homme jouit-il de ses bonnes et mauvaises actions ? Et où demeurent les actes de celui qui est libéré du corps ?
Le Brâhmana dit :
Ainsi adressé, ô descendant de Vrishni ! ce Siddha répondit à ces questions dans l’ordre. Écoutez-moi raconter ce qu’il a dit.
[ p. 236 ]
Le Siddha a dit :
Français Lorsque ces actions, productives de longue vie et de gloire [^1070], qu’un homme accomplit ici, sont entièrement épuisées, après avoir pris un autre corps, il accomplit (des actions d’un) caractère opposé, son moi étant vaincu par l’épuisement de la vie [1]. Et sa ruine étant imminente, son entendement s’égare. Ne connaissant pas sa propre constitution, [2] et sa force, et de même le (bon) moment, l’homme n’étant pas maître de lui-même, fait hors de propos ce qui est nuisible à lui-même lorsqu’il s’attache à de nombreuses (actions) très harassantes ; mange trop [3], ou ne mange pas du tout ; lorsqu’il prend de la mauvaise nourriture, ou de la viande [4], ou des boissons, ou (des types d’aliments) incompatibles les uns avec les autres, ou des aliments lourds en quantités immodérées, ou sans (la nourriture prise précédemment) être correctement digérée ; ou fait trop d’exercice, ou est incontinent ; ou constamment, par attachement à l’action, freine le cours régulier (des excrétions [5]) ; ou prend de la nourriture juteuse [6] ; ou dort le jour [7] ; ou (prend de la nourriture) mal préparée ; (un tel homme) aggrave lui-même les désordres [ p. 237 ] ordres (dans le corps) lorsque le moment est venu [8]. En aggravant les désordres (dans) son propre (corps), il contracte une maladie qui se termine par la mort, ou il s’engage même dans des (actes) déraisonnables, comme se pendre [9] (soi-même). De ces causes, le corps vivant [10] de cette créature périt alors. Apprenez-en correctement car je suis sur le point de l’exposer. La chaleur, allumée dans le corps et poussée par un vent violent [11], imprègne tout le corps et, en vérité, arrête les vents de la vie. Sache bien qu’une chaleur excessivement puissante, si elle est allumée dans le corps, fait éclater les parties vitales, les sièges de l’Âme [12]. Alors, pleine de tourments, l’âme se détache aussitôt du corps périssable. Sache, ô le meilleur des deux fois nés ! que (toute) créature quitte le corps lorsque les parties vitales sont éclatées, elle-même accablée de tourments. Tous les êtres sont constamment distraits par la naissance et la mort ; et, ô chef des deux fois nés ! on les voit abandonner (leur) corps ; ou entrer dans le ventre maternel après l’épuisement de (leurs) actions antérieures [13]. De même, un homme souffre de tourments similaires, ayant les articulations brisées et souffrant de [ p. 238 ] froid, par suite de l’eau [14]. À mesure que l’association compacte des cinq éléments est rompue, le vent dans le corps, réparti entre les cinq éléments [15], entre les vents de vie ascendants et descendants, aggravé par le froid et poussé par un vent violent [16], monte [17], abandonnant le (soi) incarné par la douleur. Ainsi, il [18] quitte le corps, qui apparaît dépourvu de souffle. Alors, dépourvu de chaleur, de souffle, de beauté, et la conscience détruite, l’homme,Abandonné par le Brahman [19], il est dit mort. Il cesse alors de percevoir (quoi que ce soit) avec ces mêmes courants [20] par lesquels le soutien du corps [21] perçoit les objets des sens. De même, c’est l’âme éternelle qui préserve dans le corps