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Le chagrin, la colère, l’avarice, le désir, l’illusion, la paresse, le manque de pardon, la vanité, l’avidité, l’amitié [1], la censure et l’injure : ces douze grandes énormités détruisent la vie humaine. Ô roi des rois ! Elles accompagnent chaque homme. Assailli par elles, l’homme, égaré dans sa compréhension, commet le péché. L’homme plein d’attachements, impitoyable, dur (dans ses paroles), bavard, nourrissant la colère dans son cœur et vantard : tels sont les hommes cruels ; même en acquérant des richesses, ils n’en profitent pas toujours [2].
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Celui dont les pensées sont fixées sur les plaisirs, partial [3], orgueilleux [4], vantard lorsqu’il fait un don, avare et dénué de pouvoir [5], qui estime le groupe (des sens) et qui hait (sa) femme – ainsi ont été définies les sept (classes) de personnes cruelles aux dispositions pécheresses. La piété, la véracité, la pénitence et la maîtrise de soi, l’absence d’animosité, la modestie, l’endurance, l’absence de critique, la libéralité, l’érudition sacrée, le courage, le pardon – telles sont les douze grandes observances d’un Brâhmane. Quiconque ne s’écarte pas de ces douze peut gouverner le monde entier. Et celui qui possède trois, deux, ou même une seule de ces qualités, doit être compris comme n’ayant rien en propre [6]. La maîtrise de soi, l’abandon, l’absence d’illusion, de ces qualités dépendent l’immortalité [7]. Ceux-ci sont possédés par ces Brâhmans talentueux pour qui le Brahman est la principale [8] (chose). Il n’est pas recommandé à un Brâhman de dire du mal des autres, que ce soit vrai ou faux. [ p. 183 ] Les hommes qui agissent ainsi ont leur place en enfer. Français La frénésie a dix-huit défauts — comme déjà décrit ici — la haine des hommes, la faction [9], la censure, le mensonge, la luxure, la colère, le manque de maîtrise de soi [10], le fait de dire du mal des autres, la médisance, la mauvaise gestion des affaires [11], la querelle, l’animosité, le fait de troubler les créatures vivantes, le manque de pardon, l’illusion, la désinvolture, la perte de la raison [12], la censure [13] ; par conséquent, un homme sage ne devrait pas être sujet à la frénésie, car elle est toujours censurée. Six caractéristiques doivent être comprises comme (appartenant) à l’amitié : que l’on devrait se réjouir de (tout ce qui est) agréable et se sentir attristé de (tout ce qui est) désagréable ; qu’avec un cœur pur, lorsqu’un homme méritant le demande, on donne à celui qui le demande ce qui peut [14] certainement être donné, (bien que cela) puisse être bénéfique pour soi-même, et même si cela ne devrait pas être demandé, (à savoir) ses favoris, ses fils, ses richesses et sa propre femme ; qu’on ne demeure pas là où on a donné (toute sa) richesse, par désir (d’obtenir un retour pour sa libéralité) ; qu’on ne jouisse (que du fruit de ses [15] propres) travaux (seulement) ; et qu’on renonce à son propre profit [16]. Un tel homme, possédant des richesses et possédant des mérites, est un homme libéral de la qualité de la bonté [17] ; un tel homme détourne les cinq éléments des cinq [18] (sens). Cette [19] pure pénitence, acquise par désir [20] par ceux qui sont déchus de la vérité, même si elle est développée, conduit vers le haut [21] ; puisque les sacrifices sont accomplis en raison d’une mauvaise compréhension de la vérité [22]. (Le [p.185] sacrifices) de certains se font par l’esprit, d’autres par la parole, et aussi par l’action. L’homme dépourvu de fantaisies a la préséance sur l’homme perfectionné par les fantaisies, surtout parmi les Brâhmanes [23]. Et écoutez ceci de ma part. Il faut enseigner cette grande et glorieuse [24] (doctrine) ; les sages appellent les autres doctrines de simples arrangements de mots. De cela, la concentration de l’esprit [25], tout cela [26] dépend. Ceux qui savent cela deviennent immortels. Ce n’est pas seulement par l’action méritoire, ô roi ! que l’on conquiert la vérité [27]. On peut offrir des offrandes ou des sacrifices. Par cela, l’enfant (comme l’homme) ne traverse pas la mort ; et, ô roi ! il n’obtient pas le bonheur dans ses derniers instants [28]. Il faut pratiquer la dévotion tranquillement, et ne pas être actif même dans l’esprit [29] ; et alors il faut éviter le plaisir et la colère (résultant) de la louange et de la censure [30]. Je te dis, ô érudit ! qu’en adhérant à cela [31], on atteint le Brahman et on le perçoit, ô Kshatriya ! par un cours (d’étude) des Védas.
180:8 Cf. Svetâsvatara, p. 347. ↩︎
180:9 Cf. le célèbre passage du Taittirîya, p. 123 : et aussi Mundaka, p. 289. ↩︎
180:10 Les explications des commentateurs ne sont pas tout à fait claires quant au mot ahnâ, « sous forme de lumière ». Le sens est probablement : L’univers dépend du Brahman, et est, pour ainsi dire, la lumière du Brahman. Sankara compare les passages mentionnés dans la Gîtâ, p. 112, note . ↩︎
180:11 « Pas par l’action », dit Sankara. ↩︎
181:1 L’intégralité de ce chapitre manque dans l’un de nos exemplaires du commentaire de Sankara. Dans l’exemplaire publié dans le Mahâbhârata (édition de Madras), on trouve cependant ce passage : « La colère, etc., ont déjà été expliquées ; il existe cependant quelques différences ici et là, et seules celles-ci sont maintenant expliquées. » Ce chapitre est en grande partie une répétition de ce que nous avons déjà eu. Pour de telles répétitions, cf. Brihadâranyaka, pp. 317-1016 ; 444-930. Le même exemplaire du commentaire de Sankara donne cette déclaration générale sur l’objet de ce chapitre et du suivant : « Le cours d’étude de la science du Brahman, dans lequel la connaissance est la chose principale, et la concentration de l’esprit, etc., sont subsidiaires, a été décrit. » Voici maintenant le programme d’études où la concentration de l’esprit est primordiale, la connaissance secondaire. Le premier mode consiste à comprendre le sens du mot « vous » par la concentration de l’esprit, puis à l’identifier au Brahman par l’étude des Upanishads ; le second consiste à comprendre d’abord intellectuellement l’identité du soi individuel et du Brahman, par cette étude des Upanishads, puis à réaliser l’identité à la conscience par la contemplation, etc. Dans les deux modes, le fruit est le même, et les moyens sont les mêmes ; et pour le démontrer, les mérites et les défauts déjà mentionnés sont à nouveau exposés ici. Cette explication est textuellement la même dans le commentaire de Nîlakari. ↩︎
181:2 L’original est « pitié », qui est expliqué comme signifiant « amitié » par Sankara et Nîlakantha. ↩︎
181:3 « Parce qu’il n’y a en lui aucune jouissance personnelle », dit un exemplaire de la page 182 du commentaire de Sankara. Une autre interprétation, qui se trouve dans l’édition de Madras et dans Nîlakantha, peut être rendue ainsi : « Même en obtenant des bienfaits, ils ne respectent pas celui (de qui ils les obtiennent). » ↩︎
182:1 Le commentaire dit que le sens est le même que celui de l’expression utilisée à l’endroit correspondant précédent, à savoir celui qui prospère en nuisant aux autres. ↩︎
182:2 Une copie du commentaire de Sankara considère cela comme celui qui pense que le non-soi est le soi. J’adopte cependant l’autre sens, en accord avec celui d’atimânî, qui est la lecture de certaines copies au lieu d’abhimânî. ↩︎
182:3 Nîlakantha lit durbala et ne l’explique pas. Voir p. 167. ↩︎
182:4 Un commentateur dit que cela signifie qu’il ne devrait pas être supposé avoir encouru le démérite d’avoir un quelconque attachement à ce monde. Nîlakantha dit qu’il abandonne tout dans la poursuite d’une seule de ces observances. ↩︎
182:6 C’est-à-dire le but à atteindre. Le commentaire considère que Brahman désigne les Védas, et l’ensemble de la phrase désigne ceux qui se consacrent à l’accomplissement des actions énoncées dans les Védas. ↩︎
183:1 Une copie du commentaire de Sankara dit que cela signifie « entraver les actes de piété des autres », etc. ↩︎
183:2 Une copie du commentaire de Sankara dit que cela signifie « s’adonner aux boissons enivrantes », etc. ; une autre copie dit : « faire les ordres d’autrui sans réfléchir ». ↩︎
183:3 Une copie dit que cela signifie « inattention à tout travail entrepris », une autre rend l’original par « destruction de biens, c’est-à-dire leur gaspillage en danseurs », etc. ↩︎
183:4 C’est-à-dire la discrimination entre le bien et le mal. ↩︎
183:5 Cela semble être une erreur, car la « censure » a déjà eu lieu. Mais ni les textes ni les commentaires ne permettent de corriger cette erreur. Peut-être faut-il distinguer cette dernière de l’habitude, et la première de certains actes sporadiques, de la censure. Ces qualités, je suppose, constituent la frénésie ; elles ne sont pas les « défauts ». ↩︎
183:6 C’est-à-dire là où existe le pouvoir de donner. ↩︎
184:1 Pas celui d’un ami. ↩︎
184:2 Pour un ami. ↩︎
184:4 Les commentateurs prennent cela pour signifier les objets des sens, et ils interprètent « éléments » auparavant comme signifiant les sens. ↩︎
184:5 « C’est-à-dire le fait de détourner les sens de leurs objets », dit une copie de Sankara. ↩︎
184:6 Scil. pour profiter des plaisirs supérieurs des mondes supérieurs. ↩︎
184:7 C’est-à-dire vers les mondes supérieurs ; cela ne conduit pas à l’émancipation ici. ↩︎
184:8 Cf. Mundaka, p. 277. Je dois avouer que je ne comprends pas bien ce passage, ni son explication telle qu’elle est donnée dans les commentaires. Je ne vois pas bien ce que la pénitence mentionnée ici a à voir avec le sacrifice, et pourtant les commentateurs semblent interpréter les mots « puisque les sacrifices », etc., avec ce qui les précède, et non avec ce qui suit. Cependant, en les intégrant à ce qui suit, il est difficile d’expliquer le mot « puisque ». Pour autant que je puisse comprendre le passage, j’en comprends le sens comme suit : l’auteur ayant dit que la pénitence accomplie pour un motif particulier ne conduit pas à l’émancipation finale, il souligne ensuite que toute « action » ou tout « sacrifice » est dû à une compréhension imparfaite de la vérité (cf. p. 171 supra), étant principalement dû à un motif particulier. Il poursuit en montrant les différentes classes de sacrifice, et souligne finalement que celui qui est libre de désirs est supérieur à celui qui est mû par les désirs. Le mot original pour « malentendu » est avabodha, qui signifie communément « appréhension », mais Sankara lui donne finalement le sens de moha ou « illusion ». Le mot original pour « vérité » est rendu par Nîlakanda par « imaginations ». Nîlakanda dit que le sacrifice par l’esprit est le plus élevé ; celui par la parole, à savoir Brahmayagña, Gapa, etc., est moyen ; et celui par l’action, à savoir avec du beurre clarifié et d’autres offrandes, est de la classe la plus basse. « Perfectionné par les fantaisies » = celui dont les fantaisies sont toujours satisfaites « par une connaissance », dit Nîlakanda, « du Brahma comme possédant des qualités. » ↩︎
185:1 Ceci aussi est loin d’être clair. Devrait-on dire « et un Brâhmane plus particulièrement » ? On pourrait interpréter cela comme se référant à celui qui connaît le Brahman comme dépourvu de qualités, comme le pense Nîlakanth. Mais sa construction n’est pas tout à fait claire. ↩︎
185:2 Comme utile pour atteindre « la gloire », le Brahman ; voir p. 180. ↩︎
185:3 Voir note à p. 181. Quant aux « arrangements de mots », cf. Maitrî, p. 179. ↩︎
185:4 « Tout », dit une copie du commentaire de Sankara ; « tout ce qui est bon et désirable », dit une autre. ↩︎