Arguna a dit :
Qu’est-ce que ce Brahman, qu’est-ce que l’Adhyâtma, et qu’est-ce que l’action, ô le meilleur des êtres ? Et qu’appelle-t-on l’Adhibhûta ? Et qui est l’Adhiyagña, et comment dans ce corps, ô destructeur de Madhu ? Et comment, aussi, seras-tu reconnu au moment du départ (de ce monde) par ceux qui se retiennent ?
La Déité dit :
Le Brahman est le suprême, l’indestructible. Sa manifestation (en tant que soi individuel) est appelée l’Adhyâtma. L’offrande (d’une oblation à une divinité), qui est la cause de la production et du développement de toutes choses, est nommée action. L’Adhibhûta est toutes les choses périssables. L’Adhidaivata est l’être (primitif). Et l’Adhiyagña, ô le meilleur des (êtres) incarnés ! est moi-même dans ce corps [1]. [ p. 78 ] Et celui qui quitte ce corps et quitte (ce monde) en se souvenant de moi dans (ses) derniers instants, entre dans mon essence. Il n’y a aucun doute là-dessus. Aussi, quelle que soit la forme [2] (de déité) dont il se souvient lorsqu’il quitte finalement ce corps, il y va, ô fils de Kuntî ! ayant été habitué à y méditer. Souviens-toi donc de moi en tout temps et engage le combat. Fixant ton esprit et ta compréhension sur moi, tu viendras à moi, sans aucun doute. Celui qui pense à l’Être divin suprême, ô fils de Pirithâ !, sans se préoccuper d’autres choses, et possédé par l’abstraction sous forme d’une méditation continue, va à lui. Celui qui, possédé par la révérence pour l’Être suprême, avec un esprit stable et le pouvoir de la dévotion, concentre correctement son souffle de vie entre ses sourcils [3] et médite sur l’ancien Voyant, le souverain, plus infime que le plus petit atome [4], le soutien de tous, d’une forme impensable, dont l’éclat est semblable à celui du soleil, et qui est au-delà de toute obscurité [5], celui-là atteint cet Être transcendant et divin. Je [6] vous parlerai brièvement du siège que ceux qui connaissent les Védas déclarent indestructible ; où pénètrent les ascètes dont tous les désirs ont quitté ; et désirant lequel, les gens suivent le mode de vie des Brahmakârins [7]. Celui qui quitte le corps et quitte (ce monde), bouchant tous les passages [8], et confinant l’esprit dans le cœur [9], plaçant le souffle de vie dans la tête, et adhérant à une méditation ininterrompue [10], répétant la syllabe unique « Om », (signifiant) l’éternel Brahman [11], et méditant sur moi, celui-là atteint le but le plus élevé. Au dévot qui pratique constamment l’abstraction, ô fils de Prithâ ! Et qui, l’esprit fixé sur quoi que ce soit d’autre, médite constamment sur moi, je suis facilement accessible. Les âmes nobles, qui atteignent la plus haute perfection en m’atteignant, ne reviennent pas à la vie, qui est transitoire, demeure de malheurs [12]. Tous les mondes, ô Arguna ! jusqu’au monde de Brahman, sont destinés à revenir [13]. Mais, ô fils de Kuntî ! après m’avoir atteint, il n’y a plus de renaissance. Ceux qui savent que le jour de Brahman se termine après mille âges, et la nuit après mille âges,sont les personnes [ p. 80 ] qui connaissent le jour et la nuit [14]. À l’avènement du jour, toutes les choses perceptibles sont produites à partir de l’inperçu ; et à l’avènement de la nuit, elles se dissolvent dans ce même (principe) appelé l’inperçu. Ce même assemblage d’entités, se produisant encore et encore, se dissout à l’avènement de la nuit, et, ô fils de Prithâ!, surgit à l’avènement du jour, sans volonté propre [15]. Mais il existe une autre entité, inperçue et éternelle, distincte de cet (principe) inperçu, qui n’est pas détruite lorsque toutes les entités sont détruites. On l’appelle l’inperçu, l’indestructible ; ils l’appellent le but suprême. En l’atteignant, nul ne revient [16]. Telle est ma demeure suprême. Cet Être suprême, ô fils de Prithâ! Celui en qui résident toutes ces entités [17], et par qui tout cela est imprégné, doit être atteint par la révérence non (dirigée) vers un autre. Je vais énoncer les temps, ô descendant de Bharata ! où les dévots quittant (ce monde) vont, pour ne jamais revenir, ou pour revenir. Le feu, la flamme [18], le jour, [ p. 81 ] la quinzaine lumineuse, les six mois du solstice du nord, quittant (le monde) en ceux-ci, ceux qui connaissent le Brahman vont au Brahman. La fumée, la nuit, la quinzaine sombre, les six mois du solstice du sud, (mourant) en ceux-ci, le dévot va à la lumière lunaire et revient 1. Ces deux voies, lumineuse et obscure, sont considérées comme éternelles en ce monde 2. Par l’une, on part pour ne jamais revenir, par l’autre, on revient. Connaissant ces deux voies, ô fils de Prithâ ! aucun dévot ne se laisse tromper 3. Sois donc toujours habité par la dévotion, ô Arguna ! Un dévot connaissant tout cela 4, obtient tous les fruits sacrés prescrits pour l’étude des Védas, pour les sacrifices, ainsi que pour les pénitences et les dons, et il atteint le siège le plus élevé et primordial.Voilà ma demeure suprême. Cet Être suprême, ô fils de Prithâ !, celui en qui résident toutes ces entités [17:1], et par qui tout ceci est imprégné, doit être atteint par la révérence non dirigée vers un autre. Je vais énoncer les temps, ô descendant de Bharata ! où les dévots quittant (ce monde) vont, pour ne jamais revenir, ou pour revenir. Le feu, la flamme [18:1], le jour, [ p. 81 ] la brillante quinzaine, les six mois du solstice du nord, quittant (le monde) en ceux-ci, ceux qui connaissent le Brahman vont au Brahman. Fumée, nuit, quinzaine obscure, six mois du solstice d’hiver, le dévot, mourant en ces jours-là, va vers la lumière lunaire et revient 1. Ces deux chemins, lumineux et obscur, sont considérés comme éternels en ce monde 2. Par l’un, on s’en va pour ne jamais revenir, par l’autre, on revient. Connaissant ces deux chemins, ô fils de Prithâ ! aucun dévot ne se laisse tromper 3. Sois donc toujours habité par la dévotion, ô Arguna ! Un dévot connaissant tout cela 4, obtient tous les fruits sacrés qui sont prescrits pour (l’étude des) Védas, pour les sacrifices, et aussi pour les pénitences et les dons, et il atteint le siège le plus élevé et le plus primordial.Voilà ma demeure suprême. Cet Être suprême, ô fils de Prithâ !, celui en qui résident toutes ces entités [17:2], et par qui tout ceci est imprégné, doit être atteint par la révérence non dirigée vers un autre. Je vais énoncer les temps, ô descendant de Bharata ! où les dévots quittant (ce monde) vont, pour ne jamais revenir, ou pour revenir. Le feu, la flamme [18:2], le jour, [ p. 81 ] la brillante quinzaine, les six mois du solstice du nord, quittant (le monde) en ceux-ci, ceux qui connaissent le Brahman vont au Brahman. Fumée, nuit, quinzaine obscure, six mois du solstice d’hiver, le dévot, mourant en ces jours-là, va vers la lumière lunaire et revient 1. Ces deux chemins, lumineux et obscur, sont considérés comme éternels en ce monde 2. Par l’un, on s’en va pour ne jamais revenir, par l’autre, on revient. Connaissant ces deux chemins, ô fils de Prithâ ! aucun dévot ne se laisse tromper 3. Sois donc toujours habité par la dévotion, ô Arguna ! Un dévot connaissant tout cela 4, obtient tous les fruits sacrés qui sont prescrits pour (l’étude des) Védas, pour les sacrifices, et aussi pour les pénitences et les dons, et il atteint le siège le plus élevé et le plus primordial.
77:3 Voir le chapitre suivant. ↩︎
77:4 Adhyâtma, là où il apparaît auparavant (par exemple p. 55), a été rendu par « la relation entre l’âme suprême et l’âme individuelle ». Quant à l’action de la p. 78, cf. pp. 53, 54. Adhibhûta est apparemment la création inanimée tout entière, et Adhidaivata est l’être supposé résider dans le soleil. Adhiyagña est Krishna. Cf. aussi pp. 113, 114. ↩︎
78:1 Certains commentateurs disent généralement « n’importe quoi ». La « forme » dont on se souvient dans ses derniers instants serait celle sur laquelle on a le plus souvent médité au cours de sa vie. ↩︎
78:3 Katha, p. 105; Svetâsvatara, p. 333. ↩︎
78:4 Cf. Svetâsvatara-upanishad, p. 327. ↩︎
78:5 Kathopanishad, p. 102. ↩︎
79:2 « Les sens », disent les commentateurs. Ne pourrait-il pas s’agir des « neuf portails » mentionnés à la p. 65 supra ? Voir aussi, cependant, la p. 108. ↩︎
79:3 C’est-à-dire ne penser à rien, faire cesser le travail de l’esprit. Cf. Maitrî-upanishad, p. 179. ↩︎
79:4 Cf. Maitrî-upanishad, p. 130, ininterrompue, comme « l’huile lorsqu’on la verse », dit le commentateur. ↩︎
79:5 Cf. Khândogya-upanishad, p. 151; Mândukya, pp. 330-388 (Om est tout-passé, présent et futur); Nrisimha Tâpinî, pp. 110, 117, 171; Maitrî, p. 140; Prasna, p. 220. Sur le passage d’ouverture du Khândogya, Sankara dit : « Om est la désignation la plus proche de l’Être suprême. Il est content lorsqu’il est prononcé, comme les gens le sont à la mention d’un nom favori. » Voir aussi Max Müller, Hibbert Lectures, p. 84; Goldstücker’s Remains, I, 122. ↩︎
79:7 Ce ne sont que des sièges temporaires, et non des sièges éternels de l’âme. ↩︎
80:1 Cf. Manu I, 73. Sankara dit que cela explique pourquoi les demeures de Brahmâ et des autres sont dites éphémères. Elles sont limitées par le temps. Quant aux âges, Srîdhara dit qu’une année humaine est un jour et une nuit des dieux. Douze mille ans faits de tels jours et nuits constituent les quatre âges : mille de ces « quaternions d’âges » constituent un jour, et mille autres une nuit de Brahmâ. De ces jours et nuits, Brahmâ a cent ans à vivre. À la fin de sa vie, l’univers est détruit. ↩︎
80:2 Cf. p. 82 infra; également Manu-smriti I, 52 ; et Kumârasambhava II, 8 de Kâlidâsa. ↩︎
80:3 Cf. Kathopanishad, p. 149 ; et aussi p. 112 infra. ↩︎ ↩︎ ↩︎
80:4 C’est-à-dire par qui, en tant que cause d’elles, toutes ces entités sont soutenues ; cf. p. 82 infra. ↩︎ ↩︎ ↩︎