les vents de vie produits par la nourriture [22]. Quelle que soit la partie du corps employée à la collecte [23] de cela, sachez que c’est une partie vitale, car c’est ainsi que cela est décrit dans les Écritures. Ces parties vitales étant blessées, ce vent en sort directement et, pénétrant dans le sein d’une créature, obstrue le cœur [24]. Alors, le possesseur de la conscience ne sait rien [25]. Ayant son savoir enveloppé d’obscurité [26], tandis que les organes vitaux sont encore enveloppés, l’âme [27], sans siège fixe, est secouée par le vent. Alors, elle pousse un soupir très profond et alarmant, faisant trembler le corps inconscient en sortant. Cette âme, quittant le corps, est entourée de ses propres actions [28], ses propres actions pures et méritoires, comme celles de ses péchés. Les Brâhmanes, possédant le savoir, dont les convictions sont correctement formées par le savoir sacré, le reconnaissent à ses marques comme quelqu’un qui a accompli des actions méritoires ou l’inverse. Comme ceux qui ont des yeux voient un ver luisant disparaître ici et là dans l’obscurité, ainsi voient ceux qui ont les yeux de la connaissance. Une telle âme, les Siddhas la voient d’un œil divin, quittant le corps, naissant ou entrant dans un utérus [29]. Ses trois descriptions [30] de sièges sont ici tirées des Écritures. Ce monde est le monde des actions [31], où [ p. 240 ] demeurent les créatures. Tous les êtres incarnés, ayant accompli ici des actions bonnes ou mauvaises, en obtiennent le fruit. C’est ici qu’ils obtiennent des jouissances supérieures ou inférieures par leurs propres actions. Et ce sont ceux dont les actions ici sont mauvaises qui, par leurs actions, vont en enfer. Le harcèlement est ce lieu inférieur où les hommes sont tourmentés. S’en libérer est très difficile, et le soi doit en être particulièrement protégé. Apprenez de moi maintenant les sièges où demeurent les créatures qui montent [32], et que je vais décrire fidèlement. En entendant cela, vous apprendrez la plus haute connaissance et la décision concernant l’action [33]. Tous les mondes sous forme d’étoiles, et cette sphère lunaire [34], ainsi que cette sphère solaire qui brille dans le monde par son propre éclat, savent que ce sont les sièges des hommes qui accomplissent des actions méritoires. Tous, en vérité, retombent encore et encore par suite de l’épuisement de leurs actions [35]. Et là aussi, dans le ciel, il y a des différences entre bas, haut et moyen [36]. Et même là, il n’y a pas de satisfaction, même après un spectacle de splendeur des plus magnifiques.Ainsi, je vous ai exposé clairement ces sièges. Je vais ensuite vous exposer la production du fœtus [37]. Et, ô deux fois né ! écoute attentivement ce que je te dis.
235:1 Cela était difficile, car le Siddha possédait des pouvoirs extraordinaires, tels que celui du mouvement caché, etc. ↩︎
235:2 Sic dans les MSS. ↩︎
235:3 Cf. quant à se débarrasser de la nature, Gîtâ, pp. 75-106. Quant au corps produit de la nature, cf. ibid. p. 112, et pp. 317-318 infra. ↩︎
235:4 C’est-à-dire le Brahman, dit Nîlakantha. ↩︎
236:1 Une lecture omet la « renommée », à propos de laquelle cf. Taittirîya-upanishad, p. 129 ; Khândogya, pp. 122-227. Quant à la longue vie, cf. Khândogya, p. 272 ; épuisée, c’est-à-dire par la jouissance de fruits dans un autre monde. ↩︎
236:2 Cf. Sârîraka Bhâshya, p. 753 seq., où nous avons un point de vue légèrement différent. ↩︎
236:3 Aguna Misra rend l’original, sattva, par svabhâva. ↩︎
236:4 Cf. pour tout cela, Gîtâ, pp. 62, 69, 118, passages qui, cependant, sont d’un point de vue légèrement différent. Voir aussi Khândogya, p. 526. ↩︎
236:5 Une autre lecture exclut ici la viande. Mais cf. Âpastamba I, 1, 2, 23 ; Gautama II, 13. ↩︎
236:6 Ainsi parle Nîlakantha. ↩︎
236:7 C’est-à-dire qui se transforme en jus dans la digestion, beaucoup de jus étant une cause d’indigestion, disent les commentateurs. ↩︎ ↩︎
236:8 Ceci est douteux. Le sens pourrait être : « qui consomme de la nourriture juteuse ou mal préparée, jour et nuit. » Mais voir Âsvalâyana Grihya-sûtra, p. 90 ; Âpastamba I, 1, 2, 24 ; Gautama II, 13. ↩︎
237:1 Le temps de la destruction, dit Arguna Misra. ↩︎
237:2 Ce qui, disent les commentateurs, conduit à la mort, même sans aucune maladie. ↩︎
237:3 J’interprète donc l’original en tenant compte de la question : « Comment le corps périt-il ? » L’autre lecture, qui est à certains égards meilleure, équivaut à « la vie tombe du corps de cette créature ». ↩︎
237:4 Ceci est différent, comme le soulignent les commentateurs, des vents de vie ordinaires. ↩︎
237:5 L’original ici est gîva, et non âtman, que nous avons traduit par « soi ». Il s’agit plutôt du principe vital. Quant aux sièges, cf. Yâgñavalkya Smriti III, 93 s. ↩︎
237:6 J’adopte la lecture karmanâm, que je trouve dans un manuscrit que j’ai consulté. Je pense qu’il est probable que c’était la lecture avant les commentateurs. L’autre lecture est marmanâm. ↩︎
238:1 Après avoir parlé de la chaleur, il parle maintenant des effets du froid. Je ne suis pas sûr que l’eau ici se réfère à l’eau des substances juteuses mentionnées précédemment. ↩︎
238:2 Cela signifie, je suppose, dans le corps en voie de dissolution. Cf. Maitrî-upanishad, p. 42. ↩︎
238:4 À la tête, Arguna Misra. ↩︎
238:5 C’est-à-dire le vent, je suppose, puis le souffle quitte le corps, et l’homme est dit mourir. « Dépourvu de beauté », plus loin, signifie défiguré dans l’état de mort. ↩︎
238:6 C’est-à-dire l’esprit, Arguna Misra. ↩︎
238:7 Les sens. Cf. Svetâsvatara, p. 288. ↩︎
238:9 Ceci, dit Arguna Misra, est une réponse à la question possible de savoir pourquoi ce « vent vif » n’agit pas avec les vents de la vie. La réponse est qu’un tel fonctionnement requiert la présence de l’âme, ce qui, selon Arguna Misra, signifie ici « esprit ». Quant à la production à partir de la nourriture, cf. Khândogya, p. 421 et suivantes, et Taittirîya Âranyaka, p. 893. ↩︎
238:10 La collecte de cela = transformer la nourriture en sperme, dit Arguna Misra, qui ajoute : « dans ces parties vitales, qui sont utiles à cet effet, réside le vent de vie. » ↩︎
239:1 Aguna Misra traduit cela par « esprit ». ↩︎
239:2 Comme l’esprit est obstrué, dit Arguna Misra. Le possesseur de la conscience = le soi, Arguna. ↩︎
239:3 C’est-à-dire la douleur, Arguna Misra. ↩︎
239:4 C’est-à-dire l’esprit, Arguna Misra. ↩︎
239:5 Cf. Brihadârariaka, p. 843. ↩︎
239:6 Voir Aitareya-upanishad, p. 222, et le commentaire de Sankara. Venir à la naissance, c’est sortir du ventre maternel pour entrer dans le monde. Cf. aussi Gîtâ, p. 112. ↩︎
239:7 Comme indiqué plus loin, à savoir ce monde, l’autre monde et l’utérus. À comparer avec ceci : Khândogya, p. 359. ↩︎
239:8 Cf. notre Bhartrihari (série Bombay), Notes (Nîtisataka), p. 27. ↩︎
240:1 Cf. sur ce lieu et les lieux inférieurs, 'Gîtâ, p. 109; Sânkhya Kârikâ, 44. ↩︎