[ p. 149 ]
Dhritarâshtra a dit :
S’il y a, ô Vidura, quelque chose que tu n’as pas encore dit dans ton discours, alors transmets-le à moi qui désire l’entendre, car tu as dit des choses merveilleuses.
Vidura a dit :
Ô Dhritarâshtra ! l’ancien jeune Sanatsugâta, (autrement appelé) Sanâtana [^605], qui a déclaré que la mort n’existe pas, lui, ô descendant de Bharata ! le meilleur de tous les hommes talentueux, expliquera tous les doutes de votre esprit, à la fois ceux (qui sont) secrets [^606], et ceux ouvertement déclarés.
Dhritarâshtra a dit :
Quoi, n’en sais-tu pas davantage toi-même sur ce sujet, pour que Sanâtana me l’explique ? Explique-le toi-même, ô Vidura ! s’il te reste encore un reste d’intelligence.
[ p. 150 ]
Vidura a dit :
Je suis né d’un sein sûdra et je n’aime pas en dire plus que ce que j’ai dit. Mais l’intelligence de ce jeune homme, je la crois éternelle [^607]. Celui qui est né d’un sein brâhmanique, même s’il proclame un grand mystère, ne s’expose pas pour autant à la censure des dieux. C’est pourquoi je vous dis ceci.
Dhritarâshtra a dit :
Veux-tu, ô Vidura ! parler pour moi à l’ancien Sanâtana, afin qu’il y ait une rencontre même ici, entre (moi dans) ce corps (et lui).
Vaisampâyana [1] a dit :
(Alors) Vidura médita sur ce sage dont les vœux sont louables [2]. Et lui aussi, ô descendant de Bharata ! connaissant une telle méditation, fit son apparition. Et lui aussi [3] le reçut avec les cérémonies prescrites dans les ordonnances. Après qu’il se fut confortablement assis et se fut reposé, Vidura lui parla alors : « Vénérable monsieur ! Il y a un doute dans l’esprit de Dhritarâshtra, que je ne peux pas expliquer. Auriez-vous la permission de le lui expliquer. » En l’entendant (expliqué), ce seigneur des hommes peut traverser toute misère, afin que le gain et la perte 1, (ce qui est) agréable et (ce qui est) odieux, la vieillesse et la mort, la peur et la vindicte, la faim et la soif, la frénésie et la grandeur mondaine, le dégoût et aussi la paresse, le désir et la colère, la ruine et la prospérité, ne le troublent pas.
149:1 Ainsi Nîlakantha. Sankara dit que Sanatsugâta est Sanatkumâra, et il paraphrase les parties composantes du nom par « né de Brahman ». Pour Sanâtana, voir Bnthhadâranthaka, p. 506, et note 1, p. 141 supra. ↩︎
149:2 C’est-à-dire relatif aux sujets qui peuvent être librement discutés par tous, et à ceux qui ne le peuvent pas. Nîlakantha adopte une lecture différente, qu’il interprète comme signifiant « doctrines exotériques et ésotériques », par exemple la maîtrise de soi, etc., et l’acquisition de pouvoirs mystiques, etc., respectivement. L’expression « doutes de l’esprit » apparaît cependant plus loin. ↩︎
150:1 C’est-à-dire, je suppose, infaillible, et capable de traiter toutes sortes de sujets. Sanatkumâra, il va sans dire, est le maître de Nârada dans le célèbre dialogue du Khândogyopanishad, p. 473. ↩︎