Brahman a dit :
Ce principe inaperçu, omniprésent, éternel et immuable, qui est dans un état d’équilibre [1], doit être compris comme la cité aux neuf portails, composée de trois qualités et de cinq principes constitutifs [2], entourés des onze [3], constitués de l’esprit [4] comme pouvoir distinctif et de l’entendement comme dirigeant, c’est un agrégat de onze [5]. Les trois courants [6] qui sont à l’intérieur de cette (cité) la soutiennent [7] encore et encore, et ces trois canaux continuent de fonctionner, étant constitués des trois qualités. Ténèbres, passion et bonté, telles sont les trois qualités qui sont toutes liées entre elles, se servent mutuellement, dépendent les unes des autres, s’accompagnent et sont unies les unes aux autres [8]. Et les cinq principes constitutifs
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(sont constitués de) trois qualités. La bonté est l’égale des ténèbres, et la passion est l’égale de la bonté ; et la bonté est aussi l’égale de la passion, et les ténèbres l’égale de la bonté. Là où les ténèbres sont contenues, la passion prévaut. Là où la passion est contenue, la bonté prévaut [9]. Les ténèbres doivent être comprises comme consistant en l’obscurité. Elles ont trois qualités [10] et sont appelées illusion. Leur caractéristique est aussi l’impiété, et elles sont constantes dans les actions pécheresses. Telle est la nature des ténèbres ; elles apparaissent aussi combinées (avec d’autres). On dit que la passion consiste en activité, et est la cause d’actes successifs [11]. Lorsqu’elle prévaut, sa caractéristique, parmi tous les êtres, semble être la production [12]. Lumière, légèreté [13], foi, telle est la nature de la bonté (prévalant) parmi tous les êtres, telle qu’elle est acceptée par les hommes de bien. La véritable nature de leurs caractéristiques, en agrégation et en séparation, sera maintenant énoncée ainsi que les raisons ; apprenez-les avec précision. Illusion, ignorance, [ p. 320 ] manque de libéralité, indécision quant aux actions [14], sommeil, arrogance [15], peur, avarice, chagrin, critiquer les bonnes actions, manque de mémoire [16], immaturité (de l’intellect), nihilisme [17], violation des règles de conduite, manque de discernement [16:1], aveuglement, comportement de la plus basse [18] qualité, orgueil de la performance sans performance (réelle), orgueil de la connaissance sans connaissance (réelle), inamicalité, mauvaise disposition, manque de foi, convictions erronées, manque de franchise, manque de connaissance [19], action pécheresse, manque de connaissance (du principe subtil), stupidité [20], lassitude, manque de maîtrise de soi, s’engager dans des voies inférieures ; toutes ces qualités, ô Brâhmanas ! sont célébrés comme étant sombres. Et quels que soient les autres états d’esprit, liés à l’illusion, que l’on trouve en divers endroits de ce monde, tous sont des qualités sombres. Les propos incessants dénigrant les dieux, les Brâhmanes et les Védas, le manque de libéralité, la vanité, l’illusion [^1543], la colère, le manque de pardon, ainsi que l’animosité [ p. 321 ] envers les gens, tout cela est considéré comme une conduite sombre. Toutes les actions vaines [21], tous les dons vains et toute nourriture vaine sont considérés comme une conduite sombre. L’injure, le manque de pardon, l’animosité, la vanité, le manque de foi sont également considérés comme une conduite sombre. Et toutes les personnes de ce genre qui commettent des actes pécheurs et qui enfreignent (toutes) les règles sont considérées comme sombres. Je vais énoncer les matrices destinées à ces hommes aux actions pécheresses. Ils vont en enfer, (à savoir) les espèces brutes, pour naître dans l’enfer inférieur [22] ; (ou deviennent) les entités immobiles [23], animaux, bêtes de somme, démons,et les serpents, et les vers, les insectes, les oiseaux, et aussi les créatures nées d’œufs, et tous les quadrupèdes, et les idiots, les sourds-muets, et tous les autres qui sont atteints de maladies engendrées par le péché [24]. Ces hommes sombres et mal conduits, qui sont plongés dans les ténèbres, qui