[ p. 369 ]
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[ p. 371 ]
Parmi les manuscrits Grantha rassemblés par feu le Dr Burnell et appartenant aujourd’hui à la Bibliothèque de l’India Office, on trouve quelques manuscrits (numéros CLXXII et suivants du Catalogue) d’un Grihya-sûtra, inédit jusqu’ici, attribué à Khâdirâriârya. Il appartient à l’école Drâhyâyaria du Sâma-veda, qui prévaut dans le sud de la péninsule indienne [^962], et il est basé sur le Gobhilîya-sûtra, dont il a emprunté la plupart de ses aphorismes, tout comme le Drâhyâyaria-Srauta-sûtra, pour autant que nous puissions en juger actuellement, n’est rien d’autre qu’une rédaction légèrement modifiée du Lâriyâyana [1]. Comme le Gobhila-Grihya, il donne très rarement les Mantras dans leur intégralité, mais les cite seulement avec leurs Pratîkas, et il est facile d’identifier ces citations dans le Mantrabrâhmaria (publié à Calcutta en 1873), qui contient les textes prescrits par Gobhila pour les cérémonies du Grihya.
Français Le Khâdira-Grihya a manifestement été composé dans l’intention d’abréger le traité très détaillé et assez long de Gobhila sur les rites domestiques. Les digressions, comme par exemple celle introduite par les mots tatraihad âhu_h_, Gobhila I, 2, 10-27, ou comme l’explication par Gobhila des termes paurriamâsî et amâvâsyâ, I, 5, 7 seqq., ou la plupart des règles concernant les Sakvaryas, III, 3, ou les Slokas, IV, 7, sont invariablement laissées [ p. 372 ] et, dans les descriptions des cérémonies individuelles, seuls les points principaux sont donnés, en omettant tous les mots et toute la matière dont il semblait possible de se passer. D’autre part, l’agencement des Sûtras a subi de fréquents changements, dans lesquels le compilateur montre clairement son intention de regrouper, plus soigneusement que dans le texte original, les Sûtras qui appartiennent naturellement les uns aux autres. Parmi les Sûtras du Khâdira-Grihya qui ne peuvent être identifiés dans le Gobhila, plusieurs remontent au Lâriyâyana, ou devrions-nous plutôt dire, au Drâhyâyaria. Ainsi Khâd. I, 1, 14 mantrântam avyakta_mrin_ena vidyât correspond évidemment à Lâriyâyana I, 1, 3, uttarâdi_hrin_am et Khâd. I, 1, 24 avyâvritti_mrig_riâṅgair avyariâya_mrikrikh_et est identique à Lâriy. I, 2, 15, avyavâyoऽvyâvritti_srikriñrih_.
Dans l’ensemble, bien que le Khâdira-Grihya ne contienne certainement pas beaucoup de matière qui ne nous soit connue par d’autres sources, il présente néanmoins un certain intérêt, car il montre, par un exemple très clair, comment un Sûtrakâra d’une époque ultérieure remodelait l’œuvre d’un auteur plus ancien, s’efforçant de le surpasser par une organisation plus correcte, et surtout par ce qui devint de plus en plus apprécié comme la principale réussite de la composition de Sûtras : la plus grande concision et l’économie de mots possibles. Pour un interprète de Gobhila, la comparaison avec le Khâdira-Grihya suggérera sans doute, dans de nombreux cas, une compréhension plus juste de son texte que celle à laquelle il aurait probablement pu parvenir sans cette aide, et peut-être même que des interprétations de Gobhila qui semblaient jusqu’alors indubitables devront céder le pas à celles fournies par les manuscrits Grantha du Khâdira-Grihya. Ainsi, Gobhila III, 8, 16, je n’hésite pas à corriger asarisvâdam, sur l’autorité de Khâd. III, 3, 13, en asarikhâdam ou asarikhâdan [2].
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Le texte du Khâdira-Grihya étant très court et non encore publié, il est imprimé en bas de page, accompagné des références aux passages parallèles du Gobhila. Pour plus d’explications sur les différents Sûtras, je renvoie à ma traduction du Gobhila, qui fera partie du deuxième volume des Grihya-sûtras. J’espère également y citer quelques extraits du commentaire de Rudraskanda sur le Khâdira-Grihya.
371:1 Voir le catalogue du Dr Burnell, p. 56. ↩︎
371:2 Weber, Vorlesungen über indische Literaturgeschichte (2e édition), p. 87 : « Presque toute la différence entre ce Sûtra et celui de Lâtyâyana réside dans l’agencement de la matière traitée, qui est en soi très proche du même dans les deux textes, et est exprimé dans les mêmes mots. » Comp. l’introduction d’Anandatandra Vedântavâgîta à son édition de Lâtyâyana (dans la Bibliotheca Indica), pp. 2, 3, et ses déclarations sur Drâhyâyata dans les notes de cette édition. ↩︎