portent les marques de leurs propres actions, dont le courant (des pensées) est descendant [25], s’enfoncent dans les ténèbres. Je vais maintenant procéder à l’énonciation de leur amélioration et de leur ascension ; comment, devenant des hommes d’actions méritoires, ils atteignent les mondes de ceux qui accomplissent de bonnes actions [26]. Recourant à un [27] (cours de vie) contraire, et vieillissant dans (de bonnes) actions [28], ils exercent [ p. 322 ] eux-mêmes, et par les cérémonies (accomplies pour eux) par des Brâhmans bienveillants dévoués à leurs propres devoirs, ils s’élèvent vers le même monde (que les Brâhmanas) — le ciel des dieux. Tel est le texte védique. Recourant à un [29] (cours de vie) contraire, et vieillissant dans leurs propres devoirs, ils deviennent des hommes dans ce monde dont la nature est de revenir [30]. Parvenant à un ventre pécheur, comme Kândâlas [31], ou des hommes sourds, ou zézayants, ils atteignent des castes de plus en plus élevées dans l’ordre ; allant au-delà du ventre Sûdra, et (au-delà) de toutes les autres qualités sombres qui demeurent dans la qualité de l’obscurité [32] dans le courant (de ce monde). L’attachement aux objets de désir est considéré comme la grande illusion. Là, les sages, les saints et les dieux s’égarent, aspirant au plaisir. L’obscurité [33], l’illusion, la grande illusion, la grande obscurité appelée colère, et la mort, l’obscurité aveuglante ; la colère est appelée la grande obscurité. Je vous ai maintenant dûment décrit, ô Brâhmanes ! cette qualité d’obscurité, de manière complète et précise, en me référant à sa nature, à ses qualités et à sa source. Qui, en effet, comprend cela correctement ? Qui, en effet, le perçoit correctement ? La définition de l’essence de l’obscurité est que l’on voit le réel dans l’irréel. Les qualités de l’obscurité vous ont été décrites de multiples façons. L’obscurité, sous ses formes supérieures et inférieures 1, a été clairement décrite. L’homme qui comprend toujours ces qualités se débarrasse de toutes les caractéristiques obscures.ils atteignent les mondes de ceux qui accomplissent de bonnes actions [26:1]. Recourant à un [27:1] (cours de vie) contraire, et vieillissant dans (les) actions [28:1], ils s’exercent [ p. 322 ] eux-mêmes, et par les cérémonies (accomplies pour eux) par des Brâhmanns bienveillants dévoués à leurs propres devoirs, ils s’élèvent vers le même monde (que les Brâhmanns) — le ciel des dieux. Tel est le texte védique. Recourant à un [29:1] (cours de vie) contraire, et vieillissant dans leurs propres devoirs, ils deviennent des hommes dans ce monde dont la nature est de revenir [30:1]. Parvenant à un ventre pécheur, en tant que Kândâlas [31:1], sourds ou zézayants, ils atteignent des castes de plus en plus élevées, dépassant le ventre Sûdra et toutes les autres qualités obscures qui demeurent dans la qualité d’obscurité [32:1] dans le courant (de ce monde). L’attachement aux objets de désir est considéré comme la grande illusion. Là, les sages, les saints et les dieux s’égarent, aspirant au plaisir. Ténèbres [33:1], illusion, la grande illusion, la grande obscurité appelée colère, et la mort, l’obscurité aveuglante ; la colère est appelée la grande obscurité. Je vous ai maintenant dûment décrit, ô Brâhmanas ! cette qualité d’obscurité, de manière complète et précise, en référence à [ p. 323 ] sa nature, ses qualités et sa source. Qui, en effet, comprend cela correctement ? Qui, en effet, perçoit cela correctement ? La définition de l’essence des ténèbres est que l’on voit le réel dans l’irréel. Les qualités des ténèbres vous ont été décrites de multiples façons. Et les ténèbres, dans leurs formes supérieures et inférieures, ont été énoncées avec précision. L’homme qui comprend toujours ces qualités se débarrasse de toutes les qualités obscures.ils atteignent les mondes de ceux qui accomplissent de bonnes actions [26:2]. Recourant à un [27:2] (cours de vie) contraire, et vieillissant dans (les) actions [28:2], ils s’exercent [ p. 322 ] eux-mêmes, et par les cérémonies (accomplies pour eux) par des Brâhmanns bienveillants dévoués à leurs propres devoirs, ils s’élèvent vers le même monde (que les Brâhmanns) — le ciel des dieux. Tel est le texte védique. Recourant à un [29:2] (cours de vie) contraire, et vieillissant dans leurs propres devoirs, ils deviennent des hommes dans ce monde dont la nature est de revenir [30:2]. Parvenant à un ventre pécheur, en tant que Kândâlas [31:2], sourds ou zézayants, ils atteignent des castes de plus en plus élevées, dépassant le ventre Sûdra et toutes les autres qualités obscures qui demeurent dans la qualité d’obscurité [32:2] dans le courant (de ce monde). L’attachement aux objets de désir est considéré comme la grande illusion. Là, les sages, les saints et les dieux s’égarent, aspirant au plaisir. Ténèbres [33:2], illusion, la grande illusion, la grande obscurité appelée colère, et la mort, l’obscurité aveuglante ; la colère est appelée la grande obscurité. Je vous ai maintenant dûment décrit, ô Brâhmanas ! cette qualité d’obscurité, de manière complète et précise, en référence à [ p. 323 ] sa nature, ses qualités et sa source. Qui, en effet, comprend cela correctement ? Qui, en effet, perçoit cela correctement ? La définition de l’essence des ténèbres est que l’on voit le réel dans l’irréel. Les qualités des ténèbres vous ont été décrites de multiples façons. Et les ténèbres, dans leurs formes supérieures et inférieures, ont été énoncées avec précision. L’homme qui comprend toujours ces qualités se débarrasse de toutes les qualités obscures.Là, les sages, les saints et les dieux s’égarent, aspirant au plaisir. Ténèbres [33:3], illusion, la grande illusion, la grande obscurité appelée colère, et la mort, l’obscurité aveuglante ; la colère est appelée la grande obscurité. Je vous ai maintenant dûment décrit, ô Brâhmanes ! cette qualité d’obscurité, en détail et avec précision, en me référant à sa nature, à ses qualités et à sa source. Qui, en effet, comprend cela correctement ? Qui, en effet, le perçoit correctement ? La définition de l’essence de l’obscurité est que l’on voit le réel dans l’irréel. Les qualités de l’obscurité vous ont été décrites de multiples façons. Et l’obscurité, dans ses formes supérieures et inférieures 1 a été énoncée avec précision. L’homme qui comprend toujours ces qualités se débarrasse de toutes les qualités sombres.Là, les sages, les saints et les dieux s’égarent, aspirant au plaisir. Ténèbres [33:4], illusion, la grande illusion, la grande obscurité appelée colère, et la mort, l’obscurité aveuglante ; la colère est appelée la grande obscurité. Je vous ai maintenant dûment décrit, ô Brâhmanes ! cette qualité d’obscurité, en détail et avec précision, en me référant à sa nature, à ses qualités et à sa source. Qui, en effet, comprend cela correctement ? Qui, en effet, le perçoit correctement ? La définition de l’essence de l’obscurité est que l’on voit le réel dans l’irréel. Les qualités de l’obscurité vous ont été décrites de multiples façons. Et l’obscurité, dans ses formes supérieures et inférieures 1 a été énoncée avec précision. L’homme qui comprend toujours ces qualités se débarrasse de toutes les qualités sombres.
317:5 À savoir l’odorat, le son, etc. ↩︎
317:6 Tranquillité, maîtrise de soi, etc., Arguna Misra. Ne sont-elles pas plutôt les trois qualités ? Quant à « vingt-quatre plus un » ci-dessus, voir p. 368. ↩︎
317:7 Cela désigne-t-il les sens, comme dans la Gîtâ, p. 123 ? Une compréhension précise des choses mentionnées exige une connaissance de leur relation avec le suprême, qui est le moyen de l’émancipation finale. Voir p. 337 infra. ↩︎
317:8 Voir Gîtâ, p. 107, et Sânkhya-sâra, p. 11, et note 2, p. 331 infra. ↩︎
318:1 Les cinq éléments grossiers dont le corps est composé (cf. Mahâbhârata, Sânti Parvan, Moksha Dharma, chap. 183, st. 1 seq.) sont des développements du principe inperçu, la Prakriti. Cf. Gîtâ, p. 112, où les mots « qui demeurent (absorbés) dans la nature » ont été omis par inadvertance après « avec l’esprit comme sixième ». Quant aux neuf portails, cf. Gîtâ, p. 65. ↩︎
318:2 Les cinq organes actifs, les cinq sens perceptifs et l’esprit. ↩︎
318:3 Cet Arguna Misra prend pour sens « égoïsme ». Nîlakantha prend le sens habituel et ajoute que les objets sont produits à partir d’opérations mentales ; « distinguant », c’est-à-dire se manifestant comme des entités distinctes. ↩︎
318:4 Les onze sont, selon Arguna Misra, les trois qualités, les cinq éléments grossiers, le groupe des organes et des sens comme un, l’égoïsme et la compréhension. ↩︎
318:5 Soit les nâdîs, Idâ, Pingalâ et Sushumnâ, Aguna Misra, qui ajoute qu’ils sont respectivement de la qualité des ténèbres, de la passion et de la bonté. ↩︎
318:6 Les trois nâdîs, dit Arguna Misra, soutiennent les vents de la vie. Nîlakantha considère les trois courants comme la triple inclination de l’esprit, à savoir vers une piété pure, vers le fait de nuire aux autres créatures vivantes, et vers cette piété mixte qui nécessite la destruction de la vie pour s’accomplir. Nîlakantha a également une lecture différente d’Arguna Misra, qui signifie « sont reconstitués » au lieu de « soutenir ». Et les trois canaux sont, selon Nîlakantha, les Samskâras, ou effets d’actions antérieures de piété ou d’impiété. ↩︎
318:7 Accouplés = existant toujours en association l’un avec l’autre ; servant = étant nécessaire aux opérations de l’un et de l’autre ; dépendant = se soutenant l’un l’autre comme trois bâtons, dit Nîlakantha ; p. 319 soutenant, dit Arguna Misra, car l’absence totale de l’un conduirait également à l’absence des autres ; assistant = devenant subordonné à celui d’entre eux qui domine pour le moment ; joints = de manière à devenir un tout organique Cf. à propos de tout cela, Yoga-sûtra II, 18, et commentaire, p. 101 ; Sânkhya-kârikâ, Kârikâ 12, avec les commentaires de Vâkaspati Misra à ce sujet. ↩︎
319:1 Cf. Gîtâ, p. 108, et la citation dans le Sânkhyatattvakaumudî, p. 64. ↩︎
319:2 C’est-à-dire les caractéristiques, à savoir l’obscurité (qui semble représenter l’ignorance), l’illusion (qui est une fausse connaissance) et l’impiété (faire ce qui est connu comme étant pécheur et mauvais). ↩︎
319:3 L’original signifie, selon Nîlakantha, conduite mauvaise et illicite. À ce sujet, cf. Sânti Parvan (Moksha), chap. 194, St. 29. ↩︎ ↩︎
319:4 C’est-à-dire faire apparemment perpétuellement quelque chose. Cf. Gîtâ, p. 108. ↩︎
319:5 Cf. à ce sujet, et plus généralement aussi, Sânkhya-kârikâ 13, et le commentaire de Vâkaspati Misra (p. 64). On dit que le flamboiement du feu vers le haut illustre la légèreté de la qualité de bonté qui appartient au feu. ↩︎
320:1 D’après Gîtâ, p. 108, ne rien faire – une paresse impassible – est une marque d’obscurité. Cf. généralement sur ce passage Gîtâ, pp. 107, 118, 124 seq.; Maitri, p. 49. ↩︎
320:2 Le même mot que dans la Gîtâ, pp. 116, 125 (dans ce dernier passage, « entêté » aurait dû être hautain). Cf. quant au mot, Khândogya, p. 383. ↩︎
320:4 L’opposé de la croyance mentionnée dans la Gîtâ, p. 126. ↩︎
320:5 Le même mot que dans la Gîtâ, p. 109. Mais les commentateurs le rendent ici par himsra, c’est-à-dire destructeur. ↩︎
320:6 Je ne suis pas sûr du mot original ici, ni du mot qui suit immédiatement. Ce dernier est rendu par Arguna Misra par sûkshmatattvâvedanam, que j’ai traduit plus haut dans le texte. Le premier semble signifier « inintelligence générale ». ↩︎
320:7 Lourdeur et apathie, provoquées par l’indolence, etc., Nîlakantha. La lassitude est l’affaissement dû au découragement. S’engager dans des voies inférieures, dit Arguna Misra, signifie tomber dans les castes inférieures ; Nîlakantha dit que cela signifie l’amour des actions viles. ↩︎
320:8 Ne pas être conscient de ses propres défauts, Arguna Misra. ↩︎ ↩︎ ↩︎
321:3 Comme les arbres et autres, qui sont aussi des formes de vie. ↩︎ ↩︎ ↩︎
321:4 Certains Smritis y font également allusion. Voir également Khândogya, p. 158, et la citation dans le commentaire du Sânkhya-sûtra V, 122. ↩︎ ↩︎ ↩︎
321:5 Tels, dit Nîlakantha, qu’ils les rendent aptes au monde inférieur. Voir Tattvakaumudi, p. 113. Quant aux marques, cf. p. 239 supra. ↩︎ ↩︎ ↩︎
321:7 C’est-à-dire contraire à ce qui est déjà décrit comme sombre. ↩︎ ↩︎ ↩︎ ↩︎ ↩